LES COMPTES SATELLITES EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER

 

Les concepts et les analyses économiques du cadre central des comptes nationaux présentent parfois des limites qui restreignent l’étude des domaines satellite tels que la santé, la protection sociale, la recherche, les transports routiers, le logement, le tourisme et l’environnement. Ce cadre est tenu de respecter des principes d’homogénéité et de simplification dans un certain nombre de domaines, notamment les définitions des concepts (par exemple, la production), les cadres comptables, les méthodes d’évaluation et le choix des classifications. Ces exigences gênent ou empêchent l’analyse de domaines spécifiques.

Les comptes satellites français décrivent la plupart ces grands domaines de l’activité économique et sociale. Ces domaines sont caractérisés par une intervention publique à grande échelle sous forme de dépenses directes ou de paiements de transfert. L’objectif d’un compte satellite est de fournir des informations sur un ensemble spécifique d’agrégats, principalement les activités caractéristiques, les dépenses (en évitant les doubles comptes), le financement et les bénéficiaires du domaine. Mais l’analyse des bénéficiaires, qui était à l’origine l’un des principaux objectifs des comptes, a  été entravée par le fait que le bénéficiaire d’une dépense n’est pas toujours facile à identifier. Enfin les manuels internationaux et les comptes satellites étrangers ont une vision parfois plus large.

Mais le concept même de comptes satellites fait encore l’objet de débats un demi siècle après sa mise en œuvre. La discussion s’est récemment concentrée sur la question du lien et de la cohérence avec le cadre central. Certains affirment que les comptes satellites sont intrinsèquement conçus pour mettre en évidence les différences avec le cadre central, qui est parfois inadéquat pour étudier des domaines spécifiques. D’autres experts estiment que ces différences ne devraient pas exister. Ils préconisent d’améliorer la connexion entre les comptes satellites et le cadre central, notamment pour illustrer la position d’un domaine particulier dans l’économie globale ou par rapport à un autre domaine, et pour établir des comparaisons internationales. En somme, des progrès peuvent résulter de la nécessité combinée de disposer de plus d’informations spécifiques aux domaines et d’une plus grande cohérence dans les méthodes de comptabilité satellite.

Pour Eurostat, les comptes satellites fournissent un cadre lié aux comptes concernés (nationaux ou régionaux) qui permet de concentrer l’attention sur un domaine ou un aspect précis de la vie économique et sociale ; parmi les exemples les plus courants, on peut citer les comptes satellites consacrés à l’environnement, au tourisme ou au travail non rémunéré chez les ménages.

Les comptes satellites sont l’un des moyens par lesquels le système des comptes nationaux peut être adapté afin de répondre à la diversité des situations et des besoins. Ils sont liés au système principal, mais ne sont pas tenus de fonctionner exactement aux mêmes concepts ou à se limiter à des données présentées en termes monétaires. Les comptes satellites sont conçus pour des usages spéciaux, comme la surveillance sanitaire de la Communauté ou l’état de l’environnement. Ils peuvent aussi être utilisés pour étudier de nouvelles méthodologies et élaborer de nouvelles procédures comptables qui, une fois finalisées et acceptées, peuvent être intégrées dans le système principal au fil du temps.

 

 

The concepts and economic analyses in the central framework of national accounts occasionally exhibit limitations that restrict the study of the satellite fields , such as health, social protection, research, road transportation, housing, tourism and the environment. This framework is obliged to comply with principles of homogeneity and simplification in a number of areas, including definitions of concepts (for example, production), accounting frameworks, valuation methods, and choice of classifications. These requirements hamper or prevent the analysis of specific fields.

The French satellite accounts describe most of theses major fields of economic and social activity. These fields are characterized by large-scale government intervention in the form of direct expenditures or transfer payments. The aim of a satellite account is to provide information about a specific set of aggregates, primarily the characteristic activities, expenditures (by avoiding double counting), financing, and beneficiaries in its field. The analysis of beneficiaries, however—originally one of the accounts’ major purposes—has been hampered by the fact that the beneficiary of an expenditure is not always easy to identify. Finally, International manuals and foreign satellite accounts sometimes have a broader view.

But the very concept of satellite accounts is still being debated a half-century after its implementation. The discussion has recently focused on the issue of linkage and consistency with the central framework. Some argue that the satellite accounts are intrinsically designed to highlight differences with the central framework, which is at times inadequate for studying specific fields. Other experts feel that such differences should not exist. They advocate improving the connection between satellite accounts and the central framework, especially to illustrate the position of a particular field in the overall economy or in relation to another field, and to draw international comparisons. In sum, progress may result from the combined need for more field-specific information and for greater coherence in satellite accounting methods.

According to Eurostat definition, Satellite accounts provide a framework linked to the to central (national or regional) accounts, allowing attention to be focused on a certain field or aspect of economic and social life in the context of national accounts; common examples are satellite accounts for the environment, or tourism, or unpaid household work.

Satellite accounts are one way in which the System of National Accounts may be adapted to meet differing circumstances and needs. They are closely linked to the main system but are not bound to employ exactly the same concepts or restrict themselves to data expressed in monetary terms. Satellite accounts are intended for special purposes such as monitoring the community’s health or the state of the environment. They may also be used to explore new methodologies and to work out new accounting procedures that, when fully developed and accepted, might become absorbed into the main system over time.

 

« Le système actuel, avec ses comptes de secteurs économiques et d’objets économiques intégrés ou semi-intégrés, croisés et équilibrés en lignes et en colonnes, est trop rigide pour traiter sous tous ses aspects la réalité économique. Des questions-clés, tels le logement, la recherche, etc… ne sont pas ou sont insuffisamment éclairées par lui. L’analyse fonctionnelle des dépenses publiques n’y parvient qu’imparfaitement. Des coupes « transversales » sont nécessaires. Une solution consiste à développer un système comportant autour du noyau central de nombreux satellites cohérents avec le système mais s’articulant avec lui selon des modalités très souples et très diverses ». André Vanoli; Le système actuel de comptabilité nationale et la planification, conférence de IARIW en 1967

« Les  comptes satellites sont des systèmes de données spéciaux sur des domaines d’étude spécifiques et socialement importants (par exemple, l’environnement, la santé, l’éducation), qui pourraient compléter le système central des comptes nationaux et qui sont liés à ce dernier par des classifications communes et des tables de passage pour les producteurs et les opérations. L’avantage particulier des systèmes satellites réside dans la possibilité de répondre à de nouvelles demandes de données, de tester de nouveaux concepts adaptés au domaine décrit, tout en laissant inchangés l’étendue et les concepts du système central. L’accent est mis sur la nécessité de normaliser les concepts des comptes satellites à l’échelle mondiale. Ceci est nécessaire non seulement pour comparer les résultats des analyses pour différents domaines au niveau national, mais aussi pour permettre des comparaisons internationales des données pour un domaine d’étude. »Carsten Stahmer et  Dieter Schnafer, Considérations conceptuelles sur les systèmes satellitaires, février 1990

 

 

 

 

 

 

 

Sommaire

I – MÉTHODOLOGIE : DÉPENSE, BÉNÉFICIAIRES, FINANCEMENT

II – LE FINANCEMENT FINAL ET INITIAL DANS LES COMPTES SATELLITES

III – UN EXEMPLE FICTIF ISSU DU SCN 1993

IV – L’IMPORTANCE DES COMPARAISONS INTERNATIONALES

V – LES COMPTES SATELLITES EN FRANCE

VI – LA PROTECTION SOCIALE

VII – LE LOGEMENT

VIII – LES TRANSPORTS

IX -LES COMPTES SATELLITES DANS  LE SEC 2010

X – LES COMPTES SATELLITES ÉTRANGERS

 

 

 

Introduction

°  Les domaines des compte satellites sont caractérisés par une intervention gouvernementale à grande échelle sous forme de dépenses directes ou de paiements de transfert. Alors que le cadre central est découpé en secteurs institutionnels et en branches, les comptes satellites se référent à la fonction [1] (les nombres entre crochet renvoient à la bibliographie en bas de page).  Ces domaines sont essentiels dans la vie économique et sociale : santé, éducation, tourisme, logement, etc,..

 

 

1 – Plusieurs définitions et plusieurs questions

° Le concept même de comptes satellites fait encore l’objet d’un débat un demi siècle après sa mise en œuvre. La discussion a récemment porté sur la question du lien et de la cohérence avec le cadre central. Ceux qui les chiffrent font valoir que les comptes satellites sont intrinsèquement conçus pour mettre en évidence les différences avec le cadre central, qui est parfois inadéquat pour étudier des domaines spécifiques. Les experts du cadre central, eux, estiment que de telles différences ne devraient pas exister. Ils préconisent d’améliorer la connexion entre les comptes satellites et le cadre central, soit pour l’alimenter, soit pour illustrer la position d’un domaine particulier dans l’économie globale ou par rapport à un autre, et pour établir des comparaisons internationales. Si des différences conceptuelles ou statistiques existent entre les deux approches, au moins faut il pouvoir les expliquer. Les progrès peuvent résulter du besoin combiné d’informations plus spécifiques à un domaine et d’une plus grande cohérence des méthodes des comptes satellites [2].

° On lit dans la préface du SCN 2008 : « Le SCN 1993 intégrait la notion de comptes satellites, qui constituent une étape majeure dans le sens de la flexibilité. À l’avenir, les comptes satellites devraient continuer à permettre d’élaborer des solutions garantissant que les mesures de stimulation telles que celles applicables aux questions de comptabilité de l’environnement offrent un niveau de confiance approprié. L’utilisation des comptes satellites comme moyen d’étendre la pertinence des comptes nationaux sans affecter la comparabilité du cadre central employé pour la définition des politiques économiques est devenue un outil reconnu de développement et de test de nouvelles méthodes et sources de données« .

° Le SEC 2010 a développé une notion plus extensive des comptes satellites. Il met en avant toute approche n’apparaissant pas dans le cadre central (compte de productivité et de la croissance, comptes de l’emploi, compte des institutions sans but lucratif, etc…) [3].

° Les comptes satellites peuvent aussi être utilisés pour étudier de nouvelles méthodologies et élaborer de nouvelles procédures comptables qui, une fois finalisées et acceptées, peuvent être intégrées dans le système central au fil du temps : la R&D en 2010 (voir page Compte de recherche développement), et peut-être l’environnement dans le prochain SCN (voir page Compte Environnement).

° On donne plus loin un exemple fictif de la méthode du SCN 2008 – 1993 (montrant comment évaluer la dépense du domaine et la production des activités caractéristiques) à partir des tableaux du cafre central même si il n’est guère mis en pratique dans les comptes satellites français. Il l’est d’ailleurs parfois plus dans certains comptes satellites étrangers. L’idée est de relier tous les tableaux d’un compte satellite au TES et au TEE. Le tableau de la dépense nationale par bénéficiaire reprend les grandes colonnes du TES (branches marchandes, non marchandes, ménages,…). Le tableau du financement reprend en partie les secteurs institutionnels du TEE. On y voit aussi que le notion de Dépense Nationale n’est pas vraiment comparable au PIB. D’une part, elle n’est pas à l’abri des doubles comptes du fait qu’elle intègre des transferts spécifiques du domaine dont on ne sait pas toujours si ils ne sont pas une contrepartie des dépenses liées à la production : consommations intermédiaires (CI) ou finales, FBCF, …. D’autre part elle inclut ces mêmes CI qui ne font pas partie du PIB. Ainsi, en additionnant les Dépenses Nationales des comptes satellites français, on approche le PIB alors que leurs domaines sont loin de couvrir les activités de l’économie.

 

 

2 – Les expériences françaises et étrangères

° Il reste que l’expérience française des comptes satellites est particulièrement riche et originale avec de nouveaux comptes comme celui de l’énergie et de futurs projets (économie sociale et solidaire). Les comparaisons internationales sont ici essentielles. Les comptes satellites sont mondiaux, s’appuyant sur une méthode internationale (OCDE, Eurostat, UNESCO). Les dépenses de santé représentent plus de 12% du PIB en France, 18% aux États-Unis bien plus que l’industrie et l’agriculture réunies. Les notions d’activités caractéristiques, de la Dépense du domaine, voire du financement, sont communes à la plupart de ces comptes.

° De nombreux comptes satellites ne sont pas présentés dans cette page mais dans des pages à part vu leur importance : santé (Compte de la santé), éducation (Compte de l’éducation), tourisme (Compte du tourisme) environnement (Comptes Environnement), économie numérique (Économie numérique), ISBL  (Ménages et ISBLSM). Ceci ne veut pas dire que les comptes présentés ici sont moins importants, tels le transport et le logement. Mais on les étudie aussi en partie dans d’autres pages : Comptes transport, Comptes bâtiment travaux publics.

° On présente aussi plusieurs comptes satellites étrangers. En particulier, les Systèmes américains et canadiens sont pionniers avec la France. Le BEA  des États-Unis est à la pointe avec 9 comptes satellites qui ne sont pas choisis au hasard. Ils révèlent l’intérêt du pays pour des domaines stratégiques (espace, R&D,… ). Statistique Canada a aussi une longue tradition de comptabilité satellite allant du tourisme, de la culture et des pensions, des transports au travail domestique non rémunéré. Ces comptes donnent tous une vision élargie de l’économie et de la société. Les comptables canadiens rappellent que le système central définit les concepts, les comptes et la rigueur comptable requise pour produire un ensemble de comptes intégrés et cohérents, mais il donne la souplesse de variation voulue pour « élargir » en quelque sorte ce cadre afin de répondre à un besoin particulier.

°  Les comptables canadiens ont tenté d’articuler au mieux les comptes satellites au TRE du cadre central. Ils précisent qu’il y a essentiellement deux types de comptes satellites. Le premier type réarrange les classifications ou les données (par exemple, en fournissant plus de détails ou en proposant d’autres agrégations) et peut fournir des données complémentaires sur les comptes de base existants. Ces comptes satellites ne changent pas les concepts sous-jacents du système de base, mais ils présentent une perspective élargie d’un secteur, d’un groupe de produits ou d’une activité donnés. Le deuxième type de compte satellite cherche à modifier les concepts sous-jacents du Système de comptes macroéconomiques de base, comme le concept de production (par exemple en incluant les activités bénévoles dans la production).

° D’autres pays (Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, Belgique, Maroc,…) ont développé des comptes satellites dans tels ou tels domaines par exemple comme la production domestique des ménages non prise en compte dans le cadre central (Royaume-Uni, États-Unis, Suisse, Maroc,…).

° Un point important est de préciser le mot « compte satellite  » à l’étranger. Il s’agit parfois d’études ponctuelles sur tel tel domaine (espace aux États-Unis, santé en Allemagne, emploi au Maroc, etc…) effectuées à partir du TES (TRE à l’étranger) en calculant l’emploi ou la valeur ajoutée directe et indirecte du domaine (voir page TES Symétrique).

° Enfin, on ne soulignera jamais assez l’importance des données non monétaires soit pour calculer des ratios significatifs (dépenses moyennes par élève,…) ou bien l’inverse pour calculer une dépense (tourisme, environnement), soit pour comparer la dépense pour un domaine aux résultats et à la qualité du service. Cette dernière question est largement développée dans la page Secteur tertiaire.  Un compte satellite a d’autant plus d’intérêt qu’il fournit des données non monétaires ou des ratios pour avoir une vision complète du domaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I – MÉTHODOLOGIE : DÉPENSE, BÉNÉFICIAIRES, FINANCEMENT

Deux remarques générales peuvent être faites par rapport aux 5 questions précédentes, qu’avait développées les comptables français et le SCN 93.

1/ D’abord, la notion de dépense a fait l’objet de discussions. Certains comptes satellites, s’appuyant sur leur système statistique de base (R&D autrefois, éducation, tourisme,…) évaluent la dépense « intérieure », définie comme la somme des coûts des producteurs caractéristiques du domaine.

Puis ils passent à la dépense nationale en ajoutant les financements versés à 1’étranger et en retirant les financements reçus de l’étranger.

En revanche, la méthode du SCN 1993 s’intéresse d’abord aux emplois des unités résidentes en produits spécifiques et aux transferts spécifiques puis à la dépense nationale (en retirant les financements par des non-résidents). Elle propose aussi des équilibres ressources-emplois en produits spécifiques qui permettent d’évaluer, entre autres, une consommation intérieure en produits spécifiques. Dès lors, l’ordre des questions a une certaine importance. Les comptes satellites qui évaluent d’abord la dépense intérieure partent des comptes des producteurs caractéristiques. Ils analysent donc d’abord le secteur de production.

2/ Ensuite, l’expérience des comptes satellites français a montré que le volet « bénéficiaire » est resté modeste parce qu’il n’est pas toujours facile d’identifier le bénéficiaire d’une dépense en partie du fait des insuffisances du système statistique. La construction et de l’entretien des routes bénéficient-ils aux véhicules de tourisme ou aux véhicules lourds et dans quelles proportions? La médecine du travail, la formation professionnelle et l’utilisation des véhicules de tourisme d’entreprise sont-elles avantageuses pour les ménages ou les entreprises? De même, dans le domaine de l’éducation, l’augmentation des qualifications profite sans doute au système de production de l’entreprise, à la communauté et à l’individu. Un autre exemple est celui des subventions gouvernementales aux chemins de fer français (SNCF). On peut démontrer que ces avantages profitent aussi partiellement aux utilisateurs ferroviaires, car ils couvrent non seulement les coûts d’exploitation, mais contribuent également au financement d’investissements qui améliorent le confort et la vitesse (par exemple, le train à grande vitesse TGV), bref la qualité de service. Les réponses à ces questions dépendent en grande partie des conventions comptables.

 

 

 

1/ Définir le champ

Pour calculer des agrégats significatifs tels que les dépenses nationales dans un domaine donné, nous devons commencer par une délimitation précise des limites du champ. Celles-ci sont définies par l’identification des dépenses spécifiques à un domaine, notamment:

Achats de produits caractéristiques ainsi que les dépenses d’investissement par activité caractéristique sur des produits non spécifiques,

– Achats de « biens et services connexes« ,

« transferts » spécifiques à un champ : Ceux-ci sont traités comme un élément distinctif de la Dépense nationale en supposant qu’ils ne sont pas déjà inclus dans l’évaluation des deux éléments précédents. Sinon, ils ne seront incorporés que dans les comptes de financement.

Ces catégories sont parfois complexes à définir. Les produits spécifiques incluent les produits caractéristiques et les produits connexes. Mais il faut distinguer les activités caractéristiques – qui sont les éléments constitutifs de l’économie du secteur – des produits caractéristiques. En règle générale, les deux peuvent être traités conjointement. Les activités caractéristiques impliquent la production de produits, tandis que les produits caractéristiques génèrent la consommation du champ. Deux domaines sont particulièrement problématiques à cet égard.

Le premier est le tourisme. L’activité des hôtels, des bars et des restaurants n’est « caractéristique » que par la part de leurs services fournis aux touristes. Le problème consiste à identifier la consommation de produits touristiques et, surtout, les dépenses d’investissement des activités caractéristiques correspondantes.

Le défi est encore plus grand dans le domaine de la protection de l’environnement, où seul un petit nombre de biens et services peut être considéré comme spécifique (voir page Compte Environnement). La plupart des dépenses n’impliquent pas l’achat de produits. Ils sont générés par des actions (telles que la mise au point de produits moins polluants) ou des programmes (protection des parcs naturels, traitement de l’eau) qui ne figurent pas en tant que tels dans la classification des activités et des produits, car ce sont des fonctions. La relation entre les produits, les activités et les objectifs est beaucoup plus floue que dans les autres comptes satellites. Par exemple, le producteur d’un mur d’isolation phonique le long d’une voie publique n’est pas caractéristique du domaine de l’environnement, mais le service gouvernemental qui le met en service l’est.

Un domaine peut être défini par des actions qui lui sont spécifiques et qui génèrent une dépense. Ces actions peuvent appartenir à la production, telle que définie dans le cadre central : exemples des services de médecin dans le compte des soins de santé et des services d’enseignement dans le compte de l’éducation. Une telle production entraîne une dépense telle que la consommation finale ou la formation de capital. Alternativement, les actions peuvent correspondre à une dépense qui n’a pas de contrepartie de production dans le cadre central. Dans ce cas, l’identification des activités caractéristiques est plus difficile.

 

 

a) Les produits caractéristiques

Ils n’ont pas vraiment une définition rigoureuse. Le chapitre du SCN les définit ainsi : « Ce sont les produits typiques du domaine » et d’ajouter « … que ceci implique qu’on étudie complètement leur secteur de production« . En fait, la distinction entre les produits caractéristiques et les biens et services connexes se traduit surtout par ses conséquences dans le chiffrage d’un compte satellite (niveau de la dépense nationale et présentation des tableaux). Si une activité est caractéristique, on retient la dépense en capital des producteurs de cette activité dans la dépense nationale. Si une activité est caractéristique, on en analyse la production.

La nomenclature des produits caractéristiques peut être plus détaillée que celle du cadre central : dans le cas du tourisme, l’hébergement est décrit selon plusieurs formes (hôtellerie , location, camping,…), croisées avec une nomenclature de types de séjour (long séjour, court séjour, tourisme d’affaires,…). De même, dans l’éducation, les services d’enseignement sont décrits selon l’organisation du système éducatif (primaire, secondaire, supérieur,…), que le mode de .production soit marchand ou non marchand. On peut aussi distinguer différentes formes de formation de capital des activités caractéristiques : matériels, infrastructures et autres pour les transports. Naturellement, il faut que la nomenclature des activités caractéristiques du compte satellite puisse être articulée à celles du cadre central.

Elle peut être aussi une nomenclature fonctionnelle, voire une nomenclature de programmes, qui peut être ensuite détaillée selon une nomenclature de produits : ce serait le cas dans un compte satellite des transports qui définirait d’abord les différents modes (route, rail, aérien,…} comme produits caractéristiques. De même,, un compte satellite de l’environnement retiendra comme première nomenclature d’activités caractéristiques, celle des différents programmes (eau, déchets, air, ….).

Enfin, une activité peut être caractéristique de plusieurs domaines : par exemple, la médecine scolaire appartient aux domaines de la santé et de l’éducation; les transports de voyageurs de longue distance, aux domaines des transports et pour partie du tourisme .

 

b) Les biens et services connexes

Les biens et services connexes sont a contrario des produits auxquels on s’intéressera seulement pour leur financement et usage, non pour la production. Ceci a pour conséquence de ne pas retenir les dépenses en capital des activités qui produisent ces biens et services. Un critère significatif fait référence à 1’usage final du produit : si le produit est consommé secondairement par les acteurs du domaine, alors c’est un bien ou service connexe : par exemple, on peut considérer que les services d’assurance automobile sont connexes au domaine du transport routier; leur production (consommation) ne représente que le tiers de la production de service d’assurance en France. De même, les livres et fournitures scolaires (biens et services connexes au domaine de l’éducation) n’ont pas en général, la seule population scolarisée comme clientèle. Autre exemple, les achats de biens et services par les touristes auprès d’activités non-caractéristiques du tourisme pendant la durée de leur séjour (leurs dépenses d’alimentation ou les dépenses d’utilisation des véhicules) peuvent être considérés comme des biens et services connexes du domaine du tourisme.

 

c) Les transferts spécifiques du domaine

Ce sont eux qui posent le plus de problèmes. Qu’est-ce-qu’un transfert spécifique d’un domaine et donc comment établir une liste de transferts spécifiques du domaine? Le SCN précise que si les transferts spécifiques servent à financer l’acquisition de biens et services spécifiques, ils ne doivent pas être inclus une seconde fois dans le calcul de la dépense nationale mais il ajoute qu’il faut distinguer explicitement les transferts qui sont une composante de la dépense nationale et ceux qui constituent des instruments intermédiaires de financement de la dépense nationale, notamment pour l’étude du financement.

Un transfert spécifique d’un domaine est un versement monétaire (ou en nature) d’un agent à un autre dont la mise en oeuvre est générée par une activité (action) du domaine. Cette définition exclut toutefois les transferts à caractère général, telle la TVA. Par exemple, dans un compte de la route, seul le supplément de TVA par rapport au taux normal ou la taxe spéciale sur les assurances auto sont des transferts spécifiques du domaine routier.

Parfois, cette définition ne pose pas de problèmes. Dans la protection sociale, les services « caractéristiques » du domaine ont une importance limitée puisque ce ne sont que les services rendus par les Caisses qui gèrent la protection sociale [8]. En revanche, l’essentiel est constitué de transferts sous forme de prestations sociales, qui sont décrites selon le risque qu’elles couvrent et selon leur type (nature ou espèce). De même, les bourses d’étude sont des transferts spécifiques du domaine de l’éducation.

Mais le problème devient plus complexe pour certaines opérations, telles les recettes des administrations publiques. La réponse à la question peut dépendre alors de conventions juridiques et fiscales : en vertu du principe d’universalité budgétaire – les recettes fiscales de l’Etat ne sont pas affectées à des dépenses spécifiques à l’exception des budgets spéciaux – on ne devrait retenir que les transferts correspondant à ce dernier cas. De même, pour les collectivités locales, certains transferts à caractère général (comme la dotation globale de fonctionnement versée par 1’Etat aux communes) sont exclus des comptes satellites dès lors qu’il n’y a pas affectation directe et explicite des transferts aux dépenses du domaine. Dans ce cas, les dépenses des communes sont incluses telles quelles dans la dépense nationale.

Cependant, on peut s’interroger sur ces conventions. Par exemple, dans les transports,, la plupart des taxes qu’ils génèrent sont assez bien identifiables, étant perçues à la consommation (taxe spéciale sur les assurances,…) ,ou à la production (taxe à l’essieu,…).  Certes ces impôts ou autres transferts ne sont pas affectés explicitement à des dépenses de transport (en regard du principe d’universalité) mais on pourrait admettre qu’il existe une certaine politique des transports, marquée notamment par une redistribution .des financements entre modes.

 

 

 

2/ Le secteur de production

En France, l’élaboration des comptes des producteurs d’activités caractéristiques a constitué souvent la première étape nécessaire à l’évaluation des agrégats de dépense du compte satellite (éducation, recherche, environnement,…)» en cohérence avec le système statistique de base qui interroge les exécutants  Elle est aussi un gage de cohérence comptable entre une estimation de la dépense nationale faite à partir de la demande (les emplois) et une estimation faite à partir de l’offre (les ressources).

Si on veut avoir une idée de cette production, il convient de répondre à deux questions :

– quelle est la notion de production retenue ?

– comment se définissent les unités ?

* La notion de production retenue dans un compte satellite peut être plus large que celle du cadre central, par exemple, la production domestique non rémunérée ou le bénévolat. Elle peut aussi se référer à des effets externes non monétarisés, par exemple le temps de transport qu’on peut alors considérer comme une production négative ou qu’on peut inclure dans les effets-qualité ce qui entraînera une modification des évolutions en volume. Il peut s’agir enfin de modifier conceptuellement certains agrégats du cadre central pour avoir une image complète d’une activité. Par exemple, on peut considérer l’achat et l’utilisation de véhicule comme une production pour compte propre. D’autre part, les productions des établissements pour compte propre de services non identifiés dans ,1e cadre central peuvent faire partie de la production. Dans une analyse satellite, leur valeur sera mesurée par les coûts de production.

* De manière générale, tout compte satellite définit le secteur de production de son domaine par l’ensemble des unités qui produisent des biens et services caractéristiques, et elles seules. En conséquence, toutes les unités qui produisent des biens et services connexes sont exclues du secteur de production. Pour mener l’analyse du secteur de production, on est conduit à définir deux ensembles : celui des unités de production d’une part, celui des opérations d’autre part. Poux décrire la production dans un compte satellite, on doit théoriquement s’appuyer sur la notion « d’unités homogènes de production de biens et services caractéristiques du domaine » (UHPC). Ces unités peuvent être tout ou partie d’une unité de production homogène. Tout, si l’activité de l’unité de production homogène est « caractéristique » et qu’elle se confond avec l’UHPC. Une partie, dans deux circonstances distinctes :

– l’activité de l’unité de production homogène est « caractéristique » mais pas entièrement. L’UHPC correspond à la partie purement « caractéristique » de l’unité de production homogène (c’est le cas d’une partie importante du tourisme où un bien ou service ne devient touristique que lorsqu’il est consommé par un touriste).

– l’activité « caractéristique » est auxiliaire pour l’unité de production homogène. L’UHPC correspond à cette partie (c’est le cas du transport routier pour compte propre).

On peut donc mener l’analyse de la production dans une optique analogue à une optique de branche, une activité caractéristique, équivalente d’une branche dans le cadre central, se définissant par l’ensemble des UHPC qui exercent cette activité.

Toutefois, cette analyse ne se limite pas en général à celle de la production; elle cherche souvent à décrire un secteur de production, avec notamment une séquence complète de comptes. Il lui faut donc utiliser comme dans le cadre central, l’unité institutionnelle comme unité d’observation et non plus l’UHPC. En effet, s’il est possible d’estimer la production, voire la valeur ajoutée de l’UHPC, il est difficile d’en connaître les autres opérations, notamment celles du compte de revenu et de capital. Ce problème est évidemment encore plus compliqué que pour une unité de production homogène. On distingue les opérations courantes (compte des opérations courantes) et les opérations en capital (compte de capital).

Ces comptes sont simplifiés par rapport à ceux du cadre central. On peut toutefois distinguer la production de produits caractéristiques et d’autres produits, et reprendre cette distinction pour les CI, les rémunérations, l’excédent d’exploitation net, et surtout la FBCF afin de ne pas comptabiliser la FBCF en produits caractéristiques dans le calcul de la dépense nationale sans doubles comptes. Par ailleurs, il ne faut comptabiliser que la FBCF des producteurs caractéristiques : dans la dépense en capital de la SNCF pour le transport, il ne faut pas retenir les investissements qu’elle effectue pour la restauration aux usagers, car elle n’est pas une activité caractéristique du domaine des transports.

 

 

 

3/ La dépense nationale du domaine

L’objet d’un compte satellite est d’abord d’évaluer la dépense consacrée au domaine. La dépense mesure l’effort consacré à un domaine par les différents agents de la collectivité et se définit comme la somme des dépenses effectives concernant les produits caractéristiques, les achats de biens et services connexes et les opérations de répartition spécifiques au domaine. La 13 dépense se définit donc du point de vue des financeurs. C’est la somme des dépenses que ces derniers engagent à ce titre.

Pourtant, la méthode comptable d’évaluation de la dépense du domaine n’est pas unique pour tous les comptes satellites. Certains comptes entendent par « dépenses », les consommations finales et intermédiaires de ces produits par les différents agents (ménages, entreprises, administrations publiques,…) et les autres dépenses qu’ils effectuent pour le domaine (transferts). Ces achats ou ces transferts constituent les recettes des producteurs caractéristiques. D’autres comptes considèrent que la dépense pour un domaine s’analyse comme la somme des dépenses des producteurs caractéristiques (leurs coûts) sur le territoire national quelle que soit l’origine de leurs financements.

Ainsi, si le domaine ne comprend que des produits caractéristiques, l’exemple suivant montre que la dépense pour le domaine est de 18 (12 de ventes + 6 de dépenses en capital) dans la méthode du SCN. Dans la méthode de l’ancien compte satellite de la R&D, la dépense était mesurée par l’ensemble des coûts des producteurs caractéristiques (10 + 6). La dépense intérieure (mais aussi nationale) est égale à 16. L’écart est représenté par l’épargne brute des producteurs.

 

a)  Plusieurs notions de dépense

1/ De nombreux comptes satellites français s’appuient sur le calcul de la dépense intérieure (16 dans l’exemple précédent). Celle ci est évaluée à partir des coûts des producteurs caractéristiques. On distingue la dépense en capital et la dépense courante. Dans le compte de la recherche (qui n’existe plus), la dépense prenait notamment la forme de transferts en capital au bénéfice des producteurs (aides à l’investissement, autres transferts en capital) ou de variation d’engagement des organismes producteurs (dettes). Mais ils ,évaluent ensuite la Dépense nationale.

La différence entre la dépense intérieure et la dépense nationale correspond au solde extérieur. On note que les financements reçus de non-résidents par les résidents et les dépenses des financeurs résidents à des non-résidents ne concernent pas que des exportations et des importations de produits caractéristiques (ou de biens et services connexes). Il peut s’agir aussi de transferts. Dans le compte de l’éducation, les rémunérations versées par l’État aux enseignants en coopération à l’étranger ou exerçant leur activité dans les DOM-TOM sont considérées comme des dépenses dans le reste du monde et elles entrent dans la dépense nationale.

2/ La méthode de calcul de la dépense du SCN 2008 – SEC 2010 évalue uniquement les emplois des unités résidentes et la dépense nationale (18 dans l’exemple précédent). Il n’y a que pour le tourisme que la dépense intérieure soit utile à calculer car dans le cadre central de la comptabilité nationale, on ne connaît pas, par produit, la consommation finale des résidents auprès d’entreprises non-résidentes et celle des non-résidents à des entreprises résidentes. Dans un compte satellite du tourisme, il peut être intéressant de les connaître.

La dépense nationale comprend sept composantes  :

  • la consommation en produits spécifiques (produits caractéristiques et biens et services connexes). Elle se décompose en une consommation finale effective (CFE dans le tableau suivant  et une consommation intermédiaire (CI), cette dernière comprenant également la consommation correspondant à une production auxiliaire (interne). La consommation finale effective comprend celle en produits marchands et non-marchands, celle-ci se subdivisant en une consommation individuelle et collective .
  • la formation de capital en produits spécifiques.
  • la formation de capital des activités caractéristiques en produits non spécifiques.
  • les transferts courants qui ne sont pas une contrepartie de la consommation en produits spécifiques.
  • les transferts en capital qui ne sont pas une contrepartie de la formation de capital en produits spécifiques ou de la formation de capital des activités caractéristiques.
  • les emplois courants d’unités résidentes financés par le reste du monde (en -).
  • les emplois en capital d’unités résidentes financés par le reste du monde (en -) (qu’on a regroupés dans le tableau suivant avec la rubrique précédente).

 

Les emplois totaux des unités résidentes sont la somme des cinq premières composantes. Il faut en déduire la partie financée par le reste du monde moyennant des transferts ou des prêts, afin d’aboutir aux dépenses de la Nation. Celles-ci sont donc égales aux emplois totaux des unités résidentes qui sont financés par des unités résidentes.

 

La dépense nationale courante est est égale à la somme des consommations finales et intermédiaires en produits spécifiques, y compris la production auxiliaire, et des transferts spécifiques courants, diminuée des emplois courants d’unités résidentes financés par le reste du monde.

 

La dépense nationale en capital est égale à la somme de la formation de capital en produits spécifiques, de la formation de capital des producteurs caractéristiques en produits non-spécifiques, et des transferts en capital, diminuée des emplois en capital d’unités résidentes financés par le reste du monde. Le tableau suivant présente différents comptes satellites en montrant quelles sont les composantes de la dépense nationale qui devront faire l’objet d’une évaluation.

L’approche du SCN, par la dépense évaluée à partir des emplois finals et intermédiaires, présente l’avantage d’être articulée directement au cadre central de la comptabilité nationale. Il est en outre plus aisé dans certains domaines d’estimer la dépense à partir des flux reçus (qu’on connaît mieux que les coûts). Par exemple, pour évaluer la dépense du transport ferroviaire, on pourra « partir » des consommations finales et intermédiaires en produit « transport ferroviaire » plutôt que des coûts de la SNCF correspondant à ce domaine, ce qui nécessiterait une comptabilité analytique.

 

b) Les problèmes de doubles comptes

On ne retiendra que la formation de capital des activités caractéristiques en produits non-spécifiques. De même, on ne devrait pas retenir l’achat par un producteur caractéristique d’un produit caractéristique ou connexe dans le calcul de la dépense nationale du domaine (par exemple les médicaments achetés par les hôpitaux dans le compte de la santé). On risque enfin un double compte lorsqu’on comptabilise même des achats en produits non-spécifiques : par exemple dans l’environnement, si une station d’épuration achète des produits chimiques qui incorporent eux-mimes une production auxiliaire de protection d’environnement qu’on a déjà comptabilisée dans la dépense du domaine.

Mais la question la plus ardue concerne les transferts spécifiques : quels sont ceux qu’on doit retenir dans le calcul de la dépense nationale (sans double compte) ?

