Le cœur du cadre entrées-sorties se compose de tous les tableaux des ressources et des emplois (TRE) en prix courants et en prix de l’année précédente. Les comptes de production et d’exploitation par branches d’activité sont en colonne. Les équilibres-ressources-emplois (ERE) des produits sont en lignes. Les tableaux entrées-sorties symétriques déduits des TRE sur la base d’hypothèses ou de données supplémentaires viennent compléter ce cadre.
En règle générale, la nomenclature des produits dans les TRE est plus détaillée que la nomenclature des branches d’activité. Ceci tient principalement à quatre raisons: a) les données disponibles sur les produits sont souvent beaucoup plus détaillées que celles sur les branches d’activité; b) pour permettre une déflation de haute qualité et l’estimation de mesures en volume, les groupes de produits sont homogènes et parfaitement reliés aux déflateurs de prix disponibles; c) dans le but de garantir la transparence des calculs, des produits séparés sont nécessaires afin de faire apparaître certaines conventions spécifiques importantes des comptes nationaux (concernant, par exemple, les services des logements occupés par leurs propriétaires, les assurances, la production marchande et la production non marchande des unités des administrations publiques).
Les TRE sont des matrices qui décrivent les valeurs des opérations sur produits de l’économie nationale classées par branche d’activité et par type de produit. Ils présentent: la structure des coûts de production et le revenu généré par les activités de production; les flux de biens et de services produits au sein de l’économie nationale; les flux de biens et de services entre l’économie nationale et le reste du monde; à des fins d’analyse dans un contexte européen, une distinction est opérée entre les flux intra-UE et les flux avec des pays situés en dehors de l’UE.
Un tableau des ressources ventile les ressources de biens et de services par produit et par branche d’activité productrice, et fait la distinction entre les ressources provenant des branches intérieures et les importations. Un tableau des emplois détaille les emplois de biens et de services par produit et par type d’emploi. Les TRE étrangers sont établis par secteur d’activité ou branche d’activité principale qui produisent une activité principale et des activité secondaires. Alors qu’en France et en Roumanie, le TRE est en branche pure ce qui est l’équivalent du tableau input output (IOT) dans les autres pays, exception faite du système des prix.
The core of the input-output framework is the supply and use tables (SUT) in current prices and prices of the previous year. Production and generation of income accounts by industries are in columns. Commodity flows by product are in rows. The framework is completed by the symmetric input-output tables which are derived from the supply and use tables by using assumptions or additional data.
The product classification in the SUT is generally more detailed than the industry classification. There are four major reasons for this: (a) available data on products are often much more detailed than those on industries; (b) to enable high quality deflation and the estimation of measures in volume terms, the product groups are homogeneous and well linked to the available price deflators; (c) to ensure a transparent compilation process, separate products are needed to reveal major specific national accounts conventions, such as the services of owner-occupied dwellings, insurance and the market and non-market output by government units.
SUT are matrices describing the values of transactions in products for the national economy categorised by product type and industry. These tables show: the structure of the costs of production, and the income generated in the production process; the flows of goods and services produced within the national economy; the flows of goods and services between the domestic economy and the rest of the world; for analysis in a European context, a distinction is required between intra-EU flows and flows with countries outside the EU.
A supply table shows the supply of goods and services by product and by producing industry, and distinguishes supply amongst domestic industries and imports. A use table shows the use of goods and services categorised by product and by type of use. SUTs are compiled by activity sector or main industry which produce a principal activity and possibly secondary activiies. Whereas the French and Romania SUT are pure branch which is in fact IOT in the other countries, except the system of price.
«Les tableaux des ressources et des emplois sont un mécanisme comptable essentiel qui permet d’assurer la cohérence entre les différentes sources de données et les différentes approches que les pays utilisent pour estimer le PIB – dépense, production et revenu. Ils peuvent également être utiles dans de nombreux domaines stratégiques». OCDE.
«En 2015, l’industrie wallonne s’approvisionnait auprès du secteur industriel flamand pour près de 5 milliards d’euros et recourait aux services produits dans les deux autres régions pour quelque 4,6 milliards. Bien sûr, elle puisait principalement ses inputs dans l’économie locale, pour 16,5 milliards d’euros. Les exportations flamandes ont répondu à la demande finale wallonne pour 16 milliards tandis que les producteurs wallons livraient en Flandre près de 11 milliards pour sa demande finale. C’est ce type de constats et d’interactions économiques entre secteurs et régions qu’éclairent des tableaux de ressources et d’emploi (TRE) et des tableaux entrées-sorties (TES) interrégionaux», Luc Avonds.
Sommaire
I – LES COMPTES DE PRODUCTION ET D’EXPLOITATION PAR BRANCHE D’ACTIVITÉ
II – LES ÉQUILIBRES-RESSOURCES-EMPLOIS (ERE)
III – DIFFÉRENTS CONCEPTS D’ÉVALUATION DU TABLEAU RESSOURCES-EMPLOIS
V- LES DÉFINITIONS DU SEC 2010 SONT ELLES APPLICABLES EN FRANCE ?
VI – LA CONSTRUCTION DU TABLEAU RESSOURCES EMPLOIS : LES MANUELS INTERNATIONAUX
VII – LES SOURCES ET LES NOMENCLATURES
VIII – LA PRATIQUE DANS LES PAYS DE L’UE
IX- TRE À PRIX COURANTS ET À PRIX CONSTANTS
X – STATISTIQUES EUROPÉENNES DES RESSOURCES ET DES EMPLOIS
Introduction
° Le tableau ressources emplois (TRE) vise à fournir une analyse détaillée du processus de production et de l’emploi des biens et des services (ou produits), ainsi que des revenus engendrés par la production. Le cadre entrées-sorties est complété par le TES symétrique [1] (les nombres entre crochet renvoient à la bibliographie en bas de page).
° Le TRE joue un rôle spécifique dans l’établissement des comptes nationaux, en fournissant le cadre qui garantit la cohérence de tous les indicateurs, en prix courants et constants. Ces tableaux ont plutôt une fonction de synthèse statistique [2]. Leur élaboration représente une part importante du processus d’élaborationt des comptes nationaux; de manière générale, les principaux avantages de ces tableaux sont les suivants:
° Le tableau des ressources ventile les ressources de biens et services par produit et branche d’activités principales (qu’on appellera ici branches d’activités, que certains comptables appellent branches « observables » en référence à l’observation statistique, par opposition à branche homogène-pure) ou branche d’UAEL, « industries » en anglais, (secteurs d’activité dans de nombreux pays). Il fait la distinction entre les ressources provenant de branches intérieures et les importations dans le TRE [3].
° Le tableau des emplois détaille les emplois de biens et services par produits et par type d’emplois : consommations intermédiaires par branche d’activité, dépenses de consommation finale (des ménages, des administrations publiques et des ISBLSM), formation brute de capital, exportations. Ce tableau inclut par branches d’activité la décomposition de la valeur ajoutée brute selon la rémunération des salariés, les autres impôts et les subventions sur la production, le revenu mixte net et l’excédent net d’exploitation, et la consommation de capital fixe (compte d’exploitation) .
° Les manuels du SEC et du SCN présentent l’avantage de rester général et donc de permettre une certaine souplesse. Le manuel « input-output » d’Eurostat fait deux recommandations. D’une part être au plus près des sources statistiques dans le TRE de manière à estimer correctement la valeur ajoutée et ses composantes; respecter quelques règles pour le calcul du TES symétrique (choix de la technologie, calcul des emplois au prix de base,…). Le SEC 2010 et d’autres manuels étrangers précisent aussi quelques définitions [4]. On traduit ici des parties du manuel « input-output » disponible seulement en anglais tant les méthodes varient selon les pays, surtout en France. Il en va de même du manuel de l’ONU de 2018. Celui-ci fournit des exemples pratiques et des discussions plus approfondies.
° Le TRE est ainsi utilisé pour valider les résultats des comptes nationaux. Ils constituent la plate-forme sur laquelle les résultats des trois approches du PIB sont confrontés et réconciliés. L’approche de la production et des dépenses est calculée indépendamment, pour l’approche des revenus, la rémunération des salariés, les impôts/subventions sur la production et la consommation de capital fixe sont calculés directement tandis que l’excédent d’exploitation/revenu mixte est calculé comme un résidu [5].
1/ Structure du TRE : agrégats et égalités comptables
° Le TRE est une matrice décrivant les processus de production intérieure et les opérations sur produits dans l’économie nationale, par produit et par branche d’activité. Ces tableaux montrent:
° Les éléments d’un tableau des ressources sont les suivants:
° Les éléments d’un tableau des emplois sont les suivants:
Un TRE simplifié est présenté dans le schéma suivant.
Un cadre du TRE simplifié
° Dans le TRE, les ressources, par définition, sont égales aux emplois. C’est pourquoi les trois égalités comptables suivantes (de manière générale) doivent être respectées pour chaque produit/produit de base entrant dans la classification des tableaux des ressources et des emplois:
Production par branche d’activité = Entrées par branche d’activité.
Pour chaque branche d’activité: Production = Consommation intermédiaire + Valeur ajoutée brute.
Ressources totales par produit = Emplois totaux par produit.
Cette égalité n’est valable que lorsque les ressources et les emplois sont estimés aux mêmes prix (prix d’acquisition ou prix de base). Pour chaque produit, les ressources et les emplois sont estimés aux prix d’acquisition.
Ressources aux prix d’acquisition = Production aux prix de base + Importations aux prix de base + Marges commerciales + Marges de transport + Impôts (moins subventions) sur les produits.
Emplois aux prix d’acquisition = Consommation intermédiaire + Exportations + Dépenses de consommation finale + Formation brute de capital.
VAB totale = Σ VAB de chaque branche d’activité
où VAB = Production – Consommation intermédiaire de chaque branche d’activité.
Lors de l’ajout du tableau de répartition de la valeur ajoutée dans le cadre ressources et emplois, il est nécessaire d’effectuer une équation comptable supplémentaire (par branche d’activité).
Production – Consommation intermédiaire = Valeur ajoutée = Rémunération des salariés + Autres impôts sur la production, nets + Excédent d’exploitation/Revenu mixte.
° L’élaboration de l’ensemble de données du TRE ne peut pas être dissocié de l’élaboration des autres comptes du système. Dans cet exemple, le compte de biens et services, le compte de production et le compte d’exploitation, par branche d’activité, sont intégrés.
° Les TRE forment le cadre central de tous les types de tableaux par branche d’activité, par exemple, ceux sur la production, la valeur ajoutée, la rémunération des salariés, l’emploi, l’excédent d’exploitation/le revenu mixte, les impôts (moins subventions) sur la production, la formation brute de capital fixe, la consommation de capital fixe et de stock de capital.
° Les informations provenant du TRE sont le point de départ de la construction du tableau entrées-sorties symétrique. Les informations sur les branches d’activité par produit du TRE peuvent être converties en tableaux symétriques. Un tableau entrées-sorties symétrique est une matrice produit par produit ou branche d’activité par branche d’activité décrivant de manière détaillée les processus de production intérieure et les opérations sur produits dans l’économie nationale; elle rassemble les TRE en un tableau unique (voir page TES Symétrique). La différence conceptuelle majeure entre un tableau entrées-sorties symétrique et un TRE réside dans le fait que le premier présente des statistiques concernant les produits, par produit, ou les branches d’activité, par branche d’activité. Ainsi, dans un tableau entrées-sorties symétrique, une classification des produits ou bien des branches d’activité est employée pour les lignes et les colonnes.
2/ Classifications
Le TRE intègre toutes les classifications principales utilisées dans les statistiques de comptabilité nationale.
Les principales classifications utilisées dans le tableau des ressources sont reprises dans la liste suivante:
° Le niveau de détail par branche d’activité/produit est déterminé par chaque pays, en fonction des particularités de son économie. Les éléments suivants pourraient également avoir un impact significatif sur le niveau des détails disponibles dans le tableau des ressources:
Cependant, le facteur déterminant dans la définition du détail des TRE est qu’il existe généralement un lien entre la taille des tableaux et la qualité des données fournies. C’est pourquoi les pays doivent choisir la taille des tableaux des ressources et des emplois en se basant sur les facteurs présentés ci-dessus.
Le tableau des emplois utilise certaines classifications spécifiques:
Les éléments Production, Consommation intermédiaire et Valeur ajoutée sont classés par branche d’activité, en utilisant la CITI Rév. 4 ou la classification nationale compatible avec la classification internationale.
3/ Unité statistique et sources de données
° L’unité statistique et les sources de données sont liées dans le sens où les données collectées de sources diverses pourront correspondre directement ou devront être ajustées en se basant sur des informations supplémentaires afin de répondre aux exigences méthodologiques des TRE.
+ Le SCN 2008 recommande l’utilisation des unités d’activité économique local (UAEL), car ce type d’unité offre toutes les caractéristiques nécessaires à l’analyse des relations techniques et économiques. En conséquence, les unités institutionnelles doivent être séparées en unités plus petites et plus homogènes, en prêtant attention au type de production. Les UAEL sont conçues, en tant que meilleure approche opérationnelle orientée vers la pratique, pour répondre à cette exigence. Toutefois l’entreprise est utilisée dans de nombreux pays. On ne sait toutefois pas si le mot « entreprise » signifie ou non entreprise profilée (EP) dans un ou plusieurs pays ? En France, c’est l’unité légale (UL) qui sert de point d’appui à l’élaboration du TES. Mais depuis 2012, l’Insee n’enquête plus des UL. On ne sait pas si dans certains cas, ce n’est pas l’EP qui sert d’unité de base pour estimer la production et les consommations intermédiaires?
° La qualité du TRE dépend du niveau de désagrégation utilisé pour leur élaboration, de la disponibilité des sources de données et des ressources humaines. La construction des TRE en suivant la méthodologie du SCN 2008 requiert un grand nombre de données et utilise les informations disponibles dans le système statistique, issues de toutes les sources, à savoir les recensements, les enquêtes, les données administratives, les études diverses et les jugements d’experts. Les exigences en matière de données pour la construction des tableaux des ressources et des emplois sont plus strictes que celles concernant la préparation des comptes de biens et services dans les comptes nationaux, car les données doivent être établies à un niveau de produit individuel.
° Il est nécessaire de disposer des données détaillées et disponibles indépendamment à un niveau de produit pour chaque composante des tableaux afin de pouvoir établir des TRE de haute qualité. Ce n’est que dans ces conditions qu’il sera possible de mélanger et de confronter différentes sources de données par le cadre ressources et emplois, de façon à ce que les faiblesses des systèmes de données, y compris leur conformité aux concepts de comptabilité nationale, soient identifiées et que les ajustements appropriés soient appliqués pour l’estimation des indicateurs.
° En réalité, les sources de données disponibles (tout spécialement dans les pays en développement) sont loin d’être idéales et cela a un effet direct sur la qualité des TRE. Cependant, les ressources et les emplois représentent le cadre idéal (grâce à leurs recoupements et leurs équilibres intégrés) pour maximiser la qualité des comptes nationaux, même dans le cas de données sources limitées. C’est pourquoi il est si important d’utiliser le cadre ressources et emplois pour l’élaboration des comptes nationaux (en particulier pour le PIB) lorsque les données sources sont incomplètes. Dans de telles situations, il est possible que les pays doivent adopter des optiques de flux de produits ou utiliser des sources de données auxiliaires, telles que des études ou des rapports provenant de pays voisins ou d’économies similaires.
4/ Définitions et terminologie : TRE à l’étranger (TES en France) et TES symétrique
° Ainsi on peut s’arrêter pour préciser la terminologie concernant les tableaux de synthèse par activité :
° Le « tableau des ressources et des emplois » français, où les colonnes seraient des branches observables non homogènes, n’est pas construit en France. Le « TES » tient donc lieu de « SUT ». Le lecteur attentif peut se demander pourquoi deux les tableaux « TES » et « TES symétriques » coexistent en France, s’ils ont la même définition (produit en ligne et branche homogène en colonne). Le passage de l’un à l’autre permet en fait d’intégrer deux éléments importants, qui ne sont pas présents dans un « SUT » classique : d’une part des informations sur les impôts, subventions, marges de commerce et de transport qui permettent de reconstituer les emplois des biens et des services « au prix de base » plutôt qu’au prix d’acquisition ; d’autre part un partage des emplois suivant la provenance des produits (production domestique ou importations). Ces deux modifications sont destinées à permettre l’utilisation directe de l’IOT pour la modélisation économique « entrée-sortie ».
° En France, le TES est en branche homogène (ou pure), alors que dans le SEC, seul le TES symétrique est en branche homogène. Si les lignes sont inchangées, les colonnes ne sont pas comparables entre le TES français et les TRE étrangers.(voir page Vers un Tableau entrées-sorties idéal et mondial).
5/ Des comparaisons possibles en ligne entre la France et les autres pays mais quasi impossibles en colonne
° Les autres pays distinguent, à des degrés divers, des activités secondaires au sein de leurs branches observables. Les valeurs ajoutées par activité diffèrent donc suivant qu’on utilise le SUT (branches observables qui incluent potentiellement des activités secondaires) ou l’IOT (branches homogènes « mono-produits »).
° En pratique, que représentent les « branches observables » des différents pays ? Certains instituts statistiques ont mis en place un système qui leur permet d’observer à la fois la production et les consommations intermédiaire (et donc la valeur ajoutée) au niveau des établissements locaux. Cette pratique est celle qui se rapproche le plus des consignes du SEC 2010. Cependant, elle n’est pas majoritaire. Dans la plupart des pays, la « branche observable » est en fait constituée par un regroupement d’unités légales, voire d’unités « institutionnelles » encore plus larges, simplement du fait que les informations comptables n’existent pas à des niveaux plus désagrégés . Ces pays répartissent donc la valeur ajoutée par activité selon des notions proches de celles du « secteur d’activité » et donc assez éloignées de la notion de branche observable.
° Prenons l’exemple de l’industrie manufacturière pour illustrer le poids des activités secondaires. Dans le TRE allemand en 2015, cette activité représente une production de 1 820 Md€ au prix de base . Elle se répartit entre 1 660 Md€ de produits manufacturés (soit 91,2 %) et 159 Md€ d’autres productions. On y trouve notamment 58 Md€ de commerce (3,2 %), 47 Md€ de services de recherche et développement (2,6 %) et 16 Md€ de services immobiliers (0,9 %). À l’inverse, des activités non-manufacturières produisent également des produits manufacturés à hauteur de 15 Md€. Lorsqu’on retire les consommations intermédiaires, la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière allemande atteint 617 Md€ dans le SUT mais seulement 521 Md€ dans l’IOT, soit 16 % de moins.
° Dans le reste de l’Europe (hors France et Allemagne), la production de l’industrie manufacturière se compose de 92,7 % de produits manufacturés, 2,8 % de commerce, 1,2 % de recherche et développement et 3,3 % d’autres produits. Dans le « SUT » français au contraire (qui est en fait un « TES »), les activités de commerce et de R&D sont complètement séparées : elles sont exclusivement produites par les activités dédiées « commerce » et « R&D ».
° On peut noter que dans tous les pays européens, les UAEL de l’industrie produisent de manière secondaire certains services, alors que le contraire est nettement plus rare. Par conséquent, dans tous les pays, la production manufacturière dans l’IOT est inférieure à celle du SUT (- 4 % en moyenne) et c’est également le cas en termes de valeur ajoutée (- 8 % en moyenne).
Part dans la production de l’industrie manufacturière en 2015Source : Insee et Eurostat (Tableau des ressources aux prix de base, y compris passage aux prix d’acquisition), calculs Insee
° Ainsi suivant le TRE, la part de l’industrie manufacturière dans la valeur ajoutée totale de l’économie était de 12 % en France en 2015 contre 23 % en Allemagne, soit un écart quasiment du simple au double. En utilisant les IOT, la part en France est toujours de 12 % mais elle n’est plus que de 19 % en Allemagne. L’écart entre les deux pays est donc plus limité. Pour l’Allemagne, on peut noter que la baisse apparente de l’activité manufacturière quand on passe du TRE à l’IOT est plus marquée sur la valeur ajoutée (environ -15%) que sur la production (environ -10%). Cela signifie que les activités secondaires qui sont isolées dans ce processus (principalement commerce et R&D) ont un taux de valeur ajoutée plus élevé que l’activité manufacturière principale. Ce différentiel entre production et VA quand on passe à l’IOT se retrouve dans la plupart des autres
pays d’Europe, mais est relativement plus marqué en Allemagne.
° Il est donc clair qu’on ne peut comparer la part de l’industrie en France à celle des autres pays à partir des TRE étrangers et du TES français. La seule solution est de se référer aux IOT. Il faut toutefois noter que l’IOT est toujours issu d’une certaine modélisation à partir des SUT (voir page TES Symétrique) . En effet, dans la plupart des pays, la production est observée avec une grande finesse, mais ce n’est pas le cas des consommations intermédiaires. Le modèle qui permet d’estimer les consommations intermédiaires par « branche homogène » afin de passer du SUT à l’IOT peut varier suivant les pays, à la fois en termes de concepts et de données mobilisées. Mais la principale limite des IOT est surtout pratique : ces tableaux sont beaucoup moins disponibles que les SUT. La France les produit tous les ans, mais beaucoup de pays ne les produisent que tous les cinq ans sur la base d’enquêtes spécifiques.
Part dans la production de l’industrie manufacturière en 2015
Insee et Eurostat (Tableau des emplois au prix d’achat et tableau des entrées-sorties (produit par produit) : certains pays comme les Pays-Bas ou le Danemark établissent des IOT industies par industries.
1/ Le compte de production
On distingue d’abord le compte de production qui décompose la production entre consommation intermédiaire (CI) de la branche et valeur ajoutée qui est le solde du compte. Tous les pays établissent ces comptes qui sont en colonne du TRE.
Le compte de production est le premier à être établi. Pour les SNFEI, ce compte s’établit comme suit.