Il y a des cas sans problème où ces transferts représentent bien une dépense nouvelle : par exemple les bourses d’études accordées aux élèves dans le compte de l’éducation, dans la mesure où elles ne servent pas au financement de produits spécifiques, ou les prestations sociales accordées aux ménages dans le compte de la protection sociale. Pour les transports, certains transferts sont versés par les administrations publiques (APU) pour couvrir les déficits accumulés par les entreprises publiques. II s’agit de transferts directs aux bénéficiaires. Inversement, les aides à l’investissement des administrations publiques aux entreprises sont une contrepartie de leurs dépenses en capital, normalement déjà prise en compte dans le calcul de la dépense nationale.

Mais il y a des cas plus complexes.

 

° Les impôts sur le revenu et le patrimoine et les transferts courants divers : les transports et l’environnement donnent de bons exemples de ce type de problème. Certaines taxes spécifiques et autres paiements, vignette auto (R613), permis de conduire, certificats d’immatriculation, produits des amendes (R69), sont payés par les usagers. Servent-elles à financer les dépenses des administrations pour la route (voirie, routes nationales,…) ? Si on répond affirmativement, il n’y a pas lieu de comptabiliser ces taxes parmi les transferts courants, mais seulement le solde entre dépenses et recettes. Ainsi, il convient de déterminer d’abord la dépense de chaque agent (ménages, APU, … ) puis de se demander dans un second temps si une partie de ces dépenses est financée par les dépenses d’un autre agent déjà prise en compte.

 

° Les subventions : le cadre central du SCN révisé distingue les subventions sur les produits et les autres subventions sur la production, les premières comprenant notamment les subventions dont l’objet est d’abaisser le prix des produits payés par le consommateur et de financer le complément (subventions à la consommation). Concernant les subventions sur les produits, comme le cadre central évalue la consommation finale de produits marchands au prix d’acquisition, donc hors ces subventions, on devrait les inclure parmi les transferts courants si on conserve ce mode d’évaluation. mais en même temps, les emplois incluent des impôts sur les produits et l’on pourrait dire que c’est les impôts nets des subventions qui comptent. En revanche, les autres subventions à la production doivent être prises en compte parmi les transferts courants puisqu’elles ne sont pas une contrepartie des emplois finals et intermédiaires en produits caractéristiques.

 

° Les indemnités d’assurances : on prend ici l’exemple de l’assurance automobile.

– Faut-il prendre en compte la consommation de service d’assurance automobile dans la dépense nationale de transport routier?

– Faut-il inclure aussi les primes nettes ?

 

S’agissant de la première question, la réponse est liée au traitement comptable des assurances dans le cadre central : la consommation (finale ou intermédiaire) de service d’assurance est égale à la production du service d’assurance, calculée comme différence entre les primes brutes acquises et les produits de placement des réserves moins le total des remboursements (indemnités). Cette production correspond économiquement à la gestion des dossiers par les assurances, aux rémunérations des salariés des assurances, etc… Deux cas doivent être distingués :

– S’il s’agit de producteurs dans le cadre central (entreprises qui font du transport routier pour compte d’autrui ou pour compte propre), leur consommation intermédiaire de service d’assurance est répercutée dans le prix de vente, donc dans les consommations intermédiaires (ou finales) en produits spécifiques.

– S’il s’agit de ménages, qui ne vendent donc pas leur production, on doit prendre en compte leur consommation de services d’assurance dans les calculs de la dépense nationale.

 

S’agissant de la seconde question, il n’ y a pas lieu de prendre en compte les primes nettes pour le calcul de la dépense nationale : les entreprises d’assurance reçoivent des primes nettes qu’elles reversent ensuite sous forme d’indemnités aux ménages. Il n’est pas question de prendre en compte ces indemnités puisqu’il s’agit d’un simple transfert d’assurés à assurés-accidentés qui finance une dépense de réparation automobile déjà prise en compte dans la consommation en produits caractéristiques.

 

 

° Les intérêts versés : faut-il inclure les intérêts versés liés à des emprunts finançant l’acquisition de produits caractéristiques ou lors d’un investissement d’un producteur caractéristique ? Plusieurs cas peuvent être distingués.

– Si l’intérêt est versé par un producteur caractéristique, on peut considérer, comme pour les primes nettes d’assurance, qu’il est répercuté dans le prix de vente de cette unité, donc dans la consommation intermédiaire (ou finale) en produits spécifiques, déjà prise en compte.

– Si l’intérêt est versé par un non-producteur caractéristique lors d’un investissement, on pourrait retenir dans la dépense nationale, le coût des intérêts versés. Toutefois, il faudrait alors inclure le coût d’opportunité dans le cas d’un investissement financé par l’autofinancement. En outre, un tel calcul est délicat par exemple dans l’environnement où les investissements antipollution sont souvent intégrés dans un ensemble plus vaste.

– Si l’intérêt est versé par un propriétaire occupant son logement, le cadre central stipule que la production de service de logement pour compte propre peut être évaluée sur la base des prix pratiqués sur le marché pour des services similaires. Cette production intègre donc implicitement les intérêts qu’une agence de location répercuterait sur les prix des loyers.

– Si l’intérêt est versé dans le cadre d’une consommation finale, par exemple un ménage achetant un bien durable, on peut concevoir de prendre en compte ces intérêts dans le calcul de la dépense, l’achat ayant été comptabilisé net de ceux-ci. Toutefois, il paraît difficile d’identifier le montant de ces intérêts.

 

c) Les problèmes d’interprétation de la dépense nationale.

Il faut situer la dépense pour un domaine par rapport à l’ensemble de l’économie; ou évaluer une dépense moyenne par agent. Rapporter un indicateur de dépense au PIB peut poser problème. Le PIB n’intègre pas dans son calcul, les consommations intermédiaires. Ce type de ratio a un sens lorsque la dépense nationale ne comprend que des emplois finals, comme dans la santé où la consommation médicale (composée de la consommation de soins, biens et services médicaux et de services de médecine préventive) qui représente 90% de la dépense courante de santé, est totalement affectée dans les emplois finals. Mais, ce calcul est plus délicat, du moins à interpréter, dans des domaines où la dépense nationale est affectée largement en consommation intermédiaire, y compris pour compte propre, (recherche, transport,…),

Dans la page Comptabilité nationale comparaisons internationales, on montre aussi que la dépense publique ne peut-être non plus comparée au PIB et que son poids dans le PIB français (56% en 2019) ne signifie pas que la part de le dépense privé soit de 44 %.

Plusieurs solutions sont possibles pour évaluer le poids économique d’un domaine. On peut rapporter au PIB (ou plus précisément à la somme des valeurs ajoutées de l’économie), la valeur ajoutée des producteurs d’activités caractéristiques correspondant à cette dépense. On peut aussi estimer le contenu en emplois finals des différentes composantes de cette Dépense, qu’on rapporte ensuite aux PIB. On peut enfin modifier le niveau du PIB en y ajoutant les dépenses de consommations intermédiaires qu’on traite comme emploi final dans un compte satellite (les dépenses de santé ou de formation dans les entreprises).

En fait, le calcul de la dépense nationale devrait être utilisé pour comparer les niveaux de dépense des différents domaines de comptes satellites (même si ces domaines ne sont pas additifs du fait qu’une activité peut appartenir à plusieurs domaines), pour faire des Comparaisons internationales, et pour étudier structurellement les diverses composantes de la dépense nationale. En particulier, si la production auxiliaire est importante, il peut être intéressant de confronter sa valeur avec celle de la production vendue à des tiers (transports, services rendus aux entreprises,…). Par ailleurs, il peut être intéressant de confronter les parts respectives d’un même domaine avec celles des dépenses des Administrations publiques (APU) pour ce domaine dans le total de leurs dépenses, par exemple le poids des modes de transport des APU dans les dépenses des APU en transport.

 

 

4/ Les « utilisateurs / bénéficiaires »

L’analyse des bénéficiaires a fait souvent défaut dans les comptes satellites, telle la recherche. Cette absence est liée en partie au fait que « bénéficiaires » et « utilisateurs » d’une dépense peuvent être souvent confondus, considérant que le paiement sur un marché suffit à assimiler financeur, utilisateur et bénéficiaire. Le SCN 1993 utilise d’ailleurs les notions d’utilisateurs ou de bénéficiaires. Le terme « utilisateurs » convient mieux pour le tourisme ou la recherche, et le terme « bénéficiaires » ne peut s’appliquer qu’aux bénéficiaires de prestations sociales ou d’autres transferts bien spécifiques (bourses d’études dans l’éducation). Les bénéficiaires d’une dépense dans un compte satellite peuvent en effet recevoir des transferts en espèces ou en nature qui ne rentrent pas dans la consommation finale.

L’analyse des bénéficiaires est d’autant plus facile à mener qu’elle est cohérente avec le cadre central et que celui-ci les identifie correctement. En outre, elle est surtout intéressante à .mener quand les unités qui utilisent les produits spécifiques du domaine, ou qui bénéficient des opérations de répartition, ne sont pas les financeurs. De fait, elle n’a porté jusqu’à présent que sur des domaines où la consommation collective peut être individualisable (santé, éducation) ou lorsqu’il existe des transferts importants (protection sociale). Sur ce plan, elle peut être plus développée dans le cadre central du SCN 2008 du fait qu’il définit deux notions de consommation – dépense de consommation et consommation finale effective – à partir d’une séparation entre consommation finale individuelle et collective, fondant cette séparation sur les caractéristiques des bénéficiaires.

Le cadre central du SCN précise alors ces deux notions de services « individuels » et « collectifs ». Les dépenses de consommation finale individuelle représentent celles qui bénéficient à des ménages « individualisés ». On peut isoler le produit consomme, le ménage (ou le petit groupe de ménages) qui le consomme. La consommation individualisée de biens et services non marchands possède ainsi toutes les caractéristiques attachées à la consommation finale « privée ». Le SCN révisé considère alors que les dépenses de consommation individuelle des administrations concernent les fonctions de santé, éducation, sécurité sociale et bien-être, sports et loisirs, culture (à l’exception pour chaque fonction des dépenses liées à l’administration générale, à la réglementation et à la recherche).

 

 

a) L’analyse des bénéficiaires dans les comptes satellites

Dans le SCN 1993, le tableau des « utilisateurs / bénéficiaires » distingue les producteurs marchands, producteurs non-marchands, administrations publiques comme consommateurs collectifs, ménages en tant que consommateurs, reste du monde. Dans ce tableau suivant,, là où il y a des croix, c’est qu’il y a des chiffres.

On peut toutefois faire des distinctions plus fines, par exemple décomposer les producteurs marchands par branche ou les catégories de ménages (protection sociale).

 

Comme les ménages constituent souvent les principaux bénéficiaires, en tout cas ceux pour lesquels l’analyse des bénéficiaires a le plus d’intérêt sur un plan économique et social, un compte satellite aura surtout pour objet de distinguer parmi les ménages, ceux qui bénéficient de la dépense en utilisant tous les critères jugés nécessaires : tranche de revenu, catégories socio-professionnelles, sexe, âge, lieu d’habitation, etc… . On peut alors déterminer les grandeurs tel que le nombre de ménages ou d’individus correspondant à ces critères, les mettre en relation avec des données monétaires afin de calculer des dépenses rapportées à une structure donnée du secteur : coût moyen d’un élève selon les filières d’enseignement ou- d’un malade ou d’un voyageur-kilomètre par modes de transport,…

Cette méthode a été surtout développée dans le compte de l’éducation où les bénéficiaires peuvent être analysés du point de vue des groupes sociaux auxquels appartiennent les élèves et étudiants. La structure par catégorie socio-professionnelle des élèves peut servir à répartir les dépenses d’enseignement, particulièrement celles des administrations publiques de façon à étudier les catégories qui bénéficient le plus ou le moins des services non marchands d’enseignement.

Dans les comptes satellites français, l’analyse des bénéficiaires s’articule ainsi autour d’agents qui ne sont pas nécessairement les secteurs institutionnels du cadre central. Le compte de la santé retient quatre pôles (de bénéficiaires) : les « malades » (qui bénéficient presque exclusivement dé la consommation médicale totale), « la prévention », le « système de soins » (qui absorbe la recherche médicale et pharmaceutique), et la « gestion » [8]. De même dans l’éducation, en dehors des « enseignés, le « système éducatif » bénéficie de certaines dépenses (recherche, formation,..) [9].  Parfois, la notion d’unités institutionnelles n’est d’ailleurs pas la plus significative : dans les transports routiers, une analyse des bénéficiaires par agent (ménages, entreprises,…) doit être complétée par une analyse par type de véhicules, légers ou lourds, ces deux catégories pouvant être utilisées chacune par des ménages ou des entreprises.

En ce qui concerne la consommation effective, les administrations publiques sont censées constituer, pour le compte de la société dans son ensemble, le consommateur final de services collectifs qu’elles produisent.

Sur ce plan, deux problèmes se posent dans les comptes satellites :

– La liste de consommation individuelle des administrations n’est-elle pas limitative, notamment lorsqu’on s’intéresse aux transports et à l’environnement ? Leurs dépenses pour l’eau et la route ne peuvent-elles être individualisées?’ Si on répond oui, on pourrait alors compléter le tableau précédent par un autre tableau des « bénéficiaires au second degré ».

– A l’inverse, le traitement des impôts sur les produits, comptabilisés dans la consommation finale dans le cadre central, amène à réfléchir sur cette convention : les taxes versées aux agences de 1’eau par les communes ou les entreprises de l’eau, mais payées par les usagers, correspondent-elles réellement à des taxes proportionnelles aux services rendus? C’est bien ce que prévoyait le Décret de création des Agences de 1’eau qui stipulait de faire varier ces taxes en fonction du prélèvement d’eau. Mais ces taxes comprennent aussi des taxes de pollution dont le montant ne paraît pas proportionnel à la pollution produite. Dans ce cas, il faudrait alors compléter le tableau des bénéficiaires par celui des pollueurs.

De même on peut se demander si l’analyse des bénéficiaires pourrait aussi intégrer les « bénéficiaires ou « non-bénéficiaires » des effets externes de la dépense nationale, notamment les nuisances. Ces approches se rattachent aux comptes de surplus. Le problème est alors d’identifier d’abord ces effets externes, les « bénéficiaires » ou « non-bénéficiaires » de ces effets, et d’estimer les valeurs monétaires de ces effets qui ne font pas l’objet d’échanges sur un marché. Cette analyse est donc beaucoup plus complexe (et controversée) que celle des bénéficiaires de la dépense (effective) où seule la question de l’affectation est en jeu, compte tenu du fait qu’elle suppose l’évaluation monétaire de coûts et d’avantages non observables sur un marché.

 

 

 

 

b) L’analyse des bénéficiaires et l’évaluation des résultats

Par résultats d’une dépense, on entend ici efficacité de la dépense. Comme celle-ci est souvent non marchande dans les comptes satellites, cette analyse s’apparente donc à celle de l’évaluation des politiques publiques. L

La dépense nationale n’est pas un indicateur de résultat ni de l’état d’un domaine. Dans le domaine de la santé, il faut distinguer l’activité et son résultat (état de santé de la population et bénéficiaires). Ainsi, malgré une part plus élevée en France qu’en Allemagne des dépenses de santé dans le PIB, les Français ne sont pas « en meilleure santé ». De même, dans l’environnement, une dépense nationale relativement élevée, comme en Allemagne, peut en partie refléter un état dégradé de celui-ci. Autrement dit, compléter un compte satellite par des indicateurs tels que l’espérance de vie, le taux de pollution, etc … , n’implique pas de mettre en relation ces indicateurs avec les dépenses. L’information épidémiologique qui étudie la distribution des états de santé d’une population en relation avec un facteur quelconque (ce peut être une nuisance mais aussi un traitement médical ou une certaine forme de dépense) montre ainsi que de nombreux facteurs interviennent sur l’état de santé d’une population qu’il n’est pas facile d’isoler.

En fait, un compte satellite peut apporter déjà de nombreux éléments de réponse sur l’efficacité des résultats, par des données monétaires, à condition qu’il ne se contente pas de données agrégées. Par exemple, dans la protection sociale, si on considère qu’un indicateur d’efficacité est l’ampleur de la redistribution, un compte satellite doit pouvoir isoler les bénéficiaires par strate économique et sociale. Dans la santé (ou l’environnement)/ distinguer les dépenses de prévention de celles de traitement peut être déjà un indicateur d’efficacité, les premières évitant les fatigues liées aux maladies (ou les pollutions). Pour l’eau, un compte satellite national et annuel risque d’être décevant quand on sait que les problèmes de sécheresse sont régionaux et saisonniers. De même, l’évaluation de la politique des déchets devra intégrer la répartition des tonnes traitées selon les différentes filières (compostage, incinération,..) puisque cette répartition est aussi significative que le total des déchets traités. Dans les transports, l’analyse des bénéficiaires, y compris des effets externes, est notamment intéressante dans la région Ile-de-France où les problèmes de pollution et de congestion sont particulièrement aigus.

Ainsi, l’évaluation des résultats de la dépense est spécifique à chaque compte satellite.

 

 

 

5/ Le financement:

« Le secteur de financement est constitué à partir du démembrement fonctionnel de toutes les unités institutionnelles qui supportent effectivement des charges de financement du domaine, soit directement, soit en effectuant des transferts ». Cette définition du SECN d’un concept spécifique aux comptes satellites conduit de nouveau à distinguer deux ensembles : les unités de financement, les opérations qu’elles exécutent.

L’étude du financement ne signifie pas toutefois la construction d’une séquence complète de comptes, contrairement au secteur de production, mais simplement la description de tous les circuits de financement d’un domaine déterminé. Il en résulte qu’on peut établir un tableau de financement sans faire un compte du secteur de production. Dans la pratique, c’est ce que font de nombreux comptes (recherche) qui présentent un premier tableau répartissant la dépense des financeurs par destination, ou croisant les secteurs d’exécution de la dépense et le financement de celle-ci.

S’agissant des unités de financement, qui peuvent être des unités institutionnelles ou des fractions d’unités institutionnelles (ce qui permet de passer de la nomenclature du cadre central à celle du compte satellite), il convient de distinguer dans les unités institutionnelles financeuses, leur fonction de financement de leur fonction d’exécution de la dépense : en effet, les unités de financement peuvent être aussi des unités de production du domaine. Par exemple, le Ministère de l’éducation nationale assure lui-même la production de l’activité d’administration générale. De même, les entreprises peuvent elles-mêmes réaliser des stages de formation continue pour leur personnel.

S’agissant des opérations, il s’agit seulement de décrire toutes les dépenses que les unités de financement effectuent dans le domaine (sans faire des comptes complets) par 1’intermédiaire d’opérations qui sont en général spécifiques à chacune des unités de financement. Il est alors très important de dresser cette liste par unité institutionnelle. Cette description peut toutefois poser problème lorsque l’unité de financement est une fraction d’une unité institutionnelle du cadre central, les flux de financement qu’on cherche à décrire dans le compte satellite n’apparaissant pas explicitement dans ce cadre.

Certains organismes effectuent des dépenses mais reçoivent des recettes au titre des activités caractéristiques ou des transferts du domaine. Parfois, il s’agit simplement de transferts entre organismes financeurs d’un domaine qui jouent alors le rôle d’organisme relais dans la redistribution de la dépense nationale.

 

 

 

 

 

II – LE FINANCEMENT FINAL ET INITIAL DANS LES COMPTES SATELLITES

Dans les comptes satellites, on distingue deux notions de financement : final et initial. On commence toujours par le financement final et certains comptes s’en tiennent à cette description (recherche). Mais la plupart des comptes sociaux (santé, éducation, …) vont jusqu’au financement initial (schéma suivant). Ils présentent alors deux tableaux de financement, sachant que la somme des financements finals est égale à celle des financements initiaux, seule la répartition du financement entre les unités étant différente. L’étude du financeur final permet de connaître la destination effective du financement. Dans l’éducation ce sont les ménages qui financent par exemple les universités par les bourses d’études qu’ils leur versent. Mais l’État en est le financeur initial.

« Financeur initial / Financeur final »;  Exemple : les bourses d’études dans le compte de l’éducation

 

 

* « Le financement final correspond aux flux qui constituent les ressources du secteur de production, aux flux d’achats de biens et services connexes, et aux flux engendrés par les autres opérations de répartition (transferts) qui définissent le domaine ».

Un financeur « final » est une unité pour laquelle au moins un de ces flux est un emploi. Par exemple, dans le compte de la santé, les ménages sont les financeurs « finaux » pour l’achat de médicaments, de services de médecins, même si ces dépenses sont, pour partie, couvertes par des prestations sociales. Le financement final comprend donc d’abord celui des activités caractéristiques, c’est à dire, pour les opérations courantes, l’achat de biens et services caractéristiques, les subventions d’exploitation à ces producteurs (qui peuvent être aussi des transferts de fonctionnement aux producteurs non-marchands). On retrouve ces opérations en ressources du compte d’opérations courantes des producteurs caractéristiques. Il comprend aussi l’acquisition de capital par les producteurs caractéristiques qu’on retrouve cette fois en emploi du compte de capital. Pour les productions auxiliaires, le financement est égal aux coûts de production. Le financement final comprend les achats de biens et services connexes et les autres opérations de répartition (transferts).

* Le financement initial (« ultime ») correspond aux opérations des unités qui supportent réellement la charge définitive, en versant des transferts au financeur « final ».

Un financeur initial est une unité qui par l’intermédiaire d’une opération quelconque, fournit à une unité classée comme financeur « final », les moyens ou une partie des moyens de réaliser ce financement.

Par exemple, dans le compte de la santé, on trouve trois financeurs initiaux en face de la dépense nationale : les ménages (pour la partie non remboursée), les organismes de Sécurité sociale et les mutuelles puisqu’ils versent directement, aux ménages des prestations sociales servant à financer leurs achats de biens et services du domaine. Mais on ne remonte pas jusqu’aux unités (ménages,, entreprises,…) qui financent les organismes de sécurité sociale. À noter qu’on pourrait considérer les ménages, par leurs cotisations,  comme financeurs initiaux des prestations versées par les mutuelles (voir page Compte de la santé).

C’ est dans le compte de la protection sociale que les organismes de Sécurité sociale sont des financeurs finaux (la dépense de protection sociale étant principalement constituée des transferts que sont les prestations sociales) et parmi • les financeurs initiaux correspondants, se trouvent des unités qui versent des cotisations sociales aux organismes de Sécurité sociale. De même, les seuls transferts retenus dans le compte de l’éducation, permettant de passer du financement final au financement initial, sont les bourses.

 

Toutefois, cet aspect, très important dans tout compte satellite – (le cadre central ne fait apparaître que le financement final) – est particulièrement délicat à traiter en pratique :

Où commence le financement initial ? Le principe d’universalité budgétaire, – qui interdit d’affecter certaines recettes fiscales de l’État à certaines de ses dépenses, à l’exception des budgets spéciaux, – a conduit les responsables des comptes satellites à ne pas chercher à remonter trop loin dans le financement initial d’autant que l’analyse du financement dépend des objectifs assignés. Par exemple, le compte de la santé a pour objet d’évaluer la dépense . courante consacrée au domaine, puis de décrire les procédures de financement (unités concernées et unités utilisées). Il s’agit en particulier de savoir dans quelle mesure les soins médicaux et les achats de produits pharmaceutiques sont remboursés par la Sécurité sociale. De même, dans le compte de l’éducation, les questions importantes concernent la structure de financement des producteurs entre Etat, collectivités locales, « privé », et notamment le rôle des pouvoirs publics dans le financement de l’école privée, ou d’autres analyses sur les transferts (bourses d’étude). Dans ces deux exemples, on considère que le financement initial est assuré par les administrations publiques et non par les ménages qui paient des impôts.

Mais ce principe peut être parfois discuté (cf. l’exemple déjà évoqué des taxes liées au transport routier). Ce qui est sûr,’ c’est que si un transfert est jugé spécifique, il faut alors élaborer au moins deux comptes de financement, l’un au niveau du financement des organismes qui supportent réellement la dépense, l’autre au niveau du financement des organismes qui contribuent strictement à la couverture des charges des producteurs ou qui financent directement les bénéficiaires.

 

 

b) L’analyse du financement dans le SCN et le SEC 2010

Le SCN 1993 et le SEC 2010 retiennent les « financeurs ultimes », ceux qui supportent en définitive la dépense. Toutefois, ils précisent qu’il faut distinguer les transferts entre les unités qui assurent le financement en première instance, à titre intermédiaire, et en dernière instance afin de construire un ensemble complet de comptes des organismes de gestion. Les financeurs sont les producteurs marchands, ISBLSM, APU, ménages (comme consommateurs et comme producteurs), institutions financières, reste du monde. Pour obtenir le financement de la dépense nationale, les montants de financement par le reste du monde des emplois de résidents sont déduits. Il ressort de cette liste que les producteurs non-marchands ne sont jamais censés supporter en dernier analyse les frais de financement. Leurs coûts, nets de toute vente le cas échéant, sont couverts par les unités institutionnelles qui les coiffent.

Les ménages en tant que consommateurs sont censés financer toutes les dépenses prélevées sur leur revenu disponible, à l’exception des transferts en nature reçus du reste du monde, du secteur privé ou des institutions sans but lucratif. La fraction en nature de la rémunération des salariés et du revenu de 1’entreprise est ainsi financée, par les ménages eux-mêmes. Les cotisations sociales, en tant que partie de la rémunération des salariés, constituent un moyen de financement par les ménages. Les institutions sans but lucratif au service des ménages sont considérées comme financiers ultimes des dépenses, mais non les ménages qui cotisent à ces institutions. Les administrations publiques sont considérées comme financiers ultimes de leurs dépenses, non pas les unités qui acquittent des impôts à l’exception des cotisations sociales.

Le financement de la dépense en capital prend trois formes : transfert en capital de l’administration ou du reste du monde, prêts du secteur financier, autofinancement. La délimitation de ces trois formes pose problème par exemple pour la dépense en capital de grosses sociétés qui exercent plusieurs activités dont certaines ne sont pas caractéristiques du domaine. A la limite, il faudra dans certains cas, regrouper les emprunts et l’autofinancement, le total étant ainsi comptabilisé comme financé par les producteurs marchands. De même, pour les administrations, l’étude de l’opération de financement est complexe car une administration peut couvrir son déficit global en émettant des obligations qui ne sont pas destinées à financer tel ou tel programme particulier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III – UN EXEMPLE FICTIF ISSU DU SCN 1993

Plutôt que de présenter un compte des producteurs parmi les principaux tableaux synthétiques des comptes satellites, le SCN 1993 et 2008 préfèrent un tableau d’offre et demande des produits caractéristiques et des biens et services connexes, sur le modèle des tableaux « entrées-sorties » (TES). Ce tableau est très complet car on distingue la production des activités caractéristiques selon qu’elle est le fait de producteurs principaux, secondaires ou auxiliaires. On fait aussi cette distinction pour les consommations intermédiaires et la valeur ajoutée.

Un tel tableau doit être articulé avec ceux du cadre central pour les produits qui y apparaissent explicitement. Il est intéressant à présenter pour tous les domaines, particulièrement pour le tourisme où la notion de production intérieure a un sens. Dans ce domaine, les équilibres ressources-emplois (ERE) en produits d’hôtels-cafés-restaurants (HCR), qui sont caractéristiques du domaine du tourisme, peuvent inclure des exportations (ventes d’entreprises résidentes à des non-résidents) et des importations (achats de résidents à des entreprises non-résidentes) contrairement au cadre central où ces deux montants n’apparaissent pas dans l’ERE des HCR car ils sont comptabilisés, faute d’informations suffisamment fines, avec d’autres produits dans le poste « voyages » de la Balance des paiements. Ces montants sont repris en « correction territoriale » dans le TES.

Ce tableau est établi selon les principes du cadre central du SCN 1993 et 2008 : évaluation de la production au prix de base, puis ajout des impôts sur les  produits, y compris la TVA grevant les produits, moins les subventions sur les produits, ainsi que des marges sur le transport et sur le commerce, puis les importations, pour obtenir les ressources totales aux prix d’acquisition et enfin les emplois (au prix d’acquisition).

Ce tableau est lié aux deux autres tableaux de synthèse, « financement » et « utilisateurs / bénéficiaires » comme le montre l’exemple suivant (second tableau).

On l’a élaboré à partir de la lecture du chapitre du SCN 1993 et SCN 2008. Il est toutefois simplifié avec deux produits caractéristiques : un produit 1 (par exemple le transport routier de marchandises) et un produit 2 (éclairage et voirie), plus un service connexe (assurance automobile) consommé par les ménages. On suppose que le produit 1 est le fait de producteurs marchands principaux ou auxiliaires (telles les entreprises du commerce qui transportent leurs marchandises) et le produit 2 est le fait de producteurs non-marchands. La FBCF des producteurs caractéristiques marchands est de 7.

Il est aussi simplifié en supposant qu’il n’existe dans l’économie qu’un bien d’équipement (par exemple des camions) produit sans consommations intermédiaires, entièrement investit par la branche caractéristique du domaine. De même, le service connexe est produit sans CI.

On suppose aussi que le transport de marchandise n’est pas traité en marges de transport (comme dans certains pays). Toutefois si il est traité en marge, la CI est diminuée d’autant et la dépense nationale de transport routier  doit reprendre ces marges telles quelles.

On n’a pas non plus distingué les produits du transport routier pour compte d’autrui et pour compte propre (voir ci-dessus). Mais le principe reste le même à savoir s’appuyer sur le TES (ou le TRE).

 

À l’image d’un TES, ce tableau comprend quatre cadrans  :

Dans le premier cadran du tableau suivant, on distingue les différents éléments des ressources (production, importations, …) , La production comprend celle des producteurs caractéristiques (marchands et non-marchands) mais aussi celle des producteurs « auxiliaires » (14 dans l’exemple).

Le second cadran du tableau comprend la CI en produits caractéristiques, biens et services connexes et autres produits (TEI). Ces produits peuvent être utilisés en CI par les producteurs caractéristiques (3 dans le tableau suivant) ou par des producteurs  non-caractéristiques (26). L’ajout de la ligne « autres produits » dans le TEI, permet de prendre en compte les CI en produits non-spécifiques des producteurs caractéristiques (24 au total, soit 11+3+10). De même, on ajoute une colonne des producteurs de biens connexes et une des producteurs non-caractéristiques (autres branches).

La troisième cadran montre l’utilisation des produits caractéristiques comme consommation finale, formation brute de capital ou exportations. C’est le tableau des emplois finals.

Le quatrième cadran du tableau concerne la décomposition de la valeur ajoutée (rémunérations, excédent d’exploitation,…). Ce cadran peut être complété par des données non monétaires (effectifs, parcs,…).

Voici l’exemple numérique fictif sous forme de tableau excel.

Tableau 9 satellite exemple numérique

Exemple fictif d’élaboration d’un TES d’un compte satellite (à partir des recommandations du SCN 1993)

 

(*) Activité du domaine : (PIB du domaine) = VA + impôts net subventions des branches caractéristiques et connexes = 64

 

 

1/ production, valeur ajoutée et dépense nationale

Comme on peut le voir la dépense nationale est ici de 105 alors que la production n’est que de 73. Les deux notions n’ont donc rien à voir. Pour passer de celle-ci à celle-là, on rajoute :

1/ la production auxiliaire (transport) pour compte propre (14)

2/ la FBCF des producteurs caractéristiques (7)

3/ les importations (12)

4/ les impôts (nets des subventions) sur les produits (6 = 8 -2 )

5/ les subventions liés à la production (1) (des producteurs marchands)

soit, un total de 40.

6/ Mais on retire les exportations (+10)

soit un écart de 30 entre la production et la dépense nationale.

De son coté le PIB du domaine est de 64 selon l’approche « production » etl’approche « demande ». Alors que le PIB du total de l’économie est de 219, bien entendu le même selon les deux approches. Alors que la Dépense Nationale représente 47% du PIB (103 /191), la valeur ajoutée du domaine n’en représente que 33% (64/191).

On voit ainsi que la Dépense Nationale (DN) d’un compte satellite n’est pas vraiment comparable au PIB selon la méthodologie du SCN et du SEC. D’une part, elle inclut des consommations intermédiaires, non comprises dans le PIB. D’autre part, la DN inclut des transferts qui ne rentrent pas dans le calcul du PIB. D’autant que des doubles comptes correspondant aux transferts existent parfois avec les emplois qui rentrent dans le calcul du PIB de l’approche « demande » ».

Dans la pratique, les comptes satellites français, n’utilisant pas cette méthode, n’hésitent pas à comparer la Dépense nationale de leur domaine au PIB. On a vu que ces deux concepts ne sont pas comparables.

 

 

2/bénéficiaires (utilisateurs) et financeurs « ultimes »

Enfin, dans cet exemple, la liaison se fait avec les tableaux de dépense par bénéficiaire et par financement.

Au regard de ces deux tableaux, on peut observer que les colonnes des bénéficiaires correspondent à peu de choses près aux colonnes du TES (branches marchandes, branches non marchandes, ménages, APU,..).

Tandis que les colonnes des financeurs correspondent approximativement aux secteurs institutionnels du TEE (producteurs marchands assimilés aux sociétés non financières et aux entreprises individuelles, ménages, APU, sociétés non financières,..).

Pour le produit non marchand, on suppose ici qu’une partie est individualisable (par exemple la voirie) tandis que l’autre partie reste de la consommation collective des APU (l’éclairage), respectivement pour des montants de 10 et 15.

On suppose aussi que la FBCF des producteurs caractéristiques est financé pour partie par des prêts bancaires (pour un montant de 3), le reste (4) étant autofinancé par les producteurs marchands.

Dépense nationale par utilisateurs/bénéficiaires et financement (exemple fictif lié au TES précédent)

 

 

 

 

 

 

 

IV – L’IMPORTANCE DES COMPARAISONS INTERNATIONALES

1/ Pas trop de rigidité mais la nécessité de faire des comparaisons internationales

À travers ces approches, faut-il ainsi suivre les experts du SCN 1993 ?

  • avec une tentative d’harmonisation de la méthodologie de tous les comptes satellites afin de permettre des comparaisons. Cette méthodologie s’appuie largement sur le TES ou TRE en estimant d’abord la production des activités caractéristiques du domaine. Elle s’efforce ensuite de répondre aux 5 questions  : champ du domaine,dépense, bénéficiaires, financement, production des activités caractéristiques. La dépense est aussi évaluée en grande partie à partir du TRE.
  • Le second objectif est celui d’articulation conceptuelle et statistique des comptes satellites avec le cadre central. Un lien assez fort doit exister entre les deux systèmes de comptes car c’est le seul moyen d’établir une comparaison entre les agrégats. Cette harmonisation n’empêche pas que les données soient réorganisées autrement dans un compte satellite (désagrégation, réaffectation). En outre, celui-ci peut difficilement avoir des évaluations différentes pour un même agrégat. Si c’est le cas, il convient de les mettre en évidence et de les expliquer.
  • Enfin, il est possible que le compte satellite serve de référence pour des évaluations nécessaires au cadre central. Ainsi, le compte satellite du logement (CSL) a permis d’évaluer les loyers « imputés » du cadre central.

Ou bien faut-il être plus souple comme le chapitre des comptes satellites du SEC 2010 qui a mis en avant une approche plus large ? il ne se limite pas aux analyses fonctionnelles et ne dit pas qu’il faut répondre nécessairement aux  questions précédentes. De même, certains comptes satellites français (transport,…) ne s’articulent pas toujours dans leur méthodologie et évaluation avec le TRE et le TEE.

L’analyse des comptes satellites français et étrangers montre, à travers une assez grande diversité, qu’il n’y aurait pas de réponse précise à cette question.

Mais un intérêt majeur des comptes satellites est de faire des comparaisons internationales de la dépense pour le domaine, parfois en parité de pouvoir d’achat et par habitant, et de son financement. Les méthodologies des comptes du tourisme (OCDE), de l’environnement (SCEE), santé protection sociale (Eurostat) ont été élaborées dans ce but.

 

 

 

2/ Vers une typologie des comptes satellites ?

° Un document récent de l’ONU tente de clarifier ces débats [2] : il est important d’établir une typologie pour aider à encadrer la discussion.  Le  SCN 2008  identifie deux grands types de comptes satellites (SCN 2008 paragraphe 29.5). Ces deux types fournissent un point de départ pour développer une typologie ou un système de classification pour les comptes satellites. Alors que le SCN fait la distinction entre ces deux types (référés comme type 1 et type 2),  il fournit peu d’indications concernant  les nomenclatures et la terminologie.

 

 

a) comptes thématiques ou spécialisés selon le SEC 2010 (type 1)

Divers INS (instituts statistiques nationaux) on, au fil des ans commencé à se référer à un certain  groupe de comptes satellites en tant que comptes satellites thématiques. Ils limitent généralement leur portée à une activité ou à un groupe d’activités spécifiques : agriculture, énergie, constructio,….. D’autres exemples de comptes thématiques concernent le tourisme, la culture ou les sports et loisirs.  Ces comptes ont tendance à être sectoriels impliquant de regrouper et re-organiser les  comptes nationaux existants en proposant des informations d’une manière plus accessibles aux utilisateurs. Ils ont pour objet de ne pas s’écarter de manière significative de la production, la consommation et des limites des actifs du SCN 2008 selon le le principe d’évaluation des prix. On les appelle comptes thématiques ou spécialisés selon le SEC 2010.

 

b) Comptes « extensifs » (type 2)

Alors que la communauté internationale s’oriente vers l’utilisation du terme  « comptes thématiques » comme  représentant les compte satellites  de type 1 selon le SCN 2008, la même chose ne peut être aussi nette pour les comptes de type 2 qui tendent à élargir les concepts du SCN 2008. Le terme qui décrit adéquatement les comptes satellites de type 2 n’a pas encore vu le jour. Un langage commun pour ces comptes tels que les comptes de bien-être, des ménages, et de l’environnement, semble émerger mais un terme commun décrivant ce groupe de comptes n’est pas encore évident.  Le trait commun de comptes de type 2, c’est qu’ils ont tendance à étendre les concepts et les limites du SCN 2008. Par exemple, les comptes satellites liés au capital humain étendent le périmètre des actifs du SCN 2008, tandis que les comptes satellites liées au travail ménager non rémunéré étendent le périmètre de la production. Cette idée d’aller au-delà des concepts de base est courante dans  ces comptes satellites de ‘type 2’ Ils  vont souvent au-delà de la mesure monétaire, pseudo-monétaire ou même des transactions économiques.

Un autre point commun est qu’ils impliquent souvent l’imputation de valeurs pour des produits non marchands tels que la PEFP des services ménagers, le temps libre, les actifs des écosystèmes, ou des actifs comme le capital humain et le capital social. On se réfère au concept de  comptes  extensifs (au-delà) pour montrer qu’ils vont  au-delà des limites conceptuelles identifiées dans le SCN.

Alors que cette typologie distingue les différents  types de  comptes satellites, on a également besoin d’un terme que nous pouvons utiliser pour désigner les différents types de comptes. Le terme « comptes centraux (noyau) » pourrait être utilisé, mais ce terme implique que les comptes sont « de meilleure qualité » ou alors « d’une plus grande importance »que les comptes satellites. Étant donné que ce n’est pas nécessairement le cas, il est préférable de s’abstenir d’appeler ces comptes « les comptes centraux ». Étant donné que les comptes « centraux » sont de nature économique et qu’ils sont « généralement acceptés » par la communauté internationale comme l’ensemble standard de comptes, les pays devraient chercher à les produire en priorité. On peut les appeler le Système Standard de Comptes nationaux  (SSCN). Il n’est donc pas proposé de  modifier le SCN 2008 de quelque manière que ce soit mais de suggérer une typologie pour faciliter la description des extensions au SCN. On distinguerait ainsi trois classes de comptes  :

  • Système  Standard de Comptes nationaux ,
  • comptes thématique;
  • comptes nationaux ‘extensifs’

les comptes thématique sont largement dans le cadre du SSCN. De plus, un compte thématique peut chevaucher un autre compte thématique. Par exemple, un  compte lié au tourisme peut chevaucher un compte thématique lié à la culture puisque certaines activités touristique sont aussi des activités culturelles. Les relations entre le SSCN et les comptes satellites thématiques sont illustrées dans la figure suivante.

Système standard de comptabilité nationale (avec des comptes satellites thématiques)

 

Les comptes nationaux extensifs englobent le Système standard de Comptes ainsi qu’un ensemble sélectionné des comptes de durabilité et bien-être. Comme pour les comptes thématiques, les comptes satellites extensifs peuvent se chevaucher. Par  exemple, un ensemble de comptes environnementaux peut chevaucher un ensemble des comptes de bien-être qui quantifient les impacts positifs ou négatifs de la pollution. L’idée des comptes nationaux extensifs est illustrée dans la figure suivante. Une question est de savoir si oui ou non, on souhaite désigner cet ensemble de comptes comme le système extensif « officiel » et encourager les pays à développer ce type de comptes ?

 

comptes satellites « extensifs »

 

Cette typologie a été utilisé afin d’analyser les résultats du sondage des pratiques nationales en matière de compte satellite. Le tableau suivant montre la gamme de comptes satellites signalé par les répondants à l’enquête ainsi que la façon dont chacun des comptes a été désigné.  Il est à noter que la sujets énumérés dans l’enquête n’étaient pas exhaustifs et que dans certains cas, (par exemple les télécommunications) les sujets ne correspondent pas bien au concept de compte satellite. Du coup, ils sont rajoutés à cette la liste pour rendre compte de l’exhaustivité.

Mais cette typologie ne couvre pas tous les comptes satellites. Le SEC 2010 propose à juste raison de distinguer les comptes satellites fonctionnels (santé, éducation, protection sociale, transport,…) en référence aux nomenclatures fonctionnelles de la consomnation des ménages et des administrations publiques et les comptes satellites dits spécialisés (ici thématiques).

 

 Liste des comptes satellites dans l’enquête

Parfois, il est apparu que les deux types de comptes se chevauchent. En cas de chevauchement, le compte a été classé en tant que compte extensif même si le compte se concentrait sur un secteur spécifique. Parmi les 241 comptes satellites signalés par les répondants à l’enquête, la majorité était classée comme comptes thématiques.  Les chiffres sont quelque peu biaisés en faveur des comptes thématiques étant donné le  grand nombre de pays qui produisent des comptes satellites du tourisme. Ces comptes sont les plus courants produits par les instituts statistiques nationaux. Les comptes de environnement arrivent en second. Les comptes satellites qui impliquent l’extension des limites des actifs du SCN 2008, tels que les comptes de capital humain, sont moins répandus parmi les pays.

L’enquête a également examiné les périodes de référence couvertes par les comptes satellites. La majorité des comptes satellites se rapportent aux périodes de référence 2000 et ultérieures. Au total, 9 comptes satellites couvrent des périodes de référence antérieures à 1980, 40 couvrent les années 1980 à 1990, et 148 couvrent la période après 2000. La plupart des comptes développés au cours des deux dernières décennies ont été axés sur la santé, le tourisme et l’environnement.

 

Quels sont les sujets les plus fréquents des comptes satellites dans le monde ?

 

 

 

 

 

 

 

V – LES COMPTES SATELLITES EN FRANCE

La notion de « comptes satellites » est apparue à la fin des années soixante afin de présenter des comptes détaillés sur un domaine particulier de la vie économique et sociale. Dans le même temps, d’autres pays en développaient mais moins qu’en France du fait de l’importance de la dépense publique (61,8% en 2020). On va ainsi présenter les principaux comptes satellites français avec des comparaisons internationales quand c’est possible : santé, éducation, protection sociale, tourisme. Puis un chapitre est consacré aux comptes satellites étrangers.

 

 

1/ les limites du cadre central

Plusieurs exemples montrent notamment les limites du cadre central :

– Les nomenclatures d’activités et de produits (ou même d’opérations) ne sont pas adaptées à tout usage, soit parce que les nomenclatures ne permettent pas d’isoler les unités de production qui réalisent certaines activités (tourisme), soit parce que les dépenses d’un domaine sont difficilement isolables d’autres dépenses (environnement) [3].

– La comptabilité nationale est découpée en branches et en produits (une branche regroupe en France des unités de production homogène produisant un même produit) alors que les gestionnaires des domaines d’action de l’Etat relèvent plus d’une nomenclature fonctionnelle : la santé, l’éducation, le logement, les transports, l’environnement,…

– Le cadre central n’identifie pas, par convention, la production auxiliaire pour compte propre, ne faisant pas l’objet d’une vente sur un marché, ce qui ne permet donc pas d’évaluer complètement l’effort consenti pour des domaines comme les services rendus aux entreprises (informatique, recherche, transport, …), qu’ils soient externes ou internes.

– Les comptes nationaux sont basés sur une unité de compte monétaire, ce qui garantit une valorisation cohérente. Toutefois, dans certains cas, il serait utile de compléter les données monétaires par des données physiques pour mesurer des agrégats aussi importants que le coût moyen des soins de santé par patient ou les dépenses d’éducation moyennes par élève.

– les agrégats ont été inclus dans le cadre central mais pas sous une forme explicite. Les limites entre consommation finale, consommation intermédiaire et formation de capital pourraient être déplacées. Les dépenses de formation, par exemple, pourraient être traitées non pas comme une consommation finale ou une consommation intermédiaire par les entreprises, mais comme une formation de capital humain.

Les premières expériences (commerce, transport, agriculture), qu’on a appelées par la suite « analyses satellites », présentées en commission des comptes, ont montré la nécessité d’une certaine autonomie dans les travaux visant à élargir ou à affiner certains aspects de la comptabilité nationale. Mais ils maintenaient des liens avec le cadre central afin de fournir des données cohérentes sur l’ensemble de l’économie.

Chaque commission a mené ses propres enquêtes sur une base empirique en fonction de ses préoccupations. Il n’y avait pas de méthodologie commune et les différents niveaux d’analyse ont donné lieu à des présentations de résultats disparates. La Commission des comptes agricoles était plus particulièrement intéressée par le suivi du revenu moyen par agriculteur. La Commission des comptes du commerce de gros et de détail, pour sa part, a examiné les systèmes de distribution de marchandisage, tandis que la Commission des comptes de transport s’est concentrée sur le kilométrage parcouru sur la route.

 

 

2/ histoire des comptes satellites français

Le début des années 70 a vu l’émergence du concept de « compte satellite » et, avec lui, de la première génération de comptes de ce type dans les domaines de la santé, de la protection sociale et dans d’autres domaines. Cette innovation faisait partie du travail méthodologique entrepris pour le remaniement des comptes annuels de l’INSEE en 1971, dont l’un des principaux objectifs était de définir un ensemble de règles communes.

 

a) quelques caractéristiques des premiers comptes

  • Les comptes satellites étaient destinés à rassembler des informations disséminées dans le cadre central : « L’établissement de ces comptes est conçu comme un moyen de structurer progressivement toutes les données quantitatives relatives à un domaine particulier dans le pays. afin de construire un système cohérent d’information et d’analyse économique et sociale. « 
  • Les directives de 1971 ont mis l’accent sur la flexibilité des comptes satellites : « Un compte satellite est un cadre adaptable permettant de collecter des informations dans un domaine donné ».
  • Il doit répondre aux questions importantes que se posent les gestionnaires du domaine. En effet un compte satellite ne prend pas corps par hasard. Il répond à un besoin fort de connaître plus précisément l’économie d’un domaine, exprimé par les pouvoirs publics, les professionnels, les organisations patronales et syndicales.
  • Le champ d’application des comptes satellites comprend des fonctions collectives importantes (santé, protection sociale,..) . Ces comptes dépassent les limites du cadre central pour rendre mieux compte de l’économie de ces domaines. La notion de fonction est ici essentielle; elle se réfère aux approches complémentaires du cadre central sur la consommation des ménages ou des administrations par fonction. Ces analyses mettent en évidence la finalité des opérations effectuées : par exemple, on étudie l’ensemble des dépenses des ménages pour le transport, y compris l’achat d’automobiles, ou les dépenses de santé, y compris l’achat de produits pharmaceutiques, ou celles d’éducation, y compris l’achat de livres scolaires.
  • Mais les comptes satellites vont plus loin : il s’agit de regrouper l’ensemble des flux intéressant une fonction pour l’ensemble des agents économiques.
  • Ces domaines sont marqués par une forte intervention des pouvoirs publics par dépenses directes (construction de routes, entretien des écoles, rémunérations des salariés des hôpitaux publics, …) ou sous forme de transferts (prestations sociales, subventions, bourses d’études,… ) où les politiques de redistribution des revenus jouent un rôle important.
  • Une autre caractéristique concerne l’importance des données non monétaires. Celles-ci, exprimées en unités physiques, sont relatives aux facteurs de production (emploi, parcs, équipements,…), à la production elle même et à ses « bénéficiaires » (malades, élèves, usagers des transports,..). Parfois, les quantités physiques servent de base au calcul de la dépense (tourisme, environnement).
  • Les comptes satellites retiennent un schéma comptable complet (avec notamment des comptes des producteurs du domaine) et une nomenclature d’opérations économiques simplifiées par rapport au cadre central. Ils se différencient ainsi des « analyses satellites » précédemment définies, qui se limitent à l’évaluation de quelques agrégats.
  • Un compte satellite peut permettre enfin des comparaisons internationales. Certaines instances internationales ont développé des méthodologies comptables sur des domaines particuliers : l’OCDE avait mis au point une méthode d’évaluation des dépenses de recherche (manuel de Frascati pour la recherche en 1963), l’Office Statistique des Communautés Européennes propose un cadre d’évaluation des dépenses de protection sociale et de leur financement (« comptes sociaux » développés en 1967).

 

À l’heure actuelle, il existe, en France une dizaine de comptes satellites dont la mission première est d’apporter un éclairage particulier sur des domaines spécifiques (tableau suivant). Chacun a son histoire propre. Tous ne répondent pas aux 5 questions mais à certaines d’entre elles.

On peut observer que des Commissions des comptes sont associées à la plupart de ces comptes. Dans le tableau suivant, il s’agit de la date de création de la Commission des comptes qui ne coïncide pas toujours avec la date d’élaboration du compte satellite. S’il n’y a pas de Commission, on a pris la date d’élaboration. Il faut noter qu’il n’existe pas de Commission des comptes de la protection sociale mais une Commission des comptes de la sécurité sociale qui porte sur un champ plus restreint. D’autres comptes sont en gestation comme celui des associations ont connu une première estimation (énergie).

En outre, plusieurs comptes satellites se sont développés (route, tourisme, logement,…) avec quelques incohérences par rapport au cadre central. Mais peu importe du moment qu’ils existent. De plus, la méthodologie continue de varier parfois d’un compte satellite à l’autre.

Les comptes de 2020 ont été difficiles à évaluer dans la mesure où de nombreux comptes ne disposaient pas de tous les indicateurs pour évaluer l’effet de la crise sanitaire. Certains comptes ont été simplifiés (transport) ou différés (économie sociale).

 

 

b) Trois comptes satellites méritent l’attention

  • D’abord l’environnement fait l’objet d’une page à part avec une grande diversité de comptes : dépense et financement, émissions de polluants par secteurs, compte de patrimoine naturel, compte d’épuisement des ressources naturels,… Une question se pose pour le prochain SCN 2020. Faut-il oui ou non intégrer des évaluations monétaires des dégradations de la pollution et du coût d’épuisement des ressources naturelles dans le cadre central de la comptabilité nationale ? Plus généralement faut-il intégrer l’environnement dans ce cadre, par exemple traiter la Nature comme un secteur institutionnel ? (voir page Compte Environnement).
  • Ensuite Le SDES a commencé en 2016 d’importants travaux pour la création d’un compte satellite de l’énergie. Cette nouvelle comptabilité monétaire s’inscrit dans le cadre plus large de la refonte du bilan de l’énergie, qui comprend notamment un alignement avec la méthodologie et la présentation du bilan de l’Agence internationale de l’énergie, afin de faciliter les comparaisons internationales et gagner en efficacité. Ce compte, chiffré de 2012 à 2017 avec des bilans physiques et monétaires très complets, sortes d’équilibres-ressources-emplois par forme d’énergie, a été actualisé chaque année jusqu’en 2020. Ce compte est présenté dans la page Comptes de l’énergie.
  • Il faut enfin signaler les travaux d’un compte satellite du tiers secteur ou de l’économie sociale (TSE) [4]. Ce compte promu par un Manuel de l’ONU en 2018 cherche à regrouper des organisations productrices qui ne sont ni des entreprises à but lucratif vendant des biens ou des services marchands, ni des administrations délivrant des services publics, ni des ménages consommant et produisant des biens et des services grâce à leur travail domestique. Eurostat a lancé en 2019 un appel d’offres pour construire ce compte-satellite. Sept pays ont répondu positivement : la Belgique, l’Espagne, la France, le Luxembourg, la Pologne, le Portugal et la Slovénie. Les premiers résultats en France sont attendus en 2022. Comme ce compte à été chiffré dans quelques pays (Belgique, Portugal), on le présente dans la page  Ménages et ISBLSM.

 

Les comptes satellites français

 

 

 

 

 

 

3/ Les questions des comptes satellites français

Le SECN français de la base 80 a précisé ensuite les questions essentielles auxquelles devaient répondre les comptes satellites. Le cadre comptable proposé peut être différent selon les compteschaque compte structure d’une façon qui lui est particulière l’information relative à son domaine, choisit ses principaux agrégats, ses nomenclatures, ses opérations, … – mais il doit si possible donner une réponse aux 5 questions suivantes (sinon à certaines d’entre elles)  tout en s’assurant de l’articulation entre les différents agrégats d’un même compte, notamment entre l’offre et la demande de produits caractéristiques ou de l’égalité entre la Dépense totale et le financement total.

– Comment se définit le domaine : quels sont les activités caractéristiques, les biens et services connexes et les transferts qui lui sont spécifiques ?

– Quelle est la dépense nationale du domaine ?

– Qui bénéficie de la dépense ou qui l’utilise ?

– Qui en supporte en dernier ressort le financement (financeur « ultime ») ?

– Quelle est la production des activités caractéristiques ? Comment se compose-t-elle entre les consommations intermédiaires et la valeur ajoutée ? Comment s’associe-t-elle aux importations pour donner lieu aux différents emplois en produits caractéristiques ?

 

 

Bien entendu ces questions ne sont pas figées. Elles varient selon les domaines. D’autres apparaissent. Ainsi dans l’éducation, les questions essentielle sont les suivantes :

 

Dans le compte sateliite du logement, il est essentiel de décpmposer la dépense nationale entre la dépense courante et la dépense en capital, ainsi que l’agrégat d’activité immobilière d’où se déduit l’investissement en logement (acquisition de logements neufs + travaux de gros entretien +acquisition dans l’ancien nette des cessions + frais liés et droits de mutation des transactions dans l’ancien) puis la FBCF en construction de logement en déduisant la valeur des terrains (voir page Comptes bâtiment travaux publics).

Principaux agrégats du compte satellite du logement en 2021 en milliards d’euros

 

 

Il est enfin utile de comparer les dépenses pour un domaine et leur part dans le PIB et aussi entre elles, même si des activités caractéristiques se chevauchent entre plusieurs domaines. La recherche médicale est une activité caractéristique de la santé et de la recherche. Celle de l’enseignement appartient aux domaines de l’éducation et de la recherche.

Part des dépenses d’éducation et de santé dans le PIB en 2020 (santé : uniquement consommation médicale)

On présente ici les principaux comptes satellites en France. Les données sont pour la plupart de l’année 2020 ce qui a nécessité des efforts de la part de services statistiques des Ministères qui ont mis à jour ces comptes. L’idée n’est pas seulement de montrer les derniers résultats mais de préciser les questions auxquelles ils cherchent à répondre, les ratios qu’ils évaluent en priorité et leur articulation ou non avec le cadre central. En outre, certaines données plus récentes sont présentées dans d’autres pages : transports dans la page Marges de transport, énergie dans la page Comptes de l’énergie, etc,… .

Un point important est de compléter ces comptes par des données non monétaires et des ratios qui les compare aux données monétaires (voir tableau du chapitre 9). Certains sont calculés dans les comptes satellites français comme la dépense moyenne par élève. Mais d’autres ne le sont pas complétement alors que ces données sont complémentaires pour appréhender l’économie des domaines. On en donne ici quelques exemples dans la santé ou l’éducation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VI  – LA PROTECTION SOCIALE

Le compte satellite de la protection sociale a pour objectif d’évaluer la dépense de protection sociale, définie comme la « somme des financements reçus par les institutions qui gèrent les mécanismes de protection » [7] . Mais il doit surtout aider à clarifier le financement de cette dépense compte tenu de la multiplicité des régimes sociaux des caisses et fonds qui interviennent dans la protection sociale et de la diversité des interventions sociales (selon les modalités : espèces ou nature, ou selon les risques : santé, vieillesse, famille, chômage,…)

Les comptes de la protection sociale (CPS) doivent donc décrire de façon cohérente et exhaustive les implications financières des politiques sociales tout en respectant une harmonisation des concepts au niveau européen.

 

 

1/ Le domaine

Le champ du domaine est déterminé par un ensemble limitatif de « risques sociaux », « La protection sociale comprend la couverture des charges résultant pour les individus ou les ménages de l’apparition ou de l’existence de certains risques/ dans la mesure où cette dépense donne lieu à l’intervention d’un mécanisme de prévoyance collective qui compense en tout ou partie l’augmentation ou la diminution des ressources ». Les mécanismes de protection sociale peuvent prendre des formes variées que l’on analyse au travers d’une nomenclature de prestations. Celles-ci sont les avantages accordés aux personnes soumises à un « risque social » tel que défini précédemment :

– les prestations sociales sont constituées de transferts effectifs attribués personnellement, sans contrepartie équivalente et simultanée, à des ménages. Elles prennent la forme de versements en espèces, de remboursements d’une dépense engagée, de prises en charge d’une dépense par un tiers payant. On distingue les prestations légales des prestations extra-légales par le fait que les premières sont rendues obligatoires par la législation alors que les secondes relèvent de l’initiative de l’organisme gestionnaire ou découlent de conventions collectives, d’accords d’entreprises,…

– les prestations fiscales sont des exonérations et des réductions d’impôts accordées liées à un risque de la protection sociale. Les mesures suivantes figurent en prestations fiscales : système du quotient familial, part supplémentaire aux invalides, demi-part supplémentaire accordée aux familles ayant au moins trois enfants à charge,…

– les prestations de services sociaux retracent 1’avantage constitué par l’accès des services gratuits ou quasi-gratuits fournis par une administration en relation avec un « risque » de la protection sociale (services de santé, d’action sociale, de placement,… ). Les prestations de services sociaux recouvrent également la prise en charge collective d’un abaissement du prix d’un service social fourni à titre onéreux. Le versement du budget global aux hôpitaux et dans une moindre mesure l’action sociale non-marchande, constituent les plus importantes.

Pour chaque risque, on distingue les prestations en espèces qui visent à augmenter globalement les ressources des ménages et les prestations en nature qui sont des remboursements ou des prises en charge directes de certaines dépenses. Elles peuvent prendre là forme de fournitures gratuites de biens ou de services. Les prestations fiscales sont des prestations en espèces. Les prestations de services sociaux sont des prestations en nature. Les prestations sociales peuvent être de l’un ou de l’autre type.

Les régimes retenus dans les Comptes de la protection sociale sont tous les organismes ou institutions qui gèrent un système de prévoyance collective en relation avec l’un des risques de la protection sociale. Les régimes disposent généralement d’une comptabilité complète et d’une certaine autonomie (comme les Caisses de Sécurité sociale ou les mutuelles). Ils peuvent également n’avoir ni comptabilité propre ni autonomie lorsqu’ils sont intégrés aux comptes d’un employeur ou d’une administration. C’est le cas des régimes gérés directement par l’employeur, des régimes d’aide sociale ou des nombreuses interventions de l’État inscrites au Budget comme 1’indemnisation du chômage et la rémunération de stagiaires, les réductions tarifaires, les exonérations ou réductions d’impôts,.. .

Le schéma d’analyse du compte de la protection sociale présente certaines particularités par rapport au schéma type des comptes satellites. Les seules activités caractéristiques du domaine sont les activités de gestion de la protection sociale. L’accent est mis dans ce compte sur les mécanismes de redistribution, c’est-à-dire la partie « cotisations et prestations » alors que l’étude du secteur de production n’est quasiment pas décrite. En particulier, les opérations en capital ne sont pas intégrées. Il n’y a pas de biens et services connexes.

Le compte de la protection sociale de 2023 passe en « base 2020 » comme les autres comptes satellites. L’effet majeur de ce changement de base est la révision du périmètre de l’activité des organismes d’assurance inclus dans les comptes. Alors que dans la précédente base, ce périmètre correspondait à l’activité des mutuelles et des institutions de prévoyance, il correspond désormais à l’activité de tous les types d’organismes d’assurance (y compris entreprises d’assurance et organismes de retraite professionnelle supplémentaire), mais uniquement au titre de leurs contrats collectifs. Ces derniers sont en effet considérés comme relevant du champ de l’assurance « sociale », par opposition aux contrats souscrits à titre individuel. Outre ce changement de base, les bourses sur critères sociaux sont désormais incluses dans les comptes de la protection sociale, au sein du risque « Pauvreté – exclusion sociale ». Leur montant s’élève à 2,4 milliards d’euros en 2023.

 

 

2/ Les principaux tableaux de la dépense

Deux types de tableaux synthétisent l’information fournie : les comptes des différents régimes de protection sociale, le tableau de la répartition des prestations.

 

 

a) Les comptes des différents régimes de protection sociale

Ils se limitent aux comptes des opérations courantes des producteurs d’activités caractéristiques. Notons  toutefois que ces comptes fournissent surtout une description des coûts de production d’une partie des unités de production, (plutôt qu’une analyse de la production), au travers de leurs frais de gestion (rémunérations, consommation de biens et services, impôts et taxes). Cette description ne concerne pas cependant les coûts de production des régimes de protection sociale des « activités associées » (régimes directs et régimes d’intervention des pouvoirs publics). En effet, compte tenu de l’accent mis principalement sur l’analyse des transferts, on ne cherche pas à retracer les coûts de fonctionnement des activités associées, qui sont difficiles à séparer de l’ensemble des frais de gestion des unités institutionnelles dont elles font partie et qui sont, en tout état de cause, mineurs comparés aux financements mis en jeu.

Les comptes de la protection sociale (CPS) sont un compte satellite des comptes nationaux : ils utilisent le même cadre conceptuel et méthodologique, mais détaillent le système de protection sociale avec, d’un côté, les emplois de la protection sociale, principalement des prestations sociales et, de l’autre, les ressources (cotisations, impôts) permettant leur financement1 (tableau suivant).

Les CPS apportent une vision macro-économique et institutionnelle du système de protection sociale français. Élaborés dans le même cadre comptable chaque année et faisant partie d’un système harmonisé à l’échelle européenne, ils permettent des analyses sur longue période et des comparaisons européennes . Les emplois de la protection sociale sont en légère augmentation (+1,7 %) en 2022 et s’établissent à 902,3 milliards d’euros (hors transferts).

Dans cette description, chaque régime apparaît comme une unité de financement. On retrace aussi les opérations par lesquelles s’effectue le passage entre le financement final et le financement initial (cotisations, impôts et taxes affectes, contributions publiques, autres ressources.,…).

 

Emplois, ressources de la protection sociale selon les opérations en milliards d’euros, évolution en %

 

 

 

 

b) Le tableau de la répartition des prestations

Il s’analyse uniquement les prestations, soit l’essentiel des emplois des comptes des régimes de la protection sociale. Il permet de mettre en évidence les principales caractéristiques et les grandes évolutions de la protection sociale par type de prestations (graphique suivant). Il peut être complété par un tableau qui décrit d’abord la contribution de chacun des régimes à la couverture des différents risques sociaux.

Ce tableau est articulé aux comptes des différents régimes. Ces derniers sont réalisés à partir d’une exploitation quasi exhaustive de leurs  comptabilités. Un problème comptable s’est toutefois posé sur l’articulation des comptes des différents régimes et le compte satellite (ou le cadre central de la comptabilité nationale). Ces derniers comptabilisent les flux au moment de leur décaissement ou encaissement (comptabilité de caisse) alors que la plupart des régimes présentent leurs comptes suivant les principes du plan comptable dans une logique d’engagement (comptabilité de droit constaté).

Les prestations sociales accélèrent en 2023 : +3,8 % après +1,7 % en 2022 (graphique ci-dessous). L’augmentation demeure néanmoins inférieure à celle des prix à la consommation (+4,9 % en 2023). Les prestations sociales atteignent ainsi 888,0 milliards d’euros en 2023, représentant 31,5 % du PIB, contre 35,4 % en 2020, point haut atteint lors de la crise sanitaire. Le poids des dépenses sociales dans le PIB diminue ainsi pour la troisième année consécutive. Cette diminution depuis 2020 s’explique à la fois par le rebond du PIB après sa chute brutale au début de la crise sanitaire, et le retrait progressif des dispositifs exceptionnels qui avaient été mis en place pour contenir ses effets économiques et sociaux, au premier rang desquels le chômage partiel et certaines dépenses de santé comme les vaccins ou les tests. En 2023, la baisse du total des prestations en part de PIB provient de la quasi-extinction de ces dispositifs. À l’inverse, la revalorisation exceptionnelle de nombreuses prestations monétaires en juillet 2022, prise en raison d’une inflation élevée, porte ses pleins effets en 2023 et soutient les dépenses de protection sociale, en particulier les pensions de retraite qui constituent le premier poste de dépenses sociales.

 

Prestations sociales de la protection sociale en France de 2020 à 2023 en milliards d’euros, évolution et part du PIB en %

Prestations sociales de la protection sociale en France de 2021 à 2023 et contribution des différents risques sociaux

Lecture > En 2023, en France, le risque vieillesse-survie contribue pour 2,2 points à la croissance de l’ensemble des prestations de protection sociale, qui s’établit à 3,8 %.
Source > DREES, CPS.

 

 

 

 

Les comptes de la protection sociale distinguent six catégories de prestations correspondant à autant de risques :

  • Les dépenses du risque vieillesse-survie demeurent soutenues en 2023 (+4,9 % en 2023 après +4,6 % en 2022 et +1,6 % en 2021). Les dépenses liées à ce risque constituent le premier poste des dépenses de protection sociale (45,1 % en 2023, soit 14,2 % du PIB) et contribuent pour plus de la moitié à la hausse des prestations sociales en 2023. La revalorisation des pensions de retraite de base (+2,8 % en moyenne annuelle en 2023, dont 0,8 % de revalorisation en janvier 2023 et 2,0 % liés à la revalorisation anticipée de 4,0 % en juillet 2022) ainsi que la hausse du nombre de bénéficiaires de pensions de droit direct (+1,4 % en 2023) expliquent une grande partie de la hausse des prestations du risque vieillesse-survie. Les pensions complémentaires ont également fortement progressé en 2023, du fait de la revalorisation des pensions Agirc-Arrco de 5,12 % en novembre 2022 et de 4,9 % en novembre 2023.
  • Les prestations du risque pauvreté et exclusion sociale sont stables et celles liées au logement progressent modérément en 2023 (respectivement -0,1 % et +1,0 %). Les dépenses de logement augmentent après six années consécutives de repli ; elles sont soutenues par la revalorisation exceptionnelle de juillet 2022, mais le nombre d’allocataires continue de diminuer. Concernant le risque pauvreté et exclusion sociale, les dépenses avaient été soutenues en 2022 notamment par l’aide exceptionnelle de solidarité versée à la suite de la forte inflation (1,1 milliard d’euros). En 2023, la disparition de cette prime contribue mécaniquement à la baisse des dépenses. A l’inverse, le dynamisme des dépenses de prime d’activité (qui progressent de 0,4 milliard d’euros) et le versement de l’indemnité carburant (0,4 milliard d’euros) en remplacement de la « remise carburant » à la pompe soutiennent les dépenses. Les dépenses de RSA augmentent légèrement en 2023, malgré la baisse du nombre d’allocataires, en raison des revalorisations du barème, indexé sur l’inflation passée.
  • En 2023, les dépenses au titre de la santé, qui représentent plus d’un tiers du total des prestations de protection sociale, ralentissent (+2,6 % après +3,4 % en 2022) sous l’effet des dépenses liées au risque maladie (+1,9 %, après +2,9 %). La dynamique des prestations maladie est ralentie en 2023 par la baisse des dépenses d’indemnités journalières maladie, du fait de la quasi-extinction des celles prises pour Covid, et par la baisse des dépenses de prévention liées au Covid-19 (campagnes de vaccination et de dépistage). En revanche, le reste des dépenses du risque maladie accélèrent, en particulier les soins du secteur public hospitalier (+5,1 % après +3,6 % en 2022) sous l’effet notamment de la revalorisation du point d’indice de la fonction publique de 1,5 % en juillet 2023 et de mesures de rémunération spécifiques à la santé.
  • Les prestations du risque famille augmentent fortement en 2023 (+6,8 %, après +3,4 % en 2022). Cette hausse est portée pour un quart par l’allocation de soutien familial (ASF), revalorisée de 50 % en novembre 2022, et pour un quart par l’aide sociale à l’enfance (ASE), en forte hausse (+13,1 %) du fait de revalorisations salariales des personnels de l’ASE et d’un nombre d’enfants plus important pris en charge. Bien qu’en partie freinées par la faible natalité de l’année 2023, les prestations familiales en espèce autres que l’ASF participent également à la hausse des dépenses du risque famille, portées par la revalorisation exceptionnelle de 4,0 % de la Bmaf en juillet 2022, puis de 1,6 % en avril 2023. Enfin, en 2023, le plafond du crédit d’impôt pour frais de garde d’enfants de moins de 6 ans a été relevé de 2 300 € à 3 500 € par enfant, ce qui s’est traduit par une augmentation très forte des dépenses liées à cette prestation (+21,7 %).
  • Les dépenses liées au risque emploi progressent en 2023 (+2,5 %), après deux années de forte contraction (17,1 % en 2021 et 20,9 % en 2022) s’expliquant principalement par la résorption des dépenses de chômage partiel mises en œuvre en 2020. Le retour à une dynamique positive des dépenses en 2023 est dû en particulier à une hausse des dépenses d’aide au retour à l’emploi (ARE). La contribution du sous-risque insertion et réinsertion professionnelle dans l’évolution du risque emploi est beaucoup plus limitée que celle de l’indemnisation du chômage, du fait de son moindre poids. Au sein de ce sous-risque, un changement notable est le remplacement de la garantie jeune (GJ) par le contrat d’engagement jeune (CEJ) à compter de mars 2022. En cumulé, le nombre de bénéficiaires de ces deux prestations diminue de 7 % en 2023, contribuant à une baisse des dépenses d’insertion professionnelle des jeunes de 22,3 % en 2023.
  • En 2022, les prestations du risque logement représentent 15,7 milliards d’euros en 2023 soit 1,8 % du total des prestations sociales. La baisse des aides au logement, entraînée depuis 2018 par les réformes de leur mode de calcul, se stabilise en 2023 en raison des revalorisations des prestations.

 

 

 

 

 

3/ Le financement

En 2023, les ressources de la protection sociale augmentent pour la troisième année consécutive, mais à un rythme moins soutenu qu’en 2021 et 2022 (+4,6 % en 2023 après +5,0 % en 2022 et +5,4 % en 2021).

Les cotisations sociales, principale source de financement de la protection sociale (55,1 % des ressources en 2023), s’élèvent à 527,6 milliards d’euros en 2023.

Les impôts et taxes affectés, deuxième source de financement de la protection sociale (30,2 % des ressources), ralentissent également en 2023 (+3,3 % après +6,5 % en 2022 et +7,2 % en 2021) et s’établissent à 289,2 milliards d’euros. Cette évolution s’explique par une moindre progression des recettes issues des impôts sur le revenu, principalement composées de la contribution sociale généralisée (CSG), en lien avec le ralentissement économique et une inflation légèrement moins marquée qu’en 2022. Les taxes de type TVA affectées à la protection sociale baissent légèrement (-0,2 % en 2023) principalement en raison d’une moindre compensation des allégements généraux à destination de l’Unédic, à hauteur de 2 milliards d’euros.

Après deux années de diminution (-3,0 % en 2022 et -3,9 % en 2021) s’expliquant par la fin progressive des mesures exceptionnelles financées par l’État durant la crise sanitaire, les contributions publiques rebondissent en 2023 (+6,2 %).

 

En Europe, le financement de la protection sociale repose principalement sur les cotisations sociales assises sur les salaires (modèle Bismarckien) et sur les contributions publiques financées par l’impôt (modèle Beveridgien).