2/ Le compte d’exploitation
Le tableau des emplois inclut la décomposition de la valeur ajoutée brute (B1G) selon la rémunération des salariés, les autres impôts et les subventions sur la production, le revenu mixte net et l’excédent net d’exploitation, et la consommation de capital fixe (comptes d’exploitation). L’équation comptable des comptes d’exploitation par branche (CEB) est la suivante (les codes associés aux opérations figurent entre parenthèses) :
Plus précisément, le compte d’exploitation se présente ainsi :
Les comptes d’exploitation par branche sont élaborés en France selon une méthode originale à partir d’une technologie (technologie secteur d’activité : on approche les ratios d’une branche pure par ceux qui sont observés dans le secteur d’activité correspondant) [6]. Cette hypothèse n’est pas mentionnée dans les manuels internationaux lors du passage du TRE aux TES symétrique. Alors qu’elle est assez justifiée d’un point de vue économique et qu’elle n’aboutit pas à des données négatives (voir page TES Symétrique). Il est vrai que les autres pays n’ont bas besoin de cette hypothèse pour le calcul des comptes d’exploitation puisqu’ils partent des données d’entreprises ou d’UAEL, moyennant les quelques corrections du Passage au comptes de la CE à la CN.
a) Rémunération des salariés (D1)
La rémunération des salariés comprend la rémunération totale (en espèces ou en nature) qu’un employeur doit à un salarié pour son travail au cours de la période de référence des comptes.. Outre le salaire que perçoit le salarié, la rémunération des salariés comprend également toutes les cotisations sociales versées par l’employeur aux institutions de sécurité sociale, indépendamment du fait qu’il s’agisse d’institutions collectives ou privées.
ils comprennent les salaires et traitements en espèces ainsi que les salaires et traitements en nature. Les salaires et traitements en espèces incluent les cotisations sociales, impôts sur le revenu, et autres retenues à la charge du salarié, même si l’employeur les retient à la source et les verse directement pour le compte du salarié aux administrations de sécurité sociale, aux autorités fiscales et autres. Les salaires et traitements en nature correspondent aux biens, services ou autres avantages fournis gratuitement ou à prix réduit par les employeurs à leurs salariés et que ceux-ci peuvent utiliser à leur convenance pour satisfaire leurs besoins ou ceux des autres membres de leur ménage. Ces biens, services ou autres avantages ne sont pas indispensables au travail proprement dit. Ils constituent un revenu supplémentaire pour les salariés puisque ceux-ci auraient dû les payer s’ils avaient voulu les acquérir par eux-mêmes.
elles ont pour but de garantir le bénéfice de prestations sociales à leurs salariés et doivent être comptabilisées dans la rémunération des salariés. Les cotisations sociales à la charge des employeurs peuvent être effectives ou « imputées » . « Les cotisations sociales effectives à la charge des employeurs (D.121) comprennent les versements à charge de ceux-ci qu’ils effectuent au profit de leurs salariés aux organismes assureurs (administrations de sécurité sociale et régimes privés avec constitution de réserves) ». Les cotisations sociales imputées à la charge des employeurs (D.122) représentent la contrepartie des prestations sociales fournies directement par les employeurs à leurs salariés, ex-salariés et autres ayants droit (diminuée le cas échéant des cotisations sociales à la charge des salariés), sans qu’il y ait à cet effet recours à une société d’assurance ou à un fonds de pension autonome ou constitution d’un fonds spécifique ou d’une réserve distincte .
b) Autres impôts (D29) moins subventions sur la production (D39)
Les autres impôts et subventions sur la production sont prélevés ou attribués aux entreprises pour leur activité de production, indépendamment du volume ou de la valeur des biens ou services produits. Les Impôts sur les salaires et les Impôts sur les émissions polluantes constituent des exemples de ces impôts, alors que les subventions salariales ou en intérêts constituent des exemples de subventions sur la production.
c) Excédent brut d’exploitation et revenu mixte (B2G-B3G)
L’Excédent brut d’exploitation (B2) est le solde du compte d’exploitation, pour les sociétés. Il est égal à la valeur ajoutée, diminuée de la rémunération des salariés, des autres impôts sur la production et augmentée des subventions d’exploitation. Dans le cas des entreprises non constituées en sociétés appartenant au secteur des ménages, le solde comptable du compte d’exploitation contient implicitement un élément de rémunération pour le travail effectué par le propriétaire ou les membres de sa famille qui ne peut être distingué de son profit en tant qu’entrepreneur. On parle alors de Revenu mixte (B3).
Le tableau ci dessous reprend ce calcul en introduisant la consommation de capital fixe. L’excédent d’exploitation et le revenu mixte sont donc deux termes qui désignent la même chose mais qui sont utilisés pour différents types d’entreprises.
L’excédent d’exploitation et le revenu mixte peuvent être considérés comme une échelle de mesure des bénéfices (éventuellement pertes) que les entreprises génèrent par leur activité de production.
3/ Résultats fragiles de la méthode française pour estimer la valeur ajoutée et ses composantes.
Les « colonnes » (comptes de production et d’exploitation par branche du TES) sont trop fragiles notamment dans l’industrie malgré des améliorations progressives depuis la base 2000. Notons l’importance de deux statistiques : niveaux au moment du changement de base et évolutions en année courante. Certes les évolutions sont importantes mais les niveaux aussi. D’autant que la France dispose d’un système d‘élaboration des statistiques annuelles d’entreprises (Esane) très solide puisqu’il repose sur une mise en cohérence des enquêtes d’entreprises de l’Insee (EAP, ESA) et des données fiscales. Elles permettent ainsi d’évaluer correctement ces comptes (page Comptabilité nationale et comptabilité privée).
Il est vrai que les établissements (équivalents des UAEL) ne sont pas enquêtés en France mais c’est aussi le cas dans d’autres pays qui font des TRE par secteurs d’activités (Allemagne, Pays-Bas,..) à partir des données d’entreprises. De même, ces pays disposent souvent d’enquêtes sur la structure des achats, permettant de mieux remplir les colonnes du TRE. En revanche, les données d’entreprises (Esane) complètent les enquêtes par les statistiques fiscales en France, ce qui rend normalement plus robustes leurs comptes, raison supplémentaire pour privilégier les colonnes d’un TES par secteur d’activité.
La priorité de l’approche «revenu» dans le calcul du PIB a permis certes un meilleur calcul de la valeur ajoutée par branche, mais qui reste perfectible à un niveau désagrégé de nomenclature, du fait de la prise en compte relativement arbitraire des « effets colonnes » qui mesurent la différence par branche entre la consommation intermédiaire (CI) « passée » en branche, calée sur la statistique d’entreprise, et la somme des CI projetées avec la stabilité des coefficients techniques.
Ce passage des données en secteur d’activité aux données en branche est fondé sur des hypothèses de technologies fragiles. Les « effets colonnes » subsistent même si ils sont réduits, du fait du calage relatif sur la CI les équilibres-ressources-emplois (ERE) en lignes. Les agrégats des comptes de production et d’exploitation par branche pure (valeur ajoutée, rémunérations,…) variaient ainsi en base 2010 parfois de manière différente de ceux des comptes de secteurs d’activité correspondant. Tout au plus, les deux agrégats évoluaient de manière assez proche à moyen terme.
Un exemple montre ces difficultés. Le calcul de la VA par branche provoque des évolutions sensiblement divergentes entre 2009 et 2010 non pas tant du point de vue des résultats initiaux (calcul de la VA avec l’hypothèse « technologie secteur » puis calage sur la VA globale) que du point de vue des arbitrages qui sont ensuite faits soit pour diminuer les « effets lignes » ou pour se caler sur la CI des ERE. Ces effets mesurent la différence entre la CI de l’ERE en valeur et la CI projetée (avec l’hypothèse de stabilité des coefficients techniques), calée sur la statistique d’entreprise.
Lors du calcul en évolutions par la « technologie secteur », (« les structures des intrants sont les mêmes quel que soit le produit dans un secteur donné »), les modifications de structure de la matrice de production perturbent certes les évolutions de la VA en branches par rapport à celles des secteurs correspondants. Mais c’est surtout le lien entre données « secteurs d’activité » et données « branches » de la VA et des CI qui est perturbé par la construction du TEI. Celui-ci est élaboré sur la base de l’hypothèse de stabilité des coefficients techniques. Les CI du TEI sont également contraintes par la CI globale des ERE.
Ainsi, les évolutions des VA de la branche C10E (Fabrication de produits laitiers) restaient relativement proches (-5,5 %) de celles du secteur (-8,3%) lors de l’étape de calage sur les données sectorielles mais s’en écartaient de 7,3 points lors des arbitrages finaux. Une partie importante de l’écart (4,5 points) s’expliquait par des arbitrages pour résorber les effets lignes. La VA de la branche évoluait finalement de -1,1 %. On retrouvait de tels écarts dans d’autres branches.
Face à ces difficultés, l’INSEE a fait en sorte que les comptes de production soient plus cohérents avec les données sectorielles en base 2014, du moins en évolution. Les comptes de production et d’exploitation du TES ont ainsi été améliorés depuis la base 2000 suite au calage plus ou moins parfait des valeurs ajoutées (VA) des branches sur celles des secteurs d’activité « passées » en branche (à la fin de l’élaboration du TES, on s’assure que la VA d’une branche évolue à peu près comme celle du secteur d’activité correspondant). Ce calage, en n’étant pas exact (les écarts sur la CI pouvant atteindre parfois plus de 5%), laisse à priori une certaine marge de manœuvre aux ERE. Ceux ci sont faits de manière assez détaillée (avec des améliorations possibles tel le calcul de la FBCF par produits) par les responsables « secteurs-produits » (RSP) de l’Insee.
Cette hypothèse de stabilité relative des coefficients techniques est d’ailleurs trop large : l’économie a été bouleversée en 60 ans par la tertiarisation (79 % de la VA en 2015). La part de l’industrie en représente 11% contre 25% en 1959. Les entreprises externalisent (sous-traitent) de plus en plus leur production même si ce mouvement s’est sensiblement ralenti dans l’industrie depuis le début des années 2000. Mais il tendrait à de développer dans les services. Ces deux changements (tertiarisation et externalisation) peuvent faire fortement varier ces coefficients d’une année à l’autre.
L’équilibre par groupe de produits indique que le total des ressources par groupe de produits doit être égal au total des emplois de ce même groupe de produits. Dès lors, l’égalité suivante doit toujours être respectée par groupe de produits:
Production + Importations + Marges + Impôts moins les subventions sur les produits = Consommation intermédiaire (CI) + Dépenses de consommation + Formation brute de capital + Exportations
Dans l’identité ci-dessus les variables de la production et des importations sont évaluées aux prix de base alors que les emplois sont évalués aux prix d’acquisition. La différence entre ces deux méthodes consiste en la prise en compte ou non des impôts, des subventions et des marges.
Un ERE est d’abord élaboré hors TVA. Puis il est élaboré y compris TVA (hors TVA déductible). On applique aux emplois des taux de TVA théorique d’où on obtient en additionnant une TVA théorique totale.
Les ERE en lignes du TES français sont élaborés minutieusement même si ils peuvent faire l’objet d‘arbitrage final. Les RSP qui élaborent ces ERE ont toutefois peu marge de manœuvre sur le haut de l’ERE à l’exception des corrections qu’ils apportent en amont aux données d’Esane (CORESANE) notamment dans le partage des ventes d’une entreprise entre ses produits.
Le principal travail des Responsables secteur-produit (RSP) consiste, certes à vérifier les données « exogènes’ qui leurs sont transmises, mais surtout à répartir au mieux les emplois, en particulier le partage entre CI, FBCF et variations de stock utilisateur, et bien entendu à calculer les agrégats en valeur mais surtout en volume de l’ERE (voir page Partage Volume Prix).
1) La production
a) la frontière de la production
Sont exclus de la production les services rendus par la nature et surtout le bénévolat par les ménages. La principale question reste la mesure de ce dernier. On peut ainsi tenter de mesurer le temps passé par les ménages sur Internet. Pour le moment, la production exclut les services personnels et domestiques qui sont produits et consommés par un même ménage (schéma suivant) mais dans des comptes satellites de certains pays comme au Royaume Uni voire en France pour une année.
De même, un effet de l’économie numérique est de déplacer certaines activités productives du marché vers le ménage : par exemple organiser ses vacances par ses propres moyens directement sur Internet sans faire appel aux services d’une agence de voyage. Les services totalement gratuits ne sont comptés dans le PIB qu’à la hauteur des quelques emplois rémunérés qu’ils créent et des biens et services payants qu’ils consomment pour leur fonctionnement, les fournisseurs de ces services gratuits étant traités selon le modèle des institutions sans but lucratif principalement au service des ménages (ISBLSM).
Quant aux services qui mettent en relation des particuliers moyennant perception d’une commission, c’est uniquement cette commission qui est enregistrée en comptabilité nationale. Revendre un bien via un site internet est neutre pour la production, comme l’est toute forme de revente de bien d’occasion, puisqu’il s’agit juste d’un changement de main pour un bien qui a déjà été produit. S’agissant des locations entre particuliers via AirBnB ou des services équivalents, il y a là encore neutralité, pour la même raison que celle qui prévaut pour les autres formes de location entre particuliers. La neutralité vient de ce que la comptabilité nationale considère que le service de logement est produit quoi qu’il arrive, et évalué via les loyers imputés, que ce logement soit effectivement occupé par son propriétaire, temporairement vacant ou loué à des touristes de passage.
b) les 3 types de production
Le SEC2010 distingue trois types de production qui constituent la production totale reprise dans le tableau des ressources:
– la production marchande;
– la production pour usage final propre;
– la production non marchande.
La production marchande est la plus importante des trois et comprend la production qui est écoulée sur un marché. Il s’agit ici de la majorité des biens et services produits, comme les denrées alimentaires, les voitures, les services bancaires. Les ventes couvrent plus de 50% des coûts (prix économiquement significatifs).
La production pour usage (emploi) final propre (PEFP) se compose des biens et services qui sont utilisés par l’unité qui les a produits. Il s’agit de la production de tous les biens que leurs producteurs conservent à des fins de consommation finale (par exemple les services de logement produits par les propriétaires-occupants) ou de formation brute de capital fixe pour compte propre. Cette dernière forme de production inclut la production d’actifs fixes tant corporels (bâtiments, etc.) qu’incorporels (création de logiciels, prospection minière et pétrolière, etc.) développés par les entreprises pour leur propre utilisation.
La production non marchande comprend la production de biens et services qui sont mis sur le marché gratuitement ou à des prix économiquement non significatifs. Cette production est réalisée par les administrations publiques ou par les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM). Il s’agit ici de biens et de services tels que les services des administrations publiques, l’enseignement et l’action sociale.
La mesure de la production se réfère à une nomenclature d’activités et de produits. On distingue :
– activité principale
– activité(s) secondaire(s)
– activité(s) auxiliaire (s) : activités produites par l’entreprise pour elle même (transport pour compte propre, comptabilité,…) mais que l’entreprise ne conserve pas pour sa FBCF.
c) la difficile mesure de la PEFP (P12)
La PEFP reste assez complexe à estimer (7,3 % de la production en France contre 6,1% dans l’UE). Pour les SNFEI, elle est calculée à partir de la production immobilisée par secteur d’activité à laquelle on applique une structure par branche (produit matriciel). La PEFP diminuerait dans certaines branches depuis 2016 (construction) sans qu’on sache bien pourquoi. Ce produit matriciel n’est toutefois pas utilisé pour le calcul de la PEFP des logiciels et de la R&D.
Il, apparaît ainsi que la 70% de la P12 est imputable aux ménages en France, à peu près comme dans l’UE. Cette P12 contient celle de « services du logement » réalisée par les ménages qui occupent le logement dont ils sont propriétaires. Elle est évaluée par les loyers « imputés », évalués en référence à ceux pratiqués sur le marché. Ces loyers gonflent à la fois le revenu des ménages set leur consommation. On peut s’étonner d’une telle convention mais elle renvoie à l’idée que la mesure de la production doit être indépendante du statut de l’occupant : il ne faut pas que la production baisse lorsque la proportion des propriétaires de leur logement augmente. Cette P12 en loyers « imputés » est de 60,4% contre 64% dans l’UE. Mais du fait de l’hypothèse française de traiter en P12 des ménages tous les emplois de personnel, et pas seulement domestique, mais aussi les gardes d’enfants et les personnes âgées, la part de la branche « action sociale » compense largement celle des loyers imputés.
Le tableau suivant montre de fortes divergences des part des branches dans la PEFP selon les pays. En France, celles-ci s’expliquent en grande partie par le fait que le TES est en branche pure (voir page Comptabilité nationale et comparaisons internationales). La part des logiciels (7,5%) et de la R&D (12,9%) y est ainsi très élevée au détriment des loyers imputés (60,4%) et surtout du poste « reste » (7,8%) dont le poids est beaucoup plus élevé dans les autres pays du fait que la PEFP en logiciels et R&D par les secteurs d’activité autres que les secteurs des logiciels et de la R&D n’est comptabilisée dans ceux-ci.
La PEFP de biens et de services par les ménages concerne généralement :
1) la construction pour compte propre de logements ;
2) la production et le stockage de produits agricoles et la transformation de produits agricoles
3) d’autres types de transformation: tissage de vêtements, façonnage de poteries, fabrication de meubles, etc.
4) la production pour compte propre de services de logement par les propriétaires-occupants ;
5) la production de services personnels et domestiques par le personnel domestique rémunéré ;
6) les activités bénévoles qui débouchent sur la production de biens, par exemple la construction d’un logement, d’un édifice de culte ou d’un autre bâtiment. Les activités bénévoles qui ne donnent pas lieu à la production d’un bien – par exemple, les soins bénévoles aux personnes et aux biens et les activités de nettoyage non rémunérées – sont exclues.
7) la production de services d’aide à domicile : gardes d’enfants, aides aux personnes âgées (action sociale). On a vu que cette production est quasi inexistante dans les autres pays de l’UE, étant traitée en P11.
Chacune de ces PEFP n’est pas facile à évaluer. Prenons l’exemple de la PEFP des ménages en construction. Deux méthodes ont été utilisées au fil des bases ; 20% de la CI de 4 produits (matériaux de construction, verre, bois, plastiques) par la branche bâtiment; enquête sur les achats par les ménages en produits de bricolage. On aboutit à un chiffre voisin de 5 Mds d’euros en 2017 selon la seconde méthode, un peu moins si on prend la première méthode en appliquant le ratio de 20% non aux branches (F41Z, F43Z), équivalent du bâtiment dans la nomenclature en NAF Rév1, mais à la seule branche F43Z, la PEFP des ménages ne se trouvant que dans celle-ci. Mais ces 2 méthodes ne tiennent pas compte de la VA même si celle-ci est d’un montant faible.
2/ Importations
Elles représentent l’ensemble des biens et des services fournis par des non-résidents à des résidents, à titre onéreux ou gratuit. Avec l’application du Système Européen des Comptes nationaux et régionaux de 2010 (SEC 2010), en cohérence avec la 6e édition du manuel de balance des paiements (BPM6), la définition des échanges extérieurs en comptabilité nationale est dorénavant fondée sur la notion de propriété. Ainsi, par exemple les biens envoyés à l’étranger pour travail à façon ne sont plus comptés en exportations de biens, et la marchandise transformée n’est plus comptée comme une importation de biens. En revanche est comptabilisée une importation de service industriel par le pays du donneur d’ordre, d’un montant égal à la différence de valeur entre le produit fini et les intrants. Le solde total des échanges extérieurs n’est pas modifié.
Elles sont reprises dans les TRE conformément au concept intérieur. Un point ultérieur donne une explication plus détaillée des différences entre le concept intérieur et le concept national lors de l’élaboration des comptes nationaux.
3/ Le passage du prix de base au prix d’acquisition : les matrices d’évaluation
L’égalité principale du TRE réside dans leur équilibre par produit. Afin d’obtenir ce dernier et d’équilibrer les ressources totales avec les emplois totaux, les ressources et les emplois doivent être évalués tous deux de la même manière. La manière la plus commune de parvenir à cet équilibre est d’estimer les ressources totales aux prix d’acquisition.
Le prix d’acquisition se définit comme le montant payé par l’acquéreur, en excluant toute TVA déductible ou tout autre impôt déductible similaire, pour prendre livraison d’une unité de biens ou de services au moment et au lieu choisis par l’acquéreur. Le prix d’acquisition de biens inclut tous les frais de transport payés séparément par l’acquéreur pour prendre livraison au moment et au lieu requis.
Les données de base utilisées pour établir les TRE possèdent différentes évaluations:
Dans ces conditions, les TRE ne peuvent pas être équilibrés et homogénéisés si leurs éléments sont évalués sur la base de prix différents.
Le passage des prix de base aux prix d’acquisition pour les ressources requiert:
Une transition similaire est effectuée pour passer des prix d’acquisition aux prix de base pour les emplois. L’estimation des transitions dans les deux types de prix est une partie importante du processus d’équilibrage. En pratique, les deux types d’équilibre peuvent être nécessaires pour l’élaboration d’un tTRE. Les deux alternatives traitent ou requièrent les mêmes types d’ajustement, c.-à-d. pour les impôts moins subventions sur les produits et les marges de transport et commerciales par produit.
Les matrices d’évaluation jouent un rôle important dans le passage d’un prix à l’autre. Ces matrices comblent l’écart entre l’évaluation aux prix d’acquisition et l’évaluation aux prix de base et vice versa. Les matrices d’évaluation comprennent tous les flux relatifs aux ressources et aux emplois des marges de transport et commerciales ainsi qu’aux ressources et emplois des impôts moins subventions sur les produits. Les matrices d’évaluation des ressources sont nécessaires pour équilibrer les ressources et les emplois aux prix d’acquisition et les matrices d’évaluation des emplois sont nécessaires à la conversion des prix d’acquisition en prix de base des données des emplois. Le graphique suivant montre les matrices d’évaluation et leur rôle dans l’élaboration du cadre ressources et emplois aux prix d’acquisition.
Matrices d’évaluation dans les TRE
Les marges et les impôts moins les subventions sur les produits sont donc des éléments d’évaluation qui permettent de passer du prix de base (le concept d’évaluation pertinent pour le tableau des ressources) au prix d’acquisition (le concept d’évaluation pertinent pour le tableau des emplois). Ce schéma est le même pour la production et les importations, (enregistrés CAF au passage à la douane du territoire importateur), et moyennant l’ajout des droits sur importations.
4/ Marges
On distingue deux types de marges : les marges commerciales et les marges de transport. Très souvent, les clients n’achètent pas les biens et les services directement auprès des producteurs mais passent par l’intermédiaire de commerçants. Ainsi, le prix payé par le client final diffère-t-il généralement du prix payé au producteur d’une marge de commerce.
a) Les marges de commerce
Lorsque nous cherchons à établir l’ERE d’un produit particulier, nous devons donc tenir compte de marges de commerce. Par exemple, si nous considérons un produit comme l’automobile, la valeur des achats des clients correspond non seulement à la valeur de la production des constructeurs, mais également à la valeur des marges de commerce. L’ERE correspondant aux services de commerce est assez particulier puisqu’il y a une production mais pas d’emplois. La valeur des services de commerce est, en effet, incluse dans la valeur d’acquisition des autres produits. Aussi, pour assurer l’équilibre, la production est compensée par une marge négative.
On considère que les grossistes et les détaillants fournissent des services à leurs clients, en entreposant et en présentant un choix de produits en des lieux appropriés et en les rendant aisément disponibles pour leurs clients. Leur production est mesurée par la valeur totale des marges commerciales réalisées sur les biens qu’ils achètent pour la revente.
Les marges sur certains biens peuvent être négatives si ces biens doivent être démarqués. Elles doivent également être négatives sur les biens qui ne sont jamais vendus parce qu’ils sont volés ou mis au rebut. Le concept de marges commerciales peut être appliqué à des biens spécifiques, aux activités commerciales d’une unité statistique, aux activités commerciales des branches d’activité et à l’ensemble des activités commerciales de l’économie.