  • Le modèle bismarckien d’État-providence renvoie à des modes de prise en charge qui privilégient la logique assurantielle : les prestations sont versées aux individus qui se sont assurés en cotisant. Ce modèle vise le maintien du niveau de vie des travailleurs et repose sur les partenaires sociaux.
  • Le modèle beveridgien s’inscrit dans une logique assistancielle : les prestations sont financées par l’impôt et versées aux personnes qui en ont besoin. Ce modèle garantit une protection égalitaire visant à protéger l’ensemble de la population de la pauvreté. 

La répartition entre ces deux sources varie d’un pays à l’autre, reflétant l’histoire et l’évolution de chaque système de protection sociale. Depuis les années 2000, une tendance similaire est observée dans la quasi-totalité des pays d’Europe : la part des cotisations employeurs diminue au profit des contributions publiques, pour limiter la hausse du coût du travail.

Dans l’ensemble des pays, certains risques sont davantage financés par les contributions publiques et d’autres par les cotisations. La structure de financement globale de la protection sociale est donc liée aux parts relatives des différents risques dans les dépenses totales.

Les prestations du risque vieillesse-survie, premier poste de dépense de la protection sociale, sont généralement liées aux revenus d’activité passés et financées par des cotisations sociales (sauf au Danemark, où les pensions publiques de base sont forfaitaires). Les prestations du risque emploi sont, elles aussi, financées par des cotisations sociales dans la plupart des pays, sauf au Danemark et en Irlande. En revanche, les prestations logement et de lutte contre l’exclusion sociale, qui relèvent d’une logique de solidarité nationale, sont généralement alimentées par des contributions publiques. Le financement du risque maladie, deuxième poste de dépense de la protection sociale, varie selon les pays. Il repose principalement sur les contributions publiques en Suède et au Danemark et sur les cotisations sociales en Allemagne, aux Pays-Bas ou encore en Pologne. En France, le financement du risque maladie a évolué en 2018 avec la suppression des cotisations salariales maladie et chômage, remplacées par une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG, une contribution publique) sur une base de revenus plus large (incluant les revenus de remplacement et de patrimoine). Enfin, le financement des prestations du risque famille est le plus souvent assuré par des contributions publiques, sauf en France et en Suède où le financement par cotisations sociales demeure majoritaire.

Structure des ressources de la protection sociale en Europe en 2022 en % du total des ressources

 

 

 

 

 

 

4/ évolution en France sur longue période

Les prestations de protection sociale augmentent à un rythme de moins en moins soutenu au fil des années (en dehors des périodes de crise) : leur croissance annuelle à prix constants1 est en effet passée de +6,9 % entre 1959 et 1981, à +2,8 % entre 1981 et 2007, pour s’établir à +1,6 % entre 2009 et 2019. Pour autant, la part des prestations de protection sociale dans le PIB a progressé (14 % en 1959 contre 31 % en 2019) et atteint 35 % en 2020 avec la crise sanitaire (graphique suivant).

 

 

a) Les risques santé et vieillesse-survie, principaux postes de dépenses, ralentissent sous l’effet des réformes

Les risques santé et vieillesse-survie représentent à eux deux entre 70 % et 81 % du total des prestations de la protection sociale au cours de la période 1959-2020.

Au sein du risque santé, la dynamique de la composante maladie est ralentie depuis les années 1980 par de nombreux plans de réforme, comme ceux de 1982-1983 (baisse du remboursement de certains médicaments, etc.), de 1986 ou encore de 1993, qui augmentent la part des dépenses restant à la charge des ménages. Instauré en 1996, l’objectif national d’évolution des dépenses d’assurance maladie (Ondam) vise à encadrer les dépenses des régimes de base. Il est régulièrement dépassé jusqu’en 2009, mais la loi maladie de 2004 et le renforcement continu de ses dispositifs de contrôle et de suivi permettent son respect depuis 2010.

Les prestations servies au titre de la vieillesse-survie ont également ralenti à la suite de quatre grandes réformes du système de retraite, en 1993, 2003, 2008 et 2010. Elles entérinent le principe d’indexation des pensions sur l’inflation et non plus sur les salaires, prévoient son calcul à partir des 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures dans le secteur privé, relèvent le nombre d’années nécessaires pour bénéficier du taux plein, et repoussent l’âge légal d’ouverture des droits de 60 à 62 ans. Cependant, le montant moyen des pensions augmente continûment en raison de l’élévation tendancielle des salaires réels au fil des générations, et les retraités sont plus nombreux du fait de l’arrivée à la retraite des générations du baby-boom et de l’allongement de l’espérance de vie.

Le risque famille, généralisé dès l’après-guerre, est celui qui connaît la plus faible progression (+1,8 % par an en moyenne entre 1959 et 2020). Les autres risques sociaux (emploi, logement et pauvreté et exclusion sociale) évoluent de façon contra cyclique : le poids des dépenses afférentes augmente dans les périodes de faible activité économique. Pour le risque emploi, la plus forte augmentation (hors année 2020, dont la hausse est exceptionnelle) a lieu entre 1974 et 1983 (de 0,5 % à 2,5 % du PIB), en raison de l’extension de la population couverte et de l’amélioration de l’indemnisation. La hausse significative des dépenses du risque pauvreté-exclusion sociale depuis 1959 (+7,6 % en moyenne entre 1959 et 2020) reflète la montée en charge de la solidarité nationale, qui se traduit notamment par la mise en œuvre de minima sociaux généralistes (revenu minimum d’insertion en 1988, revenu de solidarité active en 2009, remplacé pour sa partie de « gain au travail » par la prime d’activité en 2016).

Part des prestations sociales dans la richesse nationale depuis 1959 en % du PIB

Note : La distinction entre les risques vieillesse et survie n’est pas disponible avant 1970. En 1975, 1993, 2009 et 2020, le PIB a fortement baissé en volume, entraînant une hausse marquée de la part des prestations sociales dans le PIB.
Lecture : En 2021, les prestations de protection sociale représentent 33,3 % du PIB. Parmi ces prestations, celles du risque maladie représentent 10,2 % du PIB.
Source : DREES, CPS ; Insee, les comptes nationaux annuels pour le PIB.

 

 

b) Les crises sont les causes principales des déficits des comptes de la protection sociale des dernières décennies

Les premiers déficits des comptes de la protection sociale apparaissent dans les années 1990, du fait d’une augmentation des dépenses supérieure à celle des ressources, particulièrement après la crise de 1993 (graphique suivant). Jusqu’au début des années 2000, le retour de la croissance et la modération des dépenses permettent de renouer avec les excédents, ce dès 1996. Une légère dégradation de la conjoncture entraîne une réapparition des déficits en 2004. En 2008, le déficit de la protection sociale avait atteint un niveau alors inédit. Depuis, celui-ci s’est résorbé peu à peu jusqu’en 2017, où le solde est redevenu positif. Cette tendance s’est confirmée les deux années suivantes, avant que la crise sanitaire et économique n’induise les déficits records de 2020 et 2021.

 

Solde, dépenses et recettes de la protection sociale en points de PIB de 1959 à 2021 en points de PIB

Note : À partir de 2006, les dépenses et recettes du compte de capital sont prises en compte, ce qui induit une rupture de série.
Lecture : En 2021, le PIB a augmenté, entraînant mécaniquement une baisse des recettes exprimées en points de PIB, alors même que les recettes ont augmenté entre 2020 et 2021 (+5,2 %).
Source : DREES, CPS ; Insee, comptes nationaux annuels pour le PIB

 

 

 

5/ Les comparaisons européennes

Dans la page Dépenses publiques en Europe, on présente les principaux ratios ainsi que des comparaisons sur le ratio dépenses publiques « nettes » / PIB.  Des prélèvements obligatoires sont en effet appliqués aux prestations sociales, ce qui en réduit à la marge l’importance, dans des proportions variables. En effet, les taux et les modalités de ces prélèvements obligatoires diffèrent d’un pays à l’autre et selon le type de prestation versée.

En 2023, les dépenses de prestations de protection sociale –en espèces ou en nature, tous risques confondus – atteignent en moyenne 26,6 % du PIB des pays de l’UE-27. Cela correspond à 10 540 euros par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA). L’importance des systèmes de protection sociale varie toutefois selon les zones géographiques. Les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest sont ceux qui dépensent le plus pour la protection sociale : la France y consacre 31,5 % de son PIB, soit la part de PIB la plus élevée d’Europe ; en dépenses par habitant, elle occupe la cinquième position avec 12 960 euros PPA par habitant.  Les pays du sud de l’Europe se trouvent dans une situation intermédiaire, avec des niveaux de dépenses compris entre 13,2 % du PIB à Malte et 28,1 % en Italie, tandis que les pays de l’Est allouent des sommes bien inférieures à celles du reste de l’Europe pour la protection sociale, tant en pourcentage du PIB qu’en euros PPA par habitant.

Prestations de protection sociale en 2023, en % du PIB

Prestations de protection sociale en 2023 en euros PPA par habitant

 

En 2023, le risque vieillesse-survie constitue le premier poste de dépenses de protection sociale dans la quasi-totalité des pays européens. Ces prestations comprennent principalement le versement des pensions de retraite et représentent 47 % de l’ensemble des prestations sociales en moyenne dans l’UE-27.

Le risque maladie-soins de santé est, en moyenne, le deuxième poste de dépenses de prestations sociales. Il représente 30 % du total des prestations dans les pays de l’UE-27 avec des variations selon les pays : de 22 % en Italie et au Danemark jusqu’à 45 % en Irlande. Ce risque représente 31 % du total de prestations pour la France, légèrement plus que la moyenne européenne. Les montants de dépenses pour les autres risques sont nettement plus faibles et varient d’un pays à l’autre. En 2023, dans l’Union européenne, les dépenses pour les risques famille, invalidité, emploi, logement et pauvreté-exclusion sociale représentent ainsi 23 % de l’ensemble des prestations (24 % en France).

 Structure des prestations de protection sociale par risque en 2023 en % du total des prestations

 

 

 

 

 

6/ Focus  sur les prestations chômage en Europe

En 2021, les dépenses consacrées aux prestations liées au chômage dans l’ensemble de l’UE se sont élevées à 250 EUR. milliards , soit 1,7 % de PIB (2,6% en France). Le niveau des dépenses variait d’un pays de l’UE à l’autre, allant de 3,0 % du PIB en Autriche à 0,4 % en Hongrie et en Pologne et à 0,1 % en Roumanie.

Les dépenses consacrées aux prestations liées au chômage dans l’UE se sont élevées à 6,0 % de l’ensemble des dépenses consacrées aux prestations sociales en 2021, cette part allant de 13,7 % enregistrée à Malte et de plus de 10,0 % à Chypre, en Irlande et en Lituanie à moins de 1,0 % en Roumanie (second graphique suivant).

Dépenses liées aux prestations de chômage, 2021 (%, par rapport au PIB)

 

Dépenses en prestations liées au chômage, 2021 (% des dépenses totales en prestations sociales)

 

La part des dépenses de prestations sociales consacrée au chômage ne constitue pas nécessairement une base de comparaison immédiatement utile entre les pays en raison des différences dans la conception des systèmes de protection sociale. Les dépenses consacrées aux prestations liées au chômage sont liées non seulement à la générosité relative du système en termes de types de prestations disponibles et de niveau et de durée des prestations servies, mais aussi à la manière dont il est ciblé et à la taille des groupes cibles correspondants.

Compte tenu du fait que les dépenses sont, au moins en partie, liées au nombre de chômeurs, les dépenses par chômeur (selon la définition de l’OIT) peut fournir une comparaison plus significative des dépenses consacrées aux prestations liées au chômage. Cette comparaison peut être effectuée en euros (€) ou en normes de pouvoir d’achat ; ce dernier élimine les différences de niveau de prix entre les pays (graphique suivant).

Les dépenses moyennes consacrées aux prestations liées au chômage en 2021 s’élevaient à 16 604 SPA par chômeur dans l’ensemble de l’UE (23 580 SPA en France)VII , mais variaient considérablement d’un pays de l’UE à l’autre. Les dépenses les plus élevées par chômeur ont été enregistrées à Malte (41 612 SPA), tandis que les dépenses les plus faibles ont été enregistrées en Roumanie (1 294 SPA).

Certains ratios élevés peuvent, en partie, refléter des prestations destinées aux chômeurs qui ne font pas partie du dénominateur utilisé pour mesurer les dépenses par personne. Par exemple, cela peut être dû au fait qu’ils ne résident pas et vivent généralement dans des pays voisins (comme c’est, par exemple, relativement courant au Luxembourg). Un autre exemple est celui des personnes qui perçoivent des allocations de chômage à titre de prépension mais qui se sont retirées totalement ou partiellement du marché du travail (comme c’est, par exemple, relativement courant en Belgique). En tant que tel, une certaine prudence est nécessaire lors de l’analyse des dépenses par chômeur, car les informations présentées peuvent manquer de comparabilité en raison des différences entre les sous-populations recevant des prestations. titre d’exemple, on peut citer les allocations de chômage partiel, qui sont versées aux salariés d’entreprises qui mettent en œuvre une réduction du temps de travail ou la suspension temporaire du travail en raison de difficultés économiques, climatiques ou autres; ces paiements ont été inhabituellement fréquents en 2020 et, dans une moindre mesure, en 2021, en raison des restrictions mises en place pendant la crise de la COVID-19. Les données couvrent également les prestations en nature telles que les services de placement et l’aide à la recherche d’emploi, qui sont généralement mises à la disposition de toute personne à la recherche d’un emploi (et pas seulement des chômeurs), y compris de ceux qui ont déjà un emploi et/ou de ceux qui sont inactifs.

Dépenses moyennes au titre des prestations liées au chômage, 2021 (€ et SPA par chômeur)

 

 

 

 

 

VII – LE LOGEMENT

La Commission des comptes du logement, placée auprès du ministre chargé du logement, est chargée notamment [8] :

  • de déterminer, pour l’ensemble des logements et des locaux d’hébergement, la dépense de logement, laquelle réunit les dépenses liées à l’occupation du logement et celles liées aux acquisitions de logements neufs et aux travaux de gros entretien,
  • de présenter la place du logement dans l’économie ;
  • de décrire l’état du parc de logements, son mode d’occupation et son évolution

Le compte satellite du logement (CSL) met l’accent sur la notion de production de service de logement ; il cherche à déterminer la dépense nationale en logement et la consommation de services de logement. Il calcule cette dépense par filière de production de service de logement.

La dépense totale en logement inclut à la fois les dépenses courantes des occupants (loyers, charges, redevances…), et les dépenses d’investissements (en logements neufs, en travaux ainsi que les frais liés à toute opération immobilière). La dépense totale en logement est un agrégat qui mesure l’effort consacré par l‘ensemble des agents économiques au domaine du logement. Il est évalué sans double compte.

Ici on présente l’articulation des comptes (en jaune dans les tableaux extraits des annexes du CSL). C’est le maître mot des comptes satellites : l’articulation s’entend comme le lien entre les chiffres des principaux tableaux.

Le compte du logement – principales données 2023

 

 

 

 

 

1/ La Dépense totale de logement en 2023

Les 6 tableaux suivants sont repris des annexes du rapport de la Commission des comptes du Logement. Il est essentiel de mettre en évidence les agrégats clés du CSL (consommation du service du logement, production du service du logement, FBCF, aides au logement,…).

La dépense totale en logement mesure l’effort consacré par l’ensemble des agents économiques au domaine du logement.

Les dépenses courantes totales incluent les loyers (réels et imputés) des logements ordinaires, les charges acquittées par les occupants ou les propriétaires des logements vacants (dépenses d’énergie, d’eau et charges annexes liées au logement) et les redevances des locaux d’hébergement collectif.

Les dépenses en capital correspondent à la formation brute de capital fixe (FBCF) qui comptabilise les dépenses liées à l’acquisition de logements neufs, aux gros travaux d’entretien et d’amélioration, ainsi que les frais liés aux opérations d’acquisition (des logements neufs ou d’occasion). On y ajoute les investissements en terrains correspondants ainsi que certains avantages fiscaux liés à l’investissement (exonérations de taxe foncière sur les propriétés bâties, avantages du taux réduit de TVA pour l’investissement locatif social).

La dépense totale en logement s’établit à 611,7 Md€ en 2023, dont 441,4 Md€ au titre des dépenses courantes totales et 170,3 Md€ au titre des dépenses en capital. Elle augmente de 2,3 % (après + 3,1 % en 2022 et un rebond de + 7,6 % en 2021)). Si cette hausse est moins forte que par le passé (+ 3,4 % en moyenne entre 2000 et 2019), elle est portée par l’augmentation des dépenses courantes (+ 4,8 %, après + 2,8 % l’année précédente) dont la majeure partie est due à la progression des prix. Pour les dépenses en capital, la dynamique des prix ne compense pas la forte diminution des volumes, et le montant des dépenses en capital est au total orienté à la baisse, à – 3,8 % (après + 3,8 % en 2022)

Dépense totale en logement en milliards d’euros

 

Les loyers réels correspondent aux loyers effectivement acquittés par les locataires des parcs privé et social. À l’inverse, le loyer imputé correspond au loyer dont les propriétaires s’acquitteraient s’ils étaient locataires d’un logement identique dans le secteur privé.

En 2023, les dépenses de loyers s’élèvent à 299,7 Md€. Les locataires acquittent 91,1 Md€ de loyers réels, dont 15,8 % (14,4 Md€) sont pris en charge par les administrations publiques via des aides personnelles au logement (APL, ALS et ALF). Les loyers imputés des propriétaires occupants sont évalués à 208,6 Md€, dont 180,3 Md€ pour leurs résidences principales et 28,3 Md€ au titre de leurs résidences secondaires.

Montants des loyers par filière agrégée de 1995 à 2023 en milliards d’euros

 

Les charges acquittées par les ménages pour leur logement s’élèvent à 127,5 Md€ en 2023, soit 29,9 % de l’ensemble des dépenses courantes des logements ordinaires. Près de 50 % de ce montant est consacré aux dépenses d’énergie (60,4 Md€). Les dépenses restantes se répartissent entre les petits travaux d’entretien-amélioration effectués dans le logement (31,5 Md€), les dépenses en eau (11,6 Md€) et le reste des charges annexes liées à l’occupation du logement (24,0 Md€).

 

 

2/ La consommation de services de logement

Les dépenses en service de logement (nettes des aides personnelles au logement) constituent un poste important dans la dépense de consommation finale des ménages. Elle a pris, au fil du temps, une place de plus en plus importante.

La consommation associée au service de logement (436,6 Mds en 2023) (tableau suivant) englobe l’ensemble des dépenses courantes des occupants des logements (les consommateurs de service de logement) liées à cette occupation. Elle inclut les loyers réels ou imputés, les dépenses d’énergie et d’eau, et les charges des occupants qui rassemblent plusieurs postes de dépense allant de l’entretien courant des parties communes aux services d’assurances (Les charges et autres dépenses des occupants ; dans le cas des logements non ordinaires, c’est-à-dire des locaux d’hébergement collectif, la redevance regroupe l’ensemble de ces postes de dépense

S’agissant de dépenses courantes des ménages, la consommation associée au service de  logement n’inclut, au sens du cadre central de comptabilité nationale, que des dépenses de consommation finale effective des ménages. Ainsi, ne font notamment pas partie de cet agrégat :

– les achats de logements et les gros travaux d’entretien-amélioration qui sont enregistrés parmi les dépenses d’investissement réalisées par les propriétaires bailleurs ou occupants  ;

– les consommations intermédiaires des producteurs de service de logement comme les charges dites « non récupérables » ou les intérêts des emprunts immobiliers

– la taxe d’habitation qui, par convention du CSL, n’est pas associée au service de logement en raison de son assiette et de ses taux qui laissent une place prépondérante aux revenus relativement au service de logement fourni.

La dépense de consommation finale des ménages comprend ainsi les dépenses effectivement réalisées par les ménages résidents pour acquérir des biens et des services destinés à la satisfaction de leurs besoins. Les produits correspondants ne sont pas stockés, mais considérés comme consommés au moment de leur achat, même s’ils sont durables (voitures, électroménagers, meubles, etc.). Les loyers qui entrent dans la consommation finale sont nets des aides personnelles au logement.

Tableau 20 Compte satellite du logement 2023

Consommation associée au service de logement en milliards d’euros en 2023

Source : Compte du Logement

 

 

 

 

 

 

3/ La production du service du logement

Avant d’être consommé par l’occupant, le service de logement est produit par le bailleur. Les propriétaires occupants leur logement, en sont à la fois producteurs et consommateurs. La production de service de logement comprend ainsi les loyers réels versés par les locataires et les loyers imputés correspondant à la  consommation de service de logement des propriétaires. Au total, elle représente 308,9 milliards d’euros en 2023.

Compte des producteurs de service de logement en milliards d’euros en 2023Source : Compte du Logement

 

 

 

4/ La formation brute de capital fixe (FBCF) en logement

a) L’activité immobilière

L’activité immobilière comprend trois types d’opérations : l’investissement en logements neufs, les gros travaux d’entretien-amélioration et les transactions sur les logements anciens. Dans un contexte de forte remontée des taux des crédits habitat et de réduction de la production de crédits nouveaux, l’activité immobilière recule, en 2023, de 15,7 % par rapport à 2022 et s’élève à 378,7 milliards d’euros (Md€)).

La diminution de l’activité immobilière tient, en premier lieu, au repli de 23,0 % du montant des acquisitions de logements anciens qui y contribue à hauteur de 15,3 points. Ce repli dans l’ancien intervient après plusieurs années de forte hausse, le montant total de transactions ayant plus que doublé entre 2014 et 2022 (+ 100,2 %). Le montant d’investissement en logements neufs, dont la baisse s’accentue en 2023 (- 6,8 %, après – 1,0 %), contribue à la baisse de l’activité immobilière à hauteur de seulement 1,3 point. Cette baisse de l’activité immobilière est tirée par une forte contraction des volumes, les prix étant en léger recul dans l’ancien pour la première fois depuis 2015 (- 0,7 %, après + 6,3 % en 2022) et ralentissant dans le neuf (+ 1,4 %, après + 5,7 %).

Dans un contexte d’incitation à la rénovation thermique des logements, le secteur des gros travaux d’entretien amélioration progresse de 6,6 % (après + 12,1 % en 2022), dont une large part est portée par les prix qui restent très dynamiques (+ 5,8 %), après une forte accélération en 2022 (+ 9,8 %).

 

 

 

 

b) La FBCF

Elle est constituée par les acquisitions moins les cessions d’actifs fixes réalisées par les producteurs résidents. Les actifs fixes sont les actifs corporels ou incorporels issus de processus de production et utilisés de façon répétée ou continue dans d’autres processus de production pendant au moins un an. Les aides à la production comprennent ici les subventions d’exploitation mais également les dispositifs fiscaux non fléchés sur l’investissement (exonération de TFPB par exemple). Les aides à l’investissement regroupent les subventions d’investissement et les avantages de taux.

Elle comptabilise 3 rubriques (voir aussi page Comptes bâtiment travaux publics🙂

  • les dépenses liées à l’acquisition de logements neufs,
  • les gros travaux d’entretien et d’amélioration,
  • les frais liés aux opérations d’acquisition (des logements neufs ou d’occasion).

 

 

 

c) Les dépenses d’investissement

Elles correspondent à la FBCF On y ajoute les investissements en terrains correspondant ainsi que certains avantages fiscaux.

En 2023, l’investissement en logement s’élève à 166,7 Md€. Il se compose pour 49,2 % d’investissement en logements neufs (82,0 Md€), pour 40,3 % de gros travaux sur logements existants (67,2 Md€), et pour 10,5 % de produits des transactions dans l’ancien (17,4 Md€). Les gros travaux d’entretien-amélioration représentent la composante la plus dynamique depuis deux ans  et une part croissante du total (leur part était de 33,6 % en 2021).

L’investissement en logement décroît de 4,1 % en 2023, après une hausse de 3,8 % en 2022. En lien avec la contraction des marchés du neuf et de l’ancien, le repli des volumes s’accentue (- 6,8 %, après – 3,2 %) tandis que la hausse des prix ralentit (+ 2,9 %, après + 7,2 %).

Le tableau et le graphique suivants issus du rapport synthétisent les formules et les évolutions de la FBCF en 2023 et depuis la fin de la crise de 2007-2009. La FBCF en neuf est la somme des lignes (1) + (3); celle en gros entretien-amélioration est la ligne (9); enfin les frais et droits liés aux transactions dans l’ancien sont la somme des lignes (7) + (11).

Activité immobilière, FBCF et investissement en logement en milliards d’euros en 2023

Les acquisitions de logements et les travaux en milliards d’euros en 2023

 

Contribution des segments à l’évolution de l’activité immobilière en %

 

 

 

 

 

 

5/ le financement  des acquisitions et travaux

Le CSL présente un tableau du financement de ces acquisitions et grands travaux. Ce tableau est articulé au précédent. Les parts des différentes filières dans la FBCF évoluent par rapport aux années précédentes : 78 % pour les propriétaires occupants, 13,5 % pour les bailleurs non sociaux, 3 % pour bailleurs sociaux et 5,5 % pour les résidences secondaires.

En termes d’acteurs, l’investissement dans le neuf est réalisé à hauteur de 82,7 % (59,9 Md€) par les ménages (occupants et bailleurs personnes physiques) et de 17,3 % (22,2 Md€) par les personnes morales (dont 12,5 Md€ par les bailleurs sociaux). Ce partage connaît une évolution plus marquée que celle de l’ensemble de l’investissement. La part des personnes morales dans l’investissement neuf gagne 2,7 points, sous l’impulsion notamment des bailleurs sociaux et du programme d’achat de logements initié par les groupes Action Logement et Caisse des dépôts.

L’évolution de la structure de financement par les ménages des gros travaux est similaire à celle des autres formes d’investissement. La part des fonds propres augmente fortement (68,8 %, contre 61,4 % en 2022), en contrepartie d’une rétraction de la part des crédits non aidés (24,4 %, contre 32,4 % l’année précédente). Dans le contexte du ralentissement des aides à la rénovation des bâtiments, la part des aides reste stable (4,4 %, après 4,5 %) tandis que la part des emprunts aidés progresse (2,3 %, après 1,7 %). Pour les bailleurs sociaux, la part des fonds propres recule (- 2,6 points) à concurrence de l’augmentation des aides et des crédits aidés (+ 2,6 points).

Financement des acquisitions de logements et des travaux en milliards d’euros en 2023

 

 

 

 

6/ Les aides au logement

L’ensemble des aides au logement1 – prestations d’aide au logement, subventions d’exploitation et d’investissement, avantages de taux et avantages fiscaux – procurent en 2023 à leurs bénéficiaires un avantage de 43,5 milliards d’euros (Md€), soit 1,5 % du PIB. La majeure partie de ces aides est composée des prestations sociales (47,9 %) et des avantages fiscaux (37,1 %).

En 2023, les aides au logement progressent de 1,9 Md€, comme en 2022, soit + 4,6 %, après + 4,7 %, portées par le net rebond des avantages de taux amorcé l’année précédente (+ 0,9 Md€ par rapport à 2022, après + 0,6 Md€) et par la hausse des subventions d’investissement (+ 0,6 Md€), notamment à destination des prêts pour les logements locatifs sociaux. En 2023, les aides au logement dépassent leur précédent point haut de 2011

 

Les aides au logement en milliards d’euros en 2020

Part des aides au logement dans le PIB en %

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VIII – LES TRANSPORTS

Le compte satellite des transports (CST) regroupe l’ensemble des dépenses liées au transport. Il est calé sur la méthodologie des comptes satellites en France. La dépense en transport est présentée en distinguant financeurs et bénéficiaires monétaires. Mais la notion de bénéficiaire est ici un peu particulière. De fait la dépense totale courante est bien supérieure à la dépense qui bénéficie aux secteurs institutionnels alors qu elle devrait être égale (voir 6/).

C’est une dépense dite « brute », comme le PIB, incluant les amortissements ou la consommation de capital fixe. Pour l’instant, le transport par conduites (oléoducs), les activités de poste et courrier et l’entreposage-manutention en sont exclus. Les dépenses d’investissement retracées sont les dépenses en formation brute de capital fixe (FBCF) ainsi que les acquisitions de terrains non bâtis lorsque ces terrains sont destinés à changer d’usage pour devenir le support d’infrastructures de transport.

  • « quel est le montant total de ressources nationales allouées au transport ? »
  • « qui paye quoi dans les différents modes de transport ? ».

Il produit des séries de données financières en valeur et de périodicité annuelle. Il permet de suivre dans le temps la réponse à ces questions. Le CST est bien plus développé que les comptes satellites de transport d’autres pays (Australie, États Unis) qui se limitent surtout à la Dépense.

Le CST est passé en base 2020 ce qui a entraîné des modifications de chiffres (voir https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/bilan-annuel-des-transports-en-2023).

Le CST présente l’intégralité des dépenses pour une fonction « transport » définie plus largement que le seul produit « services de transport » de la nomenclature d’activités. Le périmètre de cette fonction « transport » est également plus étendu que le regroupement des postes des nomenclatures fonctionnelles adaptées à chaque secteur institutionnel des comptes : la classification des fonctions des administrations publiques (CFAP) pour les administrations, la classification des fonctions de consommation des ménages (COICOP) pour les ménages. Ces diverses dépenses appartiennent à une sphère transport redéfinie pour l’occasion pour transcender le cadre rigide des nomenclatures. Elles sont regroupées dans un agrégat unique appelé « dépense totale de transport » (DTT).

Le CST s’écarte à juste titre du cadre central sur la définition du contenu du transport mais également sur la notion même de production. Il intègre, en sus de la définition standard de la production de service vue comme livraison de ce service a autrui, le transport pour ≪ compte propre ≫ des ménages et des entreprises, c’est-a-dire la production faite par et pour eux-mêmes. Lorsque le transport n’est pas réalisé par un prestataire de service (transport dit public) qui donne lieu à facturation, le transport ne donne pas lieu à livraison de service à autrui et sa valeur n’est pas observable sur un marché. Le compte satellite en estime néanmoins la valeur, en le considérant comme un transport auto-produit dit en ≪ compte propre ≫. La branche ≪ transport ≫ du cadre central retient seulement comme production des ménages et des entreprises la production marchande de services de transport, c’est-a-dire celle qui est destinée à être vendue, et n’inclut pas de transport pour compte propre.

L’estimation de la valeur du transport pour compte propre est réalisée à prix coûtant pour les ménages et pour les entreprises. Pour les premiers, elle somme les dépenses nécessaires a la production du service présentes dans leur consommation finale telles que les carburants, les assurances, etc. Pour les secondes, l’estimation inclut la charge salariale et la charge imputée à la consommation de capital fixe dans la valeur du service, en plus des consommations intermédiaires.

Le transport pour compte propre représente 55 % de la dépense nationale de transport. Il est très important, surtout dans le transport routier, tant pour le transport de marchandises que pour celui des voyageurs. Pour ce dernier, la voiture particulière est le mode majoritaire du déplacement des personnes mais les dépenses engagées pour réaliser ce transport sont disséminées dans différents postes de la consommation des ménages du cadre central. Le compte satellite « transport » les rassemble dans un poste unique.

 

 

 

 

1/ Les activités caractéristiques et connexes

Les activités du transport du CST comprennent en première approche et quel que soit le mode de production du service (compte propre ou compte d’autrui, marchand ou non) :

– les activités de transport telles que définies dans la section H de la nomenclature d’activités française révision 2 de 2008 (NAF2008), soit :

  • Le service de transport proprement dit de marchandises (y compris le transport spatial) et de voyageurs (y compris les transports guidés tels que les téléphériques et remontées mécaniques);
  • Les services auxiliaires de transport (dont la gestion des infrastructures de transport) ;

– le maintien de la sécurité dans les transports, la régulation des flux et les services d’information lies au transport ;

– les services de réglementation, d’administration et d’organisation générale des transports.

 

Sont exclues les entreprises dont l’activité principale, au sein de la section H de la nomenclature relève :

  • du transport par conduite (oléoducs), pour lequel la demande nationale est négligeable ;
  • de la partie des services auxiliaires de transport relative a l’entreposage-stockage, que le compte satellite considère comme une activité n’étant pas propre au secteur du transport ;
  • des activités de poste et de courrier, que le compte satellite veut distinguer du transport ≪ traditionnel ≫ de marchandises.

Le monde du transport est en grande partie organisé selon les techniques de transport définies par l’utilisation conjointe d’un véhicule et d’une infrastructure. Le CST est articulé autant que possible selon les différents modes de transport : route (transport routier), ferroviaire (y compris Transilien), fluvial, maritime et aérien.

Le CST retient cependant un 6e mode, catégorie composite mettant en œuvre plusieurs technologies de transports : les transports collectifs urbains de voyageurs et autocars réguliers (TCU-AR).

En effet, le caractère multimodal des acteurs de cette activité rend difficile la ventilation par mode de transport ; le transport ferroviaire en Ile-de-France (Transilien) est ainsi classe avec le transport ferroviaire et non avec les transports urbains.

Dans les agrégats de dépense, la partie voyageur n’est pas séparée de la partie marchandises, les infrastructures ayant souvent une  vocation mixte.

 

 

 

2/La dépense totale de transport (DTT) en 2023

Le passage de SNCF Réseau dans le secteur des administrations publiques, a contribué à augmenter fortement le niveau de la dépense courante et la dépense d’investissement des administrations publiques dans le secteur ferroviaire (de 2021 à 2023, la dépense courante de SNCF Réseau représente les deux tiers de la dépense courante des APU dans le ferroviaire et la dépense d’investissement de SNCF Réseau constitue l’essentiel des dépenses d’investissements des APU dans le ferroviaire).

La DTT s’élève à 521,0 milliards d’euros en 2023 soit 18,5 % du PIB français. En valeur, la dépense courante totale de transport (DCT) représente 85 % de la dépense totale de transport, et la dépense d’investissement totale (DIT), 15 % (tableau suivant). En 2023, la dépense courante de transport diminue de 0,5 %, tandis que la dépense d’investissement progresse de 11,4 %. Ces deux dépenses sont nettement supérieures à leur niveau d’avant-crise (+ 17,6 % pour la dépense courante et + 23,0 % pour la dépense d’investissement par rapport à 2019).

 

 

a) La dépense courante en transport (DCT)

La DCT est la valeur des services de transport consommés par les agents économiques. Elle correspond aux services rendus par les acteurs du transport aux utilisateurs (ou à eux-mêmes dans le cas du compte propre). Elle représente la somme des consommations intermédiaires en transport (achat de transport par les entreprises), des consommations finales de transport (achat par les ménages et les administrations publiques) et des transferts courants spécifiques.

Outre les activités de production ou de consommation, les APU réalisent en effet des opérations de répartition :

  • concernant spécifiquement les producteurs de transport ; il s’agit de prélèvements sur les moyens de production : taxe sur les produits pétroliers (TICPE, ex-TIPP) ou sur les produits réalisés comme les taxes de l’aviation civile ;
  • concernant l’ensemble de l’économie, il s’agit de :
    •    financer la production de services caractéristiques avec le versement transport ;
    •    taxer l’ensemble des consommations finales, dont celle de transport : la TVA non déductible n’est pas un prélèvement spécifique transport mais rentre dans la valeur totale de la dépense par convention comptable du cadre central.

 

 

b) La dépense d’investissement de transport (DIT)

La DIT correspond aux dépenses réalisées par les producteurs des services caractéristiques de transport eux-mêmes (y compris gestionnaires d’infrastructures), en matériel de transport ou en infrastructures. Le compte du transport suit la définition de la formation brute de capital fixe du cadre central ainsi que le traitement particulier que celui-ci applique aux achats des ménages. Ainsi, l’acquisition de véhicules automobiles par les ménages est considérée comme de la consommation finale et non de l’investissement comme c’est le cas pour les autres acteurs. Toutefois, cette dépense peut être isolée de manière a replacer une vision plus conforme à l’idée commune qui consisterait à considérer l’acquisition de véhicules neufs des ménages comme un investissement, a l’instar de ce qui est fait pour les véhicules des entreprises.

 

 

c) La dépense totale de transport (DTT), un agrégat consolidé

La dépense courante indique la valeur consommée par la Nation pour se transporter année après année. La dépense d’investissement représente l’effort consenti une année donnée pour mettre en œuvre des moyens de production à long terme, celui-ci étant ensuite amorti (consomme) sur plusieurs années.

Le compte satellite doit pouvoir donner une mesure de l’intégralité de l’effort consenti par la nation pour se transporter et fournit, dans cette perspective, un agrégat synthétique consolidant l’ensemble des dépenses courantes et de capital chaque année. Néanmoins, DCT et DIT ne sont sommables qu’a la condition d’en éliminer les doubles comptes. Il faut pour cela retrancher du total la part d’investissement financée par la dépense courante ainsi que les amortissements.

La dépense totale consolidée est donc calculée en retranchant de la somme des dépenses courantes et des dépenses d’investissement la partie de la dépense courante qui est utilisée pour l’investissement par les producteurs de services. Cette fraction commune aux deux agrégats correspond à la fraction de la capacité d’autofinancement (CAF) des producteurs affectée au financement de l’investissement.

Selon le Compte satellite des transports, la dépense totale de transport (DTT) s’élève à 539,9 milliards d’euros en 2022 (tableau suivant), soit 20,5 % du PIB français. La dépense totale de transport augmente de 6,1 % en volume et de 11,5 % en prix en 2022. En valeur, la dépense courante totale de transport (DCT) représente 85,8 % de la dépense totale de transport en 2022, et la dépense d’investissement totale (DIT), 14,2 %.

Dépense totale de transport (DTT) en valeur par secteur institutionnel financeur
en milliards d’euros courants, évolutions en %

Source : SDES, Compte satellite des transports, Insee, Comptes nationaux base 2020

 

 

 

3/ Le financement de la DIT

Le tableau précédent montre non seulement la dépense intérieure de transport mais son financement. Les notions de financeurs et de bénéficiaires sont assez particulières dans ce compte satellite comme l’indique le schéma suivant.

 

 

Pour les financeurs, le compte satellite ne considère pas que les financeurs « ultimes » de la dépense des infrastructures routière sont les usagers par les taxes qu’ils paient pour la route dont ils bénéficieraient en dernier ressort. Ces taxes sont en effet comprises dans les dépenses des ménages et des entreprises qui utilisent la voirie. Ce sont les administrations qui financent ces infrastructures.

Quatre secteurs institutionnels financent la dépense courante de transport, dans des proportions variables : les ménages contribuent pour 45 %, les entreprises hors secteur des transports pour 35 %, les administrations publiques (APU) pour 13 %, et les importations depuis le reste du monde pour 7 % (graphique suivant gauche).

La dépense d’investissement se répartit entre les APU pour 34 %, les entreprises hors secteur du transport pour 33 % et les entreprises de transport pour 33 % (graphique suivant droite). La dépense d’investissement des entreprises de transport dépasse de plus d’un tiers son niveau d’avant-crise.

Dépense courante de transport à gauche (DCT) et d’investissement de transport à droite (DIT) en 2023

 

 

Les services de transport que les ménages produisent eux-mêmes en utilisant leurs véhicules représentent 161,8 milliards d’euros en 2023, soit 81 % de leurs dépenses courantes de transport. Cette dépense inclut notamment les achats de véhicules (automobiles, utilitaires, motos) par les ménages (40,8 milliards d’euros en 2023) qui ne sont pas considérés dans le Compte satellite des transports comme un investissement mais comme une dépense courante, tout comme dans les Comptes nationaux.

Les entreprises hors secteur du transport dépensent 154,2 milliards d’euros en services de transport en 2023 (hors investissements). Les services de transport que les entreprises hors secteurs du transport produisent elles-mêmes pour leur propre usage (production pour compte propre) représentent 19,1 % de cette dépense courante. En effet, les salariés utilisent en partie les véhicules appartenant à l’entreprise pour leurs déplacements professionnels ; les entreprises peuvent, par ailleurs, transporter leurs intrants ou leur production dans leurs propres poids lourds et véhicules utilitaires légers. Contrairement aux ménages, les dépenses des entreprises hors secteur du transport en achat d’automobiles, de poids lourds et de véhicules utilitaires légers ne sont pas comptabilisées dans la dépense courante mais dans l’investissement.

 

 

 

 

4/ la dépense de transport par mode

Occasionnant les deux tiers de la dépense de transport, soit 348,4 milliards d’euros en 2023, la route est le mode de transport largement dominant (tableau suivant). Le transport maritime, les transports en commun urbains auxquels sont ajoutés les autocars réguliers (TCU-AR) et le transport ferroviaire représentent chacun environ 9 % de la dépense totale ; le transport aérien en représente 7 %. Quant au transport fluvial, avec 0,3 % de la dépense totale, il reste marginal.

Les dépenses de transport par secteur institutionnel et par mode de transport en 2023 En milliards d’euros courants

Source : SDES, Compte satellite des transports, Insee, Comptes nationaux base 2020

 

 

 

5/Les producteurs (acteurs) du transport

Les catégories d’acteurs (ou agents ou secteurs institutionnels) retenues dans le compte satellite se basent sur celles du cadre central de la comptabilité nationale. On distingue les producteurs et les consommateurs de transport, les ménages et les entreprises étant eux-mêmes à la fois consommateurs et producteurs.

  • Les ménages : ils sont les principaux consommateurs et producteurs de transport (producteurs en compte propre).
  • Les sociétés non financières et entreprises individuelles : le compte satellite du transport distingue les entreprises du secteur du transport, c’est-a-dire dont l’activité principale relève de la section H de la nomenclature d’activité (NAF 2008) et plus généralement des activités spécifiques du transport (voir supra : les activités spécifiques du transport) et le reste des entreprises :
    • les entreprises du secteur transport sont principalement productrices de services de transport. Leurs emplois vont aux bénéficiaires de la dépense. Leur production constitue une contrepartie de la dépense courante. Leur dépense en capital représente une fraction de la dépense d’investissement ;
    • les entreprises hors du secteur transport. Avant tout consommatrices de transport, elles réalisent également du transport pour compte propre. Une partie de leurs emplois (acquisition de services ou de matériel de transport) constitue une dépense (courante et d’investissement) de transport. Elles sont aussi bénéficiaires de la dépense de transport (en tant que productrices des consommations intermédiaires utiles au transport).
  • Les sociétés financières (banques et sociétés d’assurance) : bien que dans une moindre mesure, elles consomment des services de transport, au même titre que les sociétés non financières. Par les prestations qu’elles fournissent aux producteurs de transport, elles sont bénéficiaires de la dépense courante de transport.
  • Les administrations publiques (APU) : le périmètre des administrations publiques comprend notamment, en plus de l’Etat et des collectivités territoriales, les chambres de commerce et d’industrie (CCI) pour leur activité de gestion des ports ou aéroports, ainsi que certaines entités publiques, hors établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), telles que la SNCF, RFF ou Voies navigables de France (VNF). Les administrations publiques sont à la fois consommatrices et productrices de services de transport.
  • Le reste du monde (RdM) : les agents non résidents acquièrent des services de transport auprès des producteurs nationaux de transport. Cette dépense ne fait pas partie de la dépense courante nationale de transport, excepté, par convention du compte satellite, lorsqu’il s’agit de services d’infrastructures (dépense des non-résidents en péages français). Symétriquement, des entreprises non résidentes peuvent vendre des prestations de transport à des résidents français et cette dépense fait partie de la DCT (schéma suivant).

 

 

 

 

6/ La masse salarialdes ^producteurs caractéristiques du domaie

En 2023, les ménages sont bénéficiaires directs de la dépense courante de transport à hauteur de 75,1 milliards d’euros (tableau suivant). Leur ressource principale provient de la rémunération des personnels du secteur des transports par les entreprises et les APU pour un montant de 71,5 milliards d’euros. Ils perçoivent par ailleurs 3,6 milliards d’euros de revenus, réels ou imputés, de location d’emplacements de stationnement.

  • Les APU bénéficient des contreparties de la dépense courante de transport pour 84,4 milliards d’euros : 57,6 milliards d’euros en TVA et TICPE d’une part, et 26,7 milliards d’euros en taxes diverses spécifiques au transport (versement mobilité, amendes, etc.) et impôts liés à la production et sur les bénéfices d’autre part.
  • Les sociétés financières et compagnies d’assurances sont rémunérées par les intérêts portés par les prêts consentis, les loyers de crédit-bail des entreprises et les primes d’assurance nettes des remboursements, pour un montant total de 20,7 milliards d’euros en 2023.
  • Enfin, les entreprises de transport françaises ont exporté pour 36,0 milliards de services de transport en 2023.

Éléments des ressources générées par la dépense courante de transport en 2023 En milliards d’euros courants

Source : SDES, Compte satellite des transports, Insee, Comptes nationaux base 2020

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IX – LES COMPTES SATELIITES DANS LE SEC 2010

Il s’est avéré que les principes du SCN 93 et ceux des comptes français étaient jugés parfois trop rigides. Néanmoins, ils ont le méritent d’amener les comptables du cadre central et des comptes satellites à se concerter.

Dans de nombreux pays, la notion de compte satellite s’est étendue à d’autres formes d’analyses comptables en marge du cadre central en particulier dans le domaine de l’environnement (voir page Compte Environnement). Les experts utilisent plusieurs approches comptables en réfléchissant à la manière dont un futur SCN pourraient en intégrer certains aspects.

Les comptes satellites étrangers sont ainsi moins développés exception faite de l’environnement, des transports et du tourisme. Ils s’agit parfois d’études ponctuelles mais aussi de véritables comptes satellites mis à jour chaque année comme le compte des ménages au Royaume-Uni. Quatre comptes sont plus ou moins permanents ; la santé, la protection sociale, l’éducation et le tourisme. Les deux premiers s’intéressent aux bénéficiaires et aux financements. Ils sont parfois accompagnés de ratios pertinents (dépense moyenne par élève).

Il en ressort une grande diversité des approches. D’un coté, les expériences à l’étranger ont surtout pour objet de calculer la dépense pour le domaine (ou la production correspondante et la consommation), et sa part dans le PIB (cas des transports, du tourisme ou de la production domestique). En outre elles ont souvent le souci de mieux s’intégrer au cadre central (en s’appuyant si besoin sur le TES ou le TRE selon la méthode du SCN 93) : compte satellite des transports au Canada, compte satellite de la santé et du sport en Allemagne, etc…

Mais d’autre part, le SCN 2008 et le SEC 2010 ont mis en avant une approche plus large. On trouve ainsi le tableau suivant dans le SEC 2010, avec des croix indiquant les caractéristiques principales. On voit qu’on est assez loin des comptes français, voire du chapitre du SCN 93. Un point acquis est certes d’évaluer la dépense (ou la production ou la consommation) du domaine, (sa part dans le PIB) donc de délimiter ses activités caractéristiques et biens et services connexes (deux premières questions). Un autre point commun avec les comptes français est l’importance des données non monétaires.

 

 

1/ Caractéristiques et exemples de comptes satellites dans le SEC 2010

Le SEC 2010 rapelle que les comptes satellites possèdent diverses caractéristiques. Une ou plusieurs des caractéristiques mentionnées aux points 1) à 8) peuvent s’appliquer à un compte satellite

  1. liens avec des fonctions, comme cela est le cas pour les comptes satellites fonctionnels;
  2. iens avec des branches d’activité ou des produits, ce qui correspond à une certaine famille de comptes spécialisés;
  3. liens avec des secteurs institutionnels, ce qui est le cas pour une autre famille de comptes spécialisés;
  4.  élargissement aux données physiques ou autres données non monétaires;
  5. détails supplémentaires;
  6.  utilisation de concepts supplémentaires;
  7. modification de certains concepts de base;
  8. utilisation de la modélisation ou inclusion de résultats expérimentaux.

 

 

Au-delà, les comptes satellites apparaissent comme une sorte de « tremplin comptable » pour un futur SCN. La réflexion conceptuelle au milieu des années 90 sur des domaines particuliers (R&D, environnement) n’était ainsi pas encore jugée assez mûre pour une intégration dans le cadre central du SCN 1993. Ceci a été fait, du moins pour la R&D, dans le SCN2008. Les groupes de travail de l’OCDE et d’Eurostat se sont multipliés pour traiter le mieux possible celle ci en FBCF. On note que le compte satellite français de la R&D s’interrompait presque au même moment.

On ne présente pas ici la méthodologie des comptes de la santé, du tourisme et de l’environnement qui ont fait l’objet de manuels internationaux (OCDE pour le premier, OCDE, ONU, Eurostat pour le second, SCEE de l’ONU pour le dernier). Il s’agit plutôt de donner quelques exemples d’expériences étrangères avec un chiffrage. La présentation reste en outre ici assez diversifiée sauf pour les transports où les comptes de quelques pays sont décrits. Elle s’appuie  sur les comptes satellites des INS.

– Présentation générale des comptes satellites et de leurs principales caractéristiques dans le SEC 2010

 

 

2/ Nomenclatures fonctionnelles

Les nomenclatures fonctionnelles classent les dé penses par secteur et par fonction. Elles reflètent le comportement des consommateurs, des administrations publiques, des institutions sans but lucratif et des producteurs.

Les quatre nomenclatures fonctionnelles utilisées dans le SEC sont les suivantes:

  • classification des fonctions de consommation des ménages (Coicop);
  • classification des fonctions des administrations publiques (CFAP);
  • classification des fonctions des institutions sans but lucratif (COPNI);
  • classification des dépenses des producteurs par fonction (COPP).

 

 

3/ Principales caractéristiques des comptes satellites

a) Comptes satellites fonctionnels

Les comptes satellites fonctionnels ont pour but de décrire et d’analyser l’économie pour une fonction, par exemple l’environnement, la santé et la recherche et développement. Ils fournissent un cadre comptable systématique pour chaque fonction. Ils ne donnent pas de vision synthétique de l’économie nationale, mais ciblent les aspects pertinents pour la fonction concernée. À cet effet, ils indiquent des détails qui ne sont pas visibles dans le cadre central agrégé, réorganisent les informations, ajoutent des informations sur les flux et les stocks non monétaires, ignorent ce qui ne correspond pas à la fonction concernée et définissent des agrégats fonctionnels en guise de concepts clés.

Du fait de sa nature même, le cadre central est essentiellement institutionnel. Un compte satellite fonctionnel peut combiner une approche fonctionnelle à une analyse portant sur les activités et les produits. Une telle approche combinée s’avère utile dans de nombreux domaines, par exemple la culture, le sport, l’éducation, la santé, la protection sociale, le tourisme, la protection de l’environnement, la recherche et développement (R & D), l’aide au développement, les transports, la sécurité et le logement. La plupart de ces domaines concernent des services; ils se répartissent en général entre plusieurs activités et correspondent souvent à des thèmes en relation avec la croissance économique ou les préoccupations sociales.

L’un des concepts clés des comptes satellites fonctionnels est celui de la dépense nationale pour une fonction donnée, comme le montre le tableau suivant. Ce concept clé est également utile pour définir la portée du compte satellite fonctionnel.

Analyser les emplois correspondant à une fonction revient à poser des questions telles que: «Combien consacre-t-on de ressources à l’éducation, aux transports, au tourisme, à la protection de l’environnement et au traitement des données?» Afin de répondre à ces questions, il faut donc décider:

a) quels sont les produits pertinents pour le domaine en question. La dépense nationale inclut tous les emplois courants de ces produits et la formation de capital en ces produits;

b) quelles sont les activités au titre desquelles on enregistrera une formation de capital;

c) quels sont les transferts correspondant au domaine en question.

Ici le SEC 2010 reprend quasiment les tableaux (Dépense et production) du SCN 93 publiés ci-dessus dans le chapitre 1 sauf que l’analyse du financement de la Dépense nationale semble moins détaillée.

Dépense nationale pertinente pour une fonction ou un produit donnés  dans le SEC 2010

 

b) Comptes spécialisés

Les comptes spécialisés offrent un aperçu ciblé sur une branche d’activité ou un produit en particulier, un groupe de branches d’activité ou de produits, un sous-secteur ou un groupe de sous-secteurs. On peut distinguer trois familles de comptes
spécialisés:

a) ceux qui sont liés à des branches d’activité ou à des produits;
b) ceux qui sont liés à des secteurs institutionnels;
c) ceux qui combinent les deux approches.

On peut citer comme exemples de comptes spécialisés liés à des branches d’activité ou à des produits les comptes de l’agriculture, les comptes de la sylviculture et de la pêche, les comptes du tourisme, les comptes des TIC, les comptes de l’énergie, les comptes des transports, les comptes des bâtiments résidentiels et les comptes relatifs au secteur de la création.

La première étape dans l’établissement des comptes spécialisés consiste à définir les activités clés et les produits qui leur correspondent, ce qui oblige parfois à regrouper des rubriques de la classification internationale type par industrie (CITI) ou des nomenclatures nationales correspondantes. L’étendue des secteurs clés dépend du contexte économique et des besoins en matière de politique et d’analyse.

On établit alors pour les produits clés un compte de biens et services, où apparaissent les ressources et les emplois de ces produits, et pour les branches d’activité clés un compte de production et un compte d’exploitation. S’agissant de ces branches
et de ces produits clés, des nomenclatures détaillées sont utilisées pour bien faire ressortir le processus économique et les procédures d’évaluation employées. Ces produits et activités se caractérisent en général par une combinaison de prix du marché et de prix imposés et par un un système complexe d’impôts et de subventions.

Les produits clés et les branches d’activité clés peuvent être analysés en ayant recours à un tableau des ressources et des emplois. Les branches d’activité clés sont détaillées en colonnes et les autres branches peuvent être regroupées. Dans les lignes figure de même le détail des produits clés, tandis que les autres produits sont regroupés. Au bas du tableau des emplois figurent, dans les lignes, les apports de main-d’œuvre, la formation brute de capital fixe et le stock d’actifs fixes. Lorsque l’activité clé est exercée par des producteurs de types très hétérogènes, par exemple de petits agriculteurs, d’une part, et de vastes plantations appartenant à des sociétés et gérées par elles, d’autre part, on opère une distinction entre ces deux groupes de producteurs qui se caractérisent par des structures de coûts et des comportements différents.

 

 

c) Inclusion de données non monétaires

L’une des principales caractéristiques d’un grand nombre de comptes satellites est l’inclusion de données non monétaires, comme les émissions de CO2 par les industries dans les comptes de l’environnement ou le nombre de traitements par type de soin de santé dans les comptes de la santé. La relation entre ces données non monétaires et les données monétaires permet d’obtenir des ratios clés, par exemple les émissions de CO2 par milliard d’euros de valeur ajoutée ou le coût par traitement. Le tableau suivant présente toute une série d’exemples à cet égard.

Exemples de données non monétaires dans les comptes satellites dans le SEC 2010

 

 

 

 

 

 

X – LES COMPTES SATELLITES ÉTRANGERS

Dans les 6 pages Compte de l’éducation, Compte du tourisme, Compte de la santé, Ménages et ISBLSM, Économie numérique, Comptes Environnement, on étudie les comtes satellites de tous les pays en terme de dépense-financement et données physiques. Dans ces 6 comptes il y a une méthodologie internationale ( OCDE, Eurostat….). Ici on présente quelques expériences de comptes satellites à l’étranger . Trois pays semblent être particulièrement férus d’autres comptes que les 6 précédents : États-Unis, Canada et surtout France. Mais des expériences sont développées dans d’autres pays (Suisse, Allemagne, Maroc, Royaume-Uni, etc…). Le plan est ici par types de comptes plus l’étude des expériences américaines et canadiennes.

 

 

1/ le compte satellite de la production des ménages

Le PIB est parfois considéré comme une statistique incomplète car il exclut la production de services des ménages offerts à domicile, tels que la cuisine, le nettoyage et la garde d’enfants. L’une des raisons pour lesquelles ces services sont exclus est qu’il n’y a pas de transactions aux prix du marché associées à ces services, bien que ce soit également le cas pour la production de services des administrations publiques, qui sont inclus dans le PIB sur la base des coûts. Une autre raison, peut-être plus importante et plus pratique, est qu’il est très difficile d’estimer la valeur des travaux ménagers de manière cohérente d’un pays à l’autre et en temps opportun. De nombreux pays ne mènent pas d’enquêtes sur l’emploi du temps et parmi ceux qui le font, ces enquêtes ont tendance à être menées rarement parce qu’elles sont coûteuses, imposent un fardeau de réponse important et peuvent être considérées comme une atteinte à la vie privée.

Le PIB élargi mesure des activités pour élargir l’analyse traditionnelle du PIB, qui ne s’intéresse en grande partie qu’à la production et la consommation marchandes d’activités rémunérées et de services publics fournis gratuitement. «Aujourd’hui, le contact avec les clients se fait de plus en plus via le Web. Cela a des implications importantes pour le consommateur. Des activités qui étaient auparavant entreprises dans l’économie de marché font plutôt partie de la «production domestique». Mais, par convention, la production à domicile de ces  activités n’est  pas comptabilisée dans le PIB, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes sur l’interprétation des mesures conventionnelles de l’activité productive.

Mesurer la production et la consommation non payées fournit une image plus complète des activités qui affectent le bien-être des gens. Le temps consacré à différentes activités peut affecter le bien-être personnel des personnes. Le compte satellite  fournit un cadre d’analyse des heures consacrées au travail par rapport aux activités de loisirs. Mesurer la production non rémunérée permet également aux utilisateurs d’analyser la relation de réciprocité entre le travail non rémunéré et les choix économiques que les gens font; la substitution entre activités non rémunérées et activités rémunérées est importante pour considérer ensemble le marché du travail et les politiques sociales. Ceci est également pertinent pour prendre en compte les facteurs démographiques. Par exemple, la prise en compte de la fourniture de soins aux adultes dans une société vieillissante permet aux décideurs de voir comment les prestations de soins interagissent avec les choix du marché du travail.

Des études de cette nature attribuent régulièrement une grande valeur aux travaux ménagers, souvent aux alentours de 40 % du PIB. Cela a été particulièrement pertinent dans les circonstances liés à la COVID-19, où beaucoup de travaux qui étaient auparavant effectués dans le secteur privé par des restaurants, des nettoyeurs à sec, des garderies et d’autres établissements, et qui étaient inclus dans le PIB, sont maintenant effectués à la maison et sont donc exclus du PIB. Si le PIB était défini de manière plus large, sa baisse en 2020 aurait été beaucoup plus faible (voir le cas des États-Unis).

La valeur du compte satellite des travaux ménagers est un bon exemple de compte qui cherche à répondre aux questions pour lesquelles les comptes nationaux de base sont une source d’information inappropriée. Par convention internationale, les « limites de la production » dans les comptes nationaux excluent les travaux ménagers. Les comptes satellites ne sont pas confrontés à une telle limitation, de sorte que le problème peut être facilement résolu en élargissant ces limites pour y inclure les travaux ménagers.

Compte satellite de la production des ménages (rappel du cadre conceptuel)

 

 

Lorsque des données d’enquête sur l’emploi du temps sont disponibles, certains pays ont résolu ce problème en créant un compte satellite pour estimer la valeur des travaux ménagers. L’approche habituelle consiste à estimer le nombre d’heures que les ménages consacrent à chaque catégorie de travail à domicile, par le truchement d’enquêtes sur l’emploi du temps, puis à appliquer un salaire horaire imputé à ces heures. Le salaire peut être attribué en fonction des salaires versés dans des industries similaires du secteur privé. Par exemple, le salaire des services de garde d’enfants à domicile pourrait être imputé en utilisant le salaire moyen payé aux travailleurs des garderies du secteur privé. Autrement, le salaire pourrait être attribué en fonction d’un coût de substitution. Ainsi, les services de garde fournis par un avocat s’occupant d’enfants à domicile pourraient être évalués en utilisant le salaire moyen des avocats.

 

 

 

 

a) Le Royaume-Uni

Le compte satellite des ménages du Royaume-Uni comptabilise et valorise les activités de production non rémunérées. Cela comprend la garde d’enfants, les soins aux adultes, les services domestiques, ainsi que les services non rémunérés de nutrition, de transport, de blanchisserie et de volontariat, chacun de ces services constituant un aspect important de la vie des gens et qui fait largement défaut dans les statistiques économiques habituelles telles que Produit Intérieur Brut (PIB) voir https://www.ons.gov.uk/economy/nationalaccounts/satelliteaccounts/articles/householdsatelliteaccounts/latest

  • En 2016, la valeur des travaux ménagers non rémunérés effectués par le Royaume-Uni était estimée à 1242 milliards de livres sterling – soit plus que la VA du secteur des sociétés non financières du Royaume-Uni; dans l’ensemble, le travail domestique non rémunéré équivalait à 63,1% du PIB. La valeur de la production par habitant non rémunérée des ménages a augmenté plus rapidement que le PIB par habitant entre 2005 et 2016 : +67% contre +31% respectivement en prix courants. En 2022 cette valeur ajoutée est de 1497 milliards de livres sterling (tableau suivant),
  • La valeur de la production domestique non rémunérée par habitant a augmenté à un rythme plus rapide que le PIB par habitant entre 2005 et 2016 – 67 % contre 31 % respectivement aux prix courants.
  • Le « PIB étendu » (e-PIB) – PIB plus travail domestique non rémunéré – a augmenté annuellement de 3,3 % en 2016, contre 3,9 % pour le PIB.
  • En 2016, 16,2 % des dépenses de consommation ont été consacrées aux coûts directs liés à la prestation de services de travail non rémunérés, principalement consacrés au carburant, au loyer et à la nourriture.
  • Les services de transport non rémunérés, tels que le fait de conduire soi-même et d’autres personnes au travail, représentaient la plus grande proportion de ce total, soit 28,8 %, tandis que les services de garde d’enfants contribuaient au deuxième montant le plus important, soit 5 358 £ par personne en 2016. Sur toute la période depuis 2005, la valeur des services de soins aux adultes, de garde d’enfants, de blanchisserie, de nutrition (cuisiner pour manger à la maison) et de transport a augmenté de plus de 50 %.
  • La valeur globale des soins non rémunérés aux adultes est de plus en plus déterminée par ceux qui ont besoin de soins à temps plein 24 heures sur 24, les heures de soins continus représentant 86,9 % du total des heures de soins aux adultes en 2005 et 89,7 % des heures de soins aux adultes en 2016.
  • La croissance de la production de services de garde d’enfants informels a été de 1,4 % en 2016, inférieure à la croissance de 4,3 % enregistrée en 2015 ; cela est principalement dû à une baisse du taux de croissance des prix des services de garde d’enfants.

Le graphique suivant montre la valeur globale du travail domestique non rémunéré entre 2005 et 2016, la valeur ajoutée brute et la contribution de chaque type de travail non rémunéré capturé.

 

Valeur ajoutée brute de la production de services aux ménages non rémunérés

Source: UK Household Satellite Account

Valeur de la production du travail domestique non rémunéré, valeur ajoutée brute (%), Royaume-Uni : 2022

Valeur de la production du travail domestique non rémunéré, valeur ajoutée brute (en milliards de £), Royaume-Uni : 2022

 

 

Dans l’ensemble, la valeur du travail domestique non rémunéré équivalait à 63,1 % du produit intérieur brut (PIB) en 2016, contre 64 % en 2015, qui était le ratio le plus élevé depuis le début de cette série en 2005. La proportion plus faible en 2016 est principalement due à la croissance plus lente que le PIB de la valeur ajoutée brute de la prestation de services de garde d’enfants non rémunérés, à 0,4 % entre 2015 et 2016.

Si l’on considère le « PIB étendu » (e-PIB) – la valeur du travail des ménages plus le PIB –, sa valeur en 2016 s’élèverait à 3 210 milliards de livres sterling aux prix courants. Cette mesure expérimentale du PIB au-delà du PIB tient explicitement compte des effets de substitution entre production marchande et non marchande, lorsque les individus passent des services rémunérés aux services fournis par leurs propres moyens, et inversement. Elle pourrait ainsi mieux refléter le bien-être de la société.

Le graphique suivant compare la croissance de ce PIB étendu au PIB aux prix courants, ainsi qu’à la valeur ajoutée par la production non rémunérée, par personne, afin d’examiner comment cette mesure alternative reflète le bien-être. La croissance de la valeur de la production non rémunérée a été plus rapide que celle du PIB chaque année au cours de cette période, sauf en 2006, 2010 et 2016. Bien que les taux de croissance du PIB et du PIB électronique se suivent de près, il existe des différences importantes entre ces deux mesures qui reflètent les activités de travail non rémunéré. Par exemple, la croissance plus élevée du PIB électronique entre 2007 et 2009 était principalement due à des croissances supérieures à la moyenne des services de transport non rémunérés (15,8 % en moyenne sur la période) et des soins aux adultes (6,5 % en moyenne sur la période). De plus, la différence de 1,0 point de pourcentage en 2015 d’une croissance plus élevée du PIB électronique était principalement due à une augmentation de 3,8 % des services de transport non rémunérés, qui était due à son tour au fait que les individus en provenance d’Angleterre (hors Londres) effectuaient davantage de trajets plus longs (définis comme supérieurs à 2 miles) en 2015 par rapport à 2014.

Taux de croissance de la VAB de la production non rémunérée, du PIB et du PIB électronique par personne

Source: UK Household Satellite Account

 

 

 

 

b)  Les États-Unis

La valeur de la production des ménages suscite un intérêt de longue date. Le Bureau of Economic Analysis (BEA) publie un compte satellite qui estime la valeur de la production des ménages jusqu’en 2020. Le graphique suivant commence en 1946 !

Valeur de la production des ménages aux États-Unis en milliards de dollars

 

 

La  méthode de calcul de la production des ménages utilise l’approche par le revenu pour mesurer la valeur ajoutée, qui impute la valeur des paiements aux facteurs de production. Le  BEA calcule le volume des facteurs de production utilisés dans la production des ménages. Il s’agit des stocks de biens de consommation durables (investissement) et des heures de production des ménages (travail). Il impute ensuite une valeur à ces facteurs en utilisant des équivalents marchands. Par exemple, la valeur ajoutée d’un repas fait maison est égale à la valeur du temps de cuisson plus le coût en capital des appareils électroménagers. Le  BEA utilise les salaires des travailleurs domestiques rémunérés, pour valoriser les heures et les rendements des actifs financiers des ménages pour valoriser les services de biens de consommation durables. Ces prix sont corrects sous l’hypothèse que le ménage égalise le rendement marginal des activités marchandes et non marchandes. Cette méthode est conforme aux normes internationales (Commission économique des Nations Unies pour l’Europe, 2017) et peut être mise en œuvre avec les données disponibles. Il existe sept catégories de production domestique : la cuisine, les tâches ménagères, les petits boulots, le jardinage, les courses, la garde des enfants et les déplacements intérieurs. La catégorie des déplacements intérieurs correspond au temps consacré aux déplacements pour les autres activités domestiques, et non au temps consacré aux vacances ou aux trajets domicile-travail. Par exemple, le temps passé en voiture jusqu’à une crèche (garde d’enfants), le temps passé en bus pour aller faire les courses, etc.

L’une des données sous-jacentes les plus importantes utilisées dans ce compte est le nombre d’heures de production domestique.

La pandémie de CIVID 19 a entraîné des changements sans précédent dans l’activité économique. L’une de ses principales caractéristiques a été que les gens ont passé plus de temps à la maison. Cela soulève la question de savoir si les gens ont augmenté la production des ménages, c’est-à-dire le travail non rémunéré effectué à domicile, comme la cuisine, le ménage et la garde des enfants. On constate que la production des ménages a augmenté de manière significative en 2020. Cette hausse a permis d’atténuer partiellement la récession liée à la COVID-19, réduisant sans toutefois l’éliminer complètement le déclin de l’activité économique. Il s’agit d’un changement majeur, car la production des ménages a perdu de son importance par rapport à la production marchande, mesurée par le produit intérieur brut (PIB).

L’essentiel de cette variation est dû au passage de l’emploi au non-emploi. Les personnes qui ne travaillent pas sur le marché du travail contribuent davantage à la production des ménages, un facteur particulièrement important pour les femmes. La récession liée à la COVID-19 a eu un impact négatif particulièrement marqué sur l’emploi des femmes, contrairement à la récession précédente qui avait eu un impact plus important sur l’emploi des hommes.

Le début de la pandémie a entraîné une forte baisse de l’activité marchande, entraînant une baisse de l’emploi. La production des ménages pourrait amortir la baisse du travail marchand, car une partie des heures consacrées à la production marchande a pu être transférée à la production domestique. Dans cette section, nous examinons l’ampleur de la protection offerte par la production domestique pendant la récession liée à la COVID-19.

Le graphique suivant présente le taux de croissance du PIB nominal et du PIB ajusté (PIB plus production des ménages) de 2004 à 2020. Cette période inclut deux récessions : la Grande Récession de 2008-2009 et la récession liée à la COVID-19 de 2020. Ces deux événements sont importants, avec de fortes baisses du PIB réel et de l’emploi.

Les deux récessions se traduisent par des baisses notables du PIB. Le PIB ajusté affiche généralement le même taux de croissance que le PIB. Cela est vrai pendant la Grande Récession, mais pas pendant la récession liée à la COVID-19. Si la croissance du PIB ajusté ralentit, elle ne présente pas de baisse importante comme celle du PIB.

Taux de croissance du PIB et du PIB ajusté en valeur aux États-Unis en %

 

Le graphique suivant  montre que la déflation atténue, sans toutefois l’éliminer, l’effet tampon. L’inflation des services a été légèrement supérieure à celle du PIB total. Le PIB réel ajusté affiche une légère baisse en 2020, mais bien inférieure au PIB réel. Le contraste avec la Grande Récession persiste, car il n’y a pas d’effet tampon dans la série déflatée.

Le secteur des ménages a amorti la récession, mais ne l’a pas éliminée. Le PIB ajusté reste inférieur au taux de croissance des années précédentes en 2020.

La récession liée à la COVID-19 a été différente, car le nombre total d’heures de travail des ménages et leur valorisation ont fortement augmenté. Le nombre total d’heures est passé de 300 milliards à 308 milliards entre 2019 et 2020. En revanche, le nombre total d’heures est resté stable pendant la Grande Récession. La valeur de ces heures a augmenté pendant la récession liée à la COVID-19, le salaire horaire des employés de maison passant de 10,93 $ à 12,71 $. En revanche, les salaires des employés de maison ont légèrement baissé pendant la Grande Récession.

Taux de croissance du PIB et du PIB ajusté en volume aux États-Unis en %

 

Le graphique suivant présente le nombre total d’heures de production hebdomadaires des ménages par groupe démographique (statut d’emploi et sexe). Ces données révèlent plusieurs faits.

D’abord, les heures au sein des groupes démographiques ne varient pas considérablement. Les hommes affichent une légère augmentation du temps de travail, mais celle-ci se situe dans la fourchette historique. Ces heures sont restées relativement stables au cours de la dernière décennie. Avant 2010, on observait une baisse du nombre d’heures des femmes.

Le nombre total d’heures de production des ménages a augmenté, même si les heures au sein des groupes démographiques sont restées stables. Cette augmentation résulte des différences de temps entre les groupes et d’un glissement significatif vers le chômage pendant la récession liée à la COVID-19.

Ce graphique montre des différences significatives entre les groupes. Les femmes, et particulièrement celles qui ne travaillent pas, consacrent plus de temps aux tâches ménagères que les hommes. Au sein de chaque sexe, les personnes sans emploi effectuent davantage de tâches ménagères que les personnes employées. Cet écart est plus important pour les femmes que pour les hommes. L’écart entre les femmes sans emploi et les femmes employées est d’environ 9 heures par semaine, bien plus important que les 5 heures pour les hommes.

L’augmentation du chômage est fréquente en période de récession, et nous n’avons pas constaté d’augmentation des heures de travail par le passé. La Grande Récession a connu une baisse de l’emploi similaire à celle de la crise liée à la COVID-19, mais les heures de travail au foyer n’ont pas augmenté. La principale différence réside dans les personnes qui ont quitté leur emploi. Le taux d’emploi des femmes a diminué de 3 points de pourcentage en 2020, contre seulement 1 point de pourcentage pendant la Grande Récession. En revanche, le taux de départ des hommes a été plus élevé pendant la Grande Récession

Total des heures hebdomadaires travaillées par groupe démographique entre 2003 et 2020

 

 

 

 

c) Le Maroc

Le Maroc semble pionnier en Afrique en comptes satellites (emploi, prouction des ménages,…). Dans un document,  le Haut Commissariat au Plan  présente toute la méthode compléte qu’on ne retrouve pas dans les autres pays (https://www.hcp.ma/Compte-satellite-des-menages-au-Maroc-rapport-de-synthese_a3857.html). Toutefois le compte date de 2014.