On définit la production des services du commerce par la marge réalisée sur les ventes, c’est-à-dire la valeur des ventes moins leur coût d’acquisition. Le coût d’acquisition est ici le coût de remplacement, c’est-à-dire le coût d’acquisition des biens vendus si le commerçant devait les acquérir au moment de la vente. En effet, une entreprise commerciale achète des biens avec l’intention de revendre ces biens à ses clients sans modification (voir page Comptes du commerce).
Il existe généralement une distinction pour les services commerciaux entre la vente en gros et au détail; il s’agit d’une distinction importante dans le cadre de l’affectation des marges commerciales aux catégories d’emplois:
On entend par marges commerciales les concepts de mesure des activités commerciales dans le système, qu’elles soient effectuées par des commerçants, comme activité principale, ou par d’autres branches d’activité, comme production secondaire. L’estimation de la marge commerciale est généralement basée sur des données provenant de statistiques structurelles sur les entreprises ou d’enquêtes commerciales spécifiques. Ces sources fournissent des données sur les marges commerciales totales par branche d’activité, qui doivent ensuite être converties en données par produit. L’élaboration des matrices de marge commerciale, basé sur les prix d’évaluation des TRE, peut débuter soit du côté des ressources, soit du côté des emplois.
De manière générale, les sources de données disponibles fournissent des informations concernant les marges commerciales par branche d’activité. Afin d’utiliser ces informations dans les TRE, ces dernières doivent être converties en données par produit.
Une attention particulière doit être accordée au niveau de détail auquel les matrices de marge commerciale sont établies. Il est préférable que le niveau de produit pour les estimations soit plus désagrégé que le niveau de détail des tableaux des ressources et des emplois finaux. Ceci a pour but de répondre aux besoins de la méthode des ERE, afin de permettre l’utilisation de différents rapports produit/marge et de fournir des détails intéressants pour l’établissement de certaines données d’emplois (par exemple pour affecter les produits et leurs marges aux catégories de fonction des dépenses de consommation privée).
Dans le cadre de la procédure de travail générale, les étapes principales pour l’estimation des marges commerciales dans un tableau des ressources sont les suivantes:
Les résultats obtenus par produit sont vérifiés avec les marges commerciales totales par branche d’activité. Les différences sont ensuite analysées et les ajustements adaptés sont effectués, sur la base des informations disponibles.
Il est plus difficile d’obtenir les données permettant d’estimer les marges commerciales par produit pour les TRE que pour ceux des ressources ; pour les acheteurs (tels que les ménages ou le gouvernement), il est impossible de connaître la part des marges commerciales dans le prix qu’ils ont payé. L’acheteur ne connaît très probablement aucun des canaux de distribution intervenant avant le vendeur final.
C’est pourquoi le calcul des matrices de marge commerciale du côté des emplois est basé sur des hypothèses plausibles et est équilibré avec les ressources totales estimées des marges commerciales. Nous pouvons supposer que la consommation intermédiaire n’utilise que des services de vente en gros (tout du moins pour certaines branches d’activité. Pour les autres, une estimation de la part de la vente en gros en tant que source de consommation est formulée). Dans le cas des dépenses de consommation privée, les marges de détail peuvent être affectées, à quelques exceptions près, lorsque les consommateurs accèdent directement au circuit de vente en gros. Certains produits achetés au détail peuvent avoir été livrés par des grossistes, tandis que d’autres sont livrés directement par les producteurs des biens.
Nous pouvons développer des hypothèses similaires quant à la formation de capital, pour laquelle le circuit de vente en gros est, bien souvent, le plus important. Il arrive cependant, bien que rarement, que le circuit de vente au détail ait un impact significatif (par exemple, les produits achetés par les ménages privés lors de la construction de leurs propres logements ou lors de réparations importantes). Seules les marges de vente en gros, et non les marges de vente au détail, peuvent être incluses dans les stocks. Il existe cependant un problème aux raisons évidentes: il est impossible d’affecter les marges aux variations de stocks, les marges peuvent seulement être affectées aux données sur le stock, et plus précisément aux données sur le stock à la fin de la période. En pratique, cela signifie que les marges commerciales ne seront affectées qu’aux augmentations de stocks. En ce qui concerne les exportations, nous pouvons supposer que seules les marges de vente en gros sont concernées; à quelques exceptions près, à savoir en grande partie les biens achetés par des voyageurs non résidents (touristes).
La procédure d’affectation des marges commerciales aux éléments d’emplois uniques débute par les flux dont la qualité des informations est la meilleure, ou par les hypothèses qui semblent les plus plausibles. Pour l’estimation des marges commerciales dans le tableau des emplois, les détails disponibles provenant du côté des ressources doivent être utilisés autant que possible; en particulier en ce qui concerne les détails des produits. Il est également nécessaire de vérifier la plausibilité générale des matrices de marge commerciale du côté des emplois issues de cette estimation, en ce qui concerne les relations entre les marges de vente en gros et de vente au détail affectées, mais également en ce qui concerne les relations entre les données d’emplois aux prix d’acquisition et les marges commerciales affectées.
b) Les marges de transport
Les marges de transport, autre élément d’évaluation des TRE, représentent les services de transport de fret des produits, lorsqu’ils sont payés par l’acheteur du produit ou lorsqu’ils sont facturés séparément par le vendeur ((page Marges de transport).
Les marges de transport sont les frais, compris dans le prix d’achat, que l’acquéreur d’un bien paie pour le transport du bien. Le SEC précise qu’il faut une facturation séparée du transport lors de la livraison, pour qu’ils y aient marges de transport. Celles ci doivent être traitées comme les marges de commerce, c’est-à-dire apparaître négativement dans l’ERE des transports.
Les marges de transport comprennent en particulier les cas suivants:
Ainsi, si le producteur accepte de livrer le produit à l’acheteur sans tarification explicite, le coût de la livraison est inclus dans le prix de base. Une marge de transport spécifique faisant partie du prix d’acquisition ne peut s’appliquer que si l’acheteur est explicitement facturé pour la livraison.
En se basant sur cette définition, les coûts de transport suivants ne sont pas comptabilisés comme marges de transport, car ils ne contribuent pas à la différence d’évaluation entre les prix de base et les prix d’acquisition.
La complexité de la marge de transport est importante, non seulement à cause des différents types de marges (pour chaque type de transport: routier, ferroviaire, maritime, aérien, par conduites), mais également à cause des définitions en elles-mêmes. De même, la disponibilité des données crée de nombreux problèmes pratiques concernant l’élaboration. La relation entre la fourniture de biens et les marges de transport y afférentes est bien moins étroite que dans le cas des marges commerciales. On peut évoquer plusieurs raisons à cela: en général, les coûts de transport ne sont pas liés à la valeur des biens transportés ; de nombreux transports sont effectués comme activité auxiliaire; et la façon dont les coûts de transport sont payés peut différer suivant les produits et les opérations.
De même que pour les matrices de marge commerciale, il est recommandé de débuter l’estimation des matrices de marge de transport par le côté des ressources, et ce pour la même raison : il n’existe pas d’informations directes sur le montant des marges de transport incluses dans les prix d’acquisition des emplois. Les étapes principales de la procédure d’estimation sont similaires à celles des matrices de marge commerciale.
La qualité des données des marges de transport dépend énormément des sources de données disponibles; en général, il existe les données issues des statistiques de transport (en termes physiques, fournissant des données sur la distance de transport, sur le type de transport: national, transfrontalier, en transit, sur le volume de transport en termes de poids et de tonnes-kilomètres, et sur le type de biens transportés et couverts par différentes modes de transport). Les données physiques doivent être multipliées par les tarifs de transport appropriés (prix de transport). De tels tarifs varient selon les biens transportés, la distance parcourue et selon les différents types de véhicules de transport.
L’enquête structurelle forme également une source de données importante.
Les enquêtes structurelles peuvent fournir des informations détaillées concernant les coûts de transport payés par le vendeur ou sur la valeur des services de transport facturés, par type de biens transportés.
5/ Impôts moins les subventions sur les produits
Les impôts et les subventions sur les produits (D21, D31) sont les impôts ou les subventions qui sont payés ou reçus par unité produite ou traitée d’un bien ou d’un service. Ils sont donc proportionnels à la vente des produits. Des exemples de ces impôts et de ces subventions sont la TVA, les accises et certaines subventions agricoles. On les distingue des impôts (subventions) liés à la production D29 (D39). On note que les subventions à l’agriculture sont désormais enregistrés en D39 et non en D31.
Le SCN 2008 définit trois types d’impôts sur les produits:
D’autres impôts sur la production sont inclus dans la mesure du prix de base de la production et d’autres subventions sur la production sont exclues et ne figurent donc pas dans l’ajustement pour les impôts qui convertit une évaluation aux prix de base en prix d’acquisition.
Lorsque la production est aux prix de base, la colonne des impôts contient la TVA non déductible totale sur les produits, les impôts et les droits sur les importations à l’exclusion de la TVA, les impôts sur les exportations et les impôts sur les produits à l’exclusion de la TVA, ainsi que les impôts sur les importations et les exportations. Lorsque la production est aux prix d’acquisition, la colonne des impôts n’inclut que les impôts et les droits sur les importations (à l’exclusion de la TVA), auxquels s’ajoute la TVA non déductible totale sur ces produits.
Les exigences d’élaboration des matrices d’impôts et de subventions se rapportent à l’élaboration du vecteur-colonne du tableau des ressources. Les impôts moins subventions sont indiqués par produit. Lors de la première étape du processus d’estimation, il est nécessaire de classer les différents impôts et les différentes subventions sur les produits en fonction de la classification de produit utilisée (par exemple, les impôts sur le sucre sont affectés au groupe 235 de la CPC Rév. 2, les produits du tabac au groupe 250 et ainsi de suite) ou en fonction du niveau approprié le plus détaillé de la classification utilisée. Le même procédé doit être appliqué aux subventions sur les produits.
La seconde étape, en ce qui concerne les impôts/subventions sur les produits, consiste à affecter les impôts/subventions sur les produits du côté des emplois (emplois intermédiaires et finaux) aux prix d’acquisition. Pour les catégories de produit auxquelles des impôts/subventions sur les produits ont été affectés, la part de la composante d’impôt/subvention dans le prix d’acquisition doit être calculée. Cette étape doit s’effectuer à partir d’une base d’imposition appropriée, selon la législation fiscale de chaque pays.
Les subventions sont enregistrées comme des impôts négatifs sur les produits ou comme des impôts négatifs sur la production. Seules les subventions sur les produits (le cas échéant) sont saisies dans la colonne d’ajustement des impôts pour l’évaluation des ressources; elles sont accompagnées d’un signe négatif pour indiquer qu’elles réduisent la valeur des prix d’acquisition au lieu de l’augmenter.
a) l’enregistrement de la TVA en comptabilité nationale
Notons aussi le mécanisme particulier d’enregistrement de la TVA différent en comptabilité nationale du mécanisme en pratique. En fait, il y a de la TVA sur les consommations intermédiaires (CI) dans les comptes. Le calcul du TEI HTV et du TEI HTD permet notamment de déterminer le niveau de TVA sur la CI pour chaque produit, juste par différence entre le TEI HTD et le TEI HTV. Cette information est importante pour la taxation des EREs.
La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est une taxe à la consommation, prélevée sur la plupart des biens et services commercialisés dans l’UE. Elle est perçue sur la «valeur ajoutée» au produit à chaque étape de sa production et de sa distribution. Cela signifie que la TVA est due lorsque des entreprises immatriculées à la TVA vendent à d’autres entreprises ou au consommateur final. La TVA est censée être «neutre», en ce sens que les entreprises peuvent récupérer la TVA qu’elles paient sur les biens ou services qu’elles achètent, le consommateur final étant le seul à devoir être effectivement taxé en fin de compte.
b) la mesure de l’écart TVA et des autres formes de fraude
On rappelle les différents types de fraude dont la dissimulation de la TVA n’est qu’un exemple parmi d’autres (voir page PIB mondial).
Différents types de fraude (en dehors de la contrebande de cigarettes) sont traités dans les ERE sans rentrer dans le détail du calcul complexe des taux de fraude qui ont été révisés en base 2005 et qui devraient l’être dans la future base. On distingue essentiellement 3 types de fraude.
C’est le cas ou une entreprise déclarante dissimule une partie de son chiffre d’affaire dans sa déclaration fiscale. Il s’agit d’une opération présente dans les EREs HTV. Elle est calculée en appliquant des taux de fraude (fixes sur toute une base) au chiffre d’affaires en secteurs d’Esane après corrections. Ces résultats sont répartis à l’aide de la structure branche de production vendue de chaque secteur.
Le travail au noir correspond également à de la fraude sur chiffre d’affaire, mais dans le cas d’une dissimulation totale : l’entreprise ne fait aucune déclaration fiscale, ne déclare donc pas de chiffre d’affaire mais a tout de même une production qu’il faut comptabiliser : cette production est déjà comprise dans les EREs.
Il correspond à l’activité des unités de production non déclarées. Celles-ci sont considérées dans les comptes nationaux français comme des entreprises individuelles. On distingue deux types de travail au noir : celui qui s’adresse directement aux ménages et celui qui s’effectue dans le cadre d’entreprises déclarées, ce dernier correspondant au travail dissimulé. Dans les deux cas l’activité n’est pas retracée dans la production figurant dans Esane. Une correction doit donc être réalisée lors du passage à la production vendue.
La correction pour travail au noir est calculée à partir d’une assiette qui est le Chiffre d’Affaires de la 1ère ligne des ERE des ENF (entreprises non financières) et appliquée à un taux par secteur d’activités (commun pour les ENF). La correction pour travail au noir étant calculée pour chaque secteur, le passage en branche est effectué diagonalement. La correction pour travail au noir des ENF est affectée intégralement aux EI (entreprises individuelles), car on assimile les travailleurs au noir à des EI qui vendent leurs services à des ménages ou à des entreprises, que celles-ci soient des SNF (sociétés non financières) ou des EI.
Dans une étude publiée en 2021 dans la revue « Économie & Statistiques » de l’Insee, O. Bargain, estime que le travail au noir représente en France 3,8 % de l’activité totale et 2,3 % de la masse salariale totale, soit environ 20 milliards (file:///E:/TES/travail%20au%20noir%20ES526-527_FR_web.pdf).
On considère que si une entreprise ne déclare par tout son chiffre d’affaires, il y a de fortes chances pour qu’elle ne déclare pas non plus la TVA qu’aurait dû générer ce chiffre d’affaires. Si cette production dissimulée avait été déclarée, elle aurait donné lieu à de la consommation / FBCF qui aurait donné lieu à un encaissement de TVA. Cette fraude à la TVA peut donc être calculée comme le produit de la fraude sur chiffre d’affaires (la production dissimulée) que multiplie le taux de TVA de l’emploi principal de l’ERE (généralement la consommation des ménages).
En appliquant des taux de TVA théoriques aux différents emplois et en sommant toute la TVA générée par les emplois on obtient ce qu’on appelle la TVA théorique, c’est à dire la TVA qu’aurait dû percevoir l’État compte tenu de l’activité économique estimée HTV. Ce montant est comparé au montant de TVA effectivement perçu : le montant de TVA théorique est toujours supérieur à la TVA effectivement perçue. Cet écart est appelé écart TVA. On assimile l’écart TVA à la fraude à la TVA.
Cet écart TVA est reportée sur la production d’un ERE, voire les marges commerciales, au prorata des 2 agrégats. Cette opération est faite de manière à ce que la TVA soit d’un même montant du coté des ressources et des emplois. La production aux prix de base HTD est ainsi toujours supérieure à la production au prix de base HTV.
L’exemple suivant précise le traitement qui est fait dans les comptes. Pour l’ensemble de l’économie, la TVA théorique donne 1000 au lieu de 900 de TVA perçue . Aux emplois, on applique les taux de TVA théoriques, soit 10% pour les CI de 55 et 20% pour la consommation ‘CFM) de 120, ce qui donne un total de TVA théorique de 25 (=5+20). Par ailleurs, on connaît les taux de marges commerciales sur la CI et la CFM, soit 10% et 30%, ce qui donne des marges du produit de 35 (=5+30). Dans le calcul d’un l’ERE HTD donné, la production HTD est calculée par solde (115 = 120+55-25-35). On retient dans l’ERE une TVA de 22,5 soit = 25*900/1000. Mais les 2,5 restant (pour parvenir à une TVA théorique de 25), sont ajoutées au prorata à la production (+1,9) et aux marges commerciales (+0,6). La TVA perçue apparaît ainsi dans les ressources et l’ERE HTD est équilibré entre les ressources et les emplois en ajoutant l’écart TVA à la fraude sur chiffre d’affaires (CA).
La prise en compte de l’écart TVA sur production vendue permet ainsi de passer d’une production vendue hors TVA, ou sous forme abrégée « production vendue HT » à une production vendue hors TVA déductible, ou sous forme abrégée « production vendue HTD ». L’écart TVA sur production vendue de biens et services correspond à l’écart TVA total sur tous les produits de la nomenclature agrégée, excepté le commerce de détail (G47Z) pour lequel l’écart TVA porte entièrement sur les ventes de marchandise.
Les résultats d’une estimation de l’Insee suggèrent que, quel que soit l’estimateur retenu, le montant total de TVA non recouvré serait compris entre 20 et 25 milliards d’euros sur l’année 2012, avec des intervalles de confiance (à 95 %) compris entre 19 et 26 milliards d’euros (https://www.insee.fr/fr/statistiques/6478533). Ces estimations sont plus élevées que les chiffrages annexes au rapport de la Cour des comptes de décembre 2019, qui aboutissait pour la même année `a un ordre de grandeur d’une quinzaine de milliards d’euros. La méthodologie approfondie redresse en effet de façon plus robuste le biais de sélection des entreprises contrôlées. Elle intègre en outre de façon plus cohérente la durée sur laquelle portent les contrôles dans les estimateurs. Pour autant, il n’est pas possible de savoir dans quelle mesure le biais de sélection a pu être effectivement pris en compte. Seule la mise en place de contrôles aléatoires permettrait de surmonter cette difficulté.
6/ Le tableau des emplois
Le tableau des emplois comprend la consommation intérieure totale de biens et de services, répartie entre les différentes catégories de dépenses: la consommation intermédiaire, les emplois finals avec les dépenses de consommation finale, la formation brute de capital et les exportations de biens et de services. On peut les schématiser ainsi avec quelques caractéristiques et observations, par exemple le fait qu’il est difficile d’isoler dans la FBCF en ordinateurs ce qui relève du matériel et ce qui relève de l’immatériel (logiciels).
La consommation intermédiaire est ventilée par branche et par groupe de produits . Les autres catégories de dépenses ne sont réparties qu’en fonction des groupes de produits.
On note aussi qu’un même produit peut être traité de manière différente selon son utilisateur, par exemple les voitures particulières sont traitées en consommation finale si elles sont achetées par des ménages ou en FBCF si elles sont achetées par des entreprises.
a) Consommation intermédiaire (CI)
La CI comprend les achats de biens et de services qui sont utilisés comme inputs dans un processus de production (comme les matières premières, l’énergie, les services de télécommunication, etc.). On la retrouve dans le TEI, la matrice des CI décomposée par produit et par branche. Font partie de la CI les services des intermédiaires financiers indirectement mesurés (SIFIM). Les SIFIM sont la partie de la production des intermédiaires financiers. Ils sont calculés comme la différence entre les revenus sur les fonds, et les intérêts payés. Vu que les SIFIM sont une partie de la production totale, ils doivent entrer en compte dans les emplois. Les SIFIM doivent être ventilés par branche d’activité.
b) Dépenses de consommation finale (P3) et consommation finale effective (P4)
Les dépenses de consommation finale sont les dépenses réalisées pour les biens et services destinés à la satisfaction directe des besoins individuels ou collectifs [7]. Elles sont reprises dans les TRE selon le concept intérieur. Les tableaux de l’INSEE fournissent une ventilation des dépenses de consommation finale en fonction du secteur institutionnel qui effectue les dépenses:
– les dépenses de consommation finale des ménages;
– les dépenses de consommation finale des institutions sans but lucratif au service des
ménages (ISBLSM);
– les dépenses de consommation individuelle des administrations publiques (santé, éducation,..);
– les dépenses de consommation collective des administrations publiques (police, justice,…).
Les dépenses de consommation finale des ISBLSM comprennent la valeur des biens et services produits par les ISBLSM. Il s’agit de la production d’associations sans but lucratif qui produisent un bien ou un service dans l’intérêt général des ménages, tels les services produits par les syndicats ou les associations de consommateurs [8].
Les dépenses de consommation des administrations publiques (APU) comprennent, d’une part, la valeur des biens et services produits par les APU (par exemple l’enseignement) et, d’autre part, les achats par les administrations publiques des biens et services produits par d’autres producteurs, qui sont fournis aux ménages sous forme de prestations sociales en nature (par exemple des services médicaux). Selon que la jouissance des biens et services est individualisable ou pas, on parle de dépenses de consommation individuelle ou collective.
Par dépenses de consommation individuelle, on entend que les biens et les services sont acquis par une personne, ce qui rend leur consommation par une autre personne impossible. Les interventions pour l’achat des médicaments par les ménages constituent un exemple de dépenses de consommation individuelle par les administrations publiques alors que les dépenses pour la défense nationale constituent un exemple de dépense de consommation collective des administrations publiques. Les dépenses de consommation individuelle des administrations concernent les fonctions de santé, éducation, sécurité sociale notamment (à l’exception pour chaque fonction des dépenses liées à l’administration générale, à la réglementation,…).
On passe ensuite à la consommation finale effective, c’est à dire celle effectivement consommée par les ménages, même si cette consommation finale transite d’abord par d’autres secteurs institutionnels. L’intégralité de la consommation finale effective individualisable doit être affectée au secteur des ménages purs. La consommation finale effective collective (P42) doit être affectée aux administrations publiques. La consommation finale effective totale (P4) se calcule comme somme de consommation finale effective individualisable (P41) et de P42. Elle n’existe donc que pour les secteur institutionnels des ménages purs et des administrations publiques.
Consommation individuelle et collective
Dans la définition de la consommation finale effective, les unités institutionnelles n’ont pas nécessairement payé les biens et services qu’elles ont acquis. Ainsi, les médicaments remboursés aux ménages sont payés par les administrations publiques et consommés par les ménages, ils font donc partie de la dépense de consommation finale des administrations publiques et de la consommation finale effective des ménages. Cette distinction permet d’analyser la réalité économique selon différents points de vue. Ainsi, dans le cadre d’une étude sur la santé des ménages, il est plus intéressant de connaître la consommation effective des ménages en médicaments que leur dépense en médicaments. À l’inverse, dans le cadre d’une étude sur les budgets des ménages, il sera plus pertinent de considérer la dépense de consommation finale des ménages en médicaments que leur consommation finale effective (voir page Administrations Publiques).