Le compte satellite des ménages évalue la dimension des activités productives exercées dans les ménages, et vise à attribuer une valeur monétaire au travail non rémunéré et à rendre visible la production des services domestiques non marchands tout en l’intégrant dans un système cohérent avec le cadre central des comptes nationaux. Au Maroc, malgré une première expérience de valorisation du travail domestique non rémunéré des ménages réalisés par le Haut- Commissariat au Plan (HCP) suite à la réalisation de l’enquête nationale sur l’emploi du temps de 2012, c’est pour la première fois que l’institution entreprend un travail de production d’un compte satellite des ménages au Maroc qui se propose de présenter un ensemble de comptes élargis qui intègre, à la fois, la composante SCN et non SCN de la production économique des ménages dans un cadre cohérent avec la comptabilité nationale.

L’accent est mis ici sur la production qui profite aux ménages eux-mêmes, ce qui, dans les termes du SCN 2008, est appelé production pour compte propre. Les ménages peuvent être considérés comme des entreprises dans lesquelles les biens et services sont produits par les membres du ménage, qui consomment également la majeure partie des biens et services produits.

Dans le compte satellite des ménages, les principales fonctions du ménage sont définies comme suit :

  • Travail domestique et familial : comprend les Activités ménagères connexes, Transport, Faire les courses : shopping, Préparation de repas, Services de blanchisserie et entretien de vêtements, Services d’entretien de logement et démarches administratives.
  • Prise en charge et Soins : comprend les Soins et assistance aux adultes et les Soins et assistance aux enfants
  • Travail bénévole : comprend le Bénévolat formel et Bénévolat informel

Les domaines d’activité du travail domestique et familial

 

Lorsque les ménages produisent ou achètent ces services, ils peuvent appliquer des normes différentes. Lorsqu’on commande un repas de l’extérieur les normes peuvent varier en quantité et en qualité par rapport à ce qu’on produit chez soi. Il va de même pour l’entretien de vêtements ou les soins : Aucune norme ne peut être fixée quant à la norme qui est suffisamment élevée, insuffisante ou excessive par rapport aux besoins de chaque ménage. Sur le marché également, la qualité et la quantité des services varient considérablement.

Contenu du compte satellite des ménages au Maroc

 

Le travail non rémunéré, couvert par le compte satellite des ménages (CSM), comprend deux grands domaines. Le premier est le travail domestique et familial qui représente la plus grande composante. Cette composante comprend l’ensemble des travaux domestiques tels que le nettoyage, la préparation de repas, les achats, la garde des enfants et les soins et l’assistance aux adultes. Le second domaine est relatif au travail bénévole formel et informel qui regroupe les travaux non rémunérés effectués en dehors du ménage et tels que l’aide entre voisins, la garde d’enfants de tiers, les services rendus à des connaissances ou à des membres de la famille (travaux ménagers, services de transports, etc.) (schéma suivant), ainsi que le travail bénévole qui débouche sur la production de services

Les différentes dimensions du travail non rémunéré du CSM

 

Les deux graphiques suivants présentent la répartition du temps des activités relatives au travail non rémunéré des ménages selon trois principales composantes : le travail domestique et familial, la prise en charge et soins et le travail bénévole. Le travail domestique et familial représente 89% du temps non rémunéré des ménages suivi des activités de prise en charge et soins avec 9%. Il est à constater que les activités liées au travail bénévole ne représentent que 2% dans le travail non rémunéré des ménages

Les deux graphiques ci-après se basent sur les indications fournies par les personnes interrogées sur le temps consacré, lors d’un jour de référence, à des activités telles que préparer des repas, nettoyer, faire la lessive, faire des achats, etc. Le premier graphique montre comment les composantes du travail domestique et familial sont réparties en pourcentage. Il en ressort que la préparation des repas s’accapare plus de 50% du temps consacré au travail domestique, suivi des services d’entretien de logement et démarches administratives avec 18% et les services de blanchisserie et entretien de vêtements avec 11%. Au total, il faut déduire que les différents groupes de tâches n’impliquent pas les mêmes charges temporelles.

Le deuxième graphique montre comment les composantes du travail domestique et familial sont réparties en moyenne d’heures. Il est intéressant de constater que le temps moyen annuel consacré à la préparation des repas est de 515 heures. Le temps moyen annuel relatif aux autres tâches domestiques se présente comme suit : les services d’entretien de logement et démarches administratives avec 165 heures, les services de blanchisserie et entretien de vêtement avec 99 heures, faire les courses avec 48 heures, le transport 48 et les activités ménagères connexes avec 4 heures

Structure du travail domestique des adultes par activité

 

Durée annuelle moyenne consacrée par les adultes au travail domestique et familial(Par activité et en heures)

Avant la valorisation du travail non rémunéré des ménages marocains, deux étapes primordiales ont été réalisées à savoir le choix du substitut et la détermination de la rémunération horaire du travail du substitut. Ainsi un travail de rapprochement entre les activités réalisées au sein du ménages et la nomenclature marocaine des professions a permis de déterminer le substitut spécialisé à prendre en considération pour chaque travail domestique. D’autre part le salaire horaire utilisé pour chaque substitut est calculé sur la base des données portant sur la rémunération horaire moyenne par profession issues de l’enquête nationale sur le secteur informel (et l’enquête nationale sur l’emploi pour les femmes de ménages et le personnel du nettoyage). Par ailleurs, le salaire horaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est utilisé pour valoriser le travail formel.

Les estimations sont établies pour l’année 2014. Selon la méthode utilisée ici, la valeur monétaire de l’ensemble du travail non rémunéré accompli en 2014 est estimée à près de 171 milliards de dirham. Le travail domestique et familial atteint à lui seul environ 153 milliards de dirhams. Les activités de prise en charge et de soins ont été estimées à 14 milliards de dirhams, tandis que le travail bénévole organisé et informel à 3 milliards de dirham. Selon le milieu de résidence, la valeur monétaire de l’ensemble du travail non rémunéré représente 57% en milieu urbain, soit une valeur de 98 milliards de DH, contre 73 milliards de DH en milieu rural.

Évaluation monétaire du travail non rémunéré des adultes en 2014

 

La production domestique des ménages est estimée en se référent à la méthode des inputs, ceci dit que celle- ci est valorisée par la somme des coûts supportés lors du processus de production. L’analyse de la structure la production hors SCN des ménages montre que 56% de sa valeur (252 milliards de dirhams) est attribuable aux biens et services transformés ou détruits pour la création des différents services domestiques non rémunérés produits par les ménages. D’autre part, le facteur du travail non rémunéré des ménages crée 40% de la valeur leur production domestique (180,1 milliards de dirhams) alors que l’usure des biens durables et les autres impôts sur la production ne représentent que 3% et 1% (13,9 milliards et 2,6 milliards de dirhams) respectivement de la production des ménages non comprise dans les comptes nationaux. L’estimation de la production des ménages non considérée par les comptes nationaux (valeur de la production domestique) et la répartition de celle-ci entre les activités retenues dans le compte satellite forment l’amorce du compte de production élargi.

L’essentiel de la production domestique des ménages est réalisé au niveau du travail domestique et familial avec une part de 94% ; portée essentiellement par la préparation des repas avec 69% (avec une valeur de 289,9 milliards de dirhams) et le transport 12% (avec une valeur de 50 milliards de dirhams). Les soins aux enfants et aux adultes semblent représenter une part relativement modeste de la production totale des ménages ainsi que le travail bénévole. La prise en charge et soins et le travail bénévole ne représentent qu’une faible proportion dans la production hors SCN avec respectivement 5% et 1%.

Production domestique des ménages par activité

 

La production élargie des ménages correspond à la valeur de la production générée par toutes les activités productrices des ménages. À savoir la valeur de celle déjà incluse dans les comptes nationaux et la production domestique des ménages estimée dans le cadre de ce travail de confection du compte satellite des ménages.

En 2014, la production élargie des ménages a atteint 945,7 milliards de dirhams dont 47% est formée par la production domestique alors que 53% de cette production est rapportée dans le cadre central des comptes nationaux marocains. Cette dernière est constituée à hauteur de 29% de la production du secteur informel 16 (y compris les services de loyer réel produits par le secteur institutionnel des ménages) et 17% de la production agricole alors que les loyers imputés des ménages (Services de logement produits par les propriétaires occupants leur propres logements) et les services domestiques produits par un personnel rémunéré ne représente que 7% de la production SCN des ménages.

Production élargie des ménages en millions de dirhams

Structure de la production élargie des ménages en %

 

Dans le cadre d’un périmètre élargi de l’activité économique, qui prend en compte la production domestique des ménages dans l’estimation de la production totale «nationale», la production élargie au niveau nationale serait de 2222,4 milliards de dirhams. Dans ce contexte la production élargie des ménages représenterait 43% de la production nationale, alors que dans le cadre central des comptes nationaux, le secteur des ménages ne créait que 28% de la production réalisée en 2014.

Production des ménages et production nationale selon deux périmètres de l’activité économique en millions de dirham

 

 

 

d) La Suisse

Le compte satellite de la production des ménages (CSPM) élargit le cadre central de la comptabilité nationale, dans laquelle seule une part marginale des prestations productives non rémunérées des ménages privés est considérée. Il permet ainsi de mesurer l’importance économique du travail non rémunéré et d’évaluer sa part dans l’économie totale étendue. En 2020, 41,4% de la valeur ajoutée brute de l’économie élargie est imputable aux ménages privés.

 

La base du CSPM est formée par les prestations productives des ménages privés qui ne sont pas commercialisées, autrement dit les travaux non rémunérés accomplis par des particuliers. Ces prestations sont tout d’abord mesurées à l’aide du temps investi pour ces dernières. Puis, elles sont converties sous une forme monétaire selon la méthode des coûts du marché. Cette méthode se base sur le prix qu’il faudrait payer si les tâches non rémunérées étaient exécutées par des personnes recrutées sur le marché ; les coûts moyens de la main-d’œuvre par groupe de professions servant de valeurs de référence.

Évaluation monétaire du travail non rémunéré, en 2020 Méthode des coûts du marché sur la base des coûts de la main-d’œuvre

 

En 2020, la population résidante permanente de 15 ans et plus de la Suisse a travaillé pendant 9,8 milliards d’heures sans être rémunérée. En comparaison, cette même population a travaillé pour un total de 7,6 milliards d’heures contre rémunération.

La valeur monétaire du total du travail non rémunéré est estimée à 434,2 milliards de francs. Le travail domestique en constitue la majeure partie, soit 318,9 milliards de francs (73,4% environ de la valeur totale). Les tâches de prise en charge d’enfants et/ou d’adultes nécessitant des soins sont estimées à 82,1 milliards de francs (18,9% de la valeur totale) et le travail bénévole à 33,2 milliards de francs (7,7% de la valeur totale). Dans l’ensemble, la contribution des femmes s’élève à 59,6% de la valeur totale.

Evaluation monétaire du travail non rémunéré, en 2020 en milliards de francs Suisse

1 Méthode des coûts du marché sur la base des coûts moyens de la main-d’œuvre par heure effectivement travaillée, selon des groupes de professions CH-ISCO-19 comparables

Sources: OFS – Enquête suisse sur la population active (ESPA), module Travail non rémunéré, Enquête suisse sur la structure des salaires (ESS), Statistique structurelle des coûts de la main-d’œuvre (ECM)

 

Le Compte satellite de la production des ménages (CSPM) met la valeur monétaire du travail non rémunéré en relation avec la valeur ajoutée brute totale de la Suisse. La base du CSPM est constituée par les prestations productives des ménages privés qui ne sont pas commercialisées, autrement dit le temps consacré aux travaux non rémunérés des particuliers (par exemple le travail domestique, les tâches de garde et de soins, le travail bénévole). Une évaluation monétaire de ce temps par la méthode des coûts du marché (à l’aide des coûts moyens de la main-d’œuvre) permet de comparer la production des ménages comme flux monétaire «fictif» avec les Comptes nationaux (CN).

Volume de travail non rémunéré en 2016

 

 

 

 

 

 

2/ Les comptes satellites des États-Unis

Le BEA (INS des États-Unis) accordent une grande importance aux comptes satellites. Les statistiques des comptes satellites du BEA examinent de près un secteur de l’économie, comme les loisirs de plein air, les soins de santé ou les activités maritimes. Comme les satellites en orbite autour de la Terre, les comptes satellites gravitent autour des statistiques principales du BEA (telles que le produit intérieur brut et les données sectorielles), mais sont distincts des comptes principaux.

Ces statistiques supplémentaires permettent une analyse approfondie de sujets spécifiques qui ne sont pas facilement abordés dans les statistiques de base du BEA. Elles éclairent les décisions des décideurs politiques, des chefs d’entreprise et du public et offrent une meilleure compréhension de l’économie américaine. Certains comptes satellites du BEA incluent des données par État.

La recherche sur les comptes satellites peut également conduire à de nouvelles méthodologies qui améliorent les statistiques de base du BEA. Le traitement des dépenses de recherche et développement dans les comptes nationaux du cadre central a débuté sous la forme d’un compte satellite, qui a finalement été intégré aux statistiques officielles.

L’élaboration d’un compte satellite nécessite des recherches approfondies sur les mesures et les données appropriées, mais le BEA met à disposition des estimations préliminaires au fur et à mesure de ses recherches sur de nouveaux comptes potentiels. Par exemple, le BEA a publié des estimations expérimentales  de l’économie spatiale.

De nombreux comptes satellites s’appuient sur les tableaux des ressources et des emplois du BEA, qui montrent comment les biens et services circulent dans l’économie, d’un secteur à l’autre et jusqu’aux consommateurs. Une question clé est de définir les paramètres d’un nouveau compte. (Qu’entend-on par loisirs de plein air ?) Ensuite, il faut identifier et quantifier les biens et services concernés. (Combien de vélos sont achetés pour les loisirs ou pour les déplacements domicile-travail ?)

D’autres comptes satellites nécessitent des approches différentes. Pour mesurer les petites entreprises, il faut trouver et accéder à des sources de données par taille d’entreprise.

Pour le compte satellite des soins de santé, la BEA mesure les dépenses par type de maladie afin de mieux comprendre la croissance des prix et la productivité des soins de santé. Cela complète la façon dont le BEA mesure les dépenses de santé dans ses statistiques de base : par produits et services fournis, tels que les médicaments et les soins médicaux.

On a vu que le compte de production des ménages élargit les limites des statistiques de base du BEA. Il estime la taille du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis si l’on incluait la valeur de la cuisine, du ménage, des soins aux enfants et des autres tâches ménagères non rémunérées.

On présente trois comptes : R&D, espace, arts et cultures. On traite à part les transports. Mais voici tous les comptes sateliites du BEA. Bref il y en a autant  qu’en France sans compter les transports (voir ci-dessous).

Liste des comptes satelittes américains en 2024

 

 

 

 

a) La R&D

Le nouveau compte satellite de la R&D s’appuie sur des décennies de recherche collaborative entre le BEA et la NSF sur un précédent compte satellite de la R&D axé sur la mesure des investissements en R&D. Cela a jeté les bases pour que le BEA élargisse son périmètre d’actifs au sein de ses comptes principaux en modifiant le traitement de la R&D d’un coût intermédiaire de production à un investissement, conformément aux directives internationales et aux changements similaires dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques. 2 Ce changement a reconnu la contribution durable de la R&D à l’économie américaine et a été mis en œuvre lors de la mise à jour complète des Comptes nationaux des revenus et des produits (NIPA) de 2013.

Le nouveau Compte satellite de la R&D se concentre sur la mesure de la production de R&D, indépendamment des mesures déjà publiées par le BEA sur les investissements en R&D. Plus précisément, les statistiques expérimentales combinent les données de performance de la R&D issues des enquêtes de la NSF sur la R&D avec le cadre utilisé par le BEA pour estimer la valeura ajoutée en R&D.

Les nouvelles statistiques montrent que les activités de R&D ont généré 542,7 milliards de dollars de valeur ajoutée et représenté 2,3 %du PIB américain en 2021.. Mais on va voir que la FBCF en R&D, notion très proche de la Dépense nationale de R&D (DIRD) est de 3,5% (voir page Comptes de recherche développement).

C’est la force de ce compte satelitte de publier ces deux agrégats outre les ratios par États. Selon les États, la part de la valeur ajoutée de la R&D dans le PIB de chaque État variait de 0,3 % en Louisiane et dans le Wyoming à 6,3 % au Nouveau-Mexique, où se trouvent le Laboratoire national de Los Alamos et les Laboratoires nationaux de Sandia, financés par le gouvernement fédéral. Parmi les autres faits marquants de 2021, on peut citer :

  • À l’échelle nationale, l’emploi en R&D représentait 2,2 % du total des salaires et traitements aux États-Unis, tandis que la rémunération en R&D représentait 3,9 % de la rémunération totale aux États-Unis. La part correspondante de l’emploi en R&D par État variait de 0,4 % en Louisiane à 9,8 % dans le District de Columbia, tandis que la part de la rémunération en R&D variait de 0,6 % en Louisiane à 10,8 % au Nouveau-Mexique.
  • Le Massachusetts, Washington et la Californie, ainsi que le Nouveau-Mexique, figuraient parmi les États où la part de la R&D dans le PIB, l’emploi et la rémunération étaient les plus importantes.
  • La répartition de la production de R&D est très concentrée géographiquement. La Californie représente à elle seule près d’un tiers de la valeur ajoutée de la R&D du pays.
  • La production de R&D est fortement concentrée dans le secteur des entreprises. Ce secteur génère 85 % de la valeur ajoutée de la R&D du pays.

Comme le montrent ces faits marquants, les nouvelles statistiques de R&D peuvent être utilisées avec d’autres statistiques du BEA pour mieux comprendre le rôle et la contribution des activités de R&D aux économies nationales et régionales. Des statistiques de R&D élargies et cohérentes avec le PIB profitent au développement économique, à la planification gouvernementale à tous les niveaux, à l’investissement des entreprises et à d’autres processus décisionnels.

 

 

1 – Statistiques nationales

Les activités de R&D ont généré 542,7 milliards de dollars de valeur ajoutée, soit 2,3 % du PIB américain en 2021 (graphique suivant et tableau suivant). Cela représente une augmentation de plus de 40 % par rapport aux 378,2 milliards de dollars de valeur ajoutée de R&D en 2017. La valeur ajoutée de R&D a augmenté plus rapidement que celle des autres secteurs de l’économie au cours de cette période, en grande partie grâce à l’intensification des efforts de R&D en réponse à la pandémie de COVID-19.

La rémunération de la R&D s’élevait à 487,8 milliards de dollars, avec un emploi correspondant en R&D de 3,3 millions d’emplois en 2021 (tableau suivant). La rémunération de la R&D représentait 3,9 % de la rémunération totale, tandis que l’emploi en R&D représentait 2,2 % du total des emplois salariés aux États-Unis en 2021. La part plus élevée de la rémunération de la R&D dans l’économie par rapport à l’emploi en R&D et à la part de la valeur ajoutée indique que les employés de la R&D sont hautement rémunérés.

Valeur ajoutée en milliards de dollars et en % du PIB aux États-Unis

Valeur ajoutée, rémunération et emploi en R&D, États-Unis : 2017-2021

Un avantage majeur de la mesure de la production de R&D dans le cadre du PIB est que la valeur ajoutée de la R&D peut être comparée non seulement au PIB global, mais aussi à la valeur ajoutée d’autres secteurs et industries dans les statistiques industrielles du BEA. Il est important de noter, cependant, qu’il peut y avoir un chevauchement entre la valeur ajoutée mesurée dans le compte satellite de la R&D et la valeur ajoutée d’autres industries, car le compte satellite de la R&D agrège essentiellement l’activité de R&D dans toutes les industries du SCIAN. 12 Le graphique suivant montre cette comparaison avec deux industries du SCIAN : la restauration et les débits de boissons et les hôpitaux. Avant la pandémie, la part de la R&D dans le PIB était plus faible que dans les deux industries. En 2020, cependant, la valeur ajoutée de la R&D a dépassé celle des services de restauration et des débits de boissons et s’est rapprochée de celle des hôpitaux en 2021.

Part de la valeur ajoutée dans le PIB américain de quelques grandes branches (« industries ») en %

 

 

 

2 – Valeur ajoutée par secteurs institutionnels

Les deux graphiques suivants ventilent la valeur ajoutée de la R&D par secteur producteur de R&D et par industrie. Le secteur des entreprises est de loin le plus grand producteur de R&D. En 2021, 85 % de la valeur ajoutée de la R&D a été générée par ce secteur. Le secteur des entreprises a également connu la croissance la plus rapide au cours de la période 2017-2021, comme en témoigne sa part croissante dans la valeur ajoutée de la R&D des entreprises, qui est passée de 82 % en 2017. Les secteurs public et associatif ont généré respectivement 8 % et 7 % de la valeur ajoutée de la R&D en 2021.

Valeur ajoutée de la R&D par secteurs institutionnels en %

 

 

 

3 – Valeur ajoutée et FBCF en R&D

Enfin, des informations intéressantes peuvent également être tirées de la comparaison des nouvelles statistiques de R&D à valeur ajoutée avec les données existantes du BEA sur les investissements en R&D (graphique suivant et tableau suivant). Cette comparaison met en évidence les différences conceptuelles et sectorielles entre les deux mesures. Les investissements en R&D se sont élevés à 837,1 milliards de dollars en 2021 (3,5% du PIB, voir page Comptes de recherche développement), soit environ 300 milliards de dollars de plus que la valeur ajoutée de la R&D. Cet écart est principalement dû aux intrants intermédiaires utilisés dans la production de R&D. Une part plus faible de cet écart est due aux exportations nettes de R&D.

Le secteur des entreprises est le secteur prédominant tant dans la production de R&D (463,5 milliards de dollars de valeur ajoutée en R&D en 2021) que dans les investissements en R&D (608,7 milliards de dollars). Le gouvernement fédéral joue un rôle bien plus important dans le financement de la R&D (172,4 milliards de dollars d’investissement en R&D) que dans la production de R&D (12,1 milliards de dollars de valeur ajoutée en R&D). La valeur ajoutée en R&D des ISBLSM et des administrations des États et locales est supérieure à leurs investissements en R&D, ce qui reflète l’importance des financements externes qu’ils reçoivent en R&D, notamment de la part du gouvernement fédéral.

Valeur ajoutée et FBCF en R&D aux États-Unis en milliards de dollars

 

Valeur ajoutée et FBCF en R&D, États-Unis : 2021 [milliards de dollars]

 

 

4 – Statistiques par État

La plupart des analyses réalisées au niveau national peuvent également être réalisées au niveau des États. La comparaison avec les investissements en R&D constitue une exception, car le BEA ne publie pas actuellement de statistiques sur les investissements en R&D par État. À l’instar des statistiques nationales présentées précédemment, les statistiques de R&D des États sont préparées pour être comparables aux autres statistiques produites par le BEA au niveau des États.

La contribution de la valeur ajoutée de la R&D à l’économie des États varie considérablement d’un État à l’autre (graphique suivan). En 2021, la part de la valeur ajoutée de la R&D dans le PIB des États variait de 0,3 % en Louisiane et dans le Wyoming à 6,3 % au Nouveau-Mexique. L’État de Washington, le Massachusetts et la Californie, ainsi que le Nouveau-Mexique, figuraient parmi les États où la part de la R&D dans le PIB était la plus élevée.

Valeur ajoutée en R&D par  États en % du PIB de chaque État

La répartition de la production de R&D est très concentrée géographiquement (graphique suivant). La Californie à elle seule représentait 30 % de la valeur ajoutée de R&D du pays en 2021. Les 5 premiers États (Californie, Washington, Massachusetts, Texas et New York) en représentaient plus de la moitié, et les 10 premiers États plus des deux tiers de la valeur ajoutée totale de R&D en 2021. Les États les plus peuplés et dotés de grandes économies ont des taux plus élevés car cette mesure n’est pas normalisée par la taille de l’État. La répartition de la production de R&D est cependant plus concentrée que l’activité économique globale de ces États. En 2021, le PIB de la Californie représentait 14 % du PIB américain, les 5 premiers États représentaient 41 % et les 10 premiers États représentaient 57 % du PIB américain.

Part de chaque État dans la valeur ajoutée en R&D en % du total de la R&D aux États-Unis

 

 

 

 

b) production artistique et culturelle

Le Compte satellite de la production artistique et culturellemontre que l’activité économique artistique et culturelle, corrigée de l’inflation, a augmenté de 4,8 % en 2022, après une hausse de 10,8 % en 2021 . À titre de comparaison, l’économie dans son ensemble, mesurée par le produit intérieur brut (PIB) réel, a augmenté de 1,9 % en 2022, après une hausse de 5,8 % en 2021. L’activité économique artistique et culturelle a représenté 4,3 % du PIB, soit 1 100 milliards de dollars, en 2022.

Pour tous les États et le District de Columbia, la part des arts et de la culture dans le PIB total variait de 9,5 % dans l’État de Washington à 1,3 % dans le Delaware. Pour la plupart des États, cette part se situait entre 2 et 5 %. Washington, le District de Columbia, la Californie et New York étaient les seules régions où la part des arts et de la culture dans le PIB total dépassait 5 % (tableau suivant limité à quelques États).

Les principales industries artistiques et culturelles variaient selon les États. À Washington, l’édition et le commerce de détail étaient les principaux contributeurs au PIB total de l’État. Dans le District de Columbia, le secteur public et la radiodiffusion étaient les principaux contributeurs. En Californie, les autres services d’information et le cinéma étaient les principaux contributeurs. À New York, la radiodiffusion et les autres services d’information étaient les principaux contributeurs

Contributions de l’industrie aux arts et à la production culturelle : part du PIB par État, 2022 en %

Contributions de l’industrie aux arts et à la production culturelle : part du PIB par État, 2022 en %

 

 

 

c) L’espace

1 – Le domaine

Dans les statistiques du BEA, l’économie spatiale comprend les biens et services liés à l’espace qui sont utilisés dans l’espace ou qui soutiennent directement ceux qui y sont utilisés ; qui nécessitent un apport direct de l’espace pour fonctionner ou qui soutiennent directement ceux qui y sont utilisés ; et qui sont associés à l’étude de l’espace.

Les statistiques de l’économie spatiale sont établies à partir des tableaux complets des ressources et des emplois (TRE) et des Comptes nationaux des revenus et des produits (CNRP) du BEA, qui fournissent un aperçu du fonctionnement interne de l’économie américaine et détaillent la contribution de secteurs et de produits spécifiques au PIB. Les TRE mesurent les flux de biens et de services achetés par chaque secteur, les revenus tirés de la production dans chaque secteur et la répartition des ventes pour chaque produit. Les données des CNRP présentent la valeur et la composition du PIB américain, les types de revenus générés par sa production et l’emploi associé. Le recensement économique est la principale source de données pour les TRE.

Les biens et services inclus dans les statistiques de l’économie spatiale sont choisis parmi la liste exhaustive du BEA, qui compte près de 5 000 catégories de biens et services constituant les TRE. En pratique, les statistiques de l’économie spatiale représentent un réagencement des données existantes afin d’isoler les dépenses et la production directement attribuables à l’économie spatiale. Par exemple, les statistiques de l’économie spatiale montrent la production de services éducatifs liés à l’espace, tels que l’astrophysique et l’ingénierie astronautique, tandis que les TRE montrent la production de tous les services éducatifs, quelle que soit la discipline. De même, les dépenses de construction liées aux activités spatiales, telles que la construction de bases spatiales et d’observatoires, sont déjà intégrées dans les TRE, et les statistiques de l’économie spatiale isolent simplement cette production.

De nombreuses catégories de produits au sein des TRE regroupent des produits qui constituent à la fois une activité économique spatiale et non spatiale. Par exemple, les TRE ne contiennent qu’une seule catégorie pour les services internet ; la part des services internet fournis par satellite doit donc être estimée. Dans ce cas, nous utilisons des sources de données externes pour isoler uniquement l’activité spatiale. Le tableau 3 présente la liste des principales sources de données utilisées pour estimer l’activité spatiale au sein des produits. Dans la plupart des cas, les ensembles de données externes utilisés comme indicateurs de la production spatiale comprenaient des informations sur les revenus ou les dépenses. Lorsque ces données n’étaient pas disponibles, les informations sur l’emploi et les salaires liés au secteur spatial étaient souvent utilisées pour identifier l’activité spatiale au sein des produits.

Il existe ainsi de nombreuses façons d’appréhender et de calculer la taille de « l’économie spatiale américaine ». Le BEA a réalisé deux études récentes afin de mettre en lumière ce secteur de l’économie et d’aider les décideurs politiques, les chercheurs et les entrepreneurs à mieux comprendre l’état actuel du secteur spatial américain. Ces deux analyses économiques, inédites en leur genre, s’appuient sur des modèles d’entrées-sorties (TRE), offrant une compréhension unique et jusqu’alors inédite du secteur spatial américain.

 

Industries, produits et sources de données de l’économie spatiale américaine utilisés pour compléter les tableaux des ressources et des emplois

 

 

2 – La méthode

Le PIB par industrie pour l’économie spatiale est calculé à partir du rapport entre la production industrielle liée aux activités spatiales et la production industrielle totale. Cela signifie que le ratio de la consommation intermédiaire associée à la production industrielle liée aux activités spatiales est supposé identique au ratio de la consommation intermédiaire totale de l’industrie sur la production industrielle totale. Les statistiques sur la rémunération et l’emploi dans le secteur privé sont calculées selon la même procédure que celles sur la valeur ajoutée. Autrement dit, le ratio de la production spatiale d’une industrie sur la production totale est appliqué à l’emploi total et à la rémunération de cette industrie.La transposition des statistiques au niveau des produits aux industries met en évidence la « production secondaire » de biens et services liés à l’espace par de nombreuses industries qui ne sont généralement pas considérées comme des industries spatiales. Par exemple, les tableaux sectoriels détaillés montrent que deux industries minières, l’extraction de pétrole et de gaz et les activités de soutien à l’exploitation minière, ont contribué à hauteur de 2 à 10 millions de dollars au PIB de l’économie spatiale par an entre 2017 et 2022. Dans ce cas, le produit spatial correspond à la R&D réalisée par les entreprises de l’industrie minière avec des applications pour l’économie spatiale (par opposition à l’exploitation minière réalisée dans l’espace). Disposer de données sectorielles complètes pour toutes les statistiques de l’économie spatiale permet d’obtenir une vision plus nuancée et plus complète de la production liée à l’espace dans l’économie.

 

 

 

 

3 – Les résultats

Le BEA a publié de nouvelles statistiques mises à jour et élargies sur l’économie spatiale américaine . Ces statistiques fournissent des estimations de la contribution de l’économie spatiale au produit intérieur brut (PIB) américain en dollars courants et en dollars enchaînés (« réel ») et à la production brute par industrie, ainsi que des estimations de l’emploi et de la rémunération dans le secteur privé. L’économie spatiale a représenté 131,8 milliards de dollars, soit 0,5 %, du PIB total des États-Unis en 2022. Les statistiques montrent également qu’en 2022, l’économie spatiale a représenté 232,1 milliards de dollars de production brute et 54,5 milliards de dollars de rémunération du secteur privé et a soutenu 347 000 emplois du secteur privé.

Le tableau suivant donne un aperçu des valeurs de 2022 et des taux de croissance de 2017 à 2022. La croissance en 2022 a dépassé la croissance annuelle moyenne de la période 2017 à 2022 pour toutes les statistiques disponibles, reflétant un rebond après une croissance lente et des déclins dans de nombreux secteurs clés en 2020 et 2021. La comparaison de la croissance en dollars courants à la croissance réelle montre l’impact de l’inflation (ou de la variation des prix) sur l’économie spatiale. La croissance du PIB en dollars courants était de 6,0 % en 2022, tandis que la croissance réelle était de 2,3 %, ce qui montre que l’inflation était le principal moteur de la croissance dans les estimations en dollars courants.

Aperçu des statistiques de l’économie spatiale américaine

Note : PIB signifie ici valeur ajoutée de l’économie spatiale

En 2022, le PIB réel de l’économie spatiale a progressé de 2,3 %, porté par la croissance de toutes les catégories de gouvernement (+7,2 %), notamment celle de la défense nationale fédérale (+16,2 %). Les services professionnels, scientifiques et techniques ont également connu une croissance à deux chiffres de 11,7 %. L’industrie de la défense nationale fédérale et celle des services professionnels, scientifiques et techniques sont toutes deux fortement impliquées dans les activités de recherche et développement (R&D), qui sont à l’origine de ces résultats. La production brute réelle a progressé de 2,9 % en 2022 et a affiché des tendances sectorielles similaires à celles des statistiques du PIB.

Le graphique suivant présente les taux de croissance annuels du PIB réel de 2018 à 2022, ventilés par secteur public et secteur privé, mettant en évidence la croissance relativement plus forte du secteur public pour toutes les années. Le PIB du secteur public représente les dépenses de rémunération des employés des administrations fédérales, étatiques et locales, plus la consommation de capital fixe. 3 Bien que de nombreuses agences gouvernementales soient impliquées dans les activités spatiales, la majeure partie de la production de l’économie spatiale publique est attribuable au gouvernement fédéral, principalement à la NASA (National Aeronautics and Space Administration) et à l’US Space Force. Le tableau suivant présente les agences gouvernementales fédérales et les centres de R&D financés par le gouvernement fédéral ayant une activité spatiale directe qui constituent les estimations spatiales du gouvernement fédéral.

Bien que de nombreuses agences gouvernementales soient impliquées dans les activités spatiales, la majeure partie de la production de l’économie spatiale publique est attribuable au gouvernement fédéral, principalement à la NASA (National Aeronautics and Space Administration) et à l’US Space Force. Le tableau suivant présente les agences gouvernementales fédérales et les centres de R&D financés par le gouvernement fédéral ayant une activité spatiale directe qui constituent les estimations spatiales du gouvernement fédéral

Taux de croissance en volume de l’économie spatiale américaine en %

Agences du gouvernement fédéral et centres de recherche et développement financés par le gouvernement fédéral ayant une activité spatiale directe

 

 

 

 

 

 

 

3/ Les comptes satellites au Canada

À ce jour, tous les comptes satellites créés au Canada ont été élaborés par Statistique Canada, en partenariat avec d’autres ministères fédéraux, des organismes provinciaux et divers groupes non gouvernementaux. Certains sont purement thématiques et d’autres sont étendus. Les comptes créés au Canada jusqu’à présent sont les suivants :

  • Valeur du compte satellite des travaux ménagers (étendu)
  • Compte satellite du tourisme (thématique)
  • Système canadien de comptabilité économique et environnementale (étendu)
  • Compte satellite des institutions sans but lucratif et du bénévolat (étendu)
  • Compte satellite de la recherche et développement (étendu, à l’époque)
  • Compte satellite de la culture (thématique)
  • Compte satellite des pensions (thématique)
  • Compte satellite des ressources naturelles (thématique)
  • Compte économique canadien des transports (thématique)
  • Compte satellite du cannabis (étendu, à l’époque)
  • Compte satellite de l’économie numérique (thématique)

 

 

 

 

 

a) Le compte satellite de la culture

1 – Méthode

Le compte satellite de la culture (CSC) fournit un instantané (c.-à-d. une mesure de référence) de la structure et de la composition de la culture et du sport, en termes de production, de PIB et d’emplois, pour une année de référence particulière. La mise à jour périodique du CSC est nécessaire pour construire une nouvelle mesure de référence pour la culture et le sport en fonction des données nouvellement disponibles. La compilation d’un nouveau CSC peut également donner l’occasion d’affiner et d’améliorer les méthodologies et les concepts. Tous ces changements peuvent entraîner des fluctuations des estimations de référence du CSC d’une année à l’autre.

Au Canada, la culture est définie comme étant « une activité artistique créatrice et les biens et services produits par cette activité, et la préservation du patrimoine ». Un autre concept utile tiré du CCSC est la notion de « chaîne de création », qui est définie comme étant la « série d’étapes suivant lesquelles un bien ou service de la culture est créé, développé, peut-être fabriqué, et distribué ou mis à la disposition des utilisateurs finaux ».

La figure ci-dessous montre les différentes étapes de la « chaîne de création ». Elle est constituée de deux rangées de cases. La première rangée est constituée de quatre cases liées par trois flèches et illustre la progression des étapes de la création à la production, puis de la production à la diffusion et, enfin, de la diffusion à l’utilisation. La deuxième rangée est constituée de deux cases liées par une flèche et illustre la progression de l’offre à la demande.