La distinction entre dépense de consommation finale et consommation finale effective peut également s’avérer utile pour les services non marchands produits par les administrations publiques. Par exemple, les administrations publiques engagent des dépenses pour produire des services de santé ou d’éducation qui sont consommés gratuitement par les ménages. Cependant, il est difficile, voire impossible, de déterminer qui consomme effectivement certains services non marchands. Par exemple, les services de police et de défense sont utiles à l’ensemble de la collectivité, c’est-à-dire aussi bien aux entreprises qu’aux ménages, il est alors impossible d’en imputer la consommation à un agent particulier. Le SEC 2010 a donc introduit une distinction entre deux types de biens et services non marchands : les biens et services individuels et les services collectifs.
c) Formation Brute de capital fixe (FBCF)
La FBCF (P51) est constituée par les acquisitions moins les cessions d’actifs fixes réalisées par les producteurs résidents au cours de la période de référence, plus certains ajouts à la valeur d’actifs non produits découlant de l’activité de production des unités productives ou institutionnelles. Les actifs fixes sont des actifs produits utilisés dans des processus de production pendant plus d’un an.
La FBCF en construction représente 43 % du total, ce qui en fait le principal contributeur, Mais elle comprend aussi les investissements incorporels (logiciels, R&D,..), soit plus du tiers de la FBCF des secteurs productifs (entreprises, administrations publiques, sociétés financières). Un futur enjeu est d’en élargir le contenu à d’autres dépenses, telle la publicité ou la formation professionnelle. Cette dernière n’est d’ailleurs pas toujours identifiée dans les comptes nationaux quand elle est réalisée par les entreprises pour leur propre compte. Son traitement en FBCF relèverait le PIB comme pour la R&D lors du SEC 2010.
Le traitement des logiciels et de la R&D en FBCF au lieu de la CI a des conséquences sur le niveau du PIB. Nous en donnons ici un exemple dans une économie avec 3 secteurs institutionnels : les ménages, les entreprises et les administrations publiques. La production de logiciels est de 1000 dont 150 sont consommés par les administrations publiques, 800 par les entreprises, 50 par les ménages. La consommation de capital fixe (CCF) en un an pour les logiciels représente 40% de la FBCF. Les services non marchands sont totalement consommés par les ménages. Nous rappelons que la production non marchande est estimée par la somme des coûts. L’exemple consiste à estimer l’impact sur le PIB si l’on considère que les logiciels sont traités en FBCF au lieu de l’être en consommation intermédiaire (CI). Nous calculons cet impact à partir de l’approche production et de l’approche demande. Nous le faisons avec un TRE simplifié (tableau ci-dessous).
On en déduit :
1/ Approche production du PIB:
PIB = Production – CI, c’est-à-dire en variation Δ PIB = Δ PRODUCTION – Δ CI
Δ PIB = – 90 – (–800 –150) = + 860
2/ Approche demande du PIB :
PIB = total des amplois finales, c’est-à-dire en variation
Δ PIB = Δ FBCF + Δ consommation finale des ménages
Δ PIB = 800 + 150 – 90 = + 860
d) La variation des stocks
La variation des stocks (P.52) est mesurée par la valeur des entrées en stocks diminuée de la valeur des sorties de stocks et des éventuelles pertes courantes sur stocks. On a les deux formules suivantes pour les stocks produits et achats (par exemple des achats d’engrais de 100 dont 10 stockés par un agriculteur qui passent en variation de stock utilisateur du produit « engrais », et une production de produits agricoles de 150 dont 15 stockés).
L’autre point très important concerne le calcul de l’appréciation sur stock. Elle découle d’une différence de valorisation par les entreprises et la comptabilité nationale des quantités physiques détenues en stocks (voir page Appréciation Stock).
Appréciation = Δ stocks_(Comptabilité des entreprises) – Δ Stocks_(Comptabilité nationale)
On peut prendre l’exemple du calcul de l’appréciation sur stock en période de forte hausse des prix.
On obtient le stock début (DEB) Comptabilité nationale (CN) en multipliant le stock début Comptabilité des entreprises (CE), 100 par le prix moyen du stock (150), divisé par le prix du stock au début, 100.
Soit stock début (CN) : 150 = 100 *150 / 100.
De même le stock fin CN : 90 = 120 * 150 /200.
La variation de stock CN est donc de – 60 = (90 -150).
L’appréciation sur stock est de 20 – (-60) = 80.
e) Exportations de biens et services
Comme pour les importations, elles suivent le concept intérieur.
Lors de l’élaboration des TRE, un concept d’évaluation pertinent est utilisé pour chaque transaction selon la qualité des unités qui sont impliquées dans la transaction (par exemple producteur ou consommateur). De ce fait, un concept d’évaluation différent peut être utilisé pour la comptabilisation d’une seule et même transaction. En outre, il est important de savoir s’il s’agit d’une transaction entre, d’une part, deux unités résidentes ou, d’autre part, une unité résidente et une unité non résidente. Ces deux cas sont expliqués ci-dessous.
Rappelons que l’économie nationale regroupe l’ensemble des unités résidentes, engagées dans des activités économiques sur le territoire économique pendant plus d’un an : Le territoire économique est le territoire géographique dans lequel la même législation économique s’applique. Le territoire économique français comprend la France métropolitaine + les Départements d’Outre Mer. Les transactions entre des unités résidentes et non résidentes sont enregistrées dans le .Compte des Relations avec le Reste du Monde.
1) Transactions entre deux unités résidentes (prix de base – prix d’acquisition)
La valeur des biens ou services qu’une unité produit n’est pas toujours équivalente au prix que paie l’utilisateur de ces biens ou services. En effet, l’utilisateur doit payer toutes sortes de coûts (comme la TVA et les marges sur les produits) qui n’ont pourtant aucun rapport avec la valeur des biens et des services pour le producteur. Pour tenir compte de cette différence, deux concepts d’évaluation sont utilisés lors de l’élaboration des TRE, le prix de base et le prix d’acquisition.
Les prix de base constituent le concept d’évaluation pertinent pour les producteurs de biens et de services. Ils reflètent la valeur réelle de la production pour un producteur. De ce fait, la production est évaluée dans le tableau des ressources aux prix de base. Par contre, les prix d’acquisition constituent le concept pertinent pour les transactions de dépenses. Ils reflètent ce qu’un utilisateur des biens et services doit réellement payer pour l’acquisition de ces biens et services. En effet, outre la valeur «intrinsèque» de biens et services (le prix de base), le prix comprend souvent également la TVA, les autres impôts sur la production et les marges. C’est pourquoi les dépenses intérieures sont évaluées aux prix d’acquisition dans le tableau des emplois.
Le rapport entre le prix de base et le prix d’achat est le suivant :
Prix de base
+ Impôts moins les subventions sur les produits
+ Marges commerciales et de transport
= Prix d’acquisition
2) Transactions entre unité non résidente et unité résidente (correction CAF – FAB)
Le montant des importations pour chaque produit nous est fourni CAF (coût assurance fret) par les douanes alors qu’à l’opposé les exportations sont fournies FAB : franco à bord (voir page correction CAF-FAB). Comme le montre le schéma très simplifié ci-dessous le prix d’un produit importé en France au point B et qui est fabriqué dans une usine située en Pologne au point A est ainsi enregistré au point B’ (frontière française) alors qu’il devrait l’être au point A’ (frontière polonaise). La correction CAF/FAB a pour objet de passer du prix au point B’ au prix au point A’. Elle est nécessaire pour que les services de transport et d’assurance ne soient pas comptabilisés 2 fois : une fois pour le produit importé et une autre fois pour le service de transport ou d’assurance (voir page correction CAF-FAB). Le problème, c’est que si on sait bien identifier les EREs du transport et de l’assurance, on ne sait pas à quels biens allouer cette correction. Donc on ne connaît pas le solde des échanges extérieurs pour chaque bien.
Dans le TRE, une correction, égale aux frais de transport et d’assurance du point FAB au point CAF, est nécessaire pour que le total des importations de biens soit égal au prix FAB. Une ligne et une colonne correspondant à cette correction CAF/FAB sont ainsi introduites [8] :
* sur la ligne supplémentaire, la correction CAF/FAB est introduite négativement dans la colonne des importations pour que le total des importations de biens soit mesuré au prix FAB ;
* dans la colonne supplémentaire, la correction est également introduite négativement, dans les lignes correspondant au transport et à l’assurance. En effet, ces services sont déjà inclus dans la valeur CAF des biens importés ;
* la correction est inscrite sur la ligne d’ajustement CAF/FAB, à l’intersection de la colonne CAF/FAB, afin d’annuler le total de la colonne et celui de la ligne : la somme de la ligne CAF-FAB est nulle et la somme de la colonne CAF-FAB est nulle .
On peut prendre le cas d’une entreprise française qui importe un bien A de Pologne et qui fait appel alternativement à des transporteurs résidents et à des transporteurs non-résidents. Les importations de ce produit A se décomposent de la façon suivante : Importations FAB : 100 M€; Services de transports (entreprises résidentes) : 10 M€; Services de transports (entreprises non-résidentes) : 20 M€; Importations CAF : 130 M€. On suppose en outre par simplification que ces importations n’ont que de la consommation finale comme emploi. Les ERE s’écrivent de la façon suivante :
3) Comparaison concept intérieur / concept national dans les TRE : correction territoriale
En comptabilité nationale, l’économie totale est définie en termes d’unités résidentes. Une unité est considérée comme résidente d’un pays quand son centre d’intérêt économique est situé sur le territoire économique de ce pays (définition du système européen des comptes 2010).
Pour la consommation des ménages, appliquer ce principe revient à évaluer les dépenses relatives à tous les biens et services qui donnent lieu à une consommation par les ménages qui résident sur le territoire économique français, même si elles sont réalisées en dehors de ce territoire. Cette définition pose problème par rapport aux indicateurs disponibles pour évaluer la consommation des ménages dans les comptes. En effet, elle n’est pas mesurée par enquête auprès des ménages résidents qui
pourraient alors déclarer ce qu’ils consomment y compris à l’étranger (c’est le cas de l’enquête Budget de Famille), mais, principalement, par des indicateurs d’activité provenant des entreprises résidentes qui ne correspondent qu’au champ du territoire économique français et qui englobent les achats réalisés aussi par les consommateurs non-résidents.
En outre, dans le cadre comptable des équilibres ressources-emplois (ERE), les approches par unité résidente pour la production et la consommation des ménages ne sont pas compatibles. Par exemple, la production des hôtels correspond aux ventes réalisées par les hôtels qui se situent sur le territoire économique français que les clients soient français ou non. Afin d’équilibrer l’ERE, un indicateur de consommation des ménages selon le même concept doit être retenu.
Pour parvenir à la consommation des ménages résidents, un correctif global pour l’ensemble des biens et services est appliqué. Il s’agit du solde territorial ou solde « touristique ». Il correspond à la différence entre les achats des résidents hors du territoire économique et les achats des non-résidents sur le territoire économique. Ces achats sont déterminés par la Banque de France à partir des estimations de la balance des paiements.
1/ Présentation du TES français en branche pure
Le TES en se présente alors de la manière suivante; Le TES français est complété par le TES symétrique. Le PIB est calculé selon les 3 approches.
Il comprend 5 produits branches dans sa forme la plus agrégée
AZ : agriculture
BE : produits industriels, y compris énergie
FZ : construction – BTP
GU : services principalement marchands (y compris commerces et transports ce qui explique des marges commerciales et de transport à la ligne GU dans le tableau des Ressources : -378 et -30)
OQ : services principalement non marchands.
Chaque ligne représente un groupe de produits et décrit :
° d’un côté les ressources : production, importations, marges de commerce et de transport, et les impôts.
° de l’autre leurs emplois : consommations intermédiaires des différentes branches, consommations finales, FBCF (investissement), variations de stocks et exportations.
Chaque colonne correspond à une branche : le tableau décrit pour chaque activité,
° en ressources : la production, les : consommations intermédiaires nécessaires à cette production (par produit), la valeur ajoutée dégagée, et
° en emplois : la répartition de cette valeur ajoutée entre la rémunération des salariés et le total de l’excédent brut d’exploitations et du revenu mixte.
L’Insee établit à chaque compte la fiche du PIB comme ici pour le compte SD 2017 (voir page Calcul du PIB dans plusieurs pays). Elle permet de voir la contribution de chaque emploi à la croissance du PIB en volume.
2/ Méthodologie résumée d’évaluation du TES français
Sans rentrer dans le détail, le TES français est élaboré à partir des données de diverses statistiques : les enquêtes d’entreprise (EAP pour l’industrie, ESA pour les autres secteurs d’activité) puis l’Élaboration des statistiques annuelles d’entreprises (Esane) pour la production, la CI et la valeur ajoutée du TES; les statistiques du commerce extérieur, les données sur la consommation commercialisable (soit la partie de la consommation de biens susceptible d’être vendus par le commerce et des activités de réparation, que l’on trouve donc retracée dans les chiffres d’affaire des entreprises correspondantes), les données des comptes satellites pour les loyers imputées ou la FBCF en construction à partir d compte satellite du logement, etc… En lignes du TES, les E.R.E. sont élaborés par les responsables secteurs produits (RSP).
Le TES est élaboré en Nomenclature économique de synthèse (NES) 138 produits-branches, dérivé de la nomenclature d’activités française (NAF) (version française de la NACE révision 2). Le produit « intermédiation financière » isole un ERE complet des « services d’intermédiation financière indirectement mesurés ».
La première étape consiste à rassembler les données exogènes après avoir vérifier qu’elles ne subissent pas de rupture de séries. Ces données sont ensuite transmises aux RSP qui élaborent les ERE en valeur et volume hors TVA. Ils les renvoient au Département des Comptes Nationaux qui « fait tourner » le TES. Cette étape comprend plusieurs procédures dont celle de confronter la CI issue de la projection du TEI à partir de l’hypothèse de constance des coefficients techniques en volume et la CI d’Esane passée en branche. Au fur et à mesure des arbitrages, les ERE sont ajustés de telle manière que l’écart soit réduit entre le PIB issu de l’approche « revenu », qui est l’objectif, et les PIB selon les approches « production » et « demande » (schéma suivant). Par exemple, si le PIB de l’approche revenu est supérieur à celui de l’approche demande, on se rapprochera de la première estimation en ajustant les emplois, donc les consommations intermédiaires, pour se caler au mieux sur l’approche «revenu », de manière à avoir une valeur ajoutée proche entre l’approche revenu (valeur ajoutée 1 dans le schéma 1) et l’approche demande des E.R.E. (valeur ajoutée 2) , la production étant déjà calé.
En France, les CI sont souvent déduites par solde de l’ERE car on dispose de nombreuses sources pour estimer la consommation des ménages, voire les autres emplois (échanges extérieurs par exemple, FBCF dans une moindre mesure). Elles sont alors confrontées aux CI issues de la projection des coefficients techniques calées sur les données d’entreprises Ésane (SIE dans le schéma). L’exploitation d’Esane détermine ainsi le niveau de la production, de consommation intermédiaire (CI) et donc de valeur ajoutée, sur lesquelles doit se caler le TES. Il s’ensuit un arbitrage global du PIB. Par exemple, si le PIB de l’approche revenu est supérieur à celui de l’approche demande, on se rapprochera de la première estimation en ajustant les emplois, donc les CI, pour se caler au mieux sur l’approche «revenu», de manière à avoir une VA proche entre l’approche revenu (valeur ajoutée 1) et l’approche demande des ERE. (valeur ajoutée 2), la production étant déjà calée (page TES méthode française).
1/) Les recommandations du SEC 2010
A coté du TRE, le SEC recommande l’’élaboration des TES symétriques, qui ont plutôt une vocation analytique. Dans le TES symétrique de type produit-produit, requis dans le programme de transmission d’Eurostat, la matrice des CI indique comment un produit est utilisé dans la fabrication d’un autre produit ; les emplois finaux sont détaillés par produit. Le TES symétrique est aux prix de base. Il se décline en deux tableaux, l’un décrivant les emplois de la production intérieure, l’autre décrivant, de la même manière, les emplois des importations (contenus en importations). Le tableau qui est le plus utilisé est le TES pour la production intérieure. C’est en effet grâce à ce tableau que l’on peut calculer l’impact de mesures de politique sur l’appareil de production national. Les tableaux importés intéressent cependant de plus en plus les économistes pour calculer les chaînes de valeur mondiales.
Les deux types de tableaux, TRE et TES symétrique, se distinguent formellement par la différence des unités de production utilisées respectivement par chacun d’eux, et qui sont regroupées par activité selon la NACE :
Dans le TRE, les unités de production sont les unités d’activité économique locale, regroupées par branches d’activité principale.
Dans les TES symétriques produits-produits, les unités de production sont les unités de production homogène, regroupées en branches homogènes.
Les manuels du SEC et du SCN présentent l’avantage de permettre une certaine souplesse tout en faisant trois recommandations.
° D’une part être au plus près des sources statistiques dans le TRE de manière à estimer correctement la valeur ajoutée et ses composantes .
° D’autre part, respecter quelques règles pour le calcul du TES symétrique (choix de la technologie, calcul des emplois au prix de base,…).
° Enfin faire le lien entre TRE et TEE (tableau économique d’ensemble par secteurs institutionnels).
L’unité est l’entreprise dans de nombreux pays d’Europe, pour le TRE si l’UAEL n’est pas enquêtée. Pour les TES symétriques, l’unité est l’UPH : Une branche regroupe des UPH qui produisent un même produit. Normalement on peut isoler clairement des coûts d’une UPH. C’est pourquoi les comptables nationaux français traitent à part les ventes résiduelles (exemple publications de l’INSEE). Les autres pays traitent en général ces cas comme des branches secondaires des secteurs d’activité non marchande même si leurs coûts ne sont pas isolables.
Le tableau de base du SEC est fait selon le modèle suivant. il est en général rectangulaire (plus de produits que de branches d’activité) mais pas nécessairement. Les lignes de la matrice de production sont celles de la matrice des CI. De même, les colonnes des branches d’activité principale ou des branches d’établissements de la matrice de production sont celles de la matrice des CI. Le TRE transmis à EUROSTAT est carré (65 produits * branches d’activité).
Le SEC précise certains points : Tout d’abord, La plupart des informations statistiques qui peuvent être obtenues des unités productrices portent sur les types de produits qu’elles ont produits et vendus et, souvent de façon moins détaillée, sur les types de produits qu’elles ont achetés et utilisés. Le format du TRE a été conçu spécialement pour accueillir ce type d’information (c’est-à-dire « produits utilisés × branche d’activité principale »). L’une des caractéristiques essentielles des TRE tient en ce que ces tableaux enregistrent séparément des activités secondaires.
2/ Un TES français par secteur d’activité serait comparable aux TRE des autres pays
On ne peut pas faire d ‘analyse économique à partir de ces matrices, la diversification des activité se faisant souvent au niveau des groupes. Mais peut-on relier en partie ces structures aux unités qui servent de base aux TRE. Normalement les TRE fondées sur les entreprises profilées devraient avoir une matrice de production plus diagonale du fait des échanges entre deux unités légales UL à acticité secondaire dans une même (EP) qui disparaissent lors de la consolidation du chiffre d’affaires. Mais les pays n’ont pas qu’une unité statistique de base des TRE
La diversification ne peut s’appréhender seulement par cette approche trop agrégée où le croisement « industrie * industrie » prend en compte la production secondaire industrielle des entreprises (UAEL) industrielles. D’abord la diversification vers des services ou le commerce se fait de plus en plus au niveau des groupes ou des entreprises profilées (EP) des secteurs de l’industrie ou de la construction (page Comptes de l’industrie). Un groupe de l’industrie crée ainsi des filiales de services ou du commerce, unités légales produisant ces activités comme activités principales.
D’autre part, ne serait-ce qu’au niveau des UL, il faut aussi voir quelle est la part de la production de la diagonale dans la production globale dans la nomenclature la plus fine. Il apparaît de nouveau que la France se situe dans la moyenne des autres pays. Certes la part de la production de la diagonale dans la production de l’industrie est assez faible (81%); mais ce n’est pas le cas pour la part de la production de la diagonale dans celle de l’économie.
a) En France, la matrice PSB avait une structure comprable aux matrices de production des autres pays en 2012
Pour appliquer les définitions du SEC en France, encore faut il voir si la matrice de production est relativement proche de celle des autres pays. La comparaison avait porté sur l’année 2012, dernière année avant le profilage des entreprises profilées (EP). Elle était donc faite en France à partir des unités légales (UL). Depuis, la matrice PSB française reprend les structures de celle de 2012 par UL; la ventilation branche des EP n’est pas du tout la même que celle des UL. Prendre la structure de 2012 pose problème car la ventilation branche évolue dans le temps. On a vérifié alors si la matrice de production était moins diagonale que dans les autres pays, ce qui empêcherait de faire un TES par secteur d ‘activité en France. Or ce ne semblait pas le cas du moins pour certains pays.
La matrice de production française était construite à partir de la matrice passage secteur branche (PSB) des SNF-EI et du traitement des ventes résiduelles et du transfert du vin en activités secondaires, respectivement des secteurs d’activité non marchands et de l’agriculture.
Elle n’était pas moins diagonale qu’ailleurs. Elle est un peu moins diagonale que celle de l’Allemagne (2012 étant la dernière année en France où les unités légales sont enquêtées avant le passage au profilage) . Ainsi le produit « industrie manufacturière » représente 86% de la production du secteur d’activité « industrie manufacturière» en France contre 92% en Allemagne.
b) Les matrices de production mondiales en 2019
Mais les matrices de production des pays, qui enquêtent l’UAEL (Suède, Pays Bas,…) seraient moins diagonales que celle de l’Allemagne, avec des ordres de grandeur comparable dans l’industrie au pourcentage français de la matrice Passage secteur-branche (PSB).
À ce niveau de nomenclature (21 poduits/branches d’activité), 3 pays ont une part de la production des activités secondaires (hors la diagonale) supérieure à 10% : Pays-Bas, Suède, Nouvelle-Zélande. Pluqsieurs pays hors UE, (Corée, Inde,…), ont une part des activités secondaires proche de 1,5% comme dans la matrice française (hors PSB). Dans les autres pays, la part de l’activité principale varie entre 92% et 94%.
Part de la production de la diagonale dans la production totale en 21 branches – produits en %
À un niveau très agré de nomenclature, les produits « services » représentent 97% à 98% de la production du secteur d’activité «services» dans tous les pays. Mais ce ratio est beaucoup plus faible, inféreur parfois à 85%, dans le commerce et dans d’autres secteurs d’activité (branches d’établissement) comme l’administration en Italie ou Allemagne, ou l’enseignement qui produit aussi des services professionnels, scientifiques et techniques comme aux Pays-Bas, au Danemark, en Autriche, en Belgique, en Allemagne, bref dans la plupart des pays. Compte tenu du poids de ceux ci dans l’économie, la base OCDE détaille bien l’ensemble du secteur tertiaire.
Les pays choisis pour faire ces comparaisons l’ont été pour différentes raisons : élaboration assez précise de la matrice de production « Make matrix » (Allemagne, Pays-Bas, États-Unis, ), pays européens et non européens, etc… En France comme en Roumanie on utilise plutôt un concept de branche pure. La matrice de production du site OCDE (et Eurostat) ne comptabilise comme activités secondaires que les transferts du vin de l’agriculture vers les industries agro-limentaires et les ventes résiduelles des branches non marchandes. Elle n’est donc pas comparable aux matrices des autres pays. Il faudrait y introduire lla matrice PSB des SNFEI. On le voit dans le graphique suivant.
Le tableau de l’offre offre un aperçu des activités de production primaires et secondaires. En d’autres termes, il fait la distinction entre les produits fabriqués en tant que principale production caractéristique d’une branche d ‘activité (ou secteur d’activité) et ceux fabriqués en tant que sous-produit secondaire par des branches d ‘activité axées sur d’autres biens et services. Le tableau illustre le cas de la recherche et du développement (R&D). Il n’y avait que 6 pays dans l’UE où les services de R&D étaient principalement produits par le secteur de la R&D (division 72 de la NACE) en tant qu’activité principale. Dans la plupart des pays, l’essentiel de la R&D était effectué en tant qu’activité secondaire par, par exemple, le secteur industriel (sections B à E de la NACE), le secteur des services publics (sections O à Q de la NACE) ou par le secteur de l’information et de la communication (section J de la NACE). Souvent, les importations ont contribué de manière substantielle à l’offre de services de R&D. En Irlande, elles ont représenté 97 % des activités de R&D, probablement liées aux services de R&D acquis par des entreprises résidant dans le pays appartenant à de grandes entreprises multinationales. En France et en Roumanie, dans les matrices d’offre d’Eurostat, la contribution à l’offre de R&D est soit le fait de la branche R&D soit le fait des importations. Toutes les activités secondaires de R&D dans l’industrie et les autres secteurs, comptabilisés dans la matrice PSB, ont disparu dans la matrice de production publiée par Eurostat. Or il est clair que les grandes entreprises de l’automobile, la pharmacie ou l’aéronautique font de la R&D pour compte propre (P12) ou même pou être vendue (P11)
Offre totale de services de recherche et développement, par produit, 2020, (%)
Tableau 10 matrice de production pays source OCDE
Matrice de production (hors France) secteur d’activité ou branche d’UAEL en colonne en 2019 (en %)
On s’appuie ici sur les chapitres intitulés « équilibrage des ressources et des emplois » des manuels input-output d’Eurostat de 2008 et de l’ONU de 2018. Ces chapitres ont été rédigées par des membres de certains pays du Nord de l’Europe (Pays- Bas, Danemark,..). Il reste que chaque pays a ses méthodes, ses niveaux de classification d’élaboration du TRE et en particulier des ERE, etc,…
Dans la page Calcul du PIB dans plusieurs pays, on a vu que les arbitrages ne sont pas les mêmes, à plus forte raison dans le calcul des comptes de production, d’exploitation en colonnes et des ERE en lignes. Certaines questions abordées ici concernent par exemple la manière d’arbitrer les comptes (en proportion ou sur quelques secteurs d’activité-produits), l’importance plus ou moins grande des données exogènes, ou les méthodes de travail des personnes qui élaborent et équilibrent les ERE.
1/ Équilibrage des ERE et du TRE
a) équilibrage des ERE
Un système complet des ERE de produits peut être illustré par la figure suivante [9].
Système des Équilibres-ressources-emplois
Ce schéma montre les ressources et les emplois de tous les produits et le lien entre les différents niveaux de valeur (prix de base, prix d’acquisition). Les sous-matrices pour les valeurs de base, les marges commerciales et de transport, les taxes nettes sur les produits, la TVA non déductible et les prix d’acquisition sont décrites sous forme de « couches » pour visualiser la transformation des prix de base aux prix d’acquisition pour chaque case du système.
Les ERE des produits sont élaborés sous forme de lignes (rangées), de catégories d’emplois (CI par secteurs d’activité, groupes de consommation, etc,… ) et le cas échéant comme colonnes.
Comme point de départ, l’offre (les ressources) est présentée comme une matrice des montants aux prix de base dans le côté gauche de la figure. Sur le côté droit, la valeur de la matrice d’emplois aux prix de base est présentée dans la couche inférieure. Dans le système des ERE équilibrés l’offre totale aux prix de base doit être égale aux emplois totaux aux prix de base pour chaque produit. En ce qui concerne le commerce, il est traité comme production de secteurs commerciaux aux prix de base, mais il est exclut des emplois des produits au prix de base. Ils est ensuite additionné dans la matrice des marges. Les taxes et les subventions sur les produits et la taxe sur la valeur ajoutée non déductible sont également réparties sous forme de matrices du coté des emplois.
L’écart entre l’offre totale et les emplois totaux pour chaque produit est comblé par une « colonne passerelle » («bridge column») qui figure à droite de l’offre. Ici, les marges sont transférées du prix de base à la couche de marge. Dans les prix de base, les marges sont inscrites comme des valeurs négatives qui annulent l’offre totale des « produits à marge ». Dans la couche des marges, le même montant est réparti sous forme de marges sur tous les produits commercialisés. La « colonne passerelle » est également utilisée pour indiquer l’offre y compris les taxes nettes de subventions sur les produits et la TVA non déductible par produit. Il s’ensuit que dans le système équilibré, les emplois totaux sont égaux aux ressources totales à tous les niveaux pour chaque produit lorsque le côté de l’offre comprend la « colonne passerelle ».
Une version simplifiée du système du TRE est illustrée dans la figure suivante. Ici, le côté des emplois est uniquement présenté aux prix d’acquisition comme couche supérieure. La TVA et tous les autres impôts et subventions sur les produits sont traités comme une seule couche d’agrégats. La section « valeur ajoutée » du tableau des emplois a été ajoutée pour illustrer le fait que le chiffre correspond au tableau du programme de transmission officiel à Eurostat (SEC 2010). La valeur ajoutée aux prix de base par branche d’activité est la différence entre la production aux prix de base et la CI aux prix d’acquisition. Dans la procédure d’équilibrage, on peut supposer que les objectifs (« cibles ») de production, de CI et de valeur ajoutée par secteur d’activités ont déjà été fixés. La structure tridimensionnelle est utilisée pour montrer que le TRE est un sous-ensemble des informations contenues dans le système complet.
Système simplifié du tableaux-ressources-emplois
Le système d’équilibrage de l’offre et des emplois par produits est illustré par les deux options :
Le choix entre l’équilibrage simultané de tous les niveaux et l’équilibrage aux seuls prix d’acquisition dépend bien sûr la disponibilité des données et des ressources humaines.
Malgré son apparente simplicité, un système simplifié peut en fait créer des complications qui peuvent être évitées par un équilibrage simultané à tous les niveaux ‘emplois, marges, TVA,..) . L’offre aux prix d’acquisition doit être calculée avant que l’équilibrage puisse être effectué aux prix d’acquisition. Les marges commerciales et de transport, les taxes nettes et la TVA par produit, par exemple, doivent être calculées en utilisant les informations des années précédentes ou d’autres informations qui ne dépendent pas de la procédure d’équilibrage elle-même, sans tenir compte du fait que cela peut créer une incohérence interne dans le système. De telles incohérences révéleront probablement des couches manquantes du côté des emplois aux prix de base jusqu’à ce que la TVA soit élaborée à un stade ultérieur. Avec des équilibrages simultanés à tous les niveaux du côté des emplois, à savoir la répartition des marges, des taxes et de la TVA par produits, n’ont pas besoin d’être corrigés à ce stade précoce. Ils peuvent refléter les changements qui sont introduits du côté des emplois lors de la procédure d’équilibrage.
La répartition par produit des marges de commerce et de transport et des impôts nets sur les produits peut être calculée en dehors du processus d’équilibrage lui-même, fondée sur des renseignements détaillés sur les secteurs d’activités du commerce, les enquêtes sur le budget des ménages, etc… . Si les impôts et les subventions ne sont pas déjà liés aux produits concernés dans les sources statistiques, il devrait au moins être possible d’en faire la répartition par produits à partir de l’information dans les comptes des APU. Ces calculs peuvent être réalisés avant le début du processus d’équilibrage lui-même.
D’autre part, il est difficile de calculer la taxe sur la valeur ajoutée non déductible par produit sans utiliser les informations sur les emplois, car l’ampleur de la TVA non déductible dépend généralement de la fois du produit et de la répartition parmi les différents emplois. C’est la raison pour laquelle la TVA et les montants aux prix d’acquisition de la « bridge-column » ne seront pas disponibles avant l’équilibrage final de l’ensemble du système.
Le SEC 2010 recommande qu’un système complet de matrices de marges et de taxes et les subventions sur les produits soit établi. L’équilibre entre l’offre et les emplois à tous les niveaux devrait être privilégié pour un certain nombre de raisons. La première raison est que les marges commerciales et de transport, et la TVA non déductible devraient refléter les emplois de l’année en cours et non de l’année précédente. Une autre raison est que la décomposition des valeurs aux prix d’acquisition entre les prix de base, les marges commerciales et de transport, les taxes nettes autres que la TVA et la TVA, est absolument nécessaire à des fins de déflation, et devra être calculée plus tard si elle n’est pas présente lors de l’équilibrage des ERE. Une dernière raison est que dans les processus d’équilibrage des systèmes informatiques modernes peuvent facilement faire la plupart du travail impliqué dans le maintien d’une version mise à jour de toutes les couches du système.
Si un système comptant 1000 produits ou plus doit être équilibré chaque année, ceci dépend du traitement informatique des données sous une forme ou une autre. Pour chaque nouvelle année, un fichier initial doit être créé à l’aide de données provenant de sources disponibles. Une fois qu’un système complet a été créé pour une année de base, l’élaboration des fichiers initiaux pour les années suivantes peut être considérée comme une procédure de mise à jour, où le fichier existant est ajusté aux nouvelles « cibles » pour les totaux de manière indépendante des valeurs calculées de l’année en cours. Les corrections apportées à la version initiale des soldes des produits peuvent être transformées comme d’autres fichiers d’opérations qui doivent être fusionnés avec le fichier principal pour créer des versions corrigées du fichier original. La mise en œuvre réelle peut utiliser différents types de logiciels, comme des bases de données et des feuilles de calcul.
b) Un exemple fictif du TRE au prix d’acquisition et au prix de base
Pour chaque produit, l’exemple empirique suivant montre comment l’équilibre est atteint entre l’offre d’un produit aux prix d’acquisition et les emplois correspondants aux prix d’acquisition. Dans un premier temps, la production d’un produit est calculée aux prix de base. Ensuite, les importations (CAF) sont ajoutées pour définir l’offre totale d’un produit aux prix de base. Dans une troisième étape, les marges commerciales et de transport sont ajoutées à l’offre totale aux prix de base. En d’autres termes, le prix d’acquisition de chaque produit contient non seulement les coûts de production de base, mais aussi les marges commerciales et de transport et les taxes nettes sur les produits. Les taxes nettes sur les produits contiennent les autres taxes sur les produits, nettes des subventions sur les produits, et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) non déductible.
Tableau des ressources au prix de base puis au prix d’acquisition
Le tableau suivant montre le tableau des emplois correspondant avec transformation du tableau des emplois aux prix d’acquisition en un tableau des emplois aux des prix de base (voir page TES méthode mondiale).
Il convient de noter que les matrices des marges commerciales et de transport du côté des emplois et des taxes moins les subventions sur les produits ont le même format que le tableau des emplois. En déduisant les marges commerciales et de transport et les taxes moins les subventions sur les produits des emplois aux prix d’acquisition, on obtient les emplois des produits aux prix de base. Dans le tableau des emplois aux prix de base, les taxes moins de subventions doivent être ajoutées dans une ligne séparée du tableau des emplois. La ligne 8 du tableau des emplois aux prix de base (« uses table at basic price ») correspond à la ligne 7 de la matrice des taxes.
Les identités suivantes sont valables après équilibrage :
Tableau des emplois au prix d’acquisition et au prix de base
2/ Hypothèses concernant les données disponibles pour l’année en cours
Avant que le système des ERE puisse être élaboré, les données suivantes doivent être disponibles. On suppose que les données des ERE ont été préparées sous une forme appropriée.
On suppose que les objectifs sont disponibles pour tous les totaux des colonnes du côté des emplois et que la différence entre la ressource totale et les emplois totaux indiquée par les objectifs se reflète dans une limite acceptable.
On peut s’attendre à ce que les valeurs cibles soient de qualité différente selon les sources statistiques disponibles. À tout moment de l’élaboration du TRE, la procédure d’équilibrage peut révéler la nécessité de réviser certaines valeurs cibles. En conséquence, on peut décider d’ajuster certaines des valeurs cibles qui ont été utilisées à l’origine dans le processus d’équilibrage automatique. Les objectifs (cibles) qui sont définis lors de l’équilibrage manuel peuvent également être modifiés avant l’équilibrage final.
3/ Version initiale des ressources et des emplois avec des valeurs « exogènes » et estimées
a) Un système complet mais déséquilibré
Avant qu’un équilibrage puisse être effectué, le système des ERE doit exister sous une forme plus ou moins déséquilibrée. L’ensemble du système des ERE doit être d’abord rempli par des valeurs pour au moins une année de base. Dans les domaines dans lesquels aucune information statistique n’est disponible, il faut rechercher d’autres types d’information comme les comptes des entreprises et d’autres documents publiés, voire auprès de personnes qui ont une certaine connaissance des secteurs d’activités qui sont mal couverts par les statistiques. Même si ce type de connaissances est difficile à quantifier, il peut être utile en l’absence d’informations statistiques. Combinée avec le bon sens, cette solution n’est peut-être pas la pire. Au moins les valeurs les plus improbables peuvent être évitées de cette façon. Un dernier recours peut être de regarder le TRE des pays voisins pour certains cas ponctuels : répartition des ressources en logiciels entre CI et FBCF, matrice FBCF produits-branches (actifs ici), etc… .
Dans un système d’ERE bien établi, le problème des informations manquantes est moins important. Une solution par défaut est ici d’utiliser les valeurs et les relations du système des ERE équilibrés des années précédentes. En l’absence d’une meilleure connaissance, on peut supposer que les structures des intrants sont constantes et que les pourcentages de marge commerciale, de taxes sur les produits et de la TVA sont constants dans le temps ou du moins évoluent dans le même sens de manière proportionnelle.
Les données utilisées pour établir les premières estimations sont bien entendu plus ou moins adaptées à l’objectif visé. La qualité des données varie entre des statistiques solides, des estimations de bon sens et de pures suppositions. Les valeurs initiales de haute qualité devraient être maintenues, dans la mesure du possible, pendant la procédure d’équilibrage et les changements nécessaires pour équilibrer le système devrait de préférence affecter les valeurs les plus incertaines. Mais toute la question est de savoir lesquelles le sont et qui le sait : le responsble du domaine probablment, mais celui de la synthèse ? D’où la nécessité de réunions de concertation entre les deux.
b) Valeurs exogènes
Le terme « valeurs exogènes » est ici utilisé pour les valeurs qui sont entrées directement dans le système et maintenues constantes à leurs valeurs originales lors du processus d’équilibrage automatique. Il peut y avoir plusieurs raisons de maintenir des valeurs constantes pendant l’équilibrage automatique. Elles peuvent être considérés comme ayant un degré élevé de certitude (CFM de nombreux biens en France), ou simplement comme de meilleures estimations que les valeurs que l’on peut attendre d’un processus d’équilibrage automatique. Il s’en suit que toutes les cellules qui sont traitées comme exogènes dans l’élaboration d’une version initiale de l’ERE doivent ne pas être corrigées manuellement plus tard.
Les informations disponibles peuvent dans certains cas indiquer les valeurs exactes à saisir dans des cellules spécifiques du système. Des exemples sont des données de comptes avec une couverture complète et un niveau élevé de détail ou des données détaillées qui ont déjà été agrégées lorsqu’elles ont été reçues des producteurs de statistiques de base.
Lorsque des informations complètes sont disponibles sur un groupe de produits bien définis, il peut être possible d’élaborer l’offre et les emplois de ces produits dans un sous-système séparé. En principe, aucun autre équilibrage de ces produits n’est nécessaire, et ils peuvent être traités comme des lignes « exogènes » lors de l’équilibrage général.
Il en va de même pour certaines catégories d’emplois. Si elles peuvent être spécifiées en détail avant le début de l’équilibrage général, elles peuvent être traitées comme des lignes « exogènes » lors de l’équilibrage général. il est possible de traiter toutes les valeurs de ces emplois comme « exogènes » dans le processus d’équilibrage général, par exermple la consommation finale des ménages en France.
Pour décider quelles valeurs doivent être considérées comme « exogènes » et quelles valeurs peuvent être changées, il faut bien sûr prendre en considération la qualité et la couverture des sources statistiques. Cependant, il est également nécessaire d’examiner la manière dont ces valeurs s’intègrent dans le système. Lorsque, par exemple, des valeurs « exogènes » correspondent à un pourcentage élevé de la consommation intermédiaire d’un secteur d’activité, le résidu peut avoir tendance à fluctuer d’une année à l’autre d’une manière qui semble improbable. Sans ajustements, les changements automatiques des autres intrants entraîneront de grands changements dans les coefficients techniques d’une année à l’autre. Si cela est jugé irréaliste, on a le choix d’ajuster manuellement certaines valeurs « exogènes », de modifier le total cible de la CI du secteur d’activité ou de décider qu’une ou plusieurs des CI qui étaient initialement « exogènes » devraient changer dans la procédure d’équilibrage.
c) Autres valeurs estimées à partir des informations statistiques pour l’année en cours
Toutefois, de nombreuses sources statistiques basées sur des échantillons ne contiennent pas d’informations sur les valeurs réelles qui doivent être saisies dans les cellules du système. Mais elles sont utilisées pour décomposer les totaux de l’année en cours entre ces valeurs. Même si les données statistiques à l’origine de ces ventilations se rapportent à l’année en cours, les valeurs ainsi calculées ont moins de chances d’être choisies comme étant « exogènes » car elles peuvent, dans une certaine mesure, résulter d’hypothèses qui ne peuvent être prouvées.
d) Informations statistiques des années précédentes ou suivantes
Dans de nombreux domaines, des informations complètes peuvent n’être disponibles que pour des années spécifiques, et ces mêmes informations devront être utilisées pendant les années qui suivent l’enquête. Lorsque une enquête sur l’utilisation des matières premières dans l’industrie est effectuée régulièrement avec un intervalle de quelques années, il devrait ainsi exister une procédure de révision de la composition de la CI dans l’industrie manufacturière chaque fois que les résultats d’une nouvelle enquête sont disponibles. il est parfois même possible d’utiliser les résultats d’enquêtes statistiques couvrant des périodes postérieures à l’année en cours, comme la meilleure façon d’utiliser des informations récentes. Cela n’implique pas qu’une révision générale de l’ensemble du système soit nécessaires lorsque ce type d’information est introduit dans le système.
La version initiale de la partie « emplois » devrait, dans la mesure du possible, utiliser toutes les informations disponibles sur l’année en cours et d’autres informations récentes. Néanmoins, toutes les cellules du système doivent être attribuées comme valeurs initiales, qu’elles soient récentes ou non Les informations relatives à chaque cellule particulière sont disponibles.
e) Passer d’une année à l’autre
Lorsqu’un système équilibré d’ERE existe déjà pour l’année précédant l’année en cours, on peut généralement supposer que la structure générale du système sera comme l’année précédente, lorsque aucune meilleure information n’est disponible. Occasionnellement, les changements spécifiques d’une année à l’autre doivent être pris en compte. La modification des nomenclatures de produits peut créer la nécessité de redéfinir certains groupes de produits, et de nouveaux secteurs d’activité ou de nouveaux groupes de consommation peuvent être introduits. Dans ce cas, il est généralement possible de transformer le fichier de l’année précédente dans la structure de l’année en cours.
Pour tenir compte des changements dans la structure des prix, les données d’autres périodes peuvent être réévaluées (ou déflatées) au niveau des prix de l’année en cours avant qu’elles ne soient utilisées pour calculer les coefficients techniques initiaux de l’année en cours. De cette façon, les valeurs initiales sont calculées en supposant que les coefficients en prix constants sont stables dans le temps.
f) Rassembler les informations provenant des différentes sources
Le système préliminaire des ERE par produits déséquilibrés est ensuite mis en place en utilisant la meilleure source de données possible pour chaque valeur.
On suppose que l’ensemble de l’offre a été calculé pour l’année en cours. Toutes les valeurs du côté de l’offre doivent être saisies dans le fichier et doivent être traitées comme des valeurs « exogènes » dans le processus d’équilibrage automatique. Les cellules vides qui avaient une valeur dans les années précédentes doivent être supprimées du fichier ou fixées à la valeur zéro. Il peut en revanche être conseillé de vérifier que les données sont complètes.
En ce qui concerne les emplois, toutes les valeurs « exogènes » doivent être préférées aux valeurs par défaut calculées d’une autre manière.
g) Marges initiales de commerces et de transports
Lorsqu’un système d’ERE est créé à partir de rien, des marges commerciales et de transport doivent être affectées à chaque produit qui comporte de telles marges. Dans les schémas et tableaux ci-dessus, toutes les marges sont indiquées comme une seule couche. Mais dans la pratique, le commerce de gros, le commerce de détail et les marges de transport peuvent être séparées en plusieurs couches. Il convient de souligner que les « marges de transport » ne couvrent pas la part des services de transport qui sont comptabilisés en CI de transport dans les comptes des unités qui vendent ou achètent les biens transportés. Les marges de commerce totales par produit peuvent être estimées à partir des statistiques du commerce en utilisant des hypothèses sur la composition des produits vendus par chaque secteur d’activité du commerce, voire sur les ventes du commerce par produit : le commerce d’automobile vend des automobiles dont la marge devrait être comptabilisée en marge de commerce du produit « automobile ».
Dans le système complet, les marges commerciales et de transport de chaque produit doivent être réparties sur les emplois de ce produit. Les ratios de marge commerciale et de transport peuvent présenter une certaine variation entre les différents emplois d’un même produit. On sait que les marges du commerce de détail sont élevées pour la consommation finale et peuvent être plus faibles pour d’autres catégories d’emploi final d’autant que dans la plupart des secteurs d’activité, la CI et la FBCF ne comportent aucune marge de commerce de détail. S’agissant du commerce de gros, les ratios de marge peuvent également varier selon les emplois : Ils sont susceptibles d’être plus élevés dans les cas où de nombreux fournisseurs sont confrontées à de nombreux acheteurs du produit que dans le cas où quelques grandes entreprises achètent le produit auprès quelques grands fournisseurs. En l’absence d’informations concrètes sur ces différences, le bon sens peut conduire au choix d’un taux de marge commerciale uniforme pour toutes les emplois d’un même produit.