 

Les activités culturelles se traduisent par la production de certains produits dans certains secteurs et industries de l’économie. Par exemple, un auteur s’adonne à une activité artistique créative en écrivant le manuscrit d’un roman sous contrat pour un éditeur de livres qui, à son tour, achète des services de conception d’une couverture à une entreprise spécialisée en graphisme. Les autres activités de l’éditeur comprennent la transformation du manuscrit en livre, la gestion des droits d’auteur et des licences, et la production d’exemplaires, y compris le matériel déjà sous droit d’auteur ou sous licence, en vue de leur distribution par l’entremise de grossistes aux détaillants. À leur tour, les détaillants vendent le livre aux consommateurs (demande finale ou utilisation). Cet exemple illustre le fait que, même si les activités incluses dans la chaîne ne sont pas toutes créatives (p. ex. la diffusion), elles ajoutent toutes de la valeur au produit de la culture à mesure qu’il passe par les diverses étapes de production.

La figure suivante montre le lien entre le cadre central, le cadre canadien pour les statistiques de la culture et le Compte satellite de la culture du Canada. Dans le coin supérieur gauche se trouve une case intitulée Système canadien des comptes macroéconomiques et les tableau des ressources et des emplois (TRE). De cette case, une flèche pointant vers le bas mène à une case intitulée Cadre canadien pour les statistiques de la culture. De cette case, une flèche pointant vers le bas mène à une case intitulée Compte satellite de la culture du Canada. De cette case, une flèche pointant vers la droite mène à une case intitulée Perspectives du Compte satellite de la culture. Cette case inclut deux cases intitulées Industrie et Produit, avec une flèche qui mène d’une à l’autre. Une autre case, située au centre-droit de la figure et intitulée Données de base du Compte satellite de la culture : enquête sur l’offre, données fiscales et autres informations liées à la case Compte satellite de la culture à l’aide d’une flèche diagonale pointillée qui représente les facteurs de décomposition.

 

 

2 – Domaine des activités culturelles

Le concept canadien de la culture se base sur le Guide de classification pour le Cadre canadien des statistiques culturelles 2011 (Statistiques Canada, 2011), qui est harmonisé avec le CSC 2009 de l’UNESCO. Le CSC canadien classe les activités culturelles en fonction des étapes du modèle de la chaîne créative (création, production, fabrication et activités de distribution et de soutien). La chaîne créative consiste en une idée créative de départ, généralement combinée avec d’autres ressources pour produire un bien ou un service culturel, qui passe ensuite par une série d’étapes interconnectées avant d’atteindre l’utilisateur. Les biens et services culturels de la chaîne créative sont classés selon un modèle hiérarchique qui distingue les biens et services primaires et connexes selon l’objectif principal du produit final. Les biens et produits culturels primaires sont ceux dont la portée de la chaîne créative est entièrement culturelle (dont l’objectif premier est de transmettre un concept esthétique ou intellectuel), alors que le but des produits et services connexes est d’apporter un service artistique créatif ou une ressource intermédiaire pour un produit final non culturel. Les domaines transversaux comme l’éducation et la formation ainsi que la gouvernance, le financement et le soutien professionnel (service public en matière de culture) sont aussi inclus dans le secteur culturel.

Les études canadiennes qui mesurent la contribution économique des industries culturelles se basent sur le Cadre canadien pour les statistiques culturelles 2004 (Statistiques Canada, 2004b) qui identifie les activités culturelles selon le niveau de « culturalité » des biens et services. Les biens et services culturels fondamentaux sont ceux dont l’ensemble de la chaîne créative se situe dans la culture (dont l’objectif premier est de transmettre un concept esthétique ou intellectuel), alors que le but premier des produits et services non fondamentaux n’est pas la transmission d’un concept esthétique ou intellectuel

Cadre de classification des industries culturelles au Canada

 

 

 

3 – Résultats

Voici quelques ndicateurs nationaux de la culture – Produit intérieur brut et emplois – Chiffres détaillés pour le troisième trimestre de 2024 sur le site de Statistics Canada (https://www.canada.ca/fr/patrimoine-canadien/organisation/publications/publications-generales/compte-satellite-culture.html).  Sans compter les données par province et autres chiffres.

Indicateurs nationaux de la culture – Produit intérieur brut et emplois

 

 

 

 

 

 

 

 

b) Le compte satellite du tourisme

Le Compte satellite du tourisme (CST) est devenu le cadre de référence à l’échelle internationale pour mesurer l’activité touristique dans l’économie. Le Compte satellite du tourisme du Canada (CSTC) suit les lignes directrices internationales adoptées par la Commission statistique des Nations Unies et est basé sur le Système canadien des comptes macroéconomiques (SCCM).

À cet égard, le CSTC fournit des mesures de l’importance économique du tourisme, du point de vue des dépenses, du produit intérieur brut et de l’emploi, qui sont comparables aux mesures similaires du SCCM pour l’ensemble de l’économie canadienne. Il offre également une comparaison avec d’autres industries en ce qui a trait à la production, à l’emploi et à d’autres paramètres économiques.

Le CSTC fournit un cadre cohérent permettant l’intégration et l’analyse des statistiques économiques pertinentes au tourisme, tant du point de vue de l’offre (industrie) que de la demande (touriste). Il définit en outre les biens et services touristiques, ainsi que les industries touristiques, et a contribué, par conséquent, à l’élaboration de statistiques sur le tourisme au Canada.

Le produit intérieur brut (PIB) généré par le tourisme représentait 33,6 milliards de dollars en 2012, ou 2,0 % du PIB à l’échelle de l’économie. Les dépenses touristiques au Canada ont atteint 80,2 milliards de dollars, 4 dollars sur 5 étant dépensés par les Canadiens et le reste, par des visiteurs internationaux au Canada. Environ 675 600 emplois au Canada étaient attribuables au tourisme en 2012.

L’industrie du transport, à 7,5 milliards de dollars, a le plus contribué au PIB du tourisme en 2012. Environ 4,7 milliards de dollars de cette somme étaient attribuables au transport aérien. Le PIB du tourisme pour les services d’hébergement a atteint 6,8 milliards de dollars, près de 80 % de ce montant provenant de l’industrie hôtelière. Le PIB du tourisme au chapitre des services de restauration a atteint 5,0 milliards de dollars.

 

En 2012, environ 203 000 emplois ont été générés par les activités touristiques dans l’industrie des services de restauration, plus que dans toute autre industrie touristique. La contribution de l’industrie des services de restauration aux emplois attribuables au tourisme (30,0 %) est supérieure à sa contribution au PIB du tourisme (14,9 %). Ceci pourrait être le résultat d’une plus grande concentration d’emplois à temps partiel peu rémunérés dans cette industrie.

L’industrie hôtelière a été à l’origine de 107 100 des 139 500 emplois attribuables au tourisme dans les services d’hébergement. Dans l’industrie du transport, 80 600 emplois ont été attribuables au tourisme, dont 49 200 au transport aérien.

 

 

 

c) Les comptes économiques de l’infrastructure

Les comptes économiques de l’infrastructure sont une série d’énoncés statistiques qui illustrent le rôle de l’infrastructure dans l’économie canadienne. Les comptes économiques n’englobent pas tous les actifs de l’économie, mais seulement ceux qui font partie de la définition de l’infrastructure. Comme le cadre statistique emprunte beaucoup au SCN 2008, les énoncés statistiques qui en résulteront prendront la même forme que les comptes macroéconomiques canadiens publiés par Statistique Canada. Les comptes comprennent un compte de production, un compte des revenus et dépenses, un compte financier, un compte du patrimoine, un compte de productivité du travail ainsi que des estimations supplémentaires relatives à l’utilisation selon l’objet.

Le compte de production et le compte des revenus indiqueront la valeur ajoutée brute directe et indirecte résultant des travaux d’infrastructure mis en place par l’industrie productrice. Ce qui suit représente un exemple stylisé du compte de production de l’infrastructure. Les principales mesures associées au compte de production comprennent une mesure de la valeur ajoutée brute pour les secteurs d’activités qui ont contribué directement ou indirectement à la production de l’infrastructure ainsi que les composantes à valeur ajoutée connexes, y compris l’excédent brut d’exploitation, la rémunération des salariés et le nombre d’emplois directs et indirects.

 

Comptes de production et des revenus

Le compte des dépenses établira un lien entre la production et les dépenses finales ou le secteur de consommation. Cet énoncé présentera les dépenses d’infrastructure selon le secteur ou l’industrie qui a fait l’investissement. Les principales mesures associées au compte des dépenses comprennent les investissements dans les infrastructures par secteur (entreprises, administrations publiques et ISBLSM) et toute importation ou exportation d’infrastructure.

 

Compte d’investissement

 

L’un des ensembles de tableaux les plus importants dans les comptes de l’infrastructure est celui des tableaux financiers et des tableaux du patrimoine. Ces tableaux présentent des renseignements sur le stock d’infrastructure du Canada. Ils fournissent une estimation de la valeur du stock d’infrastructure ainsi que de la variation de la valeur d’une période à l’autre. Les principales mesures comprises dans ce tableau comprennent le patrimoine d’infrastructure, la consommation de capital fixe (ou amortissement), les variations de prix associées à l’infrastructure existante et les variations de volume liées aux destructions et à l’aliénation.

Variations dans le compte du patrimoine

En plus du tableau ci-dessus, Statistique Canada peut tirer parti des travaux récents qui ont été entrepris pour estimer la durée de vie utile restante du stock de capital du Canada. Étant donné que Statistique Canada enregistre le flux des investissements et dispose d’une estimation de la durée de vie utile par actif, il est possible d’élaborer des mesures et des indicateurs liés à la durée de vie économique utile du stock d’infrastructure. Les mesures clés de ce « compte » comprennent des mesures de la durée de vie économique utile prévue de l’infrastructure ainsi que la durée de vie utile restante du stock d’infrastructure.

 

Compte de la durée de vie utile restante

Le compte de main-d’œuvre de l’infrastructure se concentrera à la fois sur les emplois liés à l’infrastructure et sur l’utilisation de l’infrastructure par les différents secteurs de l’économie. Les estimations des emplois et des gains seront calculées pour les secteurs d’activités de l’infrastructure. La possibilité d’utiliser cette information, ainsi que l’information provenant de l’Enquête sur la population active et du Recensement de la population, pour ventiler les données par profession permet d’améliorer l’ensemble de données.

L’investissement dans les infrastructures peut également être présenté par fonction. Par exemple, 100 millions de dollars en dépenses gouvernementales peuvent être répartis pour montrer combien de ces 100 millions de dollars ont été consacrés aux soins de santé, au logement et à la sécurité. Les comptes économiques et sociaux de l’infrastructure permettent de déterminer la part des dépenses en capital du gouvernement qui est consacrée à la santé, à l’éducation, à la sécurité et à neuf autres groupes fonctionnels.

 

Investissement par fonction

 

 

 

 

 

4/ Le compte satellite des transports dans plusieurs pays

Dans les pays suivants, les transports jouent un rôle essentiel dans l’économie.

 

 

a) Le Canada

Les comptes économiques canadiens des transports (CECT) sont un moyen d’accroître la capacité analytique des Comptes économiques nationaux (CEN) du Canada. À titre de supplément à l’élément des tableaux des ressources et des emplois (TRE) des CEN, les CECT offrent une mesure exhaustive des services de transport pour compte propre ou pour compte d’autrui. Ils réorganisent les renseignements d’une manière conforme avec le cadre du TRE et emploient les mêmes identités et classifications. En outre, ils offrent un regard analytique qui porte spécialement sur les transports.

Les TRE principaux mesurent uniquement les services de transport pour compte d’autrui offerts moyennant paiement par les secteurs d’activités du transport (c.-à-d. les secteurs d’activités dont les services de transport constituent la principale activité commerciale). Ils ne mesurent pas explicitement les services de transport pour compte propre (STCP) produits par les branches autres que celles du transport (soit les secteurs d’activités dont les services de transport ne constituent pas la principale activité commerciale) pour appuyer leurs activités commerciales internes. Les TRE canadiens traitent les STCP comme une activité auxiliaire des secteurs d’activités autres que celles du transport et intègrent les entrées liées aux transports au coût de production des sorties non liées aux transports.

Les CECT traitent les STCP comme des secteurs d’activités distinctes, dont la production est égale à la somme de la consommation intermédiaire liée aux STCP et de la valeur ajoutée (rémunération des employés, autres impôts moins les subventions à la production, revenu mixte brut et excédent d’exploitation brut). Les CECT offrent donc un cadre à l’intérieur des TRE pour mener des études sur le rôle total des transports dans l’économie, par exemple leur contribution au produit intérieur brut (PIB) du Canada, leur empreinte environnementale et leurs besoins en matière d’infrastructure, ainsi que l’ampleur de l’utilisation des services de transport par les secteurs d’activités autres que celles du transport.

Les TRE canadiens divisent les transports en 13 secteurs d’activités :

  • Transport aérien
  • Transport ferroviaire
  • Transport par eau
  • Transport par camion
  • Services urbains de transport en commun
  • Autres services de transport en commun et de transport terrestre de voyageurs et transport de tourisme et d’agrément
  • Services de taxi et de limousine
  • Transport par oléoduc du pétrole brut et autres services de transport par pipeline
  • Transport par pipeline de gaz naturel
  • Activités de soutien au transport
  • Services postaux
  • Messageries et services de messagers
  • Entreposage

Les CECT présentent chaque mode de transport pour compte propre en tant que secteur d’activité distincte. Quatre nouveaux secteurs d’activités de STCP sont donc introduites dans les TRE, une pour chacun des quatre principaux modes de transport (aérien, ferroviaire, par eau et par camion). Chacun de ces nouveaux secteurs d’activités de STCP génère un seul produit : son produit de transport pour compte propre correspondant.

Les entrées intermédiaires comme de valeur ajoutée-de la production de STCP par des entreprises autres que celles du transport sont transférées à ces nouveaux secteurs d’activités de STCP. Elles sont remplacées à valeur égale par les sorties des secteurs d’activités de STCP. Une fois cela fait, les nouvelles secteurs d’activités de STCP classées selon le mode présentent explicitement les données des activités de STCP des secteurs d’activités autres que celles du transport.

Ce remaniement des TRE entraîne une augmentation de la production totale, égale à la production des secteurs d’activités de STCP nouvellement créés. Cependant, cette production supplémentaire ne change pas le PIB total, car la valeur ajoutée par les STCP est déjà prise en compte dans les TRE des secteurs d’activités autres que celles du transport. Les CECT ne font que transférer aux secteurs d’activités de STCP nouvellement créées la part de la valeur ajoutée par les secteurs d’activités autres que celles du transport qui est attribuable aux STCP.

L’une des hypothèses principales de la méthodologie des CECT est que les secteurs d’activités du transport ne se livrent pas à des activités que l’on pourrait classer comme des STCP. En théorie, une entreprise de transport maritime pourrait avoir en sa possession et exploiter un parc de camions pour mieux contrôler sa chaîne d’approvisionnement. Cependant, aux fins de l’élaboration des CECT, les activités de STCP par les secteurs d’activités du transport sont fixées à zéro, tant à l’intérieur d’un mode de transport que dans tous les modes. Aucune source de données ne fait la distinction entre l’utilisation des entrées pour compte d’autrui et pour compte propre par les secteurs d’activités du transport.

Les CECT posent également l’hypothèse que pour chaque mode de transport, les secteurs d’activités autres que celles du transport emploient les mêmes entrées pour produire des STCP que les entreprises de transport le font pour leurs services de transport pour compte d’autrui.

Une autre hypothèse, implicite dans la définition des STCP, est que les produits des STCP ne sont pas tous  commercialisés : ces STCP sont destinés au transport pour compte propre.

En général, la tâche consiste à déterminer les entrées utilisées par les secteurs d’activités autres que celles du transport pour produire des STCP et à les réattribuer aux secteurs d’activités de STCP nouvellement créées. La première étape de ce processus consiste à diviser les tableaux des emplois des secteurs d’activités autres que ceux du transport entre les entrées utilisées pour produire des STCP selon le mode et les entrées utilisées pour produire des sorties non liées aux transports.

Les entrées utilisées par les secteurs d’activités autres que ceux du transport pour produire des STCP sont divisées en trois groupes :

  • Entrées liées aux transports (ELT) : Entrées essentielles à l’exploitation d’un véhicule de transport d’un mode précis (p. ex. carburant, réparations, entretien).
  • Entrées non liées aux transports (ENLT) : Entrées qui ne sont pas uniques au transport, mais qui appuient les activités de transport (p. ex. articles de bureau, électricité).
  • Valeur ajoutée : Salaires et avantages sociaux offerts aux conducteurs de véhicules et autre personnel de soutien, impôts moins les subventions à la production, et tout revenu mixte brut et excédent d’exploitation brut généré dans la production de STCP.

 

Voici les étapes de l’approche en vue d’estimer les sorties et les entrées des STCP des secteurs d’activités autres que ceux du transport :

  1. Déterminer les entrées uniques qui servent principalement au transport.
  2. Estimer la part totale de ces entrées disponible pour les activités de STCP.
  3. Diviser le total de ces ressources entre les secteurs d’activités autres que ceux du transport. Cette division est proportionnelle au nombre d’employés de l’industrie affectés à un mode de transport donné, selon les données du recensement.
  4. En proportion avec le niveau d’ELT dans un certain mode de transport, estimer : a) les ENLT; b) les marges des entrées; et c) la valeur ajoutée.
  5. Réorganiser les TRE.

 

Les tableaux des sorties et des emplois intermédiaires des CECT s’inscrivent dans le cadre des TRE. Toutes les entrées employées dans la production de STCP par des secteurs d’activités autres que celles du transport ont été redéfinies ou transférées dans les quatre nouveaux secteurs d’activités de STCP selon le mode. Les tableaux des sorties et des emplois intermédiaires des CECT ont donc les mêmes colonnes et les mêmes rangées que les TRE publiés, en plus de quatre colonnes supplémentaires (une par nouveau secteur d’activité de STCP) et quatre rangées supplémentaires (une par nouveau produit de STCP). Les images suivantes en donnent un exemple.

Secteurs d’activités ajoutées :

  • Transport aérien pour compte propre (OA481000)
  • Transport ferroviaire pour compte propre (OA482000)
  • Transport par eau pour compte propre (OA483000)
  • Transport par camion pour compte propre (OA484000)

Produits ajoutés

  • Transport aérien pour compte propre (IMS481000)
  • Transport ferroviaire pour compte propre (IMS482000)
  • Transport par eau pour compte propre (IMS483000)
  • Transport par camion pour compte propre (IMS484000)

Par nature, les produits des STCP ne peuvent pas être utilisés par les secteurs d’activités de STCP ni du transport. Ils peuvent uniquement être utilisés par les secteurs d’activités autres que celles du transport. Ils représentent les STCP qu’une industrie autre que celles du transport produit pour son propre usage.

 

Tableaux des sorties des CECT canadiens qui ont les mêmes colonnes et les mêmes rangées que les TRE publiés, en plus de quatre colonnes supplémentaires (une par nouveau secteur d’activité de STCP) et quatre lignes supplémentaires (une par nouveau produit de STCP).

 

 

 

b) Les États-Unis

Les comptes nationaux traditionnels n’incluent que les services de transport fournis à des tiers, mais les comptes peuvent inclure les transports pour compte propre et même les transports produits par les ménages. Ils peuvent aussi  fournir des données essentielles à la modélisation économique en présentant de manière détaillée l’offre de transport et l’utilisation des produits par secteur institutionnel (entreprises, gouvernement, ménages) et mode de transport. Le principal avantage de TSA (« transport satellite accounts »)  réside dans sa flexibilité à  prendre en compte l’ensemble de l’offre et de l’utilisation du transport et combiner ces informations avec d’autres données, telles que émissions de polluants ou les modes de financement.

Les comptes satellites des transports constituent donc un moyen de mesurer la contribution des services de transport à l’économie nationale. Les comptes nationaux  n’indiquent explicitement que la valeur ajoutée par les secteurs d’activités du transport. Les CST saisissent la valeur du transport ajoutée par les secteurs d’activités et les ménages autres que les transports

La mesure des services fournis uniquement par des entreprises spécialisées de transport ne tient pas compte de la contribution non négligeable des services de transport fournis par les secteurs d’activité autres que les transports, appelée transport pour compte propre (ou transport interne).

Les CST, en complément des comptes américains d’entrées-sorties (IO), mesurent donc la contribution du transport pour compte d’autrui et du transport pour compte propre. Les CST incluent les sept secteurs d’activité du transport pour compte d’autrui déclarées dans les TRE américains et les quatre modes de transport pour compte propre.

La valeur ajoutée totale du transport représente ainsi 5,8% du PIB en 2012 dont 2,8% pour le transport en compte d’autrui, 1,2% pour le transport pour compte propre (ce qui n’est pas négligeable notamment dans le transport routier de marchandises où le compte propre représente 1/3 de la valeur de ce mode de transport) et 1,8% pour les ménages quand ils utilisent leurs véhicules.

 

On note par ailleurs que les activités tertiaires utilisent plus de la moitié des transports, dont plus de 25% par le commerce.

 

c) L’Australie

Le compte économique des transports en Australie (ATEA) est un compte satellite de transport expérimental qui fournit une image plus complète du transport en rassemblant les composantes de l’activité de transport dans l’ensemble de l’économie australienne. Les comptes satellites sont complémentaires et intégrés au système de comptabilité nationale australien. Ce compte a été établi sur une base cohérente avec les comptes nationaux, mais avec quelques ajustements pour reclasser et identifier les activités de transport dans tous les secteurs d’activité, en sachant que le transport est défini comme le mouvement de personnes ou de marchandises d’un lieu à un autre.

L’activité totale de transport, telle que définie dans ce compte, inclut l’activité exercée par des entreprises classées dans les secteurs des transports, des postes et des entrepôts dans la comptabilité nationale, et fournit également une nouvelle mesure explicite des transports pour compte propre.

L’activité de transport totale comprend ainsi

– l’activité de transport pour compte d’autrui entreprise par des entreprises du secteur des transports, des postes et de l’entreposage, (Exemple : transport aérien de passagers par des compagnies aériennes commerciales ou transport de marchandises par des entreprises de transport de marchandises);
– l’activité de transport interne des entreprises dans les secteurs d’activité autres que les transports, y compris :

  • le transport auxiliaire qui n’est pas destiné au marché et qui est consommé dans la production du produit principal d’un secteur. Un exemple de cette activité est un commerce de détail utilisant son propre camion pour livrer des marchandises d’un entrepôt au point de vente.
  • la production secondaire d’activité de transport pour le marché où le prix est facturée. Par exemple, cette même entreprise de vente au détail utilise ensuite son propre camion pour livrer les marchandises au client moyennant des frais de livraison.

 

En 2015-2016, l’industrie des transports, des postes et de l’entreposage (qui représente l’activité de transport pour compte d’autrui) a représenté 4,6% (77 milliards de dollars) du PIB total. Le compte économique des transports australiens montre que l’activité de transport interne, qui est réalisée en dehors du secteur des transports, a contribué pour 2,7% (45,3 milliards de dollars) au PIB en 2015-2016. Ainsi, l’activité de transport totale, telle que définie dans le compte économique des transports australiens, a représenté 7,4% (122,3 milliards de dollars) du PIB en 2015-2016.

La valeur ajoutée brute totale des transports des est de 125,3 milliards de dollars en 2015-2016. Cela place le total des activités de transport au quatrième rang en termes de contribution à l’économie derrière les services location et immobilier (194,2 milliards de dollars), les services financiers et les assurances (143,0 milliards de dollars) et la construction (129,9 milliards de dollars), mais devant des secteurs telles que la santé. soins et assistance sociale (113,1 milliards de dollars), industries manufacturières (100,7 milliards de dollars) et industries extractives (97,7 milliards de dollars).

Le transport total employait également environ 1,0 million de personnes en 2015-2016, soit 8,6% du nombre total de personnes occupées en Australie.

Les transports internes ont un impact encore plus grand sur certains modes de transport. Par exemple, l’activité de transport interne représente jusqu’à 60,6% de la production totale du transport routier. Le transport routier est considéré comme le mode de transport le plus accessible en dehors du secteur des transports pour compte d’autrui, car les infrastructures routières sont facilement accessibles et étendues et que les coûts d’investissement en capital sont inférieurs à ceux du transport aérien ou ferroviaire.

Le compte économique des transports australiens permet aux décideurs d’évaluer la pleine contribution des activités de transport à l’économie, en les aidant à mieux comprendre les effets directs et indirects des changements de politique, à suivre les améliorations de productivité et à mieux affecter les investissements dans les infrastructures de transport. Il aide également les entreprises à mieux comprendre la productivité et les coûts de transport par rapport à d’autres secteurs.

 

 

 

 

 

5/ Le sport et la cultue

On déjà étudié les comptes satellites des activités culturels aux États-Unis et au Canada. Mais c’est aussi le sport qui fait l(objet de comptes satellites dans plusieurs pays europpéens.

 

 

 

a) Les comptes satellites des activités culturelles

Il existe quelques exemples notables de comptes satellites de la culture en Europe : en  Finlande , en Espagne,  au Portugal et  aux Pays-Bas, l’UNESCO a également travaillé à l’élaboration  de recommandations internationales pour l’élaboration de comptes satellites de la culture (CSA). Une caractéristique commune des comptes satellites de la culture est de mélanger la culture et les industries créatives avec le patrimoine culturel matériel et immatériel, ce qui signifie concrètement que la contribution du patrimoine culturel matériel à l’économie est, d’une part, masquée sous l’étiquette « culture », et d’autre part, peu détaillée. Par conséquent, les comptes satellites de la culture ne permettent pas de bien comprendre la contribution et l’importance réelles du patrimoine culturel matériel à l’économie. Il est donc nécessaire de mener une activité distincte sur l’établissement d’un compte satellite du patrimoine culturel matériel afin d’en comprendre le véritable impact ; à un stade ultérieur, cela pourra être intégré dans un CSA.

 

 

 

 

 

1 – Le manuel de l’UNESCO

DLe manuel aborde surtout la question du poids de l’art et de la culture dans l’économie. L’évaluation de l’importance économique de la culture peut être menée selon différentes façons et approches ou différents contextes.

« La contribution », « l’importance » et « l’impact » économiques sont les termes les plus facilement employés pour mesurer la contribution des industries culturelles, bien que la distinction entre la contribution et l’impact ne soit pas très nette.

L’expression « contribution économique » est une quantification de la dimension économique des industries culturelles. L’expression « importance économique » est aussi utilisée en ce sens. Simplement, la contribution économique est un concept statique, descriptif qui peut être interprété selon la variable impliquée et mesurée (par exemple, l’emploi, la VAB, le PIB, la valeur de commerce etc.). Elle sert à démontrer statistiquement la contribution économique des industries culturelles. La question qui se pose est de savoir si l’on considère la production économique d’un pays pour une année donnée, quelle est la contribution en pourcentage des industries culturelles dans l’obtention du PIB ?

L’impact économique est un concept plus dynamique en ce sens qu’il fait référence à des changements réels et potentiels d’une variable sous l’effet des changements d’une autre. Il peut s’appliquer au niveau des micro-données, pour étudier l’impact à court terme d’un investissement dans le secteur culturel ou plus généralement, pour étudier l’impact d’une augmentation de l’activité économique dans les industries culturelles sur d’autres industries ou sur l’économie dans son ensemble. Ces deux approches utilisent des multiplicateurs pour mesurer les impacts pertinents ou d’autres modèles économiques.

Les études d’impact économique et l‘analyse du multiplicateur sont des approches méthodologiques qui ont été prédominantes dans les années 1970 et 1980 aux États-Unis et au Royaume-Uni. Cette approche est une analyse systématique des interrelations économiques entre les industries culturelles (le secteur de la production) et les autres secteurs de l’économie (le secteur de consommation). La base méthodologique à l’origine de l’analyse du multiplicateur est la construction de tableaux entrées-sorties (E-S).

Au Canada comme aux États-Unis, les approches pour mesurer la contribution économique des industries culturelles sont centrées sur l’analyse du multiplicateur et du poids économique. Dans les recherches canadiennes, la définition de la contribution économique de la culture combine les impacts économiques directs, indirects et induits (voir page TES Symétrique).

  • Les impacts directs incluent la valeur ajoutée à l’économie grâce aux entreprises qui produisent directement des biens et services culturels.
  • Les impacts indirects incluent la valeur ajoutée que les « entreprises à impact direct » génèrent économiquement grâce à leurs demandes de ressources intermédiaires ou autres services complémentaires.
  • Enfin, les impacts induits se produisent au moment où les employés des industries (aussi bien directes qu’indirectes) dépensent leur salaire et les propriétaires industriels leurs bénéfices .

 

Les comptes satellites culturels (CSC) sont un cadre statistique pour mesurer la contribution économique de la culture. Le système de CSC est utilisé pour mesurer la contribution économique de la culture dans la plupart des pays du MERCOSUR et certains pays d’Europe : la Finlande, l’Espagne et le Royaume-Uni (seuls les tableaux entrées-sorties dérivent des CSC).

Plusieurs éléments doivent être définis pendant le développement des CSC, notamment la définition de la culture, des activités clés et des produits qui leur correspondent. Le processus d’identification des activités culturelles principales, secondaires et auxiliaires fonctionne bien lorsque le secteur de la culture est identifié dans l’une des classifications standards et apparaît dans le cadre central. En réalité, le processus d’identification n’en reste pas moins complexe parce que toutes les activités et tous les produits pertinents n’apparaissent pas dans le cadre central de classification (par exemple, les arts amateurs, l’artisanat, le design). L’hypothèse centrale des tableaux entrées-sorties des CSC est l’homogénéité de la production, ce qui signifie que chaque industrie est classée selon le produit qui occupe la plus grande place dans sa production, mais l’identification des secteurs clés dépend du contexte local. Il est ensuite nécessaire d’analyser les comptes des produits et industries clés dans le contexte d’un tableau des ressources et des emplois (TRE).

Trois principales mesures ont été reconnues comme les plus importantes dans la mesure de la contribution économique des industries culturelles et créatives au développement économique : la valeur ajoutée brute, l’emploi et la dynamique des entreprises des industries culturelles (nombre d’entreprises). Ces mesures économiques sont utilisées de manière quantitative mais aussi qualitative.

Les premières ressources pour préparer une analyse sous-sectorielle des industries culturelles sont les données issues des comptes nationaux (SCN) à différents niveaux de regroupement et très souvent à prix courants. Cela peut toutefois entraîner une estimation non réaliste de la dynamique des industries culturelles et des sous-secteurs. La méthodologie d’enquête utilisée pour la collecte des informations détaillées sur les industries culturelles a été adoptée dans de nombreuses études en association avec les données générales provenant du SCN. Plusieurs autres approches ont été utilisées, notamment : la collecte de données couvrant plusieurs variables que l’on sait corrélées à la dimension économique des industries culturelles ; les méthodes de recherche cognitive, comme les groupes de discussion et les entrevues permettant de mieux cerner les problèmes ; et l’évaluation des comportements vis-à-vis différentes problématiques de développement impliquant les industries culturelles etc.

Pour les catégories non reconnues par la Classification internationale type par industrie de toutes les branches d’activités économiques (CITI) (par exemple, le design, l’artisanat, les médias interactifs) ou sans identité propre dans la CITI, un modèle d’enquête pour l’étude du poids économique et la recherche des autres particularités a été utilisé. Par exemple, une enquête d’évaluation sur l’industrie du design a été menées au Royaume-Uni dans le but d’étudier la contribution économique de celles-ci. La méthodologie d’enquête est appliquée non seulement pour recueillir des informations détaillées sur certaines activités culturelles et créatives, mais aussi pour calculer les facteurs de répartition et obtenir des informations sur les micro-entreprises qui sont trop petites pour répondre aux critères de recensement statistique nationaux et les principaux acteurs des industries culturelles qui n’ont pas d’obligation de publier des rapports financiers complets (par exemple, les travailleurs indépendants ou les petites entités).

Le facteur de répartition sert à déterminer la proportion d’activités culturelles des activités non culturelles dans un groupe de classification industrielle (par exemple, la proportion de produits musicaux spécialisés de détail dans l’ensemble du réseau des détaillants spécialisés). Le tableau suivant présente la variété des facteurs de répartition utilisés dans certaines études, ainsi que leur correspondance avec les codes de la CIT.

Facteurs de répartition

 

 

 

2 – L’Australie

Les secteurs de la culture et de la création sont importants pour les économies fondées sur la connaissance. En Australie, cette main-d’œuvre apporte une contribution précieuse au bien-être économique et social. L’activité économique générée par la production et le soutien des biens et services culturels et créatifs est appelée « activité culturelle et créative ». Les « comptes satellites de l’activité culturelle et créative » de l’Australie quantifient l’activité culturelle et créative et suivent son évolution dans le temps. Ces informations sont utilisées par l’industrie, le monde universitaire et les décideurs politiques au sein du gouvernement. Les comptes ont été établis par le Bureau australien des statistiques (ABS) et mis à jour chaque année par le Bureau des communications, des arts et de la recherche régionale (BCARR). Les comptes satellites des activités culturelles et créatives ont fait l’objet d’une révision afin de s’assurer que ces estimations restent adaptées à l’évolution de l’économie australienne. L’examen portera sur la définition, la portée, la méthodologie et les données utilisées pour quantifier cette activité.

Le cadre actuel des comptes satellites des activités culturelles et créatives de l’ABS,20 qui a été repris par le BCARR, se compose de deux frontières (schéma suivant) :

  • (i) la base des comptes nationaux, qui saisit les transactions basées sur le marché ;
  • (ii)  et une extension au-delà de la limite de production des comptes nationaux qui ajoute les services bénévoles et la production non marchande aux types d’activité inclus.

Cadre des comptes satellites des activités culturelles et créatives en Australie

Le périmètre de production des comptes nationaux englobe la plupart des activités culturelles et créatives, représentant 99 % de la contribution économique. Ce périmètre comprend deux composantes :

  • La composante 1 est l’activité des industries qui forment les chaînes d’approvisionnement des biens et services culturels et créatifs. Cette composante comprend l’activité des industries qui génèrent des idées culturelles et créatives, utilisent ces idées pour produire ou fabriquer des biens et services culturels et créatifs, ou distribuent des biens et services culturels et créatifs aux consommateurs finaux.21 Cette composante comprend la valeur ajoutée brute (VAB) et les taxes nettes sur les produits des industries culturelles et créatives.
  • La composante 2 est l’activité dans d’autres industries exercée par les travailleurs des professions culturelles et créatives. Comme cette composante était initialement évaluée en tant que part de la rémunération agrégée des salariés (COE), elle est également appelée « COE imputé »

Au-delà de la production des comptes nationaux, l’activité culturelle et créative est mesurée par deux autres composantes :

  • La composante 3 concerne les services bénévoles aux organisations artistiques et patrimoniales.
  • La composante 4 est la production non marchande des producteurs marchands des industries culturelles et/ou créatives. Il s’agit de la valeur des biens et services culturels et créatifs fournis par des institutions à but non lucratif gratuitement ou à des prix qui ne sont pas économiquement significatifs.

Ce cadre actuel applique le modèle du « trident créatif ». Le modèle du trident faisait initialement référence aux trois lieux d’emploi au sein des professions et des industries créatives – les spécialistes, les travailleurs intégrés et les travailleurs de soutien (schéma suivant). Le modèle du trident inclut l’activité des spécialistes et des travailleurs de soutien au sein des industries culturelles et créatives ainsi que les travailleurs intégrés dans les professions culturelles et créatives dans d’autres industries.

Le trident de l’emploi culturel et créatif

 

En théorie, ces trois domaines d’activité s’excluent mutuellement. Les estimations de l’activité provenant de la production des spécialistes et du personnel de soutien des industries culturelles et créatives (composante 1) ne devraient pas comptabiliser deux fois les revenus des travailleurs intégrés dans d’autres industries (composante 2).

Cependant, la méthode d’application de cette approche dans le contexte du système de comptabilité nationale diffère pour les composantes 1 et 2. Alors que la composante 1 peut être facilement identifiée à partir des tableaux d’entrées-sorties, les estimations de la composante 2 doivent être imputées à l’aide de différentes sources de données (un processus beaucoup plus compliqué).