Lors du passage d’un système équilibré ERE d’une année à l’autre, une première estimation des matrices de marge de commerce et de transport par défaut peut être basée sur les ratios de marge de l’année précédente. Lorsque les marges de commerce et de transport de l’année en cours sont connues, ces valeurs doivent bien sûr être préférées. De telles valeurs peuvent être entrées dans les cellules spécifiques du système comme « exogènes ».
Les marges totales ainsi calculées ne correspondent généralement pas à la production du commerce et des transports affectée en marges. De sorte que certains ajustements proportionnels des marges non « exogènes » peuvent être nécessaires avant de pouvoir estimer les couches de marge dans la version initiale du côté des emplois.
h) Autres taxes et subventions sur les produits
On suppose ici que les taxes et les subventions sur les produits sont connues par produit avant le début du processus d’équilibrage. Dans le système complet, elles doivent être réparties entre toutes les catégories d’emplois qui paient des taxes ou reçoivent des subventions. Lorsque le système est construit à partir de rien, chaque type d’impôt ou de subvention doit être réparti conformément à la législation applicable. Par exemple, certaines taxes sur les produits peuvent être payées exclusivement par la consommation finale; d’autres doivent être réparties entre tous les emplois (à l’exception des exportations) en proportion des emplois au prix de base. Certaines subventions ne peuvent être reçues que par certains secteurs d’activités.
En passant d’une année à l’autre, une solution par défaut comme celle proposée pour les marges de commerce et de transport peut être utilisé si les règles fiscales sont les mêmes au cours des deux années. Dans ce cas, une première estimation des taxes sur les produits peut être calculée en utilisant les pourcentages d’imposition de l’année précédente. Les impôts ainsi calculés ne s’ajouteront aux objectifs de l’ERE que dans une étape ultérieure; la taxe sur chaque produit peut être ajustée proportionnellement à la valeur cible. Ce système automatique est un peu plus délicat que la procédure similaire pour le commerce et les marges de transport. Il doit être utilisé avec précaution, surtout lorsque les ERE contiennent des combinaisons de différents impôts et subventions. Pour éliminer le risque de résultats improbables, il est utile d’inscrire tous les impôts et toutes les subventions dans une couche de valeurs « exogènes ». Souvent, la seule solution sûre consiste à calculer la répartition manuellement.
i) Taxe sur la valeur ajoutée initiale
Selon le SEC 2010, seule la TVA non déductible est entrée dans le système. Dans le système complet, la TVA non déductible est répartie par produit aux CI des secteurs d’activité et catégories d’emplois finals qui sont exemptées de la déduction de la TVA. Contrairement aux marges commerciales et de transport et aux autres taxes nettes sur les produits, la répartition de la TVA par produit est difficile à calculer sans avoir connaissance des emplois détaillés du système.
Dans chaque cellule de produit du tableau des emplois, la TVA dépend de :
La législation sur la TVA peut être simulée à l’aide d’une procédure de traitement électronique des données. Dans un système détaillé, il est possible de calculer la TVA pour chaque cellule individuelle du côté des emplois. Les valeurs de la TVA peuvent également être mises à jour à chaque fois que les valeurs du côté des emplois sont modifiées dans le processus d’équilibrage. La TVA totale calculée initialement peut être comparée à la TVA totale qui figure dans les comptes publics. Cette comparaison peut justifier d’ajuster la TVA estimée, notamment dans certaines des valeurs initiales.
Comme dans le cas de la CI, la TVA non déductible sur l’investissement dépend de la répartition de FBCF par secteurs d’activité. C’est un argument supplémentaire en faveur de l’estimation de la matrice initiale d’investissements avant de créer la version initiale des emplois.
4/ Méthodes d’élaboration
L’élaboration des TRE requiert l’utilisation de méthodes spécifiques. La difficulté principale de la procédure d’élaboration des TRE est de collecter des données cohérentes et homogènes de différentes sources statistiques et administratives. Outre la méthodologie spécifique utilisée pour la calcul de chaque composante, des méthodes d’estimation supplémentaires doivent être envisagées afin de pouvoir estimer chaque élément du système des ressources et des emplois, dans le cas de données de faible qualité, insuffisantes ou manquantes.
Généralement, les données disponibles sont insuffisantes et ne sont pas assez complètes pour répondre aux exigences méthodologiques des ressources et des emplois; il est également possible que certaines données clés ne puissent pas du tout être collectées. En général, il existe plusieurs aspects dans la gestion des difficultés d’élaboration du TRE : données manquantes, cohérence du système des ressources et des emplois, conséquences et documentation.
a) Données manquantes
Certaines données nécessaires à l’élaboration d’indicateurs des TRE ne sont pas disponibles dans les statistiques officielles ou dans le système administratif. Afin de les obtenir par d’autres fournisseurs, ou pour accéder à certaines informations supplémentaires utiles au développement de suppositions ou d’hypothèses de travail, plusieurs options sont envisageables:
b) Cohérence du système des ressources et des emplois : un exemple fictif
Les estimations de certaines composantes, même lorsque les sources de données sont disponibles, sont basées sur les égalités et le principe de cohérence du cadre ressources et emplois. L’application de la méthode des E.R.E (« commodity flow method ») adhère à ce principe. Tous les produits présentés du côté des ressources sont en corrélation avec les composantes des emplois et vice versa. La création d’ERE nécessite presque toujours que les statisticiens fassent preuve de jugement quant à la fiabilité relative des composantes individuelles des ressources et des emplois et développent des hypothèses pour combler les lacunes des données.
L’ERE est basé sur l’égalité par produit:
Ressources = Emplois
La méthode des ERE présente un avantage certain car elle identifie de nombreux flux. Pour de nombreux produits, il est possible, de par leur nature, d’identifier s’ils sont des biens courants ou d’équipement. Par exemple, un avion ou un tracteur rentre forcément dans la catégorie des biens d’équipement qui sont utilisés (consommés) respectivement dans le secteur des transports ou dans le secteur de l’agriculture; les services de coiffure rentrent dans la catégorie de consommation finale des ménages. Grâce à une structure détaillée du TRE, il est plus facile d’utiliser les connaissances d’un expert afin de compléter les sources de données pour l’affectation de produits à différents emplois.
La méthode des ERE est appliquée dans les graphiques suivants. au produit “blé” dans l’économie A. Le Graphique 1 suivant présente les sources de données disponibles et la valeur des indicateurs utilisés. Les données collectées sont incluses dans l’équation comptable par produit, tout particulièrement pour le TRE. Les premières estimations sont présentées dans le Graphique 2 suivant. L’écart doit être comblé, et la première étape de cette démarche consiste à analyser les sources de données afin d’identifier les sources les plus fiables permettant le calcul des indicateurs en accord avec la méthodologie du SCN. L’exemple présenté utilise la méthode des ERE en analysant les sources de données décrites ci-dessous.
L’écart existant est dû au fait que la production familiale de blé et les variations de stocks ne sont pas incluses dans les estimations. En prenant en compte le fait qu’aucune autre information n’est disponible, la méthode des E.R.E. est appliquée. Afin de simplifier l’exemple, on part du principe que la production familiale est consommée par les ménages pour leur propre consommation et qu’il n’y a aucune activité commerciale. Cela signifie qu’il n’est pas nécessaire d’ajuster les marges commerciales déjà calculées. La différence sera attribuée à deux éléments, provenant de tableaux différents. Dans l’exemple, on suppose que la totalité de la production familiale a été consommée et qu’il n’y a pas de variations de stocks. L’écart est donc censé représenter la production familiale de blé, dont la valeur est le solde comptable. Les données ajustées sont présentées dans le Graphique 3 suivant.
Exemple de méthode des ERE
Graphique 1 : Sources de données et indicateurs utilisés
Graphique 2 : Premières estimations des ressources et des emplois pour le « blé »
Graphique 3 : Ajustement des ressources et des emplois du « blé »
L’exemple présenté illustre une situation particulière dans laquelle la source de l’écart entre le TRE pour un produit a été identifiée puis éliminée grâce à la méthode des ERE. En pratique, le processus d’élaboration du TRE révèle un grand nombre de situations différentes et toute méthode générale permettant d’éliminer l’incohérence entre les deux tableaux peut être appliquée. L’analyse des sources de données et des méthodes utilisées pour l’estimation des éléments des ressources et des emplois représente un moyen fiable de garantir l’égalité entre les tableaux.
Lorsqu’un certain flux est ajusté sur la base de l’analyse effectuée, cela affecte évidemment les autres flux qui y sont étroitement liés, que ce soit en tant que fournisseurs d’entrées ou en tant que consommateurs. Afin de rendre les ajustements plus systématiques en se basant sur la méthode des ERE, il est nécessaire de prendre en compte les relations inter-branches ; des blocs de secteurs distincts devraient être mis en place. Un bloc devrait inclure des branches d’activité étroitement liées en termes d’input. Par exemple, le ciment, les carreaux de céramique, les fenêtres et les portes sont des produits nécessaires dans le domaine de la construction. C’est pourquoi ces derniers peuvent être utilisés pour recouper les estimations relatives à la construction. Voici quelques exemples de blocs de secteurs:
Une fois le bloc de secteurs établi, il est nécessaire de mener une analyse approfondie des caractéristiques de l’économie au sein du pays, ainsi que des relations techniques entre branches d’activité.
Cette approche en termes de bloc est essentielle. Pour construire par exemple la matrice FBCF produit-branche comme en France où on dispose de quelques informations agrégées (logiciels répartis par grandes branches, R&D par branches plus détaillées, matrice FBCF-actifs des autres pays,..), il ne faut surtout pas chercher à élaborer cette matrice à un niveau plsu détaillé que le niveau le plus agrégé A17 de la nomenclature. Ensuite on répartit au prorata dans un niveau plus fin de nomenclature, par exemple le niveau 138.
5/Procédures d’équilibrage
Le processus d’équilibrage du système forme un élément central du SCN. Des données macroéconomiques équilibrées peuvent être obtenues à un niveau plus agrégé, en utilisant les optiques de la production, des revenus et des dépenses. Cependant, la solution la plus appropriée est d’équilibrer le système simultanément pour les comptes sectoriels et pour les TRE à un niveau de produits et de branches d’activités bien plus précis. L’idéal serait de baser les TRE sur des connaissances parfaites, de manière à ce que les deux côtés présentent un équilibre parfait pour chaque produit de base. Mais, bien sûr, en pratique, les TRE contiennent tous deux un grand nombre d’estimations, car les sources de presque tous les produits de base sont incomplètes. Les deux côtés affichent donc généralement un équilibre imparfait.
L’équilibrage ne sert pas uniquement à parvenir à l’égalité entre les ressources et les emplois de chaque produit et entre les sorties et les entrées de chaque branche d’activité. L’équilibrage permet également de suivre les incohérences des données de base et des méthodes d’estimation utilisées. Il est parfois utile d’effectuer l’équilibrage du système des ressources et des emplois à prix courants et à prix constants, de manière simultanée.
La procédure d’équilibrage débute lorsqu’une estimation est disponible pour chaque composante du tableau des ressources, du tableau des emplois et des matrices d’évaluation, sur la base de toutes les sources administratives et statistiques disponibles, ainsi que d’informations et d’hypothèses supplémentaires. L’analyse des données selon l’égalité principale du système (Ressources = Emplois) met en lumière les incohérences des estimations. Les différences peuvent être causées par des imprécisions ou des méthodes inappropriées dans les estimations précédentes, par des erreurs dans les éléments de spécification ou dans la classification des produits ou par de simples erreurs de calcul. La tâche principale des statisticiens responsables des TRE consiste à détecter ces incohérences et à les résoudre.
En raison du nombre élevé de données et d’informations utilisées dans le TRE, détaillées par dizaines, centaines ou même parfois par milliers de produits, il est très important de suivre une approche systématique de résolution des problèmes. Heureusement, un certain nombre d’instruments utiles destinés à traiter les problèmes sont disponibles dans le système des ressources et des emplois.
a) Assurer les égalités de base
pour les prix courants et constants. Toute différence entre les ressources totales (dont les marges et les impôts) et les emplois totaux (à prix courants et constants) pour tout produit indique une incohérence. Cette observation doit mener à un retour aux données et à une analyse en détail du problème.
b) Le contrôle de la plausibilité et de la crédibilité
Si un élément semble ne pas être plausible, il est nécessaire de rechercher une explication acceptable en analysant les sources sous-jacentes et en commentant les données avec des experts du domaine concerné. Voici quelques exemples de contrôles de plausibilité:
Tous les contrôles de plausibilité et de crédibilité sont établis sur la base du type d’incohérence détectée dans les TRE. Les incohérences peuvent être causées par des erreurs et des incohérences dans les données fournies par les unités statistiques (entreprises, établissements, ménages, etc.) et par les sources administratives. Elles peuvent également être causées par des erreurs créées par les employés travaillant à l’élaboration des TRE (expérience limitée, manque de connaissances statistiques et économiques, etc.). Étant donné que les ressources pour les comptes nationaux sont limitées, une approche systématique est nécessaire pour réaliser l’équilibrage. Dans le cadre de ce processus d’équilibrage, il est évident que les incohérences importantes requièrent plus d’attention que les incohérences plus légères.
c) Des procédures automatiques pour l’équilibrage
Elles sont essentielles à la préparation et à la gestion du système des ressources et des emplois. L’ordinateur joue différents rôles dans le calcul pendant l’étape de préparation au développement de la solution appropriée pour l’équilibrage des ressources et des emplois. La méthode la plus couramment utilisée pour effectuer un équilibrage automatique est appelée méthode RAS (voir page Tableau entrées intermédiaires). Elle est utilisée pour réviser les entrées internes d’une matrice pour qu’elles correspondent aux marges totales. La méthode RAS est utilisée lorsque les marges totales (ressources/emplois totaux des produits de base, ou production brute totale par type d’activité, par exemple) sont considérées comme correctes, mais que la ventilation au sein de la matrice ne correspond pas aux marges totales. Lors de l’élaboration d’un tableau de référence des ressources et des emplois, l’équilibrage manuel doit être effectué jusqu’à ce que les différences restantes aient été réduites au minimum (une règle générale établit que les totaux des lignes et des colonnes doivent se situer dans une marge de ±5 % des marges connus). La méthode RAS et les procédures similaires produisent une matrice équilibrée, même dans le cas d’écarts importants. Mais le tableau final peut être très trompeur. Les méthodes d’équilibrage automatique ne peuvent pas juger de la fiabilité des chiffres qu’elles ajustent. Cette tâche doit être effectuée par les comptables nationaux.
Le logiciel ERETES est l’un des logiciels établis utilisés dans la construction des TRE [10] ; C’est un système d’aide à l’élaboration des comptes nationaux utilisé dans les instituts nationaux de statistique de nombreux pays en développement, notamment en Afrique subsaharienne francophone. Il a été conçu en particulier pour produire deux tableaux importants: le TRE et le tableau des comptes économiques intégrés. Il est basé sur une démarche itérative et intégrée permettant de conduire de manière simultanée les trois approches de calcul du PIB. Il permet de se conformer intégralement aux recommandations du SCN 2008 et peut s’adapter à des contextes statistiques et des choix méthodologiques différents. Le système a connu, depuis les années 1980 de nombreuses évolutions de ses fonctionnalités, afin de s’adapter aux besoins de ses utilisateurs.
d) Procédures de recherche d’erreur
En fonction de l’expérience des pays dans l’équilibrage des TRE, il est judicieux de diviser le système des ressources et des emplois en de plus petites parties couvrant un nombre limité de lignes et de rechercher les erreurs principales à ce niveau. Les experts de secteur seront responsables de paquets plus petits du système des ressources et des emplois. Le fonctionnement d’un système d’intégration doit être aussi simple que possible. Il est également nécessaire que les experts travaillant sur l’équilibrage puissent avoir accès à la base de données commune et aux fichiers contenant le système des ressources et des emplois complet. De plus, les procédures automatiques peuvent aider à éliminer les petits écarts entre l’offre et la demande. Cela est souvent effectué grâce à des corrections proportionnelles. L’expérience montre que la combinaison de techniques et de procédures statistiques manuelles et automatiques est la meilleure solution de travail pour établir un système des ressources et des emplois.
De nombreuses corrections entrées par les « responsables des domaines » (RSP en France) entraînent des questions si on se réfère aux sources statistiques ou même pour des considérations de bon sens. Il est important que les solutions soient visibles par les autres et que les solutions puissent être reproduites lorsque les mêmes problèmes sont rencontrés les années suivantes. Les corrections doivent ainsi être commentées de manière systématique. Les corrections introduites pour supprimer les écarts restants entre les totaux des colonnes et leurs cibles peuvent être de nature plus ou moins arbitraire, mais néanmoins il est utile d’indiquer l’objet de la correction avec un commentaire. Un bon système de commentaires est extrêmement important lorsque les objectifs sont modifiés à la suite d’incohérences mises en évidence au cours du processus d’équilibrage, car ces corrections auront souvent des conséquences sur d’autres domaines de la comptabilité nationale.
Dans le même registre, il est utile de garder toutes les versions d’un compte sur un même fichier avec les principales variables (ventes, production, FBCF, consommation finale, etc…). Et de mettre en parallèle les évolutions des sources statistiques qui peuvent être des indicateurs de volume (comptes satellites, chambres syndicales professionnelles, etc…). On ne dira jamais assez que le travail du responsable de domaine est de comparer les évolutions issues ces sources avec ces propres comptes et de faire un équilibrage des comptes (ERE, comptes de production,..) en prix courants et en prix constants.
e) Équilibrage final.
Lorsque toutes les corrections manuelles ont été effectuées, il doit exister un tableau complet des totaux des colonnes acceptées. En principe, tous les totaux sont ajustés à leurs valeurs cibles. Avec des techniques informatiques appropriées, cela peut ne pas être nécessaire. Dans ce cas, il suffit que ces totaux soient ramenés à un écart relativement faible de leurs objectifs. Lorsque tous les niveaux du côté des emplois sont équilibrés simultanément, ils peuvent encore changer un peu du fait de l’équilibrage final des marges de commerce et de transport.
1 – Équilibrage final des marges commerciales et de transport
Dans le système complet, on peut s’attendre à ce que les marges de commerce et de transport aient changé à la suite de corrections manuelles soit parce que de nouvelles valeurs ont été explicitement spécifiées par les « responsables des domaines », soit parce que le calcul automatique a généré des changements lorsque des produits ont été déplacés entre des emplois ayant des taux de marge différents. Le total des marges des emplois ne sera généralement pas égale aux marges du coté des ressources, même si il était en équilibre lors de la version initiale du système. Un nouvel ajustement des objectifs peut généralement être effectué par des ajustements proportionnels de marges non « exogènes ».. Si de nombreux objectifs spécifiques des marges des emplois sont fixés, comme cela peut être le cas pour les marges du commerce de détail sur la consommation finale, il peut toutefois être nécessaire de modifier certains de ces objectifs avant de parvenir à un équilibre. La TVA devrait bien entendu être recalculé sur la base des valeurs ajustées.
Après avoir réussi à équilibrer les marges commerciales et de transport, les différences entre les totaux des colonnes et leurs objectifs devrait être supprimé. Il est possible de supprimer ces différences avec une programmation informatique.
Les cellules qui peuvent être concernées par ces corrections sans provoquer d’incohérences dans le système peuvent être isolées. Des corrections (totaux des colonnes égaux aux objectifs) peuvent être faites par un équilibrage vertical limité à ces cellules. Cela permettra créer de nouvelles petites différences entre l’offre et les emplois pour de nombreux produits. Ces différences peuvent être éliminées par une nouvelle répartition entre les emplois sans objectifs. Dans ce processus, les marges totales de commerce et de transport ne devraient pas être beaucoup changées et les changements des ratios de marge doivent être réduits au minimum. Si ces calculs devaient aboutir à des distorsions importantes, le programme devrait le signaler. Certains ajustements manuels peuvent encore être nécessaires afin d’éviter de créer des distorsions importantes.
D’autres moyens peuvent être envisagés pour supprimer ces différences. Cela pourrait être fait manuellement. Ou on pourrait même décider qu’une nombre de petits écarts sont insignifiants et doivent être acceptées.
2 – Mise en balance finale de la TVA non déductible
Le total de la TVA non déductible qui résulte de la procédure d’équilibrage ne peut pas être considéré comme correspondant exactement à l’objectif qui s’appuie sur les comptes des APU. Si les taux officiels et la législation fiscale sont utilisés dans les calculs, le total de la TVA devrait normalement dépasser l’objectif. Toutefois, pour être réaliste, le modèle utilisé pour calculer la TVA devrait tenir compte de la fraude fiscale. Un bon modèle de TVA devrait aboutir à un total calculé qui n’est pas trop éloigné de la cible. Néanmoins, on ne peut pas s’attendre à ce que le total de la TVA calculée atteigne automatiquement la valeur cible, de sorte que des corrections seront nécessaires. Il peut être préférable d’ajuster proportionnellement la TVA dans des colonnes spécifiques, où la part exacte de l’emploi assujettie à la TVA est incertaine. Un ajustement proportionnel final de la TVA sur tous les produits de consommation finale peut être utilisé pour éliminer la différence restante.
3 – Corrections manuelles finales
Les procédures plus ou moins automatiques utilisées pour l’équilibrage final du système permettent de rapprocher le système de sa forme finale. Mais quelques différences entre l’offre et les emplois peuvent subsister. Certains totaux de colonnes peuvent également avoir changé de leurs cibles d’une manière inacceptable. En tant que dernière étape de l’équilibre final, ces problèmes restants doivent donc être détectés. Ils devront être éliminés par quelques corrections manuelles.
6/ Conclusion
La mise en œuvre du TRE dans la pratique d’un institut de statistiques est une décision cruciale, basée sur:
Une fois la décision prise, c’est au tour de la stratégie pour la mise en œuvre d’être élaborée. Toutes les phases de la stratégie du SCN 2008 doivent être complétées, avec une partie spéciale dédiée à l’élaboration du TRE. Il faut prêter une attention particulière à l’organisation du département de comptabilité nationale, chargé de l’élaboration du TRE. La définition des tâches et du flux de travail au sein du département est basée sur le nombre d’experts et sur leur capacité professionnelle, car le développement du TRE est un processus complexe, qui requiert non seulement une grande connaissance de la méthodologie de comptabilité nationale mais également une compréhension approfondie de tous les indicateurs économiques et sociaux existant dans le système statistique et administratif, ainsi que des phénomènes économiques du pays.
En fonction des données et des ressources disponibles, le système du TRE peut être très détaillé avec un grand nombre de produits et de nombreux secteurs d’activité. Un système détaillé avec plus de 1.000 produits et un équilibrage simultané de tous les niveaux peut être géré avec des outils spécialisés et avec une organisation qui répartit la responsabilité entre un certain nombre de personnes. En ce qui concerne l’informatique, l’équilibrage simultané d’un grand système peut être facilité par l’utilisation de systèmes de fichiers partagés et un logiciel informatique spécialisé qui effectue la majeure partie du travail de calcul. D’autre part, un petit système peut être équilibré manuellement par quelques personnes en utilisant un tableur pur qui peut remplir les exigences minimales du SEC 2010. Comme le niveau d’ambition peut varier considérablement, il est difficile de donner des recommandations précises sur les méthodes et les routines qui doivent être utilisé dans chaque cas.
Dans la mesure du possible, il convient de privilégier un système (très) détaillé de produits. Le système des ERE n’est pas seulement un moyen d’élaboration de données pour les TRE. Dans le processus d’équilibrage, de nombreuses faiblesses des statistiques de base peuvent être détectées et corrigées. De cette manière, le système TRE serait un bon outil pour l’élaboratin des comptes nationaux. La base de données détaillée des TRE est le résultat de la confrontation de la plupart des sources statistiques disponibles dans un seul système. Ces informations peuvent servir d’autres objectifs que le simple équilibrage des comptes nationaux. Une base de données macroéconomiques équilibrée avec des informations détaillées sur l’offre et la demande est souvent plus adéquate et plus fiable que les statistiques de base.
1/ Les sources
L’élaboration des TRE repose sur un grand nombre de données d’entrée différentes. Bien que les descriptions des sources de données utilisées dans les pays semblent similaires, leur fréquence et leur couverture peuvent varier considérablement. La situation est plus comparable pour les données dont la collecte est régie par le droit de l’UE applicable aux États membres, par exemple l’enquête structurelle sur les entreprises, la balance des paiements, le commerce intra-UE et extra-UE de biens et différents indices de prix. Par conséquent, il est important que les utilisateurs disposent de plus d’informations de base sur les données de base utilisées dans le processus de compilation, car cela les aide à mieux comprendre le contexte dans lequel ces tables sont créées.
Dans le questionnaire, les pays ont été invités à fournir des informations sur les enquêtes auprès des entreprises et des ménages, les données commerciales, les sources administratives et les indices de prix utilisés.
Sources de données utilisées pour compiler les TRE
Source : Eurostat
En examinant les enquêtes auprès des entreprises mentionnées dans le questionnaire, environ la moitié des pays (14) utilisent les statistques structurelles sur les entreprises (SBS) pour la compilation du SUT — SBS fournit des données pour l’industrie, la construction, le commerce et les services. Un tiers des pays utilise Prodcom (données sur la production de biens industriels) et différentes enquêtes liées à la construction. Diverses enquêtes sur les investissements (mentionnées par 7 pays) et des données liées à la R&D (5 pays) sont également des sources de données importantes. Les autres enquêtes auprès des entreprises notées par les pays sont les enquêtes liées à l’énergie et l’enquête sur le coût de la main-d’œuvre.
L’enquête dur le budget des ménages (HBS), utilisée dans 25 pays, est la source de données la plus importante pour les estimations liées à la consommation privée. Des données trimestrielles de l’HBS sont disponibles en Bulgarie, en Tchéquie, en Hongrie et en Macédoine du Nord, tandis que dans d’autres pays, des enquêtes (pluri)annuelles sont réalisées. En plus de l’HBS, les données des recensements de la population, de l’enquête sur les forces de travail et des enquêtes liées aux dépenses touristiques sont utilisées pour les SUT.
Dans leurs réponses, 17 pays ont cité diverses données liées aux administrations publqiues, par exemple sur l’exécution du budget, l’éducation et la sécurité sociale. De plus en plus de pays ont accès à des informations détaillées sur diverses taxes et utilisent ces données dans le processus de compilation. Au total, 11 pays utilisent des informations sur les données de TVA, tandis que 9 répondants ont mentionné d’autres impôts tels que l’impôt sur le revenu des particuliers ou l’impôt sur les sociétés.
La balance des paiements et le commerce intra-UE et extra-UE de biens sont les sources les plus citées dans les données sur le commerce extérieur (respectivement 15 et 11 pays). En outre, le commerce internationnal de biens l(ITGS) et de services (ITSS), les données douanières, etc. sont utilisés pour estimer les exportations et les importations dans les TRE.
Dans 13 des 31 pays qui ont répondu au questionnaire, les données des entreprises sont utilisées pour la compilation des SIOT (Symétric input-output tables), y compris les données des entreprises multinationales (EMN) (voir page TES Symétrique). L’Autriche, l’Estonie, la Finlande, la Hongrie, la Lettonie et la Slovénie utilisent des rapports annuels, des bilans et des comptes de profits et pertes accessibles au public dans le répertoire des entreprises ou sur Internet. Ces données sont utilisées soit pour la compilation directe, soit pour les contrôles et l’équilibrage. Le Luxembourg utilise directement des documents comptables pour certaines grandes entreprises de services (comme les chemins de fer, les services postaux et les télécommunications, la radio et la télévision, les transports aériens, les opérations satellitaires, les casinos/jeux) et pour des unités publiques marchandes et non marchandes, en tant que telles entreprises et les unités ne sont pas incluses dans les comptes publics. La Belgique utilise les données des entreprises pour établir des comptes nationaux détaillés par branche et les utilise également pour les SIOT, en particulier pour les branches où les entreprises multinationales ont une présence significative. En Irlande, les données des entreprises ne sont utilisées qu’occasionnellement pour la compilation SIOT afin de vérifier les autres sources.
En plus de ce qui précède, le Danemark et les Pays-Bas utilisent les informations disponibles dans leurs unités des grands cas récemment créées.
Depuis décembre 2018, les États membres de l’UE sont tenus de transmettre, à partir de l’année de référence 2015, les TRE aux prix courants et aux prix des années précédentes. Selon le caractère des variables, différents indices de prix sont utilisés pour la déflation. À l’heure actuelle, environ les deux tiers des pays établissent déjà des tableaux aux prix des années précédentes. Dans leurs réponses, les pays ont cité les indices des prix à la production et à la consommation, ainsi que les indices des prix à l’exportation/importation (ou indices de valeur unitaire) et les indices des prix de la construction, comme étant les plus largement utilisés.
2/ Unité statistique et classifications
a) La typologie des unites statistiques
Un règlement d’Eurostat établit une liste de 8 unités statistiques :
Les unités statistiques sont définies sur la base de 3 critères :
Relation entre les différents types d’unités statistiques
b) Typologie des pays selon l’unité statistique des TRE
Selon le SEC 2010, le programme de transmission du système européen des comptes nationaux et régionaux, les TRE transmis à Eurostat utilisent la Nomenclature des produits par activité (CPA 2008) pour les produits et la Nomenclature statistique des activités économiques ( NACE Rev 2) pour les branches d’activités. Cette dernière est conforme à la Classification internationale type de toutes les activités économiques (CITI 4). Les TRE et des TES symétriques sont transmis à Eurostat, avec des données ventilées en 64 produits et 64 industries.
Tous les pays qui ont contribué au questionnaire utilisent la NACE Rev 2 ou son adaptation nationale pour les branches d’activité et la CPA pour les produits. Le niveau de détail peut varier considérablement d’un pays à l’autre. La Suisse a les versions les plus agrégées, avec 49 industries et produits. Un certain nombre de pays utilisent la NACE jusqu’au niveau à 4 chiffres et la CPA jusqu’au niveau à 6 chiffres.
Pour les données commerciales, la nomenclature combinée (NC) est principalement utilisée; certains pays (par exemple la Slovénie et la Lituanie) ont également mentionné la classification par grandes catégories économiques (BEC), qui regroupe les biens selon l’utilisation finale du produit.
Selon les sources de données, l’unité statistique utilisée peut différer. Par conséquent, certaines adaptations et harmonisations peuvent être nécessaires avant que les données sources puissent être utilisées pour compiler les TRE (graphique suivant). La somme des pays du graphique suivant est bien supérieure à 28. C’est que de nombreux utilisent plus d’une nunité statistiques, donc deux voire trois.
On pouvait décrire les unités statistiques pour les principaux pays en matière de TES. Les pratiques sont assez différentes selon les pays. Mais deux unités dominent dans l’UE : les entreprises et les unités d’activité économiques (UAE) comme aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, voire en Allemagne (entreprses et UPH) ou en Italie (unité institutionnelle et UAE). Outre atlantique (États-Unis, Canada) on trouve les entreprises et les établissements.
La transmission des données à Eurostat est une exigence prévue dans le programme de transmission du SEC 2010. Les États membres sont tenus de transmettre annuellement les tableaux de ressources aux prix de base, y compris la transformation en prix d’acquisition et les tableaux d’emplois aux prix d’acquisition. En outre, pour les années se terminant par « 0 » et « 5 », les États membres doivent également transmettre : (i) un tableau des emplois aux prix de base (comprenant une répartition entre les productions nationales et les importations) ; (ii) un tableau des marges commerciales et de transport ; (iii) un tableau des impôts moins les subventions sur les produits ; et (iv) les tableaux entrées-sorties. Dans presque tous les pays, les TRE sont établis annuellement. Mais en France, aux Pays-Bas, des TRE trimestriels sont aussi disponibles.
Alors que les tableaux des emplois aux prix de base sont exigés tous les 5 ans, 16 pays les établissent déjà annuellement. Les utilisateurs apprécient beaucoup cette fréquence plus élevée pour les tableaux aux prix de base car ces tableaux sont une source précieuse pour les comparaisons et les analyses par pays. Par exemple, Eurostat utilise largement ces tableaux dans le cadre des tableaux des ressources, des emplois et des entrées-sorties entre pays de l’UE (FIGARO voir page chaînes de valeur mondiales). Touefois, ces tableaux ne sont pas toujours disponibles sur le site d’Eurostat.
Tous les pays n’établissent pas encore de TRE aux prix de l’année en cours et de l’année précédente. Cependant, le nombre de pays transmettant à Eurostat des tableaux aux deux systèmes de prix est en constante augmentation.
En plus des tableaux mentionnés ci-dessus, la France, la Belgique et le Royaume-Uni établissent également des tableaux régionaux cohérents avec leurs tableaux nationaux des ressources et des emplois. En 2015, le Bureau fédéral du Plan en Belgique, en coopération avec les autorités statistiques des trois régions belges, a construit un tableau entrées-sorties interrégional 2010. La France établit annuellement des tableaux au niveau A10 agrégé.
1/ Niveau de travail des TRE
Dans Eurobase (la base de données d’Eurostat), des TRE sont diffusés pour 64 branches d’activité et produits. Cependant, la plupart des pays compilent ces tableaux à un niveau beaucoup plus détaillé, puis les agrégent à des fins de diffusion (fgraphique suivant). Par exemple en France, les TRE ‘TES) sont élaborés et équilibrés au niveau 138 de la nomenclature. En Allemagne, ils le sont à un niveau très détaillé puis sont ensuite équilibrés à un niveau agrégé (voir page Calcul du PIB dans plusieurs pays).
Dans tous les pays, le nombre de produits utilisés au niveau opérationnel est nettement supérieur au niveau de diffusion. Par exemple, l’Allemagne compte 2 600 produits, le Danemark 2 350. Dans de nombreux pays, le même niveau de détail est également utilisé pour l’équilibrage, mais pour la diffusion, le nombre de produits est considérablement réduit. Pourtant, 5 pays (Autriche, Tchéquie, Allemagne, Pays-Bas et Portugal) publient des TRE à un niveau plus détaillé que dans les tableaux transmis à Eurostat. En revanche, dans les TRE diffusés pour la France, l’Irlande et le Luxembourg, les produits sont agrégés à un niveau supérieur aux exigences légales du SEC 2010. L’une des principales raisons invoquées par les pays pour expliquer cela est la confidentialité des données individuelles. Cela s’applique en particulier aux petits pays, où l’identité des fournisseurs de données doit être protégée.
Par rapport aux produits, les branches d’activité sont moins détaillées dans de nombreux pays, mais dans la plupart des cas encore bien au-dessus de l’exigence légale de 64 branches d’activité. En Bulgarie, en France, en Irlande, en Lettonie et en Suisse, le niveau de détail des produits et des branches d’activité est le même.
Niveau de détail pour la construction des TRE par produits
Avoir des tableaux rectangulaires avec plus de produits que les branches d’activité est recommandé car ceci garantit que les produits inclus dans le même groupe sont plus homogènes. Le niveau de détail pour les branches d’activité est également important, mais il est probablement moins nécessaire d’avoir la même désagrégation que pour les produits.
Les analystes et les chercheurs sont toujours à la recherche des données les plus récentes disponibles et des séries chronologiques les plus longues possibles. Les États membres de l’UE doivent fournir des données au plus tard T+ 36 mois après la période de référence. Le temps nécessaire pour établir les TRE peut varier considérablement, en fonction du système d’élaboration d’un pays donné et de l’intégration des TRE dans les comptes nationaux . En Tchéquie, aux Pays-Bas et en France, les premiers tableaux sont disponibles 5 à 6 mois après la période de référence. Au Luxembourg, la première version du TRE est accessible 12 mois après la fin de la période de référence, tandis que pour le Portugal, le délai est de 21 mois et pour la Finlande et la Suède 24 mois. Pour les autres pays, il reste entre 30 et 39 mois. Alors que la compilation des TRE prend beaucoup de temps et nécessite de nombreuses ressources, cinq pays (Tchéquie, France, Luxembourg, Pays-Bas et Suisse) élaborent en fait plusieurs versions de ces tableaux.
Comme indiqué dans le Manuel des Nations Unies sur les TRE, de nombreux pays élaborent des TRE dans le cadre de leurs comptes nationaux « de base » afin d’ améliorer la cohérence des estimations. Dans tous les pays à l’exception de la Lettonie, les estimations pour les principaux agrégats sont cohérentes avec les TRE, au moins à un certain moment. En Tchéquie et en Italie, les TRE et les principaux agrégats sont toujours alignés, car les deux ensembles de données sont élaborés dans le même processus. En raison de changements ou d’améliorations des sources de données, les estimations de la comptabilité nationale sont régulièrement révisées. Étant donné que la compilation des TRE nécessite de nombreuses ressources, tous les pays ne refont pas ces tableaux après révisions des principaux agrégats. Cependant, environ un tiers des pays ont confirmé que deux ensembles de données sont également alignés après révisions des principaux agrégats.
Alors que les premières estimations du PIB sont produites plus tôt que les TRE , plus des deux tiers des pays utilisent les TRE pour leurs estimations du PIB. Les TRE sont principalement utilisés pour l’approche « production » et « demande ». Mais 10 pays mentionnent également l’approche « revenus ».
Comme décrit ci-dessus, les TRE sont basés sur des informations provenant de diverses sources de données, de sorte que les données relatives aux ressources et aux emplois sont souvent déséquilibrées. Tous les pays utilisent l’équilibrage manuel, du moins pour des incohérences importantes. Une vingtaine de pays applique également l’équilibrage automatique, qui est souvent utilisé pour les incohérences restantes, plutôt faibles (voir ci-dessus). La technique la plus utilisée est le RAS. Une certaine quantité de cellules ne doivent pas changer dans le processus d’équilibrage automatique. Au Danemark, chaque fois qu’une cellule est équilibrée manuellement, le logiciel d’équilibrage effectue un équilibrage automatique après supervision de la personne qui effectue l’équilibrage.
Dans les pays où les deux tableaux aux prix des années actuelles et des années précédentes sont élaborés, un équilibrage séquentiel ou simultané peut être utilisé. Dans le cas d’un équilibrage séquentiel, les tableaux aux prix courants sont d’abord équilibrés puis déflatés ; après cela, les TRE aux prix des années précédentes sont équilibrés. Lorsqu’un équilibrage simultané est utilisé, les tableaux aux deux systèmes de prix sont équilibrés en même temps. Sur les 23 pays qui ont répondu à cette question, 15 utilisent l’équilibrage séquentiel et 8 l’équilibrage simultané. Les deux méthodes présentent leurs avantages et leurs inconvénients.
Selon Eurostat, il est intéressant de savoir quelles ressources les pays consacrent à l’élaboration des TRE et combien de temps elle prend? Mais il s’avère difficile de répondre à ces questions. Le délai entre le début de la compilation des TRE et le début de l’équilibrage varie d’un mois en Tchéquie et en Grèce à 18 mois dans d’autres pays. Dans 8 pays, il faut entre 1 et 3 mois pour élaborer des tableaux, tandis qu’environ 10 pays ont besoin de 4 à 6 mois pour terminer le processus de compilation. En outre, le temps nécessaire pour effectuer l’équilibrage varie considérablement d’un pays à l’autre, allant de 1 semaine au Luxembourg et en Italie à 4 mois en Hongrie, 5 à Chypre et 6 mois au Danemark. Cette information n’est pas vraiment comparable d’un pays à l’autre, car elle dépend : (I) du système de production dans chaque pays (par exemple, l’intégration entre la production des comptes nationaux réguliers et les TRE); et ii) de l’affectation du personnel à l’élaboration de ces tableaux. La France serait le seul pays à trouver des personnes travaillant à temps plein sur les TRE (1 pour les tableaux trimestriels et 1 pour les tableaux annuels). Dans tous les autres pays, le personnel participant au processus de compilation a également d’autres tâches au cours de l’année.
2/ Élaboration d’informations supplémentaires
La compilation des TRE contient beaucoup d’informations supplémentaires. Par exemple, dans 19 pays, des tableaux détaillés pour la consommation privée des ménages sont établis, souvent en utilisant la classification détaillée de la COICOP ; ceux-ci doivent d’abord être convertis en classification CPA avant que les données puissent être utilisées pour compiler le tableau des emplois. À cette fin, des tableaux de classification croisés spécifiques à chaque pays sont utilisés. De même, 9 pays établissent des tableaux détaillés pour la consommation finale des APU en utilisant la nomenclature COFOG, tandis que 14 pays préparent des matrices de FBCF branche-produits. Dans le cadre du TRE, le Danemark élabore un tableau de 117 branches d’activité, ventilées par 13 catégories d’investissement différentes, tandis que la Finlande utilise 836 produits et 182 branches d’activité dans sa compilation des tableaux de FBCF. En Estonie, une matrice de FBCF de 150 activités est utilisée.
Environ la moitié des pays fournit une estimation par produit des achats directs à l’étranger par les résidents et les achats effectués sur le territoire national par les non-résidents. Ces informations sont nécessaires pour adapter les données au concept national utilisées dans les TRE pour les produits. Par exemple, aux Pays-Bas, les achats de non-résidents sont estimés par produit, tandis que les achats de résidents à l’étranger ne sont estimés que par produit pour les voyages d’affaires. En Lituanie, seuls les services liés au tourisme sont pris en compte, tandis qu’en Grèce, ces dépenses sont estimées à 130 produits.
Au total, 24 pays répartissent leurs importations par catégories différentes. Les ventilations par biens et services et par origine géographique sont les plus couramment utilisées. Dans tous les pays, les données sur les importations sont disponibles dans l’évaluation des coûts, des assurances et du fret (CAF). Dans quatre pays (Tchéquie, Danemark, Lettonie et Suisse), aucun ajustement n’est effectué pour les importations CAF (voir page Correction CAF-FAB). En Tchéquie, l’ajustement n’est effectué que dans les TRE qui sont transmis à Eurostat.
Une vingtaine de pays ont convenu d’avoir un traitement pour les données manquantes. Par exemple, en Roumanie, l’équipe d’enquêtes structurelles sur les entreprises s’occupe des données manquantes, tandis qu’en Tchéquie, les estimations pour l’économie non observée sont reprises des comptes sectoriels.
Le SCN 2008 requiert d’établir les TRE à prix courants, ainsi qu’à prix constants.
Les TRE fournissent un excellent cadre pour les estimations en prix constants, car:
L’élaboration des TRE à prix courants et constants peut être mené de deux façons:
Pour l’élaboration des TRE, il serait préférable (selon les manuels internationaux) de suivre l’approche simultanée. Son principal avantage réside dans le fait qu’elle offre la possibilité d’analyser les indices de valeur, de prix et de volume les uns par rapport aux autres. Le résultat de cette analyse est une amélioration des estimations, non seulement en prix constants, mais en prix courants également. Cette approche offre l’opportunité de contrôler les données en comparant les indices de prix et de volume; en outre, l’équilibrage simultané à prix courants et constants peut entraîner une meilleure affectation des corrections par rapport à l’équilibrage séparé des tableaux à prix courants ou à prix constants.
Il est normalement conseillé à un pays établissant des TRE pour la première fois de commencer par les estimations en prix courants. Il est ensuite recommandé, pour l’exercice suivant, de réaliser la procédure de calcul des prix courants et des prix constants au même moment. Lorsque les sources de données sont manquantes ou que les données sont de mauvaise qualité, les données de prix insuffisantes peuvent être ajustées sur la base d’une analyse simultanée des ressources et des emplois des produits dans l’économie, en prix courants et en prix constants. De cette manière, certaines des questions soulevées lors de l’élaboration d’un tableau à prix constants trouvent une réponse dans l’incohérence des données en prix courants, et vice versa.
Le processus d’élaboration des TRE est résumé en un schéma colonne-ligne-colonne, quelle que soit l’approche adoptée (séquentielle ou simultanée):
Dans une certaine mesure, il s’agit d’un processus itératif.
L’application de l’approche simultanée lors de l’établissement des TRE impose des exigences spécifiques en ce qui concerne l’ensemble de données. Les données à prix courants sont incluses dans le système après avoir été déflatées. Une des étapes importantes est donc l’estimation des données en prix de l’année précédente. Chaque opération, production et consommation intermédiaire et finale doit être décrite en termes de produit à prix courants et en prix de l’année précédente. La méthodologie appliquée dans les TRE pour l’estimation des indicateurs en prix courants et constants, répond aux exigences du SCN 2008.
La page Mesure des volumes et des prix présente le contexte conceptuel des mesures de prix et de volume dans les comptes nationaux, les principales sources de données et les méthodes utilisées pour les estimations annuelles.
1/ Structure du TRE européen où le commerce extérieur ne concerne que le commerce extra-UE
a) Aperçu des ressources et des emplois d’un TRE de l’ensemble de l’économie de l’UE
En 2019, des produits (biens et services) d’une valeur de 25 800 milliards d’euros ont été produits au sein de l’UE, tandis que les importations en provenance de l’extérieur de l’UE (donc, hors commerce intra-UE ) ont été évaluées à 2 000 milliards d’euros (graphique suivant).
Pour l’ensemble de l’UE, la production nationale représentait ainsi 93 % de l’offre totale et les importations les 7 % restants. Quelle utilisation a été faite de ces produits ? En valeur, près de la moitié (47 %) ont été utilisés pour consommation intermédiaire (CI), c’est-à-dire pour fabriquer d’autres produits. La part la plus importante suivante, un peu plus d’un tiers (34 %), était utilisée pour la consommation finale, généralement par ménages ou les administrations publiques (secteur public) . Un dixième (10 %) de l’offre a été utilisé pour FBCF, principalement pour l’invetissement, mais cette part inclut également les éventuelles variations de stocks de produits entre le début et la fin de l’année. Les exportations des produits étaient évalués à 2 500 milliards d’euros (environ 28 % de plus que les importations), représentant les 9 % restants de l’offre.
Offre et utilisation des produits, UE, 2019 (milliers de milliards d’euros)
b) Origine de l’approvisionnement et des intrants pour les produits dans l’UE
La contribution des importations à l’offre totale variait selon les catégories de produits (graphique suivant). Les contributions les plus élevées ont été enregistrées pour les produits industriels (15 %) et les produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche (10 %). Les importations représentaient 9 % de l’offre de services aux entreprises, ce qui représentait la contribution la plus élevée des importations fournies parmi les services. En revanche, la quasi-totalité de l’offre était couverte par la production nationale pour trois produits : administration publique, défense, éducation, santé humaine et action sociale, les services immobiliers, et constructions et la construction.
Origine des ressources pour les sections de produits CPA, UE, 2019 (%)
Les données des tableaux d’entrées-sorties produit par produit suggèrent qu’en 2019, les parts de la CI dans le total des entrées de l’économie de l’UE variaient de 23 % pour les services immobiliers à 59 % pour les produits industriels (graphique suivant). Les produits industriels, avec les constructions et ouvrages de construction ainsi que les produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche, étaient les seules catégories de produits où les consommations intermédiaires représentaient la majorité de la valeur des intrants.
La rémunérations des salariés (salaires et traitements ainsi que charges sociales) représentait 25 % des coûts des intrants dans l’économie de l’UE en 2019. Des parts inférieures à 20 % ont été enregistrées pour les services immobiliers (5 %), les produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche. (12 %) et produits industriels (16 %). Alors que des parts de 30 % ou plus ont été observées pour les services aux entreprises (30 %), les arts, spectacles et autres services (36 %) et l’administration publique, la défense, l’éducation, la santé humaine et l’action sociale (54 %).
Après prise en compte de la rémunération des salariés, la VArestante (y compris, par exemple, le coût de la CCF et les paiements pour l’utilisation du capital) équivalait à 23 % des intrants dans l’économie de l’UE en 2019. La part la plus faible de la valeur ajoutée (autre que la rémunération des salariés) était de 16 % pour les produits industriels, cette part s’établissant à 32 % pour les produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche, et culminant à 70 % pour les services immobiliers.
Les produits importés représentaient 5 % des coûts des intrants dans l’UE en 2019. La part de loin la plus élevée concernait les produits industriels (9 %), suivis des services d’information et de communication (5 %). Ces deux catégories de produits étaient les seules à avoir des parts supérieures ou égales à la moyenne de l’économie de l’UE
Coefficients d’inputs pour les sections de produits CPA, UE, 2019 (%)
c) Partage des ressources entre emplois pour les produits dans l’UE
Un peu moins de la moitié (47 %) de tous les produits de l’UE en 2019 – qu’ils soient produits dans le pays ou importés – ont été utilisés dans un autre processus de production en tant que consommation intermédiaire, un peu plus d’un tiers (34 %) ont été utilisés pour la consommation finale, un dixième (10 %) ont été utilisés pour la formation brute de capital et les exportations ont représenté les 9 % restants (graphique suivant).
Les services aux entreprises ont enregistré la part la plus élevée de produits utilisés comme consommation intermédiaire en 2019 (71 % dans l’UE). Parmi les produits suivants, une majorité des recettes provenait également de l’utilisation comme intrants pour d’autres productions nationales : services financiers et d’assurance ; produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche; produits industriels; et les services d’information et de communication.
La consommation finale représentait 92 % des emplois dans l’administration publique, la défense, l’éducation, la santé humaine et l’action sociale dans l’UE en 2019, tandis qu’elle représentait 73 % des emplois dans les arts, les spectacles et d’autres services, et 69 % des emplois dans les services immobiliers. Moins de 10 % des services aux entreprises et des constructions et travaux de construction ont été utilisés pour la consommation finale.
Moins de 10 % de la plupart des catégories de produits ont été utilisées comme formation brute de capital dans l’UE en 2019. Les services aux entreprises (14 %) ont légèrement dépassé ce niveau, tandis que la part des services d’information et de communication (20 %) utilisée comme formation brute de capital était de près de le double de la moyenne de l’ensemble de l’économie. Cependant, la part de loin la plus importante concernait les constructions et les travaux de construction, dont 62 % des revenus provenaient de produits utilisés comme formation brute de capital.
La part des exportations dans l’emploi total variait également entre les catégories de produits. Pour la plupart des produits, les parts des exportations se situaient dans une fourchette de 5 à 10 %. Toutefois, les produits industriels ont constitué une exception notable, les exportations représentant 18 % de l’emploi total. Dans quatre cas, la part des exportations était inférieure à 2 % en 2019 : (1) arts, spectacles et autres services, (2) constructions et travaux de construction, (3) administration publique, défense, éducation, santé humaine et action sociale et (4) services immobiliers.
Partage des ressources entre emplois pour les produits pour les sections de produits CPA, UE, 2019 (%)
2/ Ressources et emplois dans les États membres de l’UE
a) Part de la production nationale dans l’offre totale
Les deux tableaux suivants examinent la part relative des ressources (offres), des emplois, des importations et des exportations nationales dans l’offre et les emplois totaux de produits dans les États membres de l’UE en 2018, alors que les données utilisées pour l’UE dans les 4 graphiques précédents ne concernent que le commerce extra-UE.
Les observations faites ci-dessus pour l’UE pour 2019 valent globalement pour la plupart des États membres de l’UE pour 2018. Par exemple, la part la plus faible de la production nationale (et donc la part la plus élevée des importations) dans l’offre totale en 2019 concernait généralement les produits industriels (tableau suivant). Toutefois, en Irlande, les parts des importations des services aux entreprises étaient supérieures à celles des produits industriels, tandis qu’en Allemagne et au Luxembourg, la part de la production nationale était inférieure pour les produits agricoles, forestiers et de la pêche que pour les produits industriels.
Pour trois catégories de produits, la part de la production nationale dans l’offre totale en 2019 était relativement diversifiée entre les États membres de l’UE.
Part de la production nationale dans l’offre totale, 2019 (%)
b) La part des exportations dans les emplois totaux
L’importance relative des exportations dans l’emploi total est présentée dans le tableau suivant. La part la plus élevée d’exportations dans l’emploi total en 2019 a été observée pour les produits industriels. Les catégories de produits pour lesquelles la part des exportations était faible pour l’UE avaient des parts d’exportation nettement plus élevées dans certains États membres de l’UE.
Part des exportations dans l’emploi total, 2019 (%)
c) Décomposition des emplois pour certains exemples de produits
Les deux graphiques suivants présentent la composition des emplois pour deux groupes de produits : 1) produits pharmaceutiques et préparations pharmaceutiques (ci-après dénommés produits pharmaceutiques) et 2) services audiovisuels. Les données d’exportation pour l’UE concernent le commerce extra-UE tandis que les données d’exportation pour les États membres de l’UE concernent à la fois le commerce intra- et extra-UE. La formation brute de capital (FBC) peut être négative, par exemple lorsque les stocks sont épuisés ou lorsque les cessions d’ actifs fixes dépassent les investissements dans les mêmes actifs.
Par rapport aux autres produits industriels, les produits pharmaceutiques étaient beaucoup moins susceptibles d’être utilisés comme produits intermédiaires ou comme FBC et ils étaient beaucoup plus susceptibles d’être exportés et un peu plus susceptibles d’être utilisés pour la consommation finale. Parmi les États membres de l’UE, leur part des exportations en 2018 variait de 10 % en Roumanie et 13 % en Estonie à plus de 60 % en Allemagne, en Belgique et au Danemark, et 72 % en Slovénie. Dans 21 États membres de l’UE (sur les 24 pour lesquels des données sont disponibles), les produits pharmaceutiques étaient plus susceptibles d’être utilisés pour la consommation finale que pour la consommation intermédiaire ; la situation inverse a été observée en Belgique, en Slovénie et au Danemark. La formation brute de capital provenant des produits pharmaceutiques était généralement assez faible, allant de -4 % à 2 % de l’utilisation totale dans la plupart des États membres de l’UE. Des parts plus élevées se sont produites en Belgique, Croatie (6 % chacun) et Estonie (10 %) ; des parts beaucoup plus faibles ont été relevées en Slovénie (-19 %) et en Allemagne (-26 %).
Décomposition des emplois des produits de pharmacie de base et des préparations pharmaceutiques en %
Pour les services audiovisuels, aucun État membre de l’UE n’a déclaré de valeurs négatives pour la formation brute de capital en 2018 (graphique suivant). Là encore, la part des exportations variait considérablement entre les États membres de l’UE, le Luxembourg enregistrant de loin la valeur la plus élevée (51 %), sa part étant près de deux fois supérieure à celle de la Tchéquie (27 %) qui avait la deuxième part la plus élevée. Dans 15 des 25 États membres de l’UE pour lesquels des données sont disponibles, les exportations représentaient 10 % ou moins de l’utilisation totale des services audiovisuels; parmi ceux-ci, cette part était inférieure à 5 % au Danemark, en Slovaquie, en Finlande et en Roumanie.
À 9 % dans l’UE (sur la base des données disponibles), l’emploi des services audiovisuels pour la FBCF en 2018 était inférieure de 1 point inférieur à la moyenne de l’ensemble de l’économie. La Lettonie (30 %), l’Espagne (20 %) et le Portugal (16 %) ont déclaré les parts de formation brute de capital les plus élevées pour ces produits. En revanche, moins de 1 % des emplois ont été utilisés pour la FBC au Luxembourg, en Suède, aux Pays-Bas et en Croatie.
La répartition entre CI et consommation finale en 2018 était légèrement moins équilibrée pour les services audiovisuels que pour l’économie dans son ensemble, la CI représentant 47 % de tous les emplois dans l’UE et la consommation finale 33 % (les deux parts étant basées sur les données disponibles). En Roumanie, en Hongrie et en France, la CI de services audiovisuels était au moins deux fois plus élevée que la consommation finale, alors qu’elle était 4 ou 5 fois plus élevée au Portugal, à Malte (données 2016) et en Suède, et culminait au Luxembourg à 18 ans. fois plus élevé. En revanche, la consommation finale était supérieure à la CI dans huit États membres de l’UE, avec des parts particulièrement élevées pour la consommation finale par rapport à la consommation intermédiaire en Lituanie et en Croatie.
Décomposition des emplois des services audiovisuels (Divisions CPA 59 et 60), 2018 (%)
3/ Production principale et secondaire dans l’UE
a) production des produits par secteurs d’activités et productions des secteurs d’activité en produits
Les tableaux suivants fournissent des classifications croisées de la production nationale, chacun montrant les produits sous forme de colonnes et les activités sous forme de lignes. Le tableau 3 montre quelles activités produisent chaque catégorie de produits, tandis que le tableau 4 montre l’inverse, à savoir quels produits chaque type d’activité produit.
Rappelons que la CPA n’est pas structurée par les matériaux utilisés pour un produit, ni par la fonction du produit, mais selon le procédé habituellement utilisé pour le produire : autrement dit, à ses niveaux supérieurs, elle est structurée selon la classification des activités, d’où son nom, la classification des produits par activité . Il n’est donc pas surprenant que la majeure partie de la production d’une catégorie de produits particulière soit normalement produite par des unités statistiques (formellement des unités d’activités économiques) classés selon les activités pour lesquelles ces produits sont typiques. Par exemple, 95 % des constructions et ouvrages de construction dans l’UE en 2019 ont été produits par des unités de l’activité de construction, tandis que les 5 % restants de ces produits ont été produits par des unités dont l’activité principale se situait en dehors de la construction et pour lesquelles cette production de constructions et travaux de construction était une production secondaire. Plus particulièrement, 2 % des constructions et ouvrages de construction ont été réalisés par des unités dont l’activité principale (ou principale) était industrielle.
En 2019, les produits les plus susceptibles d’être fabriqués par des unités classées dans les activités qui produisent généralement ces mêmes produits étaient : les services financiers et d’assurance ; administration publique, défense, éducation, santé humaine et travail social; et les produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche (99 % de ces trois catégories de produits dans l’UE ont été produits par des unités classées dans l’activité correspondante).
Dans l’UE, les produits les moins susceptibles en 2019 d’être fabriqués par des unités classées dans les activités qui produisent généralement ces produits étaient les services d’information et de communication (92 %) et les services aux entreprises (83 %). Si l’on examine plus en détail les produits de services aux entreprises, 8 % de la production nationale de ces services a été réalisée par des unités industrielles, 3 % par des unités classées dans la distribution, le transport, l’hébergement et la restauration, 2 % par des unités classées dans l’administration publique, la défense , l’éducation, la santé humaine et l’action sociale, et les 4 % restants correspondaient à la production secondaire d’unités classées dans d’autres activités.
Part de la production nationale de chaque produit (sections CPA) fournie par les secteurs nationaux (sections NACE), UE, 2019 (part en % de la production totale de chaque section de produit)
Le tableau suivant montre dans quelle mesure les unités de certaines activités ont une production secondaire, c’est-à-dire qu’elles fabriquent des produits qui ne sont pas typiques de leur activité. En 2019, les produits de services immobiliers représentaient la quasi-totalité (99 %) de la production dans l’UE des unités classées comme activités de services immobiliers, ce qui signifie que les unités de ces activités ne produisaient pas beaucoup de production secondaire. À l’autre extrême, les produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche représentaient 91 % de la production dans l’UE des unités classées comme activités agricoles, sylvicoles et de la pêche, 6 % de la production de ces unités étant classées comme produits industriels, par exemple, aliments et boissons transformés par des unités principalement agricoles, ou produits du bois fabriqués par des unités classées principalement comme forestières. S’agissant des unités de l’industrie, on retrouve frosso modo les pourcenatges du chapitre 5 à savoir que 7% de leur activité n’était pas industriel.
La combinaison des informations des deux tableaux montre que 96 % de la production dans l’UE des unités classées comme activités de services aux entreprises concernaient des produits de services aux entreprises, mais que seuls 83 % des produits de services aux entreprises étaient produits par des unités exerçant des activités de services aux entreprises. Ainsi, les unités des activités de services aux entreprises étaient relativement concentrées sur la production principale (de leurs propres produits typiques) mais faisaient face à la concurrence d’unités classées dans plusieurs autres activités. En revanche, 99 % de la production dans l’UE de produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche provenaient d’unités classées comme activités agricoles, sylvicoles et de la pêche, alors que 91 % de la production de ces unités étaient des produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche. En d’autres termes, les unités classées comme agriculture.
Produit (sections CPA) part de la production de chaque secteur national (sections NACE), UE, 2019 (% de la production totale de chaque secteur d’activité)
b) Production secondaire dans les États membres de l’UE
Les graphique suivants examinent plus en détail les produits secondaires et la production secondaire : la première se concentre sur les produits fabriqués par les unités agricoles en tant que produits secondaires (donc non agricoles) ; Le dernier se concentre sur les activités qui produisent des services de recherche scientifique et de développement en tant que production secondaire. Les résultats de la France sont sans objet, le TES étant en branche pure.
Au total, 10 % de la production des unités agricoles de l’UE en 2018 étaient des produits non agricoles. La grande majorité de cette production secondaire (6 % de la production totale) était composée d’aliments, de boissons et de produits du tabac manufacturés (graphique suivant). Malte avait la plus grande production secondaire de ses unités agricoles, les produits agricoles représentant 66 % (données de 2016) de leur production totale. Les parts les plus faibles suivantes, autour de 70 à 74 % en 2018, ont été observées en Slovénie, en Suède et en Croatie. En revanche, aucune production de produits non agricoles n’a été observée pour les unités agricoles roumaines, ce qui reflète les particularités de la manière dont la Roumanie compile ses données sur les ressources et les emplois, de sorte qu’il n’y a pas de production secondaire .
Dans 12 des 25 États membres de l’UE pour lesquels des données sont disponibles (pas d’informations pour la Bulgarie et l’Irlande), la majorité de la production de produits non agricoles en 2018 par les unités agricoles était constituée d’aliments, de boissons et de produits du tabac manufacturés, avec cette part est particulièrement élevée au Danemark, en Grèce, en France, en Croatie, à Malte (données 2016) et en Slovénie. Pour les unités agricoles, on note les spécialisations suivantes (par rapport à la valeur de l’ensemble de leurs produits non agricoles) :
Composition des secteurs agricoles (division NACE 01) produits non agricoles (divisions CPA), 2018 (% de la production totale du secteur agricole)
Source : Eurostat
Le graphique suivant porte sur la production de produits de services de recherche et développement scientifiques par des unités classées dans les activités autres que les activités de recherche et développement scientifiques. La particularité de ces produits est qu’une part particulièrement faible de leur production est réalisée par des unités classées comme activités de recherche et développement scientifiques, 46 % dans l’ensemble de l’UE en 2018. Ainsi, plus de la moitié de la production de produits de services de recherche et développement scientifiques était réalisées par des unités dans des activités concurrentes, notamment dans l’enseignement (11 % du total) et diverses activités manufacturières :
Dans 20 des 25 États membres de l’UE pour lesquels des données sont disponibles (pas d’informations pour la Bulgarie ou le Luxembourg), moins de la moitié de la production de produits de services de recherche et développement scientifiques en 2018 a été réalisée par des unités classées comme activités de recherche et développement scientifiques. Les États membres de l’UE dans lesquels la production des unités d’activités de recherche et de développement scientifiques représentait la majorité de la production de produits de services de recherche et de développement scientifiques étaient: la Suède (58 % du total), la Lettonie (59 %), l’Estonie (64 % ).
En fait, au Portugal, aux Pays-Bas, en Belgique et en Autriche (données de 2017), les unités classées comme activités d’enseignement ont produit une plus grande part de produits de services de recherche et développement scientifiques en 2018 que les unités classées comme activités scientifiques. activités de recherche et développement.
En dehors des deux grandes rubriques d’activité (autres activités manufacturières et autres activités), en Tchéquie, en Allemagne, en Italie, en Hongrie, en Slovaquie et en Suède, la plus grande production secondaire de produits de services de recherche et développement scientifiques en 2018 provenait des constructeurs de véhicules à moteur, remorques et semi-remorques, tandis qu’en Belgique, en Croatie et en Slovénie, cette position était occupée par les fabricants de produits pharmaceutiques.
Secteurs d’activité hors R & D (divisions NACE autres que la division 72) produisant des services de R&D (division 72 de la CPA), 2018 (% de la production totale de services de R&D)
Source : Eurostat
c) Exemple d’évolutions de la production principale et secondaire dans le temps
Le graphique suivant se concentre sur un produit particulièr en Tchèquie. Il montre comment les parts du secteur d’activité produisant ce produits en tant que production principale et leurs principaux concurrents (produisant ce produit en tant que production secondaire) ont évolué au fil du temps. La somme de la part de la production principale et des parts des productions secondaires d’un produit donné est égale à 100%.
Cet exemple montre la situation à intervalles de cinq ans entre 1995 et 2020 pour la production de produits de services publicitaires et d’études de marché. Les deux parties du graphique ont des échelles différentes, reflétant le fait que les unités classées comme activités de publicité et d’études de marché représentaient la majorité des produits de services de publicité et d’études de marché au cours des années couvertes, tandis que la part la plus élevée de toute autre activité individuelle dans n’importe quelle année était de 13 % en 2010 pour le commerce de gros.
Les unités classées dans le secteur d’activité de la publicité et des études de marché ont augmenté leur part de la production totale de produits de services de publicité et d’études de marché en Tchéquie de 64 % en 1995 à 84 % en 2020. Les principales activités concurrentes pour la production de produits de services de publicité et d’études de marché ont diminué.
Ainsi, alors que certaines activités ont connu une expansion de leur part de la production nationale de produits de services de publicité et d’études de marché à différents moments entre 1995 et 2020, les unités des services de publicité et d’études de marché ont accru leur domination. En 2020, les unités des activités de commerce de détail et de gros étaient les seules qui conservaient une production secondaire substantielle de ces produits.
Secteurs (divisions NACE) produisant des services de publicité et d’études de marché (Division CPA 73), Tchéquie, 1995–2020 (% de tous les services de publicité et d’études de marché)
Michel Braibant
[1] Ten years supply and use tables in the Netherlands, Wim van Nunspeet and Taeke Takema, http://inforumweb.umd.edu/papers/ioconferences/1998/10_y_ny.pdf
[2] Tableaux Entrées-Sorties de la Belgique pour 2000, Bureau fédéral du Plan, L. Avonds, V. Deguel, C. Hambye, B. Van den Cruyce , Décembre 2004, https://www.plan.be/uploaded/documents/200611161047060.OPIOT200002fr.pdf
[3] Development, Compilation and Use of Input-Output Supply and Use Tables in the UK National Accounts, Sanjiv Mahajan, https://www.iioa.org/conferences/16th/files/Papers/IIOA%20Development%20Compilation%20and%20Use%20of%20Input-Output%20Supply%20and%20Use%20Tables%20in%20the%20UK%20National%20Accounts.pdf
[4] Méthodologie de l’élaboration de Tableau entrées-sorties (TES) et son application pour le Luxembourg, Novembre 2008, Mehran KAFAÏ Unité C1 – Comptes Nationaux STATEC, https://statistiques.public.lu/fr/actualites/economie-finances/conjoncture/2009/02/20090220/MethodologieElaborationTES.pdf, voir aussi https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/fichier/fichemethodo19_B2020_partage_va_par_activite.pdf
[5] Measuring the Economy A Primer on GDP and the National Income and Product Accounts, https://www.bea.gov/sites/default/files/methodologies/nipa_primer.pdf
[6] Fiche méthodologique de la base 2005 des comptes nationaux. le passage secteurs-branches dans la base 2005 https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/fichier/passage_secteurs_branches_dans_la_base2005_Mai2011.pdf
[7] La dépense de consommation finale des ménages et la consommation effective finale des ménages Base 2014 Septembre 2018, , INSEE, https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2832834/depense-conso-finale-menages-conso-finale-effective-menages-base-2010.pdf
[8] Manuel sur les institutions sans but lucratif dans le système de comptabilité nationale, Nations unies, 2006, https://unstats.un.org/unsd/publication/SeriesF/SeriesF_91f.pdf
[9] Manuel « input-output » “Eurostat Manual of Supply, Use and Input-Output Tables », édition 2008, https://ec.europa.eu/eurostat/documents/3859598/5902113/KS-RA-07-013-EN.PDF/b0b3d71e-3930-4442-94be-70b36cea9b39
[10] Eretes, un système en constante évolution, J-S Aziz, Insee https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/3053557/6-ST111.pdf