Par exemple, les parts de la rémunération des salariés ont été calculées à partir des données sur l’emploi provenant des tableaux d’entrées-sorties, des données sur la population active et de la structure des professions de la main-d’œuvre du recensement. Ces données ont ensuite été combinées avec les données sur les salaires moyens de l’ABS Survey of Employee Earnings and Hours pour estimer la rémunération des salariés dans les emplois principaux (l’emploi dans lequel le plus grand nombre d’heures est habituellement travaillé) par profession et par secteur d’activité. La rémunération des salariés dans les emplois secondaires a été estimée selon cette approche en utilisant les données de l’ABS Survey of Employment Arrangements, Retirement and Superannuation, ajustées dans le temps pour tenir compte de l’inflation des salaires en utilisant l’ABS Wage Price Index (indice des prix des salaires de l’ABS).

La proposition de mise à jour des comptes satellites de l’activité culturelle et créative de 2018comporte deux éléments qui abordent les problèmes mis en évidence dans la méthodologie de 2003 : une mise à jour du cadre utilisé pour délimiter et identifier l’activité culturelle et créative ; et une mise à jour de la méthodologie utilisée pour produire des estimations.

La mise à jour proposée du cadre de production des estimations de l’activité culturelle et créative est axée sur le périmètre de production des comptes nationaux. Il est proposé de saisir les composantes de ce domaine de production au moyen d’un nouveau cadre « trident » (schéma suivant). Cette mise à jour permet de saisir la valeur économique des trois types d’activités culturelles et créatives uniquement du côté de la production, afin de s’assurer que les composantes 1 et 2 sont mesurées à l’aide d’une approche cohérente.

Proposition d’un nouveau cadre trident pour les activités culturelles et créatives

Dans ce nouveau cadre trident, l’activité culturelle et créative est représentée par la valeur ajoutée brute et les taxes nettes sur les produits, et est réidentifiée en trois activités :

  • Activité spécialisée : produits culturels et créatifs dans les industries culturelles et créatives ;
  • Activité intégrée : produits culturels et créatifs dans d’autres industries en dehors du champ culturel et créatif ;
  • Activité de soutien : tout autre produit en dehors du champ des produits culturels et créatifs dans les industries culturelles et créatives.

Dans ce nouveau cadre trident, les activités culturelles et créatives sont considérées comme des activités de base. La modification proposée remplace l’ancien « COE imputé » par l’« activité intégrée » (composante 2). La composante 1 continuera à prendre en compte les activités « spécialisées » et « de soutien ». Ces activités peuvent être identifiées sur la base des tableaux d’entrées-sorties de l’ABS qui détaillent environ 1 000 classifications de produits d’entrées-sorties (IOPC) et les relient ensuite aux quatre couches du modèle des cercles concentriques des industries culturelles et créatives. De plus amples détails sont fournis ci-dessous

Pour mettre en œuvre le cadre actualisé proposé, les estimations de la valeur économique de l’activité culturelle et créative seraient quantifiées à l’aide de l’approche en quatre étapes suivante (schéma suivant). .

Processus d’estimation proposé pour quantifier la valeur économique de l’activité culturelle et créative

Dans le cadre proposé, ABS continue à suivre la définition générale de l’activité culturelle et créative comme la somme des activités marchandes et non marchandes qui produisent et soutiennent les biens et services finaux culturels et créatifs. Cette activité peut également être analysée par domaines, qui sont regroupés en termes de classifications industrielles connexes.

Modèle des cercles concentriques des industries culturelles en Australie

Le modèle des cercles concentriques identifie quatre couches (ou cercles) qui peuvent être utilisées pour classer les industries qui produisent des biens et des services culturels et créatifs selon les définitions décrites précédemment. Dans ce modèle, le cercle au centre représente les industries centrales dont la proportion de contenu culturel est considérée comme la plus élevée, les couches s’étendant vers l’extérieur du centre à mesure que le contenu culturel diminue par rapport à la valeur commerciale des marchandises ou des services produits.

Toutefois, lors de la définition initiale de ces domaines, certains ont été classés dans différentes couches, comme la littérature et la presse écrite, ou n’ont pas été explicitement identifiés dans le modèle original des cercles concentriques, comme les activités de soutien. En outre, comme les domaines ont été définis sur la base du seul niveau de classification de l’industrie ANZSIC, certains problèmes de données ont été identifiés dans les comptes satellites actuels des activités culturelles et créatives.

Douze domaines sont répertoriés dans le cadre actuel des comptes satellites des activités culturelles et créatives.

Domaines culturels et créatifs – APA 2014 et cadre 2018 du BCARR

 

 

 

 

 

3 – L’U.E.

Il n’y pas encored e compte sateliite des arts et cultues dans l’UE (méthodologie) mais Eurostat suit de près l’activité des entreprises culturelles à partir d’une liste d’activités qui rapelle celle des activités caractéristiques d’un compte satellite.

L’ensemble des différentes activités économiques constitue l’agrégat culturel total, qui fournit une image statistique des entreprises du secteur culturel. Ces activités sont regroupées sous les grandes rubriques suivantes :

  • Impression et reproduction de supports enregistrés ; fabrication d’instruments de musique et de bijoux
  • Commerce de détail de biens culturels en magasin spécialisé
  • Édition
  • Cinéma et télévision, enregistrement sonore et édition musicale ; location de cassettes et de disques vidéo
  • Programmation et diffusion ; activités des agences de presse
  • Activités architecturales
  • Activités de conception spécialisées
  • Activités photographiques
  • Activités de traduction et d’interprétation
  • Éducation culturelle
  • Activités créatives, artistiques et de divertissement
  • Bibliothèques, archives, musées et autres activités culturelles

Les activités économiques énumérées sous chaque grande rubrique(industries, commerces,…)  sont présentées dans le tableau suivant.

Activités culturelles couvertes par les statistiques structurelles sur les entreprises et les statistiques sur la démographie des entreprises de l’UE

La valeur ajoutée la plus élevée générée par les entreprises culturelles en pourcentage de l’économie nationale au sens entendu ici a été enregistrée en Finlande (2,8 %). Le ratio de l’UE est de 2% et celui de la France de 2,4% (tableau suivant). L’agrégat « Industrie, construction et services marchands » est défini comme les sections B à S de la NACE, à l’exception de la section O (administration publique et défense ; sécurité sociale obligatoire) et de la division 94 (activités des organisations associatives).

Principaux indicateurs pour les entreprises culturelles, 2022Source : Eurostat

 

En 2022, bien que le secteur créatif, artistique et du divertissement soit le plus important en termes de nombre d’entreprises, le graphique suivant montre que la valeur ajoutée la plus élevée a été générée par :

  • Édition de livres ; journaux ; revues et périodiques ; jeux informatiques (14,9 %)
  • Activités architecturales (14,6%)
  • Cinéma et télévision, enregistrement sonore et édition musicale ; location de cassettes et de disques vidéo (14,2 %)
  • Impression et reproduction de supports enregistrés ; fabrication d’instruments de musique et de bijoux (13,5%).

Valeur ajoutée du secteur culturel, par grande rubrique, UE, 2022 (%)

 

Le graphique suivant présente une répartition nationale similaire par grandes rubriques en fonction de la valeur ajoutée générée. En 2022, dans 15 pays de l’UE, les activités culturelles liées à l’industrie manufacturière représentaient la plus grande part de la valeur ajoutée (impression et reproduction de supports enregistrés ; fabrication d’instruments de musique et de bijoux).

Dans 4 pays de l’UE, Chypre en tête (75,7 %), la valeur ajoutée la plus élevée au sein du secteur culturel a été générée par les activités d’édition (y compris les livres ; les journaux ; les revues et périodiques ; les jeux informatiques). Au Luxembourg (37,1 %), en Autriche (24,9 %) et en Belgique (19,4 %), la part la plus importante a été attribuée aux activités d’architecture. En France (20,7 %) et en Espagne (16,4 %), les activités de cinéma et de télévision, de musique ; la location de cassettes et de disques vidéo ont représenté les parts les plus élevées de valeur ajoutée ; tandis qu’au Danemark (21,3 %) et aux Pays-Bas (20,3 %), les contributions les plus importantes provenaient des activités créatives, artistiques et de divertissement.

Valeur ajoutée du secteur culturel, par grande rubrique, 2022, (%)

 

En 2022, la part de l’emploi des start-ups dans les activités de design spécialisé était au moins deux fois supérieure à la moyenne de l’ensemble des services de l’économie marchande dans tous les pays de l’UE, à l’exception de l’Espagne et de la Grèce. Cette corrélation était particulièrement marquée en France, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Allemagne, où cette part était plus de cinq fois supérieure à la moyenne de l’ensemble des services de l’économie marchande. La part de l’emploi la plus élevée dans les start-ups pour les activités de design spécialisé a été enregistrée au Portugal (18,0 %), tandis que la plus faible a été observée en Finlande (3,6 %).

La part de l’emploi des nouvelles entreprises dans les activités créatives, artistiques et de divertissement était au moins deux fois plus élevée que la moyenne des services dans l’économie marchande dans tous les pays de l’UE pour lesquels des données sont disponibles (aucun chiffre n’est disponible pour la Slovénie), à ​​l’exception de la Grèce. Le Luxembourg a enregistré la part de l’emploi la plus élevée parmi les entreprises nouvellement créées dans les activités créatives, artistiques et de divertissement (22,7 %), tandis que la plus faible a été observée en Autriche (4,9 %,

 

 

 

4 – Les Pays-Bas

Ce compte satellite de la culture et des médias décrit la contribution de la culture et des médias à l’économie néerlandaise (PIB, emploi, consommation, etc.) pour les années 2015 et 2018 (https://www.cbs.nl/en-gb/longread/rapportages/2021/satellite-account-for-culture-and-media-2018?onepage=true#c-Summary). Il décrit également les principaux biens et services liés à la culture et aux médias, ainsi que les principales branches d’activité du secteur.

La part de la culture et des médias dans le produit intérieur brut (PIB) des Pays-Bas en 2018 était de 3,4 %, soit pratiquement le même pourcentage qu’en 2015 : 3,5 %. En termes absolus, la contribution de la culture et des médias au PIB est passée de 23,9 milliards d’euros à 26,5 milliards d’euros. Alors que l’emploi est passé de 300 000 années de travail en 2015 à 330 000 en 2018, la part de la culture et des médias dans l’emploi total est restée stable à 4,3 %.

Parmi les principaux chiffres macroéconomiques, les secteurs qui ont enregistré une croissance supérieure à celle de l’économie totale comprennent la production nationale, les importations et exportations, ainsi que la consommation intermédiaire de culture et de médias. Cela se traduit par une augmentation de la part de la culture et des médias dans ces totaux macroéconomiques ; par exemple, la part de la culture et des médias dans la production nationale est passée de 3,6 % en 2015 à 3,9 % en 2018. Cependant, la consommation de culture et de médias étant légèrement inférieure à la consommation totale, la part de la culture et des médias dans la consommation totale a diminué, passant de 3,2 % en 2015 à 3,1 % en 2018.

Totaux macroéconomiques pour la culture et les médias et l’économie néerlandaise en millions d’euros et en % du PIB

Source : CBS

 

L’offre totale (production + importations) de culture et de médias est passée de 67,9 milliards d’euros en 2015 à 85,0 milliards d’euros en 2018. Au sein de l’offre totale de produits culturels et médiatiques, les domaines de la publicité (25 %) et des médias (17 %) étaient les plus importants en 2018. Au sein de la consommation des ménages, le domaine des médias était le plus important en 2018 avec une part de 41 %, suivi du domaine des arts du spectacle (15 %). La part des différents domaines diffère donc selon la variable macroéconomique.

Offre des produits de culture et de médias aux Pays-Bas en % du total de l’offre en 2018

Source : CBS

 

En termes de part des différents domaines dans l’indicateur de la valeur ajoutée, la publicité reste le domaine le plus important avec 29 %. Cependant, les domaines de l’architecture et du design (11 %), des arts du spectacle (9 %), de la littérature (9 %), du patrimoine (3 %) et de l’éducation (8 %) gagnent en importance par rapport à leur part de l’offre totale de produits culturels et médiatiques. Cela s’explique en partie par le fait que l’offre de ces domaines repose davantage sur la production nationale et contribue donc davantage à l’économie néerlandaise. Ces domaines présentent également une valeur ajoutée élevée en raison de facteurs tels que la plus forte intensité de main-d’œuvre de leurs activités économiques. L’importance des domaines des médias et de l’audiovisuel en termes de valeur ajoutée et d’emploi est moindre par rapport à leur part dans l’offre totale. Cela s’explique par le fait que ces domaines impliquent davantage d’importations et de réexportations, et aussi par le fait que les flux financiers entrants et sortants en termes de licences et de redevances sont compensés dans une certaine mesure, seule la valeur ajoutée restante. La valeur ajoutée de chaque domaine fournit donc une indication informative de l’évolution de l’importance des différents domaines, par rapport à leur part dans l’offre totale de la culture et des médias.

La croissance du domaine de l’audiovisuel est principalement due à l’augmentation des flux financiers induits par la fiscalité liés à l’importation et à l’exportation de licences et de redevances. Ces flux financiers ne sont en aucun cas toujours liés aux expressions culturelles produites aux Pays-Bas ; ils impliquent souvent l’importation et l’exportation de licences et de redevances provenant de filiales de sociétés de médias étrangères basées aux Pays-Bas.

Valeur ajoutée par domaine en % du total

Source : CBS

 

 

 

 

 

 

 

 

b) la santé en Allemagne

Le Tableau entrée sorties présenté ici permet d’exposer l’offre des produits de santé en comparaison avec la l’offre de l’ensemble économie. Les principaux résultats de la GHSA (German Health Satellite Accounts) sont résumés dans le tableau abrégé Health-Input-Output-Table. En 2005, l’offre totale de économie de la santé aux prix de base a été d’environ 7,8% des produits dans l’ensemble économie (377,6 milliards d’euros sur 4 815,4 milliards d’euros). Environ 12,4% de l’offre est importée.  La part des exportations dans  la demande totale est de 14,4%.

Le  secteur de la santé de « base » (CHS) ( 279,5 milliards), qui est défini par les soins de santé, biens et services de SHA (System of Health Accounts) dont le concept est moins large que le GHSA, domine le marché de la santé, la majeure partie de celle fournie par des producteurs de soins hospitaliers et ambulatoires comme les hôpitaux, cliniques de réadaptation, soins infirmiers, les maisons de santé, les médecins généralistes, spécialistes et dentistes, pharmacies et détaillants de produits médicaux. Cependant, une plus large approche  ajoute 98,1 milliards € d’activités liées à la santé comme l’éducation médicale, formation, R&D, services pour les personnes handicapées, aliments et vêtements fonctionnels (« EHS »).

En 2005, la part de la valeur ajoutée dans le secteur de la santé l’économie représentait 10,2% de la valeur ajoutée totale. La part de la GVA est donc supérieure à la production ( 8,1%). Un facteur en particulier l’explique.. L’économie de la santé, en tant que secteur des services, utilise relativement moins  de consommation intermédiaire que les autres secteurs. En intégrant l’économie de la santé dans l’économie globale, on peut mesurer cependant, les effets indirects ou et induits de la santé sur ses contributions à la valeur ajoutée et sur l’emploi, à partir de ce TES symétrique.

Bien que l’économie de la santé soit en général assez productive, il y a une grande variation de la productivité, mesurée ici en terme de production par salarié. Les effectifs  étaient d’environ 5,377 millions de personnes employés dans l’économie de la santé dont 4.052 millions (75,4%) d’entre eux travaillaient dans le SHC  (secteur central de la santé) et 1,325 million (24,6%) dans l’EHS (secteur élargi). Selon la définition la plus large de la l’économie de la santé, près d’un septième de la population active (13,8%) travaille dans le secteur de la santé (10,4% dans le SHC et 3,4% dans l’ EHS.

S’agissant de la consommation, une caractéristique notable de la GHSA est la distinction entre les produits de base et le marché « privé » des produits de santé. Le premier marché se caractérise par une couverture universelle et est principalement financé par des fons publics. En revanche, la deuxième marché des est complètement privé financé, soit par une assurance volontaire, soit par des paiements partiels. Au total, la santé de base marché des produits de base dans la santé allemande l’économie représente 222,8 milliards d’euros, le marché volontaire 54,6 milliards d’euros. Comme prévu, la plupart des produits dans le secteur de base marché sont financés par des fonds publics avec un partage des coûts faible ou nul. En Allemagne, néanmoins, les particuliers s’assurent aussi pour les produits de base malgré  leur remboursement partiel.

On peut différencier les résultats par produits sur les structures de financement. Tandis que la dépense de consommation finale des APU domine dans les domaines de prévention, hospitalisation, soins médicaux ambulatoires, soins de longue durée, et produits médicaux au sein du cœur de la santé (SHC) sauf  les « services d’assurance privée couvrant des risques pour la santé « , le marché élargie (EHS)  a une part plus élevée aux financements privés dans presque tous les secteurs (sauf l’éducation et la formation, et la R&D). Dans  l’EHS, en raison de «Nouveaux» produits liés à la santé, le marché «privé » représente près de la moitié de la dépenses de consommation finale. Évidemment la volonté de payer pour des produits de santé, en dehors de la couverture universelle, fait que ce marché est en pleine croissance.

 

 

 

 

 

 

c) le sport en Allemagne

Le compte satellite du sport, sport satellite accounts (SSA), utilise la méthodologie des SCN 93 et 2008 en reliant les activités transversales  du sport au TRE . Plus de 400 catégories de produits en rapport avec le sport ont été identifiées (définition large dite de « Vilnius »). Comme le sport est une activité économique transversale, le rôle central est surtout joué par les statistiques issues des enquêtes sur les dépenses liées au sport.

il a été établi que certains biens ne font pas partie des produits caractéristiques (et biens et services connexes), bien qu’ils soient explicitement et directement demandés dans le cadre d’activités sportives. Ainsi, par exemple, certaines activités qui sont en lien direct avec les investissements dans les infrastructures sportives n’en font pas partie. De même ne sont pas n’inclus les produits achetés pour la construction au-delà de l’activité principale de la construction. Autre exemple, les produits de nettoyage et d’entretien de l’industrie chimique destinés à l’entretien des vêtements et équipements de sport ne font pas partie de la liste de ces produits. En outre, un élargissement de la liste des produits spécifiques a été établi (voir les catégories de produits marquées en bleu dans le tableau suivant).

Le parrainage et la publicité – mais aussi le commerce des droits médiatiques – font partie des produits caractéristiques. Ils se sont développés davantage et plus encore ces dernières années en une importante source de revenus pour le sport Comme aucunes  données compréhensibles n’existent concernant les dépenses pertinentes en faveur du sport dans les domaines de la publicité, du parrainage et des droits médiatiques, ces données pertinentes ont été produite dans le cadre d’un projet de recherche.

 

Aperçu concernant les produits liés au sport

 

Comme le sport est une activité économique transversale, avec les données des statistiques officielles, le rôle central est surtout joué par les statistiques issues des enquêtes sur les dépenses liées au sport.

Les données des statistiques officielles forment le cadre empirique du SSA. Elles garantissent à la fois une cohérence complète des calculs du SSA avec les informations détaillées existantes des statistiques économiques, ainsi que la concordance complète du SSA aux repères macroéconomiques du TES publié. Cet ensemble de données clés est complété par des informations provenant d’un grand nombre d’autres études. Il convient de mentionner tout particulièrement les études fondées sur la collecte de données primaires qui ont été réalisés dans les années 2009 – 2012 avant ce projet de recherche dans le cadre du des plans de recherche généraux visant à établir un SSA pour l’Allemagne.

La consommation des ménages privés liée au sport est un facteur majeur dans la détermination la contribution du sport à la valeur ajoutée brute. maisz  elle n’est pas disponible. Ce manque d’information a du être corrigé. Une enquête publique représentative, avec des informations sur les dépenses, a été effectuée sur 71 types de sport pour la participation active ont ainsi été recueillis.

La majorité des activités sportives sont liées à une installation sportive (comme un gymnase, salle de gymnastique, piscine, remontée mécanique ou sentiers de randonnée balisés). Étant donné qu’il n’y a que des informations très approximatives concernant la FBCF pour le sport autres que celles payées par le budget, les installations sportives ont été examinées. Les données obtenues concernant la construction et la modernisation/rénovation des installations sportives ont été mises en œuvre dans le SSA.

L’illustration suivante montre de façon schématique la structure de base du système allemand de compte satellite du sport.  Le SSA complet se compose d’un tableau combiné de l’offre et de l’emploi, qui détermine, au cours de l’analyse macroéconomique l’équilibre, la contribution du sport à la valeur ajoutée dans les domaines pertinents pour le sport résultant de la demande finale due au sport. Pour toutes les transactions figurant dans le SSA, qu’elles soient liées au sport (Sp) ou non liées au sport (nSp), les ressources et les emplois sont présentés. La  demande finale liée au sport est ainsi estimée. Pour des raisons de clarté, les autres transactions non liées au sport sont indiquées dans le SSA dans une forme consolidée. Cette méthode garantit  les liens avec le TRE du  SCN. Les totaux macroéconomiques sont toujours donnés.

Dans la partie gauche du SSA, se trouve la production ou la production liée au sport en Allemagne en détail par produit i (i = 1 – n) et par secteur d ‘activité j (j = 1 – n). Les détails sont calculés au prix de base liés à la production, y compris les subventions sur les produits, mais sans les taxes sur les produits. L’interrelation montre le programme de production de produits spécifiques au sport au sein des différents secteurs d’activité de l’économie nationale. Au-delà des éléments diagonaux, qui illustre la production caractéristique des biens (dite production principale ou primaire)), la production de biens due à la production dite secondaire est indiquée.

 

La structure générale du compte satellite allemand du sport

 

La valeur ajoutée  (VA) liée au sport identifiée dans le cadre du SSA pour 2008 était d’un montant total de près de 73,1 milliards d’euros. Cela signifie qu’en 2008, les activités liées au sport ont représenté 3,3 % de la VA globale, soit un montant de 2 217 milliards d’euros, soit  une contribution similaire de celle des fabricants allemands de moteurs, a été générée par la demande directe de services liés au sport.  La figure suivante résume les résultats du tableau du SSA et montre la contribution qui en résulte pour la VA liée au sport due aux activités de production spécifiques au sport.

Contribution des secteurs d’activité à la VA liée au sport en Allemagne en 2008, en %

La création de VA dans le domaine du sport est, comme on s’y attendait, principalement déterminée par la consommation finale des ménages  (en raison de la participation active au sport et d’un intérêt général passif dans le sport) et par la consommation finale des clubs et associations sportives. Avec environ 89,1 milliards d’euros, c’est la plus grande composante de la demande finale pour les biens et services liés au sport. En 2008, environ 6,6 % de la consommation des ménages  en Allemagne ont été consacrées au sport, pour un total de 1,315 milliard Euros.

En 2008, la consommation publique à des fins sportives s’est élevée à 16,4 milliards d’euros. Cela représente 3,6 % des dépenses de l’État. La consommation publique liée au sport comprend les services liés au sport des autorités régionales (l’État allemand, la les États fédéraux et les collectivités locales ainsi que la sécurité sociale obligatoire) qui sont prévu pour les citoyens sans paiement spécial en tant que dépense de consommation non individuelle (par exemple, la consommation collective de sport scolaire) ou en tant qu’avantages sociaux non monétaires (comme dans le champ d’application de l’assurance maladie obligatoire).

Les producteurs caractéristiques du sport ont investi en  2008 à hauteur de 7,6 milliards d’euros. Cela représente environ 1,6 % de la FBCF global. Près de 7 milliards d’euros ont été dépensés pour les constructions en cours de nouveaux bâtiments et la   modernisation/rénovation de les installations sportives.

Structure de la consommation liée au sport par les ménages en Allemagne en 2008, en %

Le commerce extérieur est également directement affecté par les activités liées au sport. Un total de 2,1 milliard d’euros e des produits spécifiques au sport ont été exportés. Comme il fallait s’y attendre, des quantités bien plus considérables de biens et de services ont été importés en raison de la demande directe de produits liés au sport activités. En 2008, celles-ci se sont élevées à quelque 23,2 milliards d’euros, soit environ 2,4 % du total de toutes les marchandises importées en Allemagne.

La production totale de l’économie du sport au sein de la SSA allemande, délimitée conformément (avec la définition large de Vilnius), s’élevait en 2008 à 165 milliards d’euros. De ce montant, quelque 17,4 % ont été consacrés aux produits des industries manufacturières. Les produits liés au sport du secteur de la construction, qui représentent environ 6,4 % de tous les services liés au sport ne sont pas inclus ici. Quelque 24 % de la production totale liée au sport sont directement liés au sport peut être attribuée au commerce de détail, tandis que la part la plus importante restante, à savoir 52,2%, est allée, comme on pouvait s’y attendre, aux secteurs d’activité des services.

En raison des activités de production liées au sport, les impôts nets sur les produits s’élèvent en 2008 à 18,2 milliards d’euros. Avec les subventions accordées, cela comprenait la taxe de vente non déductible (TVA), les taxes à l’importation et d’autres taxes sur les produits. Les recettes fiscales brutes liées au sport sur les produits étaient donc d’environ 7,1 %. du total des recettes.

 

Part des secteurs d’activités dans la production liée au sport en Allemagne en 2008, en %

Composition au PIB  des diverses emplois (nets) liées au sport en Allemagne en 2008 en ce qui concerne ses composantes liées à la demande, en milliards d’euros

 

 

 

 

d) Le sport au Royaume-Uni

L’objectif de ce compte est de mieux comprendre l’ampleur et la composition du secteur sportif au Royaume-Uni. Cela permet aux décideurs politiques d’être mieux informés lors de leurs décisions de soutien au secteur sportif britannique.

Le compte satellite du sport du Royaume-Uni est basé sur la méthodologie paneuropéenne révisée convenue dans l’UE permettant d’estimer la valeur de l’économie du sport.

La VAB mesure la contribution du sport au PIB global. Les résultats estiment que le sport et les biens connexes ont contribué à hauteur de 53,6 milliards de livres sterling de VAB directe à l’économie britannique en 2021 (soit 2,6 % de la VAB totale du Royaume-Uni en 2021).

Les résultats ont estimé que les caractéristiques du sport et les activités connexes ont contribué à hauteur de 99,6 milliards de livres sterling à la production économique directe du Royaume-Uni en 2021. Cela équivaut à 2,5 % de la production économique totale du Royaume-Uni pour l’année.

De cette production directe, 87 % sont attribuables au sport actif (86,8 milliards de livres sterling), tandis que 13 % sont attribuables au sport passif (12,8 milliards de livres sterling). Le sport actif désigne l’ensemble des dépenses liées à la pratique d’un sport. Le sport passif, quant à lui, comprend des activités telles que les paris sportifs et le fait d’assister à des événements sportifs.

  • Les dépenses dans l’industrie du sport induisent des dépenses dans d’autres secteurs. L’effet multiplicateur illustre comment les dépenses dans l’industrie du sport se répercutent sur l’économie, affectant divers secteurs au-delà du point de départ. Par exemple, si vous dépensez de l’argent pour des billets pour un match de netball, une partie de cet argent sert à rémunérer les arbitres qui organisent la rencontre. Ces arbitres dépensent ensuite leurs revenus dans d’autres secteurs de l’économie, ce qui entraîne des répercussions sur l’économie.
  • L’effet multiplicateur global pour le sport est de 1,55, ce qui signifie que pour chaque livre sterling dépensée dans le sport, cela génère 55 pence supplémentaires de VAB ailleurs dans l’économie.

Les résultats estiment que le secteur du sport a contribué directement à environ 1,25 million d’emplois (effectifs) au Royaume-Uni en 2021. Cela représente 3,9 % de l’emploi total au Royaume-Uni en 2021. On estime que le secteur du sport a employé 878 000 personnes en équivalent temps plein (ETP), soit 3,5 % du total des emplois ETP au Royaume-Uni en 2021.

Comparer le sport à d’autres secteurs permet de contextualiser les résultats. En 2021, la contribution des biens caractéristiques du sport et des biens connexes à la valeur ajoutée brute du Royaume-Uni s’élevait à 53,6 milliards de livres sterling, soit une contribution supérieure à celle d’autres secteurs, tels que la construction de bâtiments (40,2 milliards de livres sterling), la restauration (36,5 milliards de livres sterling) et les télécommunications (33,3 milliards de livres sterling).

Le tableau suivant présente la production directe liée au sport au Royaume-Uni et sa part dans la production totale, ventilée par pays. Les mêmes informations sont également fournies pour la VAB. Ce tableau montre également le nombre et la proportion d’emplois équivalents temps plein (ETP) directement liés au sport, répartis par pays d’origine.

Principales données du compte satellite du sport au Royaume-Uni

 

 

 

e) Le sport en Belgique

Le compte satellite du sport (CSS) de la Belgique. a pour but d’évaluer l’impact du sport sur l’économie belge. La méthode consiste à filtrer les comptes nationaux (SCN) afin de calculer l’effet des activités économiques liées au sport. L’étude porte sur l’année 2015.

Aux fins de ce compte, Les comptables belges ont recours à la définition du sport de Vilnius (« fichier Excel définition Vilnius », 2017, voir tableau suivant) sur laquelle s’est mis d’accord le groupe de travail européen « Sport et économie » en 2007. Cette définition comporte trois parties :

  • la définition statistique: elle couvre les activités liées au sport telles que définies dans le système des comptes nationaux (NACE.93); il s’agit essentiellement des installations sportives, clubs sportifs, clubs de fitness et événements sportifs ainsi que de de leur promotion;
  • la définition restreinte : il s’agit de la définition statistique susmentionnée à laquelle s’ajoutent d’autres industries produisant des biens et services nécessaires à la pratique sportive, parmi lesquels les articles sportifs, l’enseignement, les gazons sportifs et assimilés;
  • la définition élargie: il s’agit de la définition restreinte à laquelle s’ajoutent toutes les industries basées sur le sport, comme le tourisme sportif, les paris sportifs et le journalisme sportif.

Le tableau suivant  présente les trois variantes de la définition du sport de Vilnius ainsi que des exemples pour chacune d’entre elles.

Définition du sport de Vilnius

 

 

Il ressort que les entités économiques directement liées au sport (à savoir les entreprises du secteur sportif mais également les associations de bénévoles, les institutions, les ASBL et autres associations) ont créé de la valeur ajoutée brute (VAB) à hauteur de 6,641 milliards d’euros.

Le sport génère donc (directement) deux fois plus de valeur ajoutée brute que l’agriculture (2,705 milliards d’euros) et même plus que le secteur de l’électricité, du gaz et de la vapeur (6,091 milliards d’euros) ou des télécommunications (5,090 milliards d’euros). Si on y ajoute le réseau d’approvisionnement (soit les effets indirects) et la consommation des employés du secteur du sport (soit les effets induits), on obtient un résultat total de 9,430 milliards d’euros. L’économie du sport en Belgique  représente 1,78% (en effets directs) et 2,53% (effets totaux comprenant les effets induits) de l’économie belge dans son ensemble. Les activités économiques liées au sport génèrent un euro sur 39 en Belgique.

Valeur ajoutée brute du sport (au sens de la définition élargie) par rapport à la VAB d’autres secteurs de la même taille, en millions d’euros

 

 

 

L’étude montre également que 92.321 personnes sont directement employées dans la production de biens et services liés au sport, soit 2,05% de l’emploi total en Belgique. Au total, si nous tenons compte des effets indirects et des effets induits sur l’emploi, ce sont 122.240 personnes, soit 2,72% de l’emploi en Belgique, qui travaillent dans le secteur du sport, ce qui équivaut à la population d’Anderlecht (118.241 habitants).

Emploi dans le secteur du sport (au sens de la définition élargie) en comparaison avec d’autres secteurs de taille comparable, en nombre de personnes

L’emploi lié au sport est plus important que la valeur ajoutée brute que celui-ci crée, ce qui signifie que le sport est un secteur économique au taux d’emploi élevé: pour générer un pour cent de valeur brute, il faut, en effet, plus d’un pour cent d’emploi. Le
sport constitue donc un secteur propice à la lutte contre le chômage. Ceci ne saurait s’expliquer, de manière simpliste, par un niveau de salaire bas dans la mesure où la moyenne des salaires dans ce secteur s’élève à 30.673 € par an (dans les emplois directement liés au sport), valeur qui s’approche du salaire moyen dans l’ensemble de l’économie, soit 33.761 €.

Les salaires des employés dans les activités liées directement au sport se chiffrent à 2,832 milliards d’euros avant impôts et cotisations sociales, soit 1,86% des rétributions dans l’ensemble de l’économie. Si on ajoute les effets sur le réseau
d’approvisionnement et les effets induits, les revenus générés par le secteur sportif se montent à 3,863 milliards d’euros, soit 2,54% des revenus totaux engendrés par l’économie.

Le sport au sens de la définition statistique (activité des clubs sportifs et des centres sportifs et centres de fitness) affiche un taux élevé d’acquisition de biens et services intermédiaires sur le marché national (44% de la production), bien plus que l’ensemble des secteurs (29%).

L’étude révèle également que les dépenses publiques dans le domaine du sport produisent bien plus de valeur ajoutée locale brute (61% des dépenses) que dans l’économie générale (53%). La population et les entreprises bénéficient donc particulièrement de ces dépenses publiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Michel Braibant


BIBLIOGRAPHIE

[1] Les comptes sateliites, M. Braibant, Courrier des statistiques, Insee, N°69, Mars 1994, https://www.bnsp.insee.fr/ark:/12148/bc6p06z98wd.r=Courrier%20des%20statistiques%201994?rk=64378;0#  voir aussi M. Braibant, 13th International Conference on Input-Output Techniques 21-25 August 2000, Macerata  https://www.iioa.org/conferences/13th/files/Braibant_FrenchSatelliteAccounts.pdf,

[2] https://statswiki.unece.org/display/SAOI/Satellite+Accounts+-+Online+Inventory+Home?preview=/267060175/267061230/02%20In-depth%20review%20of%20satellite%20accounts.pdf

[3] Compte satellite du tourisme : recommandations concernant le cadre conceptuel OCDE : 2008, https://www.oecd.org/fr/cfe/tourisme/comptesatellitedutourismecadremethodologiquerecommande.htm, voir aussi https://www.insee.fr/fr/statistiques/6204889#:~:text=%E2%80%93%2059%2C7-,Lecture%20%3A%20en%202020%2C%20la%20consommation%20des%20touristes%20r%C3%A9sidents%20en%20h%C3%A9bergements,satellite%20du%20tourisme%2C%20base%202014.

[4] Vers un compte satellite des ISBLSM en France, E. Archambault et P. Kaminski,  https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00119952/file/04265_Archambault_Recma294.pdf, voir ausssi https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-03380677/document voir ausssi https://addes-asso.fr/document/le-handbook-de-lonu-et-ladaptation-de-son-perimetre-a-une-vision-plus-europeenne/

6] Le Compte de l’éducation : principes, méthodes et résultats pour les années 2006 à 2014, Les dossiers de la DEPP, N°206 – avril 2016, https://www.education.gouv.fr/le-compte-de-l-education-principes-methodes-et-resultats-40844, voir aussi https://www.education.gouv.fr/161-milliards-d-euros-consacres-l-education-en-2020-70-du-pib-325936#:~:text=0%20%25%20du%20PIB-,161%20milliards%20d’euros%20consacr%C3%A9s%20%C3%A0%20l’%C3%A9ducation%20en%202020,%3A%207%2C0%20%25%20du%20PIB&text=En%202020%2C%20la%20France%20a,7%2C0%20%25%20du%20PIB.,

[7] La protection sociale en France et en Europe en 2017 – Résultats des comptes de la protection sociale – édition 2018, comptes et analyses économiques 2018, Ministère de la santé et de la protection sociale, https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/etudes-et-statistiques/publications/panoramas-de-la-drees/article/la-protection-sociale-en-france-et-en-europe-en-2017-resultats-des-comptes-de

[8] https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/compte-satellite-du-logement/

[9] Bilan annuel des transports en 2023, SDES, https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/bilan-annuel-des-transports-en-2023

[10] https://ec.europa.eu/eurostat/documents/3859598/5925793/KS-02-13-269-FR-TOC.PDF.pdf/93fd734b-4212-4175-bb75-7ad416c0cd04?t=1414782567000

 

Tableau entrées-sorties mondial (T.E.S.